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Calliope Ito Divine mélodie, lorsqu’elle vient à séduire les tympans de ces mortels, elle est reine ( de tout un empire ), elle est reine de cette vie qui n’appartient qu’à elle, les étoiles qui brillent sur le bout de ses doigts d’or. Le cruor sacré s’écoule dans les veines de la gamine, sous la peau nacrée, la plus belle des muses que porte l’Olympe, l’enfant qui porte en son sein, le soleil de tout un pays ( royaume ).

23 ans Jeunesse dévorante qui s’inscrit sur les chairs de ces pauvres êtres, et c’est qu’elle semble être immortelle, intouchable, Calliope aux désirs encrés sur son visage. Et ô grand jamais, la fleur ne se fane entre ces doigts couverts d’argent, pourtant, ils voudraient bien faire taire cette bouche bien trop grande, autant qu’embrasser les lèvres divinement sculptées.

12.11.96 Vent frais de l’automne qui vient frapper les visages rosés par la douce chaleur qui peine à résister au froid de l’hiver qui s’approche à grand pas. Les anges ont déposé des dahlias pour ravir l’enfant, pour calmer les cris et faire naître, la plus douce des mélodies qui résonnent encore dans les méandres du passé de la capitale Japonaise ( Tokyo ).

Japonaise Il y a toute la beauté nippone qui frappe l’épiderme nacré de la gamine, le sang ancré dans l’histoire de cette famille bien trop riche, dignité dévorant les cœurs, alors que le nom résonne dans les rues de Tokyo, là où les vices empoisonnes les pauvres damnés.

Sang Pur ( Fierté ) qui nécrose les veines où s’écoule le cruor où les impuretés n’existent pas. La lignée s’est forgée entre les murs de la capitale, elle a toujours dominé alors que peu à peu, les esprits changent, et les âmes se font bien trop aventurières pour n’aimer que leurs semblables.

27,5 cm bois d'olivier, plume de phénix. Longue et fine baguette qui épouse les doigts couverts ( d’or ) de la gamine, élégance à la hauteur d’une beauté comparable aux nymphes de l’Olympe. Divin phénix, qui renaît de ses cendres, qui se meurt éternellement dans les flammes de l’enfer.

Denki ( Foudre ) qui a frappé le bitume, comme les pas qui résonne dans les rues à son passage. Malice qui naît sans arrêt aux coins de ses lèvres, liberté aussi foudroyante que rayonnante qui domine le cœur de l’enfant que les anges ont tant bercé.

$$$$ L’argent qui coule comme un ( poison ) entre les doigts de la gamine, pourtant, elle n’a jamais eu de cesse d’en profiter. Unique princesse d’un royaume que l’on a construit que pour les yeux d’un ange. Famille aux joyaux inépuisables, et tout brille dans les prunelles candides.

Célibataire Les orbes éternellement amoureux de ces courbes ( masculines ) qui n’ont eu de cesse de l’éblouir sans jamais venir souiller l’épiderme nacré. Cœur sauvage, bien trop libre pour se laisser capturer, cœur encore trop candide pour tomber dans les tourments de l’amour, boucle immortelle.

Lapin Gamine qui n’est tombée amoureuse que pour l’animal semblable à une peluche, si libre et sauvage,  qu’elle n’a eu de cesse de couver et aimer. ( Inséparables ), il est rare de croiser l’enfant sans son fidèle partenaire.

Bois mouillé effluve qui remontait jusqu’à elle, agitant ses sens alors que l’enfant s’amusait à se perdre dans l’immensité de la forêt lorsque les beaux jours arrivaient, et que la maison de campagne accueillait les âmes. Rose, indomptable, sauvage de ces épines qui semblent être recouvertes d’un poison bien trop toxique, divin rouge qui tranche la porcelaine de sa peau. Citron, lorsque que les tartes de la divine mère se faisait sentir dans toute la maison, ravivant les sens de la gamine, le palet ne s’est jamais lassé de cette douceur.

