Goosebumps & nature - cours de SACM

GOOSEBUMPS & NATURE
cours de soin aux créatures magiques
Une passion que tous devraient partager en cette si belle journée. Enthousiaste à l'idée de recevoir un cours palpitant de Soin aux Créatures Magiques, l'animagus attendait patiemment l'arrivée de leur nouveau professeur aux côtés de son amie, Ingrid, elle-même en cursus de magizoologie. Certes, les deux étudiantes partageaient ce point commun, mais il fallait tout de même préciser que, si l'aînée était centrée uniquement sur cette filière pour le moins complexe et intrigante, la seconde, elle, s'était lancée le défi de réussir un double cursus. Quoi de plus compliqué encore ? Camisha admirait ce courage chez son amie. Elle n'eut néanmoins pas tout le temps pour y repenser qu'une femme blonde avec de superbes yeux océaniques s'approcha du groupe d'étudiants. Professeur Vandret, voilà qui elle était. Aussi surprenant que cela, elle semblait leur autoriser de l'appeler par son prénom - à moins que Dani ne constituait en réalité son surnom, diminutif même d'un prénom tel que Danielle ? - à l'inverse de beaucoup de leurs professeurs, trop axés sur la séparation entre leur vie privée et leur vie professionnelle lorsqu'ils se présentaient à un ensemble d'élèves.

Premier cours. Une initiative pratique dans la forêt à la rencontre de leurs plus grandes peurs. Voilà quel était le thème de cette leçon. Fort sympathique. Alors, un peu moins l'idée de se confronter à des Épouvantards, mais ces créatures étaient tout aussi extraordinaires que des dragons. Et tout aussi terrifiantes. Cela dit, elle espérait que personne n'imaginerait un Détraqueur ; les Épouvantards, si sa mémoire était bonne, avaient la capacité de reproduire les mêmes effets d'une autre créature. Alors, certes, sa puissance serait moindre comparé à un réel Détraqueur, mais le danger n'en demeurait pas moins tout aussi important. Pourtant, Camisha ne craignait rien. Elle savait pertinemment que leur professeure était une femme compétente et qu'il était tout à fait légitime de lui vouer une confiance aveugle. Une femme d'un pareil gabarit, pourquoi s'en méfier ?

☼ ☼ ☼

La forêt, nouvelle destination, et prochain lieu de rencontre avec des horreurs non humaines. Il était d'ailleurs peu commun de connaître la réelle apparence d'un Épouvantard et très peu pouvaient s'en vanter. Du moins, c'était ce qu'elle avait entendu. Camisha ne s'était jamais réellement penchée de trop sur le sujet. Il était donc maintenant l'heure de rencontrer les Épouvantards par binômes. Accompagnée d'Ingrid, toujours, Camisha eut la drôle de sensation que peu d'entre eux allaient s'amuser comme la professeure Vandret le leur conseiller. Elle se tourna donc vers son amie et lui demanda en grimaçant : « Rassure-moi, ton Épouvantard, ce n'est pas Sidonio ? Je suis quasiment sûre que tu t'es chiée dessus en Argentine. » Oui, l'animagus ne pouvait retenir un rictus se former sur son visage. C'était plus fort qu'elle, elle revoyait encore les scènes. Pourtant, ç'avait été une aventure fantastique. Puis, elle haussa les épaules tout en souriant avec une joie non dissimulée : « J'ai hâte de voir la forme que prendra ton Épouvantard. Et surtout de voir ton Riddikulus. » riait-elle sans pouvoir s'en empêcher. Elle-même craignait pourtant la collision avec cette créature épouvantable.

Résumé:

GOOSEBUMPS & NATURE
cours de soin aux créatures magiques
Difficile de concilier économie et gestion avec magizoologie. Deux gros cursus, malgré le peu de cours dans le second. Ingrid ignore comment s'en sortir – espoir en elle de sauver chaque année à chaque seconde. Heureusement, elle peut compter sur son associée, sa famille de Mahoutokoro : la légendaire Camisha Mora. Mais elle peut visiblement compter sur la pédagogie de la professeure de soin aux créatures magiques. Dani, se nomme-t-elle. Ingrid adore ce diminutif, c'est très doux, très agréable, très simple à prononcer surtout. Si elle devait rester respectueuse (et désobéir à son envie d'être tranquille) elle la nommerait Professeur Vandret, comme chaque élève qui devrait le faire. Dani, c'est trop chou pour ne pas être utilisé, particulièrement lorsque l'on a l'accord de ladite personne. Ainsi, elle l'écoute jusqu'au bout. Cours en plein air, aujourd'hui. Formidable, belle initiative. Cela donne envie de participer à ses enseignements. Jouer avec les épouvantards, ce n'est pas la passion de l'australienne ; mais elle fera avec, pensant sûrement faire face tout à l'heure au chaos qui règne.

