my hot blood's been burning for so many summers now (tianyi).

MY HOT BLOOD'S BEEN BURNING FOR SO MANY SUMMERS NOW ;
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Il avait vingt-quatre ans, c'était il y a deux ans déjà — deux ans ! et pourtant la haine est toujours bien là, logée dans sa poitrine comme un chat tapi dans l'ombre qui n'attendrait qu'un minuscule signal pour bondir.

mercredi, presque midi, le cours de duels vient de se terminer et il remballe ses affaires d'intervenant : quelques parchemins, sa baguette rouge qu'il glisse dans l'étui qu'il porte toujours à la cuisse et dont il resserre la lanière dans un geste mécanique et habituel. il a dit, comme à chaque fois, venez me voir si vous avez des questions et par conséquent il s'attend, comme à chaque fois, à la venue de quelques élèves qui, un peu intimidés, viendront poser leurs questions tout en tapotant nerveusement sur le bureau. est-ce que c'est vrai que vous avez gagné… lorsque vous étiez à durmstrang… est-ce que c'est vrai que vous aviez été sacré meilleur duelliste de l'école pour la saison 2017 ? et gansey de répondre, avec un sourire à la fois surpris et apaisant : oui, c'est vrai — comment penses-tu que j'ai obtenu une place d'intervenant en duels à mahoutokoro ?

durmstrang. il se souvient de l'alcool, des duels et des deux ensemble : des duels alcoolisés, éméchés où, titubants, les jeunes inconscients qu'ils étaient alors avec ses amis se jetaient mille sorts au visage. il se souvient de yori qui, juste avant son départ, était passé dans le coma — et des médicomages qui, à présent, souhaitent le débrancher (mais non ! c'est un non. catégorique). il se souvient de la première fois qu'il a aimé un homme, le choc que ça a été, à sa manière, un choc dont on ne parle pas, pas de ceux qui remettent tout en question parce qu'il savait déjà, finalement, oui il savait qu'il était pansexuel — mais un choc qui rend tout très réel, très présent et, peut-être, très effrayant. et puis il se souvient encore mieux de la suite. la différence d'âge la culpabilité la rupture le départ soudain de l'autre. la culpabilité, surtout. la rupture le départ la culpa—

bien sûr tout lui revient en pleine face lorsque tianyi a l'audace de venir le voir, à la fin de ce putain de cours. et ils sont seulement séparés par un bureau de bois ouvragé, tandis que la salle se vide et que les autres sorciers vont manger. la colère lui crispe les mâchoires. à lui, gansey. pas à lui, tianyi. tianyi, la colère, cette fois il n'a pas le droit. « need something ? » l'accueil est glacial, la voix n'a pas une once de chaleur. ils se reparlent pour la première fois depuis… depuis. « do not tell me that you have something to ask me. » fuck you, tianyi. au bord des lèvres. « i'm probably too old to help you anyway. » et le sourire de côté est à la fois ironique et cruel — parce que trop vieux, c'est ce qu'il était déjà il y a deux ans, quand tianyi l'a abandonné après l'avoir achevé à grands coups de culpabilité — trop vieux, trop vieux pour moi, trop vieux pour nous.

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Petit sifflotement qui s’échappait de ses lèvres tandis qu’il attendait hors de la salle, patientant que le cher intervenant finisse son cours. Tianyi n’était pas un élève stressé, un élève admiratif de Gansey Odair. Il n’allait pas venir le voir avec des étoiles dans les yeux, la boule au ventre, la gorge serrée, à poser des questions stupides dont il n’était pas curieux de la réponse ; parce qu’il les connaissait déjà. Tianyi, il avait été là au bon endroit au bon moment, si on pouvait dire ça comme ça : il avait croisé le chemin d’une fille qu’il connaissait rapidement. Elle le lui avait dit, qu’elle était stressée parce que ça faisait des jours qu’elle devait demander un renseignement à un fameux intervenant mais n’arrivait pas à rassembler son courage pour le faire. Et quand il lui avait demandé qui c’était, un grand sourire avait éméché son visage de démon.
Je le connais, Gansey.
Je peux le faire à ta place.
Et c’était comme ça qu’il se retrouvait devant cette salle, le ventre vide juste avant midi, une mélodie banale sortant de sa gorge. Et puis d’un coup, il vit la porte s’ouvrir avec des étudiants qui en sortaient, peu curieux de voir un autre élève attendre devant la porte ; plutôt curieux de le voir entrer dans la salle, d’une allure si désinvolte qu’on aurait cru qu’il était le prochain professeur à faire un cours. Les mains dans les poches, aucun élève ne souhaitait rester poser des questions au cher intervenant (Tianyi avait réservé sa question (sa présence !) en dernier ; parce qu’il était la cerise sur le gâteau, ou plutôt, la pincée de sel dans la part de gâteau qui rendait toute la part immangeable, dégoûtante, répugnante). Il voulait que Gansey soit heureux de cette journée, réponde aux questions des stupides étudiants, puis le voie.

Et quand leurs regards se croisèrent, Tianyi ressentit une décharge électrique lui parcourir tout le corps. Ce n’était pas comme à l’époque, non. Ce n’était pas plaisant. Ce n’était pas la même adrénaline qui faisait battre son cœur, mais elles étaient similaires, car elles se reposaient toutes les deux sur le danger. Avant, c’était le danger de sortir avec quelqu’un bien plus vieux que lui, de s’amuser de lui (parce qu’il n’avait jamais essayé sur un homme plus vieux que lui de cinq ans, surtout quand il était à peine majeur – dix-neuf ans). Maintenant, c’était le danger de revenir le voir ; revenir voir un maître de duels qui pourrait l'assassiner dans cette petite salle.
Il ouvrit la bouche, mais il se fit immédiatement interrompre par le plus vieux, ce qui lui arracha un rire. « You’re old enough to be my professor, that’s the thing. » Tianyi ne savait peut-être pas bien se battre, mais il savait manier les couteaux dans les cœurs à la perfection ; il en avait planté pas mal, dans le cœur de Gansey. Quand il lui avait dit qu’il était mal à l’aise avec cette relation parce que lui était trop jeune et Gansey trop vieux ((un)), qu’il voulait donc tout arrêter ((deux)), qu’il était parti ((trois)), laissant l’autre culpabiliser tout seul comme un idiot ((quatre)). « And I do have something to ask you. It’s not for me, though. Someone wanted to ask you something but they were too shy to do it, so I suggested I’d do it for them. I’m a nice one, aren’t I ? » Assez gentil pour ne pas partir comme un voleur et laisser Gansey en plan, mais ça, c’était parce qu’il avait pesé le pour et le contre et qu’il avait trouvé que lui mentir sur son mal-être sur leur différence d’âge était bien plus blessant que de partir sans rien dire ; parce que quand ils s’étaient mis ensemble, ils avaient justement dit qu’ils allaient passer outre ça (mais Tianyi était un menteur). Peut-être même qu’il mentait sur la raison de sa présence ici, mais Gansey ne pourra jamais en être certain. « So, uh… I think they had a question about… about Durmstrang ? Your time there. How was it ? » Il lui adressa un sourire plein d’innocence. « They’re about to go there for an exchange, so they want to know. » Et même si Tianyi savait déjà, il lui posait la question quand même. Pour qu’il se rappelle de lui— d’eux.

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You’re old enough to be my professor, that’s the thing. » vlan. bien sur le coup de couteau était attendu, but still. that’s the thing, en effet, c'est là le problème, la grande culpabilité, cette culpabilité qui est toujours ancrée dans ses os quand il repense à la manière dont il embrassait tianyi, la manière dont il l'aimait — quand il repense à des détails auxquels il ne veut justement pas repenser, auxquels il ne devrait pas repenser, le goût de ses lèvres, le contact de sa langue, sa main dans ses cheveux. et il lui aura fallu des mois pour comprendre qu'il se jouait de lui, tianyi ; qu'en le quittant il avait menti, joué avec lui, que l'écart d'âge ne le dérangeait en rien, des mois à penser être le méchant abject et à se demander s'il l'avait forcé, malgré lui, sans le vouloir, sans le savoir, quelques mois à se laisser détruire avant d'ouvrir les yeux : il n'était qu'un poisson pris au piège du filet tout ce temps.

((c'était faux, donc, ce qu'ils avaient vécu : ce que gansey pensait vrai et réel et véritable, ce que gansey croyait de l'amour, c'était faux, donc, une mascarade unilatérale, une pièce comique dont il n'avait pas été mis au courant et qu'il jouait malgré lui, amoureux sur les planches, en improvisation totale et sincère, tandis que tianyi récitait ses vers avec automatisme et presque désintérêt, cachant le script dans son dos, dont il était le seul à déjà connaître l'issue)).

« I’m a nice one, aren’t I ? » il ne boit rien et pourtant il s'étouffe. sur l'air qu'il respire, il s'étouffe.
quelqu'un de bien, tianyi, non.
« no, you're not. » qu'il répond simplement, d'une voix grave parce que blessée, d'une voix grave qui sonnerait presque comme une menace, de la voix grave du loup enragé qu'il n'est pas encore mais qu'il deviendra bientôt. comme un râle animal, de la pure désapprobation.

« (...) about Durmstrang ? Your time there. How was it ? » il serre la mâchoire, regarde ailleurs. il ne supporte plus les yeux de tianyi qui sont si doués à prétendre qu'ils sont en bons termes.
son temps à durmstrang — à la fois magnifique et étrange. le meilleur et le pire. la culpabilité d'avoir laissé yori dans le coma, et le soulagement d'avoir laissé yori dans le coma — derrière lui, loin, dans un autre pays, et dans le nord il pouvait prétendre ne plus y penser, il pouvait se convaincre qu'il n'avait jamais eu de frère, pour avoir moins mal. durmstrang — les fêtes immenses dont il rentrait chancelant au petit matin, dans la brume glaciale, l'impression d'avoir chaud grâce à l'alcool ; titubant et rigolant sur les pavés ((parfois au bras de tianyi)). durmstrang et ses toits verts enneigés, ses salles de duel interminables, durmstrang et les concours qu'il gagnait, les podiums sur lesquels il montait, durmstrang et tianyi qu'il embrassait au détour d'un couloir, à l'abri des regards.
« full of liars. » qu'il tranche, amer, balayant mentalement tous les bons moments — car il sait que tianyi parle avant tout d'eux, et peut-être même ment-il encore ((puisqu'il ment comme il respire)), peut-être n'a t-il jamais été envoyé par cet élève qui désire soit-disant partir en échange. « but you know exactly what i'm talking about, don't you ? » et il n'arrive plus à être gentil, gansey, il n'arrive plus à être clean et poli comme il s'est toujours efforcé de l'être jusqu'ici. sourire carnassier et presque cruel tandis qu'il insiste : « i know i can count on you to explain to that student what i mean by full of liars. »

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Il y avait le sourire calculé de Tianyi qui remontait jusqu’à ses lèvres, le petit pétillement dans ses yeux alors qu’il regardait la mâchoire de Gansey se tendre, le rire qu’il ne prit même pas la peine de dissimuler quand Gansey lui dit qu’il n’était pas une bonne personne. Parce qu’il se moquait ouvertement de Gansey, parce qu’il trouvait ça presque drôle de revenir vers lui en aspergeant tout son visage de leurs souvenirs, l’aspergeant tellement que ça rentrait dans ses yeux, ses narines, sa bouche, ses oreilles, et que ça infiltrait son crâne, son cerveau, ses neurones ; et que Gansey aspirait tout ça, immergé par la douleur. Ah que c’était plaisant, de voir quelqu’un malheureux prétendre qu’il allait bien. « You’re right. I’m pleasantly surprised you can see through my lies, now. It would’ve been better if you could’ve done that before but, oh well… » Il ne finit pas sa phrase, se contenta de hausser des épaules, parce qu’il savait que Gansey allait finir sa phrase dans sa tête pour lui : we only grow up the hard way, don’t we ? Ironique de parler de grandir quand c’était Gansey le plus âgé ici ; comme si Tianyi inversait leurs rôles et que c’était lui, le plus vieux, celui qui devait guider Gansey pour grandir dans la vie ((oui, apprends que la vie n’est pas vécue à la première personne mais à la troisième : que la vie n’est pas une improvisation mais une pièce de théâtre où tout est déjà écrit à l’avance, où tes malheurs ne provoqueront que les rires des spectateurs et tes joies, des regards déçus qui attendent que le malheur te frappe de nouveau)).

Il ricana de nouveau en voyant Gansey éviter son regard. Il avait planté la flèche dans le mille. Il avait prétendu être Cupidon à leur rencontre alors qu’en réalité, il n’était qu’un archer qui avait transpercé de sang le cœur de Gansey ; et Gansey tout innocent (tout idiot), il pensait que ce sang qui coulait de sa plaie était parfaitement normal. La douleur qui disparaissait parce qu’il y avait Tianyi, et puis, dès que lui avait disparu, elle avait éclaté dans son corps. Maintenant que Tianyi en voyait les conséquences, il trouvait ça beau (il pouvait avoir un tel effet sur les gens !).

Et il éclata encore une fois de rire, lançant sa tête en arrière tellement que ça le faisait rire. Ah, Gansey perdait déjà sa patience. Quel bonheur. « Come on, I can’t tell her that. This wouldn’t be true. » Après tout, Tianyi n’était plus à Durmstrang mais à Mahoutokoro : c’était Mahoutokoro qui devrait être définie de full of liars, maintenant. « And you need to make her want to go to Durmstrang, you know ! I can’t believe I have to explain that to you. Thought the older you get the wiser you grow, but maybe that’s not the case for everyone. » Il se contenta d’un sourire plissé sur ses lèvres, qui atteignit faussement ses yeux. « Gansey, you really don’t remember anything good about Durmstrang ? Personally, I do. Like, the parties there were so fun, people out there were crazier than here ! And I love the snow there, it’s so pretty, and I really liked when my friends and I did snowball fights like the kids we were — oh well, maybe not you, you were way older than me, after all. » Il rit. « But, I think that my favorite thing was seeing you in the hallways when there was nobody, and stealing a kiss away from your lips… I think it was pretty funny. » Il sourit.

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