Lynx Animal à la soif de ( vérité ), alors que le mystère s’empare de son cœur, les secrets qui s’engouffrent sans jamais pouvoir s’échapper. Gamine rayonnante qui garde cette face cachée, sensibilité dévorant ses chairs et le palpitant, dégoulinant de ses pores alors qu’elle maquille son visage du plus beau des maquillages.

Apocalypse Dénouement final qui n’a cessé de hanter les songes de l’enfant, réveillant en elle ses plus grandes craintes. Vide, néant, et le ( chaos ) qui s’abat sur la terre qui accueille les mortels, colère des dieux qui viendra punir ces êtres qui n’ont eu de cesse que de se noyer dans la débauche éternelle.

Amour Simplicité d’une vie qu’elle ne connaît pas, l’ange qui ne connaît que la luxe, c’est que le cœur sauvage a pourtant bien trop rêvé de se perdre dans les bras d’un être ( aimé ), de ne connaître que la douceur parcourant son échine, et les mots salvateurs que l’on chuchoterait à ses oreilles, comme les plus beaux secrets que porte le monde en son sein.

Peau dépourvue des ( souillures ) que porte l’univers, c’est qu’il n’y a que ces quelques joyaux qui pendent à ses oreilles ; qui viennent rappeler tout l’éclat de l’astre solaire qui brille si haut dans les cieux, au-dessus des têtes de ces damnés. Lèvres qui ne connaissent que la liqueur divine des dieux, qui s’écoule parfois jusque dans le fond de sa gorge où naît l’amertume, qui vient essuyer toute l’acidité qu’elle porte dans ses entrailles. Gamine à l’esprit libre, langue peut-être bien trop franche, et les mots qui ne connaissent pas leur poids lorsqu’ils s’échappent de ses lippes. Ô Calliope, elle n’a pas le temps, trop désireuse de vivre cette vie où l’aventure domine ses sens, trop désireuse de connaître les secrets que cache la sainte terre. Princesse d’un ( royaume ) tout entier où brille les plus beaux bijoux, elle est reine d’un univers qu’elle a façonné de ses mains, dominé par le si jeune myocarde qui éradique les ténèbres à chaque battement.

Mère élevée au rang d’( impératrice ) dans le cœur de la gamine, éternel modèle, femme de pouvoir qui pourtant, n’a cessé d’émaner cette douceur légendaire qui a tant bercé l’enfant dès son plus jeune âge. Beauté immortelle qui s’est gravée sur son visage alors que le sourire lui, est éternel et rayonne dans la nuit, lorsque les songes ne sont plus que cauchemars qui viennent faire frissonner l’épiderme candide. Douce mère à la voix harmonieuse, elle, qui n’a jamais faiblit dans une société sans pitié aucune, lionne qui n’a jamais hésité à montrer les crocs pour protéger sa progéniture, princesse bien trop couvée.

( Empereur ) à la voix forte, aux poings qui brisent les chaînes qui s’imposent à lui. Il est cette figure de glace, l’homme froid qui s’est laissé conquérir par la déesse porteuse d’amour. Les mots ne sont que trop rares, car le regard est déjà assassin, qui ne sait s’adoucir qu’à la vue de la divine épouse et de l’enfant libre, que les anges lui ont apporté sur un plateau d’argent. Il a les mots salvateurs, répare les blessures que l’on ose infliger à sa famille. Il est pilier de ce royaume qu’il est désireux d’offrir à la plus belle des nymphes, à la princesse qu’il a couvé durant tant d’années. Sacrifices qu’il refusera de faire, car la pureté du sang est bien trop importante, et tragique serait le dénouement si l’ange se prenait d’amour pour un sang-mêlé, il ne le sait que trop bien.

12.11.96 Cris qui résonnent entre les murs de l’hôpital alors que les Ito accueillent leur fille, unique enfant d’une union bénie par les dieux, car le corps de la mère est trop faible pour porter tout le poids d’une vie. Calliope est un miracle né dans ces entrailles, un miracle qui rayonne dans la vie de ses parents. Princesse à la vie si ( précieuse ).