Près de Camisha, avec qui elle se met instinctivement en binôme, elle lui lance un sourire amusé. C'est le bon moment de connaître l'épouvantard de la costaricienne. Quoi de mieux que cela pour lui faire des frayeurs par la suite après le coup de l'Argentine ? « Sidonio, il a marqué ma tête, mon âme et mon cœur. Je te jure, je crois qu'il est devenu mon épouvantard. » Ingrid serait étonnée d'apprendre qu'elle possède désormais deux épouvantards. Ce serait chouette, sauf à la prochaine rencontre avec l'argentin où elle finirait par tomber dans les pommes tant il l'effraie. « Imagine, je lui lance un Riddikulus et il se transforme en toi. » Petite taquinerie habituelle. Que serait cette amitié sans moquerie, sans plaisanterie. « Fais la maline pendant que tu le peux, je verrais bien ton épouvantard. » Dès que la Serpentard touchera du bout des doigts celui de sa pote, elle inventera mille et une farces à lui faire. Elle a hâte, elle se montre déjà impatiente. « Comment on fait pour les trouver, mate ? » Toujours se reposer sur Camisha et son intelligence. De une : pour la flatter, de deux : parce que la cavalière est intelligente, point final.

Spoiler:

Nord du Dôme
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Parfois, il fallait savoir se jeter dans le vide. C’était parti d’une bonne idée, vraiment : les cours étaient ouverts aux auditeurs libres, et la dernière fois qu’elle s’était retrouvée face à un Epouvantard, cela ne s’était… pas très bien passé. Mais aujourd’hui, cela serait différent : elle ne serait pas seule, elle savait à quoi s’attendre, et surtout – elle était différente. Vêtue de jeans et de sa veste en cuir habituelle, Noor avait pris garde à ce que ses bras soient séparés du monde extérieur par une barrière, eux-aussi – elle avait tenté d’enfiler des gants, mais les mouvements de baguette en devenaient malaisés, maladroits. Tant pis.

« On se met ensemble, Dréa ? » avait-elle proposé immédiatement à la seule figure familière du cours – Andrea. Flanqués d’une fille qu’elle ne connaissait pas encore (Somi) ils s’étaient dirigés vers le nord du dôme, alors qu’un duo (Ingrid et Camisha) était parti dans une autre direction. « Moi c’est Noor, enchantée » avait-elle offert à Somi alors qu’ils gravissaient une pente. « Désolée, mon japonais est vraiment nul pour l’instant, mais je comprends presque tout » expliqua-t-elle en anglais tout en montrant son oreillette magique du doigt. La forêt semblait les envelopper ; le vent bruissait dans les arbres et les feuilles s’agitaient, détrempées par la brume qui s’était soudainement levée. Les branches s’étendaient vers eux, projetant leurs ombres arachnéennes dans leur direction – Noor aurait pourtant juré que les rayons du soleil s’étaient cristallisés dans la chevelure blonde de Somi à peine quelques instants auparavant.

« Je suppose qu’ils ne sont plus très loin » murmura-t-elle d’un ton neutre, maîtrisé, poli. « Vous savez à quoi ils vont ressembler, pour vous ? » Son corps semblait lui crier de faire demi-tour (son cœur battait si fort qu’il menaçait de fracturer sa cage thoracique, ses mains tremblaient à cause de l’adrénaline qui se déversait dans ses veines, et le sang battait à ses tempes comme un tambour) mais elle l’ignora ; et son pas supplémentaire vers le haut de la pente, celui qui lui permettrait de voir ce qu’il se trouvait au-delà, fut le dernier qu’elle put faire.

L’épouvantard était là.

***

Il était massif – il était plus sombre que la nuit et plus vide que l’espace. L’obscurité s’empara d’elle et l’engloutit comme un ogre affamé ; pétrifiée, elle ne parvint pas à regarder derrière elle, à tenter de localiser Andrea ou Somi. Son regard était aspiré par la noirceur qui lui faisait face, et dont elle ne parvenait à se détacher.

Puis, la main jaillit de ce vide.

Ce n’est pas réél se répéta-t-elle alors que la main la frôlait, alors qu’une seconde apparaissait de nulle part pour jouer avec une mèche de ses cheveux. Ce n’est pas réel. Les bras (décharnés, graciles, de toutes les teintes mais tous désincarnés) continuèrent à s'amuser autour d’elle pendant quelques secondes, juste assez pour que les doigts de Noor se raffermissent sur le bois de sa baguette d’aubépine et qu’elle la redresse – mais, avant même que le premier son ne franchisse ses lèvres, l’une des mains se projeta vers elle et heurta son visage. Puis une autre. Et une autre.

Noor bascula en arrière sous la violence de l'impact, et fut surprise, l’espace d’un instant, de ne pas dégringoler la pente (avait-elle avancé vers l’épouvantard sans s’en rendre compte ?) – ce fut sa dernière pensée cohérente. Les visions s’enclenchèrent immédiatement, brutales, incisives, alors que les mains se pressaient pour saisir son visage ses mains son cou ses cheveux et partout où elle n’était pas recouverte par ses vêtements. Elle voyait tout et elle ne voyait rien à la fois : les images et les sons l’inondaient, l’aveuglant de leurs couleurs et l’assourdissant de leurs éclats de voix, si fort qu’elle n’entendit même pas ses propres hurlements, ses propres pleurs – à peine les sentit-elle naître dans sa poitrine et écorcher sa gorge, incendier ses yeux et détremper ses joues.

Noor tenta de se débattre, mais ce fut pire encore – chaque contact entre ses mains et celles de l’épouvantard ne firent que la brûler, que raviver les images de souffrance qui s’imprimaient dans son esprit.

((cette souffrance, était-elle la sienne ? était-elle la propriétaire de cette terreur, de cette envie de juste disparaître pour qu’enfin tout ceci s'arrête ? elle n’en était plus certaine.))

Alors, elle cessa.

Spoiler:

Nord du Dôme
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Elle avait entendu les murmures des élèves excités par le sujet du cours du professeur Vandret alors Somi s’était décidée un soudain regain d’intérêt pour une matière qu’elle avait pourtant abandonné il y a longtemps. Elle avait suivi le mouvement de foule tout en écoutant les instructions données : ils allaient devoir affronter en plusieurs petits groupes un épouvantard. L’exercice n’était pas inédit mais restait toujours aussi périlleux puisqu’il s’agissait d’affronter une peur viscérale propre à chacun. La japonaise avait lancé un regard appuyé à son ami lorsque les étudiants tout autour d’eux avaient commencé à se rassembler en fonction de leurs affinités – le sous-entendu toi + moi était déjà assez clair sans qu’elle ne se donne la peine de demander à voix haute de faire équipe avec lui. Il y avait pourtant cette fille qu’elle ne connaissait pas, Noor, et son idée de duo avait alors évolué naturellement en petit trio.

« Heu… » Elle avait jeté un regard confus à Andrea lorsque Noor s’était adressée à elle dans un anglais parfait – peut-être était-elle trop habituée à recourir à l’aide d’un ami anglophone (souvent Ingrid, parfois Andrea) toujours prêt à prendre le rôle de traducteur. « Tu comprends tout ce que je dis grâce à ça ? » sa nouvelle camarade avait fait naitre chez Somi une curiosité et un intérêt vif envers la petite oreillette qu’elle lui avait montrée : il lui fallait absolument la même chose pour parer son incapacité à comprendre les inside jocks anglaises d’Andrea. « Dès la fin du cours je commande la même chose, i swear. » avait-elle alors affirmé avec toute la conviction du monde. La bonne humeur et l’entente de leur petit groupe lui aurait presque fait oublier l’épreuve qui les attendait au bout du chemin sinueux qu’ils avaient décidé d’emprunter. Personne ne semblait les talonner et le dôme avait l’air assez grand pour permettre aux élèves d’affronter leurs peurs personnelles sans avoir à les afficher devant la classe entière même si l’idée de montrer le sien à ses deux camarades la stressait déjà. Elle ressentait ce besoin familier de se rassurer à l’aide de rire nerveux et de banalités partagées pendant que la forêt se faisait de plus en plus dense et imposante au fur et à mesure de leur ascension vers le nord.

« Ça a toujours été un loup-garou. » elle avait lâché l’information suite à la question de Noor dans un souffle court comme si la moindre évocation de sa peur aurait suffi à la voir surgir devant eux – et dans un sens c’est bien ce qu’il risquait de se passer. « Comme ceux dont on te parle quand t’es enfant. » Elle se souvenait des nombreuses histoires que sa mère lui avait lues où ces terrifiantes créatures punissaient le moindre sorcier imprudent et ces contes avaient si bien aidé à s’assurer de l’obéissance de son elle-enfant qu’ils avaient aussi laissé une épouvante horrible à l’adulte qu’elle était à présent. Inconsciemment la japonaise s’était rapprochée d’Andrea en cherchant le contact rassurant du garçon pour se rappeler qu’elle ne risquait rien.

Ils ne risquaient rien.

Il avait pourtant suffi de quelques secondes à peine pour oublier le cadre éducatif dans lequel ils se trouvaient. « C’est bizarre, non ? » Une obscurité pesante les avait peu à peu enveloppé en forçant la chanteuse à s’accrocher au bras de l’anglais. Les rayons du soleil étaient étouffés par la brume épaisse et, soudainement, ce qu’il se passait la frappa de plein fouet : il était là. Mais où ? Et quelle forme avait-il décidé de prendre ? L’un de ses deux amis avait-il peur du noir ? Toutes ses questions trouvèrent leurs réponses lorsque des mains décharnées surgirent de nulle part pour malmener Noor et Somi comprit alors qu’ils étaient dans le cauchemar de la métisse. Elle grinça des dents et serra les poings pendant que la jeune fille se débattait des assauts réguliers – la chanteuse n’avait rien à faire à part attendre. Attendre que Noor reprenne ses esprits et utilise sa baguette. Attendre que le sort lumineux du ridikulus ne transperce les ténèbres. « Elle… Elle a pas l’air de… » Allez, allez. Les minutes semblaient durer une éternité pendant qu’ils attendaient que leur amie lève sa baguette. « Il faut l’aider ! » s’écria-t-elle finalement lorsque Noor bascula en arrière.  L’étudiante s’élança pour porter secours à la mizu, elle entoura ses bras autour de l’élève pour faire rempart aux mains hantées qui continuaient leurs sévisses et elle ferma fort les yeux en attendant que la vision ne disparaisse et que tout redevienne calme.

Une longue minute s’écoula alors que la lumière vacillante du soleil commençait à nouveau à les éclairer à travers le rideau feuillu la forêt. Le calme était revenu et seuls leurs respirations haletantes témoignaient encore du drame qu’ils venaient de vivre. La blonde se releva tout en aidant Noor à en faire de même. « Tout va bien, c’est terminé. » la rassura-t-elle en esquissant un sourire timide.

Mais rien n’était terminé.

La japonaise leva les yeux vers Andrea pour lui montrer que les deux filles allaient bien mais son regard fut attiré par une forme sombre derrière lui. Une suée glacée coula lentement le long de sa colonne vertébrale alors qu’elle réalisait que l’épouvantard avait pris la forme de son cauchemar. « ANDREA ! le prévint-elle, derrière toi ! » Sa main se plaqua contre sa propre bouche pour étouffer un cri alors que l’horrible animal aux canines proéminentes dont on supposait la force herculéenne s’élança à toute vitesse en dépassant le sorcier. Ses deux yeux jaunes injectés de sang fixaient la cible humaine qu’était devenue Somi. La sorcière lâcha son amie et recula instinctivement sans quitter des yeux la bête jusqu’à ce que la peur ne paralyse ses jambes tremblantes. « RIDI- » Une demi-seconde plus tard elle sentie un poids énorme la faire basculer en arrière et les grognements enragés de l’animal lui soulevèrent un haut-le-cœur. Somi sentit sa baguette lui échapper alors que ses mains faisaient office de faible barrage face aux canines acérées qui s’apprêtaient à la dévorer.

Nord du Dôme
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De toutes les idées les plus saugrenues qu'Andrea avait eu ces derniers temps, celle de participer à un cours sur les épouvantards était sans doute la pire. A peine arrivé qu'il regrettait déjà. Lui qui aurait voulu tout simplement regarder de loin, en auditeur libre, voilà qu'on lui avait forcé les deux mains pour participer : l'une pour Somi, l'autre pour Noor. Cette nouvelle prof semblait joviale et sympathique. Le genre à mettre des bonnes notes pour le peu qu'on fasse mine de s'intéresser à son cours, quitte à poser des questions idiotes. Too bad pour l’Anglais : cette matière n'était plus dans son programme depuis quelques temps.

Le kasaï est indirectement chargé de faire la traduction, étant apparemment le seul véritable bilingue du trio. Il attrape alors Somi par les épaules pour l’encourager. "Here is Somi. Somi is a nice girl majoring in...what are you studying again ? Nevermind, she-a-singer. A singer. Can you picture witchflix animes ? Yep ? Get you a subscription then…and wait for it."Commence-t-il, en s'adressant à Noor, au fur et à mesure qu'ils avancent. "It's called...Winterberry Academy" accompagnant le geste aux paroles, sa main dessine alors un arc de cercle dans les airs, comme si le gamin venait de présenter le tout nouveau concept du siècle. "It’s basically…the…Yeah let’s say that ! It’s basically the shojoest anime, ever seen, according to Somi. And that girl…right here’s gonna do the fuckin opening dude, I mean, she is dead famous" Il peut déjà sentir le poing de sa cadette venir frapper contre son épaule, du à un trop plein de gêne.  Au tour de la métis. "Well Noor est sympa… quoi qu’un peu bizarre, fait pas gaffe. Elle bosse à l’espresso patronum, et elle fait des bons cafés, quand elle les fait pas tomber sur ses clients"confesse-t-il, adressant un clin d’œil à la Mizu. " Elle fait office de guide aussi, et elle passe sa vie à pédaler en vélo, ce qui est pour moi la pire hérésie du monde magique, mais bon, comme on dit, your life, your choices" il hausse les épaules, la mine perplexe face à ce choix de transport, qu’il n’affectionne pas particulièrement dû à son manque de vitesse. Il offre alors un énorme sourire aux jeunes filles, et écoute attentivement la conversation avant que tout ne s’arrête lorsque Somi annonce sa peur.

Marchant derrière le duo de filles, Andrea se stoppe, son pied venant craquer un morceau de branche au sol. Un loup-garou. Elle met des mots sur quelque chose qu’il hait par dessus tout. Il ne s'agit pas d’une réelle peur mais plutôt d’une haine. Quelque chose qu’il aurait pu aimer. Quelque chose qu’il aimerait aimer, quelque chose qu’il devrait aimer. Le teint du garçon devient livide. Il souhaite faire demi-tour. ça a toujours été un loup-garou. Seconde confession, seconde claque. Alors il continue d’avancer, de moins en moins convaincu par la suite de l’expérience. Puis la blonde vient s’accrocher à son bras. S’il y a quelque minutes, être tactile avec elle ne le dérangeait pas, il se contente désormais de se détacher d’elle pour des raisons évidentes. Car il n’en a juste pas la force. Alors il reste silencieux, happé par un flot d’on ne sait trop quoi. Sans doute de la tristesse, et du ressentiment. Somi n’y est pour rien. Elle a le droit d’en être apeurée, Noor aussi si elle veut. N’importe qui, en serait effrayé. Et le lycanthrope se sent soudainement bête et inutile. Se déteste d’exister le temps d’un instant. Regrette que ses échecs précédents n’aient pas été des réussites. Plutôt mourir que de devoir supporter ça, encore une fois. Se sont des souvenirs qui reviennent. Les mensonges, l’hypocrisie, les douleurs, la peur. Il n’a jamais été question d’amour. Comment faire aimer quelque chose qu’on ne peut pas montrer ? Comment faire aimer quelque chose, qu’on ne peut pas contrôler ? Au diable ceux qui disent apprécier les lycanthropes. Curiosité malsaine plutôt. Affection certaine pour le danger.

*

Sérotonine au plus bas. La bestiole est ici. Il la sent. Invisible et pourtant bien présente. L’étudiant n’est pas prêt. Il ne l’a jamais été. Pas pour cette créature là. Encore moins dans ces conditions. Prêt à partir, il se recule légèrement et s’exprime.  “Les filles je pense que finalement je vais pas particip…” mais c’est trop tard. La bête s’est dévoilée, prenant une forme inattendue. Gracile et impétueuse à la fois. Ne semblant s’occuper que de Noor. Le britannique met un certain temps à comprendre que sa peur représente essentiellement des mains; comme une peur d'être touchée. Baguette dégainée, il se tient sur le côté. Ne parle pas, car il ne veut pas attirer son attention. Il sait qu’il n’aurait pas dû participer à cet entraînement. Mais Noor ne semble rien maîtriser. Et Andrea est incapable de bouger. Il le veut mais n’y arrive pas. Ce n’est pas à lui de l’aider. Elle doit s’aider toute seule en premier. Cependant, les hurlements de la mizu poussent le gamin à pointer son morceau de cèdre vers la masse anxyogène. Riddikulus impossible à prononcer. Torture auditive plus que visuelle. Il ne supporte pas d'entendre son amie pleurer. Heureusement pour eux, tout redevient calme rapidement.  Il ferme les yeux un instant et s’excuse de n’avoir rien pu faire. “I’m so sorry Noor I… Are you okay ? I…” Sa voix est alors voilée par celle apeurée de Somi. Le Gallois se retourne machinalement pour faire face à un loup-garou qu'il jurerait être de type Alpha. Le dépassant, ce dernier se rue alors sur sa cadette.

Ce qu’il ressent est tout à fait indescriptible. Ce à quoi il assiste l’est tout autant. Rêves ou simples flash. Il ne sait plus. Mais son loup intérieur semble vouloir être de la partie. Il secoue la tête. Ne lui laisser, en aucun cas, la chance de prendre le dessus. “Don’t be afraid Somi ! It’s…” just one of us.  Il souhaite s’interposer, mais le regard que Somi porte à son épouvantard le détruit intérieurement. Fear. Et tout se remet en ordre dans sa tête. Fear isn’t real. Tout devient logique. Fear means nothing. Les émeraudes humides du garçon sont pourtant, elles aussi, logiques... Pris d’un instinct plus humain qu’animal, le préfet s’interpose finalement entre son ami et la bête.  Il fixe celle-ci, peut-être de trop. Sentiment partagé. Dégoût et fascination. Est-ce comme ça qu’ils me voient ? Qu’ils me verront ? Est-ce qu’ils auront peur ? Est-ce qu’ils m’accepteront ? Est-ce qu’...  Fear is the mind-killer. Un élan de rage prend le kasaï qui se jette alors sur l’épouvantard, mais finit propulsé au sol, tête la première dans un débris de feuilles et de branches, lui arrachant un cri de douleur. Le non-être a disparu, mais un bruit familier, comme celui d’un fouet venant d’être claqué, lui rappelle que la créature peut prendre plusieurs formes. Visage qui se tourne vers  la forme circulaire planant dans les airs, s'apparentant fortement à une pleine lune. Pris d’un haut-le-cœur et d’une adrénaline sans pareille, l’attrapeur avéré cherche sa baguette sur le sol et ne tarde pas à la trouver, expulsant aussitôt un “Riddikulus !” tout droit sorti de son bout de bois. Sort permettant à l’astre de prendre soudainement la forme d’un vif d’or. Soulagement instantané, mais émotions bien trop fortes pour le brun qui résultent en une régurgitation, à genoux, au beau milieu de la forêt. "Soins aux créatures magiques..." Seconde vague de nausée qui le prend. Alors qu’il essuie de ses mains salies par la terre, un visage encore en larmes. "Soins aux créatures magiques mon cul oui".    

résumé:

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Les bras de Somi trouèrent l’obscurité, semblables à des comètes qui auraient illuminé la nuit. Noor hoqueta, la gorge enrouée par ses sanglots, et inspira de grandes bouffées d’air (sa poitrine lui faisait si mal) alors que la lueur du soleil revenait enfin – et elle n’eut pas la présence d’esprit de comprendre que c’était parce qu’il avait changé de cible, parce qu’il s’était désintéressé d’elle ; la partie n’était pas finie, mais le monde ne s’étendait pas au-delà du cercle que formaient les bras de Somi autour d’elle. Après avoir épongé ses larmes avec ses doigts, elle contempla le liquide noirâtre qui coulait au creux de ses mains. Son visage était sans doute dévasté par l’eyeliner charbonneux qui avait coulé, par les paillettes violettes de son fard à paupière qui s’étaient échappées. What a fucking terrible day.

La voix de Somi lui semblait être lointaine, comme si elles étaient séparées par de l’eau, par du verre. Comme si la réalité était distordue autour d’elle, que les particules s’étaient ralenties ; que l’espace entre chaque atome s’était soudainement étiré. Elle se sentit être soulevée, être remise sur ses pieds – et, heureusement, leurs peaux n’entrèrent pas en contact dans ce mouvement. Noor n’avait plus la force de se dégager, de toute façon ; trop parasitée par les visions, trop dévorée par les sensations qu’elles avaient laissées en elle, elle se contenta d’observer la forme sombre, massive, se projeter en leur direction.

Ce ne fut que lorsqu’elle heurta le sol (à nouveau) que son cerveau redémarra correctement, secoué par le choc de son corps contre le sol et par l’odeur de terre humide qui satura immédiatement ses sens. Les sons réapparurent aussi soudainement qu’ils avaient disparus, et Noor battit des cils, juste à temps pour observer Somi basculer, elle-aussi ; elle l’avait poussée (ou l’avait-elle simplement lâchée ?) hors du danger, mais cela ne l’empêcha pas de sentir le poids du loup-garou s’enfoncer sur le sol alors qu’il l’attaquait. Andrea se jeta sur la créature, à son tour, alors que les doigts de Noor s’enfonçaient dans la terre comme si cela allait lui permettre de mieux s’ancrer dans la situation. Fuck, fuck, fuck.

Elle avait perdu sa baguette dans la confusion, et elle ne serait d’aucune utilité sans elle. Ses yeux fouillèrent les environs avec frénésie, mais elle était incapable de repérer le bois d’aubépine dans l’herbe. Désespérée, elle articula un « accio ! » d’où son accent français exsudait, plus comme une prière que comme une véritable incantation – mais elle sentit la magie picoter au bout de ses doigts, dans sa chair, et le bois de sa baguette effleurer sa paume. La tenant fermement dans sa main, Noor se retourna pour faire face au loup-garou –

Mais il n’était plus là. A la place, une énorme sphère circulaire semblait flotter entre les branches arachnéennes des arbres. Avant qu’elle ne puisse comprendre de quoi il s’agissait, le riddikulus d’Andrea la transforma en un vif d’or qui étincela brièvement avant de se concentrer sur une nouvelle cible ; leur professeur.

Noor détourna le regard de l’Epouvantard pour contempler Andrea qui vomissait, non loin d’elle. Quelle bande de bras cassés ils faisaient – une belle brochette d’imbéciles, qui n’étaient pas capables de s’occuper d’une créature magique qui était pourtant étudiée en troisième année. « Hey, man » commença Noor, tendant le bras vers Andrea. Mais avant qu’elle ne puisse l’effleurer, la voix de Vandret claironna : « on n'en a pas encore fini avec lui, allez, rassemblez-vous ! »

Elle inspira profondément.

Son côté Mizu l’implorait de se saisir de l’humidité de la terre pour s’apaiser, de se laisser le temps de panser ses plaies et de guérir. Mais son corps était douloureux comme si elle avait été heurtée par des vagues si violemment qu’elle n’avait pas été capable de remonter à la surface avant un long moment, et la vision d'Andrea vomissant était encore brûlante dans son esprit – cela ne lui donnait pas particulièrement envie de s’apaiser. « Fuck that » cracha-t-elle en direction de l’Epouvantard. Elle se releva alors que Vandret se dirigeait vers elle et Somi, l'évitant pour s’approcher de cette maudite créature. « Really, fuck that », ajouta-t-elle alors qu’elle se planta face à la créature qui avait osé lui rappeler à quel point sa vie n’avait jamais eu aucun sens, trop infiltrée par les visions qu’elle percevait lorsqu’elle touchait les autres ; trop parasitée par des sons et des images qui n’existaient pas, qui n’existeraient jamais. « Riddikulus ! » articula-t-elle avec hargne, son sortilège quittant sa baguette alors que l’ombre commençait à s’étendre autour d’elle, tentative vaine de la terrifier à nouveau – ses yeux la brûlaient encore à cause des larmes et son corps n’était que colère de s’être ainsi fait malmener devant Andrea, sa fierté beaucoup trop ébréchée pour qu’elle ne cède encore une fois à la peur.

L’obscurité explosa autour d’eux, prenant la forme de feux d’artifices ; et Noor contempla les lueurs dont la forêt se teintait, brièvement, avant que le silence ne retombe.

Spoiler: