Just like every night — Nabi #1

Morgue — 23 août 2021[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image][Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] & [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]

Tic-Tac. L’aiguille des secondes traçait son petit chemin, tranquillement, autour de l’objet circulaire que le britannique avait installé au-dessus de son bureau, l’horloge regardant de haut le professeur. Une plume entre les doigts, ayant pourtant des stylos —invention moldue qui lui semblait être vraiment idéale parfois lorsqu’il ne voulait pas tâcher ses parchemins avec de l’encre— à ses côtés, l’enseignant feuilletait un livre à la recherche du premier cours qu’il allait donner à la rentrée. Pour une fois, il s’était permis une soirée loin de sa morgue habituelle, voulant donner un peu plus d’attention à ce métier qu’il exerce presque toute l’année. Bip. Un premier bruit presque strident qui l’incite à lever le regard, la plume retrouvant sa place dans son support alors que les doigts tâtonnent jusqu’à attraper le téléphone. Juste à temps pour le voir et l’entendre sonner, répondant au téléphone. “ — Professeur Lloyd, je vous écoute. " Les sourcils se froncent alors que les ongles de la main libre viennent tapoter le bureau dans une mélodie rythmée. “ — Bien sûr, je serai là d’ici une demie-heure. ” Le téléphone était déposé sur le bureau alors que tous les parchemins et livres retrouvaient leur place sous ses mouvements de mains distraits.

Quittant son bureau, le rokurokubi se levait pour rejoindre sa chambre, changeant de tenues pour une bien plus adaptée —du moins, à ses yeux— avant d’attraper sa blouse blanche, brodée avec ses initiales. Faisant venir à lui son téléphone, il contactait son collègue et ami pour qu’il soit présent à la morgue avant son arrivée, n’appréciant pas l’idée qu’un corps fraîchement rigide soit abandonné dans une pièce vide de toutes présences vivantes. Heureusement, bien que cela ne l’étonnait pas tant que cela, Nabi était rentré depuis peu chez lui et accepta de retourner dans leur espace de travail. Lançant un dernier regard à son penthouse, il éteignait les lumières d’un mouvement de baguette accompagné d’un sortilège informulé. Transplanant dès que la porte fut claquée, il arriva dans l’hôpital et salua les quelques collègues qu’il croisait. Traversant les couloirs comme s’il se trouvait chez lui, sûrement parce qu’il passe plus de temps ici qu’autre part, il finit par rejoindre les étages inférieurs. Les portes claquant derrière lui après quelques battements, il pénétra dans la morgue dans un silence presque trop froid. Repérant Nabi, ainsi que le cadavre dont ils devaient s’occuper, il s’approcha discrètement avant de poser brièvement sa main sur son épaule, juste le temps d’une seconde. “ — Merci d’être venu si rapidement alors que tu avais fini ta journée. ” Des remerciements rapides alors qu’il s’éloignait déjà pour rejoindre son bureau. “ — Est-ce qu’il t’ont fait un débrief sur ce qui est arrivé à notre victime ? ” Sans attendre la réponse, il enfilait des gants blancs, les faisant claquer contre sa peau, avant de rejoindre la table d’autopsie, attrapant le dossier de leur cadavre. “ — Tu pourras partir lorsque l’on aura fini l’autopsie, ne t’en fais pas. ” Un commentaire fait sans même lever les yeux vers son ami, ces derniers préférant lire les quelques pages de notes.

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] Il est de ceux qui savourent chaque instant de leur travail, contrairement à une poignée de gens qui, eux, semblent haïr leurs journées ; si Nabi aborde généralement cette moue froide et distante, ce masque se défait pour laisser transparaître deux pupilles illuminées d’intérêt face à un cadavre. Le boucher n’est qu’exaltation devant les morts, attrait inadéquat et sûrement indécent pour tant de monde, mais il s’en fiche, non, lui il accueille ces mauvaises rumeurs à son propos avec amusement. C’est sûrement pour ça qu’il est revenu immédiatement à l’hôpital à la demande de son supérieur, autrefois collègue, et désormais ami ainsi que partenaire de « vices ». Un homme qui le ressemble énormément, probablement que c’est la raison pour laquelle il se sent sincèrement à l’aise à ses côtés, non loin de se sentir jugé pour l’expression continuellement autoritaire qu’il a. Il n’y a pas ce malaise comme avec certains, encore moins ces jugements, parce qu’ils partagent le même intérêt pour la magie noire. Liés par l’illégalité, il le sait que c’est dangereux ce qu’ils font, mais c’est justement ça qu’il aime.
Penché vers le cadavre, il le scrute brièvement, ses doigts gantés saisissant délicatement la mâchoire de la personne pour la faire tourner. Il ne sursaute même pas en entendant les portes claquer, sait que c’est Lloyd qui vient d’arriver. Sans se tourner vers lui, ce qu’il finit par faire en sentant la main furtive se placer sur son épaule, il secoue un peu la tête. C’est normal. Et appréciable, de toute façon. A sa question, il ne répond pas tout de suite, le laissant se préparer, alors qu’il enchaîne d’une remarque qui le fait légèrement ricaner. Tu sais bien que ça me dérange pas… mais oui, ils m’ont fait un débrief. Ils l’ont retrouvé dans sa maison, ils pensent à un meurtre à la méthode moldue. Une hypothèse dont il n’a pas encore eu le temps de vérifier, mais il remarque déjà le crâne fissuré, comme si quelqu’un avait cogné l’endroit d’un objet lourd. Il marque un temps de pause, semble observer son supérieur d’un air quelque peu indécis, ce qui ne lui ressemble pas, avant de parler : Hm. Au fait. Je sais que ça n’a rien à avoir, mais je me demandais s’il était possible de renforcer un peu la sécurité dans la morgue. J’ai eu quelques… soucis avec une personne ici et la morgue s’est retrouvée dans un état un peu problématique. Loin de pourtant se sentir coupable, il agit comme d’habitude, sa voix teintée de froideur, la moue toujours aussi dure. Il n’a pas non plus envie de dévoiler l’identité de Itsuki, sachant que ce serait un peu gênant d’expliquer qu’il s’est battu avec un autre pour une histoire de bracelet.



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Morgue — 23 août 2021[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image][Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] & [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]

Qu’elle était belle, la faucheuse, lorsqu’elle venait s’occuper des personnes qui avaient vécu trop longtemps à ses yeux. La faux entre ses doigts, elle s’approchait silencieusement, presque invisiblement, de ses proies et venaient leur ôter la vie dans un silence morbide. C’était cette même faucheuse qui avait aguiché tant de fois l’enseignant, lui faisant miroiter paix et bonheur loin de ce monde empli d’un liquide à la couleur carmin. Il avait été fragile tant de fois face à elle mais elle n’avait pas su remporter la bataille face à la motivation de l’anglais quant au fait de s’occuper de toutes les personnes qui deviennent ses clients dans cet espace aussi frais que stérile. Peut-être devrait-il penser à remercier la faucheuse de lui faire tant de cadeaux et de lui permettre d’avoir un salaire convenable. Comme cette nuit où elle semblait s’être montrée trop impatiente, déposant une nouvelle affaire à la morgue. Ce dernier avait envoyé son collègue pour réceptionner le corps lui faisant assez confiance pour le laisser gérer lui-même des cadavres en son absence. Et il ne prit qu’une demi-heure pour arriver sur son lieu de travail, rejoignant la pièce principale où il salua discrètement Nabi. “ — Tant mieux si tu penses ainsi. ” Et il s’était éloigné aussitôt vers son bureau, déposant ses affaires pour enfiler une paire de gants blancs, couleur bien trop pure pour ce qu’il s’apprête à faire. “ — Hm… Un meurtre à la moldue. Ça fait longtemps qu’on a pas eu à s’occuper de cas comme ça, non ? ” Il finissait de lire le dossier avant de le reposer, faisant le tour de la table d’autopsie pour manipuler le crâne de la victime. Les doigts tâchés rapidement par du sang sec, il relevait le regard vers son ami en fronçant les sourcils. “ — Comment ça ? Qu’est-ce qu’il s’est passé ? ” Il reprenait cette moue autoritaire alors qu’il se redressait, reposant correctement la tête sur le support de la table. “ — Quand est-ce que c’est arrivé ? Pourquoi est-ce que je ne suis pas au courant, Nabi ? ” Il était perplexe, pensant que ce dernier l’aurait prévenu plus tôt en cas de soucis. Et il reprenait son auscultation, utilisant sa baguette pour lancer un sort avant de mettre en évidence chaque blessure qui aurait pu s’avérer mortelle. “ — Il semblerait que quelqu’un se soit défoulé sur lui, il y a plusieurs os cassés. ”