2002 Les yeux candides tombent amoureux de la divine glace où les patins tracent des lignes éternelles, et l’enfant s’émerveille face à la beauté qui brille dans ses orbes. Elle s’éprend d’une passion, d’un sport qui fait vibrer son cœur et qui lui permet de construire tout son univers, là où les rêvent naissent, dans le froid d’un hiver artificiel. Don et ( grâce ) qui a frappé l’ange dès son plus jeune âge, et elle n’a jamais su retirer ces patins de ses pieds.

2003 Enfant qui s’envole loin du cœur de ses parents, loin de son royaume et de ses joyaux. Calliope qui rejoint l’académie, la ( fierté ) qui brûle dans ses entrailles et le cœur qui vacille de cette curiosité dévorante qui ne fait faire qu’un tour au divin cruor qui s’écoule dans ses veines. Gamine prodige, qui ne connaît que trop peu la difficulté. L’intrépide palpitant qui sait trop souvent se fourrer dans d’étranges situations.

2018 Repère trouvé grâce à une passion commune, Calliope qui a grandi, les yeux rivés sur les plus belles œuvres de ( Miyazaki ), qui a tant dirigé son enfance comme la nature de son cœur. Elle y trouve ses piliers qui ne semblent jamais faiblir même avec le temps et les tensions qui trouvent parfois leur chemin jusqu’aux jeunes myocardes. Calliope, elle est certainement reine dans sa tête, elle qui ne sait que vivre pour elle-même, qui ne comprend pas la faiblesse et la fragilité des autres. Alors les étincelles fusent, et peut-être qu’elles viendront jusqu’à brûler l’épiderme nacré de l’ange.

Le nom d’une starlette coréenne populaire dans les années 90. Un nom pris au hasard dans un magazine moldu, le préféré de sa mère. Pas de logique derrière, lubie d’un instant qui allait pourtant la suivre toute sa vie. Désintérêt marqué de la famille dès les premiers instants du fruit de leurs erreurs.

Lee, I, Yi, nom de famille commun en Corée du Sud. Yi, le choix hypocrite des siens pour goûter à la grandeur de la famille impériale. Les Yi de Busan étaient l’antithèse même de ceux qu’ils essayaient d’émuler. Crasse, pauvreté, violence. La lie de l’humanité, se parant derrière de jolis mots pour dissimuler l’horreur de leur quotidien.

Vingt-neuf années de malheur. Les années passent sans même qu’elle ne s’en rende compte. Conception étrange du temps, vieille ou jeune, tout reste pareil. La même douleur, le même mal-être. Le même vide qui avale toutes émotions, tous désirs. Presque 30 ans. Mais pas un seul instant de vraiment vécu.

Une date vide de sens. Anniversaire plus fêté depuis des années. Non, depuis des décennies même. De ce jour, une seule chose importe. Gémeaux. La créature aux deux visages. Ce signe qui représente la dualité de la demoiselle. Le monstre… et l’ange. Même elle ne sait pas ce qu’elle est vraiment.

La pureté de son sang, elle est là. Pas une goutte de sang étranger, seule fierté d’une famille décadente et pitoyable. Fierté bradée et moribonde, à laquelle Sera ne s’attache pas. Elle aurait tué pour être autre chose. Naitre ailleurs. Dans un autre pays, dans une autre famille. Honte de son héritage, de ce si bel héritage souillé par eux.

La souillure originelle. La source de tout. De sa descente en enfer. De son abandon. Rejet et violence l’entrainant vers des sentiers sombres et dangereux. Elle n’en veut même pas au destin, de lui avoir fait un si cruel présent. Ses parents l’auraient dévoré, magie ou non. Des ogres.

Sa plus précieuse amie. Celle qui l’a hissé jusqu’au sommet. Baguette aux pouvoirs impressionnants, se jouant de la vie… et de la mort. Mais Sera ne tue pas, pas avec elle. Elle essaie tant bien que mal de la réserver aux âmes en peine qui s’échouent dans son cabinet. Si elle venait à succomber à la tentation, à ôter la vie avec elle, le plaisir ressenti serait… hors de ce monde. Chaque chose en son temps…

L’eau est au centre de tout, dans sa vie. L’eau bordant les deux seuls endroits qu’elle avait connu. La violence du père, enterrant les cris de sa fille dans l’eau. L’eau curatrice, apaisante. L’élément de la propreté, du calme comme de la rage. L’eau meurtrière, celle qui étouffe, noie, torture. Naïade trouvant souffrance et amour dans la source ultime de vie... Le début et la fin de tout. Mizu, le seul choix possible.

Échec. Simple propriétaire d'un cabinet de médicomagie. Elle qui rêvait de grandeur, d'une carrière impressionnante aux services des urgences. Une seule erreur, et tout s'était envolé. La mort d'un patient, opprobre sur son nom. Réfugiée dans son antre, malheureuse d'avoir perdu. Enchantée d'avoir rencontré cet autre monde. Les gens s'engouffrent dans son domaine, inconscients du monstre qui se cache derrière ce sourire délicat.  Soigner pour se défaire de cette culpabilité. Soigner pour mieux écraser derrière. Achever un animal blessé n'a rien d'excitant.

Sa vraie famille. Les seules personnes sur qui elle peut compter. Investisseurs discrets de son cabinet. Déchirés, maudits et aux portes de la mort, Sera les accueille, les soigne, leur offre une seconde chance. Médecin pour Surgito, celle qui aime tuer devient celle qui sauve. Deux faces d'une même pièce. Désintérêt pour les motifs de ces blessures et morsures. L'homme est un loup pour l'homme. Survivre, vivre, dominer. Il n'y a rien d'intrinsèquement mauvais ou bon. Que les gens qu'elle aime restent en vie, c'est tout ce qu'elle demande. Plus facile à dire qu'à faire...

Sera n'a jamais été capable de quitter l'école. Seul souvenir de ce passé humain et sensible. Aussitôt son diplôme décroché, elle était revenue, prête à former les générations futures. Façonner à son image les élèves. Dans l'espoir qu'ils réussissent là où elle avait échoué. Medicomagie, simulation, potions curatives, tant de matières à enseigner, si peu de temps. Si être professeur payait un peu plus, peut-être qu'elle se serait décidée à rejoindre à temps plein l'université mais... retomber dans la fange ? Prendre le risque de leur ressembler ? Plutôt mourir que d'être pauvre à nouveau.

N'étant plus étudiante, voilà bien longtemps que Sera n'avait pas eu le plaisir d'être membre d'une association. Quand elle était encore élève, ça, c'était une toute autre histoire. Duel, elle qui paraissait si douce, si tranquille. Le besoin de pouvoir se défendre, en tout circonstance. De pouvoir tuer les intriguants osant se mêler de ses affaires. Couvrir ses traces, si quelqu'un tombait sur elle au mauvais moment. Pour protéger ceux qu'elle aime. Au conseil des élèves, pour un temps également. Prestige. Le pouvoir de contrôler les autres. De dissimuler ses propres fautes.

Pauvreté de toute une vie effacée par l'excellence. Par ce métier qu'elle aime, et qui lui permet de vivre cette vie qu'elle avait toujours mérité. Loin des grands de ce monde, mais plus près d'eux que de cette classe à laquelle elle avait appartenu fût un temps. Argent est synonyme de pouvoir, liberté et survie. La possibilité de se tenir à l'écart de ce monde qu'elle avait quitté et qu'elle ne comptait plus jamais retrouver. Matelas de billets, protection contre l'incertitude, contre le laid et le monstrueux.

Le désir absent, étouffé par la peur d'aimer et de s'attacher. La peur de sentir, toucher, goûter. Le corps humain la débecte. Sale, trop sale pour qu'elle se sente en confiance. Elle qui n'est apaisée que dans l'ordre et le propre. Pourtant, Sera a aimé... et elle pourrait encore aimer. Seul l'amour pourrait lui faire passer outre ce dégoût. L'âme déjà souillée et pervertie, son corps est son dernier rempart. Car s'offrir à quelqu'un, c'est perdre une partie de soi, accepter de se salir et d'être en position de faiblesse. Si elle s'offre à vous, c'est que vous comptez plus que tout. Être immaculé marcherait peut-être, aussi...

Sera aime les animaux, plus ou moins. Là n'est pas la question. Disons que ces adorables bêtes mettent une pagaille sans nom dans tous logements qu'ils occupent. La sorcière aime que tout soit en ordre. Un chien laisse des poils partout, et il faut s'en occuper. Les chats et les litières, tout un enfer pour elle. Alors elle se retient, profitant des animaux de compagnie de ses "amis" pour recevoir sa dose de tendresse. Tant que le chaos règne chez les autres et pas chez elle, tout roule. Ou presque. Aucun temps à offrir à qui que ce soit d'autre qu'elle, elle et ses lubies, de toute façon.

Ultime plaisir pour tout maniaque qui se respecte. Il existe des sortilèges plus puissants que ce poison moldu, mais cette délicieuse odeur l'a bercé depuis sa tendre enfance. Elle associe malgré elle la javel à la propreté. Et elle n'a pas tout à fait tort. Tout décaper. Le sol... Elle-même... Les autres ?

L'eau de mer l'entoure depuis ses premiers instants. Dans sa Corée maternelle, la petite bicoque de sa famille à deux pas de la plage d'Haeundae. L'air marin l'apaise, lui fait ressentir de vives émotions quand rien d'autre ne l'atteint. Aujourd'hui à Minami Iwo Jima, ce précieux liquide entourant sa demeure. Celui qui tue, aussi. Celui qui lui a rendu la vie.

Une obsession autour de ce fruit plus que banal. Une obsession comme les autres. Son fruit préféré, qu'elle aime croquer à peine mûr. Cette odeur fait chavirer son cœur. Lui donne envie de tout et de rien. Si seulement les hommes se roulaient dans un cageot de poire tous les matins, peut-être serait-elle un peu plus intéressée...

Pour que le sortilège du patronus fonctionne, le sorcier doit utiliser son souvenir le plus beau, le plus pur, le plus lumineux. Mais Sera n'a pas de tel souvenir, ou du moins c'est ce qu'elle prétend. Le vide absolu, le néant. Sa vie n'est qu'une succession d'horribles moments, et quelques instants d'indifférence. Au fond, la demoiselle ne pense pas mériter de pouvoir lancer ce sort. Peut-être que si elle arrêtait ce stupide jeu, si elle acceptait la réalité de sa vie, son patronus prendrait enfin forme. Mais rien. Rien pour le moment.

Épouvantard aux mille visages. Parfois son père. Parfois elle, lui ressemblant. Tout le concerne lui. Lui qui l'avait emmené dans les ténèbres. Celui qui lui avait donné les gènes de la folie, de la violence et de la rage. Son géniteur en lui-même ne lui fait pas peur. C'est l'idée de lui ressembler, de devenir comme lui qui la terrifie. Elle qui s'est battue toute sa vie pour échapper à la souillure originelle. Lui ressembler, c'est perdre. C'est jeter à la mer tous ses efforts, tout ce pourquoi elle s'était torturée toutes ces années. N'aurait-elle pas déjà perdu, en ce cas ...?

Ce qu'elle n'a pas ressenti depuis bien longtemps. Conquérante de ses traumatismes et de ses peurs. La libération, ce dont elle rêve. Un bonheur simple, sans meurtre, sans peine, sans douleur. Plus de ce plaisir temporaire, de ce goût de sang dans la bouche. Le bonheur, c'est elle qui redevient humaine. Qui aime, ressent et déteste. Elle est entourée de figures troubles. Une famille aimante, sa nouvelle famille, la famille qu'elle serait prête à construire, un jour. Vision de cauchemar pour elle. Car elle ne le sait pas. Ne se comprend pas elle-même. L'indifférence factice, lui cachant la plus évidente des vérités. Le droit de vivre. Au même titre que tous les autres.

Depuis son entrée à Mahoutokoro, Sera n'a eu qu'un seul objectif : devenir la médicomage la plus influente de tous les temps. Une chance pour elle, accueillie dans la maison Mizu, les pouvoirs offerts aux Godaïs Eau se synergisaient parfaitement bien avec ses ambitions personnelles. Alors elle s'était entrainée autant que possible. Non, elle s'entraine encore aujourd'hui autant que possible. Manipuler l'eau, se défendre, aucun intérêt pour elle. Mais utiliser ce si pur élément pour apaiser, soigner, rendre à la vie... Divin. L'outil parfait pour quelqu'un ne vivant que pour sauver les autres, ou presque. Être une godaï est au centre de sa vie, lui a donné la force d'accomplir ses rêves les plus fous.

Un simple cours qu'elle avait pris au départ lors du cycle secondaire à Mahoutokoro. Une capacité qui était devenue une véritable obsession pour elle. Pouvoir dissimuler ce qu'elle pensait, ce qu'elle voulait... Cacher aux autres le monstre qui se terrait derrière les grands sourires, les éclats de rire. Certains abandonnent à l'entrée à la fac, mais pas Sera. Elle aimerait avoir le temps d'en faire plus, de rendre son esprit impénétrable, mais le temps lui manque. Ce pouvoir lui est aujourd'hui plus important que jamais. Car elle tue. Et elle ne veut pas qu'on l'arrête. Pas encore.

Le corps de Sera est son temple. Si elle dispose de peu de temps dans ses journées, elle prend toujours un petit quart d'heure pour faire quelques exercices. Elle qui n'a pas l'esprit saint, essaie tant bien que mal de conserver sa forme physique. Cuisses galbées, ventre plat, fesses rebondies. Choix esthétique, et de santé.

La sorcière ne supporte pas de perdre le contrôle. Ainsi, elle ne consomme rien qui puisse potentiellement la mettre dans un état second. L'alcool, elle le sirote en de très rares occasions, et à petite dose. Elle n'a jamais essayé aucune drogue. Poison sombre qui pourrait enjoliver la folie déjà bien présente chez elle. Alors elle se tient bien loin de toutes ces immondices. Aucun jugement pour ceux s'adonnant toutefois à de tels péchés.

La nymphe ne peut accepter de se sentir sale. Se douchant deux fois par jour, lavant frénétiquement ses mains dès qu'elle le peut. La peau aseptisée à coup de produits presque nocifs, une odeur propre de poire. Cheveux coiffés au millimètre près, tenue décente et ne lui collant pas à la peau. Les ongles courts, ne voulant pas que ses griffes se transforment en un nid à microbe. La voir peu apprêtée relève de l'impossible.

Le démon sous des traits angéliques. Bel homme, monstrueuse créature. Son père, la source de tout. Pêcheur, délaissant sa famille des mois entiers. Semant discorde et terreur à chaque fois qu'il revient. Victime lui-même de ses parents. Père absent. Mère dépressive. Pauvreté, pas d'éducation. Alcool et violence comme seules issues au malheur. Une grossesse non voulue, un mariage pour conserver les apparences. Animosité et dégoût pour sa fille. Son seul enfant. Celle qui l'a enchainé dans cette affreuse prison. Il lui en avait toujours voulu. Et il lui en voulait encore. Pas de nouvelles depuis des années. Sera ne s'imagine le retrouver qu'une fois morte, régnant à ses côtés dans l'un des 9 cercles des enfers. Ils ne sont, au fond, que les deux faces d'une même pièce. Monstruosité révélée de différentes manières...

Sombre idiote. Créature faussement fragile, incapable de tenir tête à son mari. Incapable de protéger sa fille des horreurs de ce monde. Une mauvaise mère, préférant satisfaire ses propres lubies que de venir en aide à sa famille. Si Sera déteste son père, elle déteste encore plus sa mère. Car lui était prévisible, monstrueux mais l'assumant pleinement. Elle n'était qu'une hypocrite, une intriguante, attisant les flammes de la discorde. C'est grâce à elle, que la sorcière a appris à si bien mentir. Jamais un mot tendre, ou alors seulement devant des inconnus pour dissimuler la puanteur de leur quotidien. Elle se rappelle d'elle accrochée à son époux, piaffant et l'embrassant. Mais pas un regard pour sa progéniture, jamais. La naissance de Sera instrumentalisée pour le garder. Si jeune, mais si vicieuse.