insomnia,,

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☽. silence hurts more than truth —

— 29.04.2021 —

étreinte par les draps, le bras endormi de shilo repose sur ses côtes lorsque ses yeux s'ouvrent avec peine ; la vibration contre le lit a dérangé sa nuit et sad peste silencieusement contre les notifications du téléphone à côté d'elle. la main s'en va chercher la perturbation et, persuadée d'avoir le sien entre les mains, ses sourcils se froncent d'incompréhension en voyant le nom de ryo s'afficher. alors, elle se redresse un peu sad, l'écran brûlant ses rétines trop habituées à l'obscurité. appuyée sur son coude, elle comprend qu'elle tient le téléphone de shilo entre ses doigts quand elle n'arrive pas à le déverrouiller mais saisit sûrement encore moins les messages du louveteau à l'égard de son alpha.
les mots qui se dessinent sous ses yeux ne font pas sens, elle se demande si elle est en train de rêver, si elle n'est juste pas bien réveillée mais la poitrine commence à se gonfler, à gronder, déjà prête à exploser sans qu'elle n'ait besoin de plus de temps pour comprendre ce qui est en train de se passer. la relation naissante entre les deux âmes sœurs se brise en mille morceaux sur le sol de la chambre sans un seul bruit et sad, paralysée par l'effarement, reste quelques secondes ((peut-être sont-elles des minutes)) les yeux rivés sur l'écran désormais éteint à essayer d'ingérer l'information.
réveil brutal qui pèse sur sa poitrine, elle respire mal mais a si peur que tout ce qu'elle s'imagine soit vrai qu'elle hésite presque à se rendormir, à faire semblant juste pour se préserver, juste parce qu'elle ne peut pas y croire. seulement, sad ne sait pas feindre, déborde trop pour contenir la colère qui monte et s'étiole en déception.
la main de shilo vole alors soudain de son corps sans ménagement et elle le pousse, dans l'espoir que ça suffise à le réveiller. le téléphone se fait jeter, n'importe où, tant que ça lui retombe dessus. "you have thirty seconds to explain." la silhouette se dérobe de la couverture, debout devant le lit, ses bras reposent contre sa poitrine comme bouclier.

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☽. silence hurts more than truth —

— 29.04.2021 —

C’est lorsque le sommeil vient qu’il ne s’apaise que totalement. Les bras de Sadae comme cléments dans les nuits trop noires -étreinte qui lui avait manqué, lors de leurs silences et leurs évitements. Même lorsque rien d’ambigu ne s’était installé, les moments chéris se liaient dans les songes, au creux des nuits parfois blanches qu’ils passaient en murmures. Cette nuit était paisible, sommeil du juste et de l’épuisement qui ne l’avait que trop guetté. Shilo traîne en lui une fatigue monstre qui ne se révèle que lorsqu’il baisse sa garde -c’est trop dur de se montrer épuisé avec le poids d’un monde bancal sur les épaules. Mais la paix est de courte durée, lorsque le corps remue près de lui, le fait rouler sur le côté, et qu’il ouvre un œil encore ensommeillé. « Mh, whatshappening… » Shilo a toujours eu le réveil difficile, pleine lune ou non. Un bâillement rauque étouffé par une paume alors qu’il se redresse dans le lit et se frotte les yeux, le téléphone, écran encore éclairé, est la seule source de lumière dans la pièce. Le nom de Ryo le nargue, et les mots font l’effet d’une gerbe acide en plein ventre.
Oh.
« I- » Il relit la phrase en pestant contre l’autre qui n’a sûrement aucune idée de la situation -Sadae et lui ont préféré garder leur relation secrète, à tâtons comme leurs sentiments grandissants, deux enfants maladroit s’apprenant l’un l’autre. Shilo était d’accord depuis le début, pétrifié à l’idée de perdre ce qu’ils avaient : quelque chose de précieux, de fragile.
Il compris vite en voyant le regard de Sadae que quelque chose venait de se fissurer.
You miss my body. Admit it. Les mots seraient faciles à détourner, provocations constances de Ryo même devant témoins. Mais le mensonge ne se forme pas sous la langue -il lui en avait déjà dit assez. Plus jamais. Il se l’était juré. Ceux du passé étaient déjà assez lourds. Vérité déformée, passée sous silence. « Sad, I- » il ne la regarde pas. « It was a mistake, I told him that, we -. It happened before… Us. Before we were even a thing. I promise you. » Cette fois, ses yeux la cherchent. Amende honorable. Mais la faute avouée est amère.

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☽. silence hurts more than truth —

— 29.04.2021 —

pourquoi ça fait si mal ?
pourquoi, tout à coup, c’est aussi douloureux ?
de l’imaginer ailleurs, de l’imaginer dans les bras d’un autre, de le voir ailleurs, de penser qu’il n’y a pas qu’elle.
pourquoi, tout à coup, ça semble avoir de l’importance ?
pourquoi ça bourdonne dans sa poitrine jusque dans ses oreilles, pourquoi ça fait autant de bruits à l’intérieur, tellement de bruit qu’elle n’entend même plus la voix de shilo. aucune explication n’apaisera la tornade qui s’éveille, aucune qu’elle ne saura entendre, persuadée par peu qu’il n’existe aucun homme- aucun homme comme lui. alors la déception est si grande qu’elle dégringole, s’étale sur le sol et tâche le parquet sombre. l’idiote a cru et l’idiote est désormais aveuglée et sourde par sa propre imagination, le rire nerveux quand il croche contre sa gorge. “you serious? this is the only thing you have to say?” les larmes ne coulent pas, sont coincées entre la fierté et la rage.

l’incompréhension.

est-ce vraiment douloureux d’imaginer les mains de quelqu’un d’autre sur lui ? ou est-ce douloureux parce que c’est ryo ?
noyée par son mutisme, les mots sont si nombreux contre la barrière de ses lèvres qu’ils font bouchon, qu’ils n’arrivent pas à sortir. alors elle aimerait crier, hurler, gueuler. mais se tait sans réellement pouvoir le regarder ((ne le distingue que grâce aux lumière qui se reflètent sur ses traits par la fenêtre)). se tait sans savoir si elle veut partir, rester, accepter, oublier. “you never told me about it.” comme si les mots avaient leur propre conscience, elle ne les a presque pas entendus sortir de sa bouche. à vif. “was i supposed to never know?” la colère gronde sur les cordes vocales.
est-ce vraiment douloureux d’imaginer les mains de quelqu’un d’autre sur lui ? ou est-ce douloureux parce qu’il ne lui a jamais dit ?

“was i supposed to spend every time with the pack having… this ((cette relation passée, présente, future)) right in front of my eyes without seeing anything?” et les yeux brillent par la fureur, aussi calme qu’une vague qui vient chercher le sable avant que la houle ne se déchaîne. “wow. what a fool i have been.” l’amertume dépasse même le reste, ébahie, elle baisse les bras. “good job. you played very well actually.” et la silhouette quitte son poste, attrape le sac qui traîne sur la commode, ramasse ce qui est à elle ((ne sait pas vraiment tout ce qu’elle prend, perdue dans l’envie de quitter cette pièce au plus vite et l’obscurité qui l’empêche même de penser à utiliser la magie)) et, dans des gestes frénétiques, hasardeux, fourre tout à l’intérieur dans l’espoir de ne plus avoir à remettre les pieds dans cette chambre.

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☽. silence hurts more than truth —

— 29.04.2021 —

Les promesses sont vaines. Il sent s’accumuler les nuages d’orage. Persuadé de n’avoir toujours été qu’une éclaircie, un moment d’accalmie dans la mer agitée -il se prend en plein visage l’écume qui gronde et laisse des marques même sous la peau. Sadae a mal, et il ressent sa douleur en pleine poitrine. Mais la gorge est bloquée, les discours sonnent faux. « Yes. » C’est tout ce qu’il a à dire, pas d’explications, pas plus d’excuses que de belles paroles. Ryo et lui se sont perdus dans leurs flammes, il ne l’a jamais expliqué, surtout pas à lui-même, comment pourrait-il lui faire comprendre ?
« I- » There’s so many things you don’t know. Mais les vérités en pointe de flèche dans le coeur ne viennent pas, elles se taisent, comme les vagues une fois sur le sable mouillé. Les aveux sont trop durs à dire, ils empireraient la situation, ruineraient l’équilibre fragile qu’ils commencent à construire -qui vacille déjà ? Comme Sadae semble vaciller, elle. Il avait pourtant toujours été celui au bord du vide. Et il la laisse échapper un rire nerveux, et le blâmer, puisqu’elle a raison de le faire. La honte drapée autour de lui comme les linges blancs du sommeil qui n’ont pas quitté sa peau, il soupire. Sans avoir le temps de s’expliquer plus, qu’elle lui tourne le dos pour faire ses affaires. C’est ce qui le fait réagir, électrochoc dans l’épiderme -Shilo se lève comme pris de panique, pour tendre la main vers elle -il ne la touche pas. Elle avait toujours détesté qu’on la touche, sauf si c’était lui, mais il n’était plus sûr que ce fait établi tienne encore la route. « Sad, please. » Une main sur le visage encore ensommeillé, pour tenter de trouver les mots -ils seraient, de toute façon, maladroits. « I’m going to be honest : no one was supposed to know. That’s not something I’m proud of. And I didn’t want it to happen again, and – I don’t know. I didn’t mean to lie to you, I just wanted it to never come out because I knew it would hurt you and -fuck, I’m sorry, ok ? » Il ne se rassit pas, resté planté les pieds dans le sol comme une statue de glace. La seule partie encore brûlante se trouvait au creux de la poitrine, brasier provoqué par l’impact. « Please don’t go. »

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☽. silence hurts more than truth —

— 29.04.2021 —

“yes.” qui résonne jusqu’au fin fond de ses entrailles. yes qui se dessine en honnêteté hypocrite, celle qui blesse, fait si mal que ça raye une bonne partie de son coeur, celle qui donne envie de vomir, celle qui est si vive au fond du poitrail qu’elle reste silencieuse.
est-ce que c’est ça la différence entre l’amitié et l’amour? est-ce que c’est comme ça, un couple? tout cacher sous un tapis en espérant qu’il ne soit jamais soulevé? tout passer sous silence pour ne pas blesser? taire la vérité, étouffer l’honnêteté juste pour préserver l’autre? et si sad avait besoin de leur amitié brute, sans filtre, violente mais aussi de ses baisers,
qu’est-ce que ça ferait d’eux?

“listen, i don’t care who you fucked with.” alors quoi? “but it’s… ryo. how am i supposed to look at everyone in the pack knowing you both hide this to me?” et, enfin, elle s’avance, juste devant le lit, juste devant lui, juste assez pour le regarder bien en face, juste assez pour deviner ses traits, pas assez pour les toucher. “you knew it would hurt me? do you really know what actually hurts me? how long have we been friends, how long have we shared everything to each other? and now, you chose not to tell me this? what were you thinking?” tout à coup, le ton se fait plus bas mais bien peu doux, rempli d’une tristesse qu’elle ne soupçonne même pas. sad n’a pas mal, non, c’est pire que ça. “and what are you sorry for? are you sorry now because you’ve been caught?” le soupire finit sa question qui n’en est pas une et elle lui tourne le dos, ramassant ses quelques dernières affaires. “i need to be alone.” car c’est plus simple que de lui faire face, plus simple que de l’écouter, plus simple que de pardonner, que de tout arranger. c’est toujours plus simple de partir, de fuir, de ne pas y faire face. plus simple de souffrir en silence car le pardon est douloureux, les mots sont amers, bloqués au fond de sa gorge qui n’arrive à se délier que pour cracher le venin car c’est l’égo qui parle, l’égo blessé d’avoir été évincé, d’avoir été laissé de côté.

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☽. silence hurts more than truth —

— 29.04.2021 —

Une honnêteté unique en lame chauffée à blanc -la vérité est trop dure à entendre, l’entière vérité plus encore. If only you knew. Mais il ne pourra jamais lui dire, secrets scellés par le plomb qu’il emportera dans la tombe. Pour ne pas la mettre, elle, en danger. Alors Ryo est une bonne manière de détourner l’attention -l’erreur qu’on peut assumer, pour l’instant, le pardon qui entrave mille promesses faites dans le vent. Le coeur se serre lorsque c’est elle qui approche, et les lèvres entrouvertes de Shilo n’arrivent pas à parler. Une inspiration, seule, comme si à l’intérieur du corps en lambeaux, tout était coupé. « I don’t know. » Il ne sait vraiment pas s’il est désolé de son erreur stupide ou d’avoir &té découvert, s’il aurait préféré lui cacher pour toujours, ce qui lui a pris de ne pas le dire, tout ce qu’il a renfermé, boîte de pandore scellée à clé. « I just didn’t want to hurt you. I thought it would hurt less… If you didn’t know. » Et pour une fois, Shilo est honnête, arrache le pansement d’un coup et laisse la plaie couler, hémoglobine déversée sur le sol. « If going back in time, I probably would do it again. » Cruelle constatation pour celui qui devrait ramper pour se faire pardonner. Il l'est, désolé, empli de regrets, mais la protection passe par le silence. Parfois par les mensonges. She couldn't get it.

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☽. silence hurts more than truth —

— 29.04.2021 —

les yeux frôlent le plafond à l’entente des explications, sadae qui ne sait qu’être honnête même si c’est tranchant, même si ça fait mal — alors, non, elle ne peut pas comprendre, ne peut pas saisir l’intérêt du silence, des mensonges, pourquoi la protéger quand elle s’est relevée de bien plus dur ; est-ce qu’il la connaît vraiment ? le pincement au cœur est si fort qu’il l’empêche de respirer quelques secondes et le souffle ne revient qu’à ses derniers mots. “you serious?” qu’elle lance, désabusée, la déception qui déforme ses pupilles et fait vibrer ses paupières. “you don’t understand a shit right? who do you want to protect? me or you? how long we’ve been friends shilo? how is it even such a big deal that you don’t even tell me?” elle amie, âme-soeur, peut-être amante. celle qui a toujours été à ses côtés, celle qui lui a toujours tout partagé, celle accrochée à lui comme on s’accroche à une bouée de sauvetage pour ne pas couler. “you know what? forget it. i’m done.” et elle se dérobe à nouveau, ne lui laissant pas la place pour répondre ou la rattraper — il n’y a que la porte qui claque derrière elle.