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] Un meurtre à la moldue, ils savent que ça n’arrive effectivement pas souvent ; pourquoi faire s’il est possible de tuer sans laisser de traces ? Automatiquement alors, il s’imagine que c’est un règlement de comptes qui a mal tourné, parfois les gens peuvent être imprévisibles et c’est justement ce qu’il aime, ces affaires difficiles à résoudre, à comprendre. Un hochement de tête plus tard, il est d’accord avec lui. Ça nous change. Sans se rendre compte, sûrement que ses paroles sont bien trop macabres, pourquoi espérer du changement pour des morts ? Mais la pensée ne l’effleure qu’à peine et puis surtout, il dévie de sujet, un moins appréciable pour son supérieur, qui l’observe d’un air sévère, délaissant brièvement le cadavre.
Les questions s’enchaînent, Nabi toussote, scrutant la main du cadavre tandis qu’il s’évertue à rester le plus vague possible. C’est arrivé il y a quelques jours, j’ai failli ne pas avoir le temps de retenir le cadavre qui a volé dans les airs, mais… ce n’est rien de grave, juste un sale gosse qui faisait des caprices. Je voulais pas t’embêter avec cette histoire. Jusqu’à ce qu’il se rende compte qu’Atlas aussi a été dans une situation similaire il y a quelques mois, chose qu’il a gardé pour lui évidemment. Hors de question que ça recommence, il tient aux corps qu’ils étudient, refusant qu’ils soient virevoltés comme ça par des histoires enfantines. Il l’observe reprendre son observation, faisant de même, le regard relevé sur les blessures. Sûrement une vengeance, ou quelque chose comme ça. Il montre les ongles un peu ensanglantés d’un geste méticuleux. Et il y a eu résistance, donc sûrement qu’on aura l’ADN du coupable. Les sourcils froncés, il vérifie chaque parcelle, chaque détail, ne laisse rien, perfectionniste au possible, l’exigence continuellement nichée en lui.



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Morgue — 23 août 2021[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image][Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] & [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]

Si la mort était la plus belle fascination du rokurokubi, elle était aussi une amante exigeante qui demandait beaucoup d’attention pour pouvoir découvrir chaque mystère qu’elle cachait à l’intérieur de ses bras. Toutes ses petites imperfections, chaque détail moindre faisait d’elle une amante particulière, unique lorsque Lloyd découvrait son existence sur la table d’autopsie de sa morgue. Mais qu’est-ce qu’il l’aimait, cette maîtresse qui rythmait sa vie de ses présents aussi particuliers que intéressants. Les présents partagés, il faisait confiance à chaque personne qui foulait le sol de la pièce froide, s’attendant d’eux qu’ils aient la même rigueur que lui dans leurs recherches et expériences sur les cadavres refroidis attendant une réponse, une affirmation sur la raison de leur présence ici. Et, cette nuit, elle s’offrait sous une forme spéciale, une existence tellement rare qu’il en oubliait parfois sa possibilité. Elle était venue à eux sous sa plus belle tenue, ravageant le corps d’un homme qui avait été abattu avec des méthodes barbares, celles dignes des moldus les plus simplets. Approuvant les dires de son collègue, son regard examinait le corps de la victime. “ — Et ça nous permet de nous souvenir qu’il n’y a pas que les nôtres qui savent faire preuve de cruauté. ” Pourtant rien ne prouvait encore que c’était un moldu qui avait tué la victime, ces derniers n’ayant pas accès à l’île magique. L’esprit se faisait attirer par une nouveauté, une information dont il aurait dû prendre connaissance depuis des jours et qui l’agaçait particulièrement. “ — Je vois. ” Une réponse froide alors qu’il s’éloignait de la table d’autopsie après avoir annoncé son verdict. Sa baguette en main, il examinait les sorts de protection autour de la porte avant de les renforcer, n’appréciant guère qu’un inconnu ait pu venir déranger la quiétude de son lieu de travail. “ — Si ce sale gosse ose se pointer de nouveau, maintiens-le ici. Je m’occuperai personnellement de son cas. ” Un nouvel ordre alors qu’il revenait vers lui, maniant divers instruments de ses mains sans les toucher, faisant ainsi les analyses sans contaminer les substances récoltées. “ — De plus, même si tu ne voulais pas m’embêter, tu aurais dû m’en parler. Je suis ton responsable, Nabi. Et la morgue est sous ma responsabilité. ” Il était tout de même soulagé que le cadavre n’ait pas été endommagé, sachant que cela aurait pu mettre en péril une quelconque enquête.  

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] Pendant un instant, il est tenté de lui rétorquer. Pour lui, les moldus sont les plus cruels d’entre tous, sans doute s’imagine-t-il encore l’époque où les sorciers étaient malmenés, la raison étant leur simple existence. Toutefois il ravale son envie de débattre, n’étant pas le lieu et le moment pour le faire, frustration alors encagée. Sujet dévié, moins fascinant que le cadavre en-dessous d’eux, la froideur se parsème dans leur conversation, il comprend qu’il a agacé son supérieur. Peut-être que Nabi a manqué de professionnalisme en lui omettant cette information, mais il demeure austère face à sa réaction, l’observant renforcer les sorts de protection. Il ne sait pas si ce sera suffisant, s’imaginant que n’importe qui d’assez déterminé serait capable de s’engouffrer ici. Silencieux, il l’écoute, ayant la vilaine sensation qu’il est réprimandé : exploit qui n’arrive qu’à de rares occasions, mais quand c’est le cas, il sait qu’il doit rester muet jusqu’au bout s’il ne veut pas s’attirer les foudres de Lloyd. Ce dernier continue, aussitôt suivi par Nabi, et enfin celui-ci répond, toussotant un peu au passage. Oui, je sais. Il marque un temps de pause, durant lequel il scrute le cadavre, semblant réfléchir aux mots qu’il va utiliser. D’habitude je laisse jamais ce genre de choses arriver, j’imagine que j’ai dû… me montrer inattentif, ou quelque chose comme ça. Cependant il le sait, jamais il n’aurait pu prévenir l’arrivée soudaine d’Itsuki en ces lieux, il s’est attendu à ce qu’il vienne chez lui, ou même lorsqu’il sort de l’hôpital, mais pas dans la morgue directement. Sûrement qu’il l’a sous-estimé, se disant que le garçon serait trop effrayé pour être aux côtés des morts. Je l’ai sous-estimé, mais ça n’arrivera plus. C’est qu’un gamin, de toute façon. Qu’un gamin bien embêtant, qui tourne trop autour de Morgane, ce qui l’agace particulièrement, lui qui ressent un profond besoin de se montrer protecteur, tout comme il le fait avec sa petite sœur. Même si évidemment, rien ni personne n’aura la même importance qu’elle. Reprenons du coup… Désireux de changer de sujet, maintenant que les sécurités ont été renforcées, il ne sait pas si son supérieur reviendra à la charge, peu enclin à lui expliquer la raison de la bagarre.


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L’obsession était aussi malsaine que belle à ses yeux, son intérêt porté constamment sur les diverses façon d’ôter la vie des gens et de les faire souffrir plus ou moins en fonction de ce qui est désiré par la personne qui commet le crime. C’était sûrement ce qui l’intéressait le plus dans son métier : chercher les raisons qui ont fait que saon patient‧e est mort‧e, chercher s’il y avait eu d’autres éléments qui aurait provoqué une mort plus rapide ou si saon patient‧e avait cherché à se défendre si c’était suite à une agression. Mais ce qu’il préférait était le fait de travailler sur des cas qui sortaient de l’ordinaire, comme celui qu’ils avaient sous les yeux actuellement. Une mort à la façon moldue, une technique qu’ils croisaient que très peu puisqu’il était plus simple de tuer avec la magie plutôt qu’autre chose. Cependant, il était intéressé par un autre sujet bien plus grave que la mort de son pauvre patient. Quelqu’un avait osé s’introduire dans son espace de travail pour y mettre le chantier, s’en prenant à tout ce qu’il y avait dans la pièce avant de se chamailler avec Nabi de ce qu’il comprenait. La voix beaucoup plus froide, il prenait la parole et n’hésitait pas à se montrer bien plus sérieux. “ — J’espère pour toi que cela ne va pas arriver de nouveau. Est-ce que c’est compris ? ” Le regard posé sur le visage de son collègue, il l’observa en silence pendant quelques secondes avant de se concentrer sur les analyses en cours, s’assurant que tout se passe bien. “ — Un gamin qui a su passer divers protocoles de sécurité dont mes sorts de protection. Donc ne le sous-estime plus jamais. ” De nouveau silencieux, il hochait la tête et s’éloignait pour aller analyser les substances récoltées, prenant le temps de s’assurer qu’il n’y avait vraiment aucune trace de magie en dehors des leurs. Se redressant, il jetait son regard froid sur Nabi avant de prendre la parole. “ — Puis-je savoir pourquoi est-ce que ce jeune homme est venu ici ? Qu’as-tu fais de mal, encore ? ”

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] Ambiance bien plus