where are you now ? ,, tianyi

Alors que Tianyi entrait dans la bibliothèque, la fumée autour de lui s’épaississait. En ce moment, il avait envie d’être seul : il ne savait pas trop pourquoi, mais il y avait des périodes où il pensait que le monde entier le rejetait, et d’autres où il voulait être celui qui rejetait le monde. Déjà un an qu’il était revenu à Mahoutokorou et ses recherches concernant la réelle identité de son « oncle » qui lui envoyait de l’argent n’étaient pas très fructueuses : il se demandait même si c’était une bonne piste, si ce n’était pas une erreur de la part de son « oncle » ; ou tout simplement une farce. En tout cas, c’était un secret qu’il n’avait divulgué à personne : personne ne savait pourquoi il était revenu à Mahou. Tianyi était quelqu’un de naturellement secret, mystérieux : quelqu’un qui était capable de disparaître du jour en lendemain, et de revenir comme une fleur comme si rien ne s’était passé. La peur d’être abandonné le faisait s’accrocher aux autres, mais cette même peur l’éloignait des gens ; parce qu’il avait terriblement peur de voir un coup de poignard traverser son torse ((tellement qu’il attirait parfois de lui-même ce coup de poignard ; inconsciemment)). Et voilà pourquoi il faisait de son mieux pour maintenir cette distance avec les autres, pour être sûr qu’ils ne lui feront pas de mal, qu’ils ne lui feront jamais plus autant mal que ses blessures passées ; mais Tianyi restait humain et il commettait toujours les mêmes erreurs.

La silhouette d’Astréa fit dissiper la fumée autour de lui. Normalement, il aurait continué son chemin, gardant la fumée autour de lui aussi haute que possible pour filer entre les gens sans se faire remarquer et éviter un maximum d’interactions ; mais Astréa était différente. Tianyi savait exactement pourquoi, et ça lui faisait peur. C’était la première fois depuis longtemps qu’il était attaché à quelqu’un et ça ne lui plaisait pas : il avait l’impression de se montrer trop gentil avec elle, de se rendre beaucoup trop vulnérable. Cette personne pourrait l’abandonner à son tour : d’ailleurs, elle allait sûrement le faire vu le nombre de fois où il avait disparu et n’avait pas répondu à ses messages pendant de longues périodes. Étrangement, à chaque fois qu’il réapparaissait, même si elle s’énervait, elle revenait toujours vers lui. Il ne comprenait pas pourquoi : il ne pensait pas mériter un tel traitement (il devrait plutôt être abandonné ; au moins, il était habitué, à ça). Mais plus elle se comportait comme ça et plus ça renforçait les nœuds de leur lien ; plus Tianyi était attaché à elle, et plus il prenait peur. Il avait du mal à imaginer une vie sans elle (et c’était ça, le plus effrayant).

Mais ça, Astréa ne devait pas le savoir. Tianyi n’avait pas envie qu’elle découvre ses vrais sentiments (ça le rendrait trop vulnérable, trop faible, et il ne voudrait jamais ça), alors il se cachait encore derrière une apparence éloignée (alors qu’au fond, son cœur était déjà accroché à celui d’Astréa). Il feindrait venir la voir pour la faire sortir de la bibliothèque, pour qu’elle se révolte un peu de son apparence de fille sage, alors que les choses étaient différentes maintenant : ce n’était pas pour son propre divertissement qu’il allait la pousser à sortir de sa zone de confort, mais pour elle. Elle, pour la voir sourire à son tour (oh, que c’était étrange comme pensées venant de la part de Tianyi). Et puis, le pauvre, il avait remarqué que quelque chose n’allait pas à chaque retour de vacances. À chaque fois qu’elle revenait de chez elle, elle se montrait plus fermée et Tianyi devait redoubler d’efforts pour lui faire faire des choses qu’elle avait déjà accepté de faire avant. Depuis le retour des vacances, elle n’avait pas accepté de sortir avec lui ; aujourd’hui était le jour où ça allait changer.

Tianyi s’avança vers elle, la fumée disparaissant derrière lui. Il s’assit à côté d’elle, lui souriant légèrement. « Tellement studieuse, wow. » Il pouvait parler, lui aussi était un bon étudiant : et même s’il avait amené ses affaires avec lui pour travailler, maintenant il n’avait plus du tout envie d’étudier. « Tu penses pas que c’est l’heure d’une pause ? » Il lui glissa un regard complice. « Je connais un lieu qui permet de bien décompresser après une longue séance de révisions, » dit-il, pointant du pouce vers la fenêtre qui affichait une nuit noire. Il savait que convaincre Astréa n’allait pas être une mince affaire, mais Tianyi avait une fâcheuse habitude : tout devait toujours se dérouler comme lui le voulait.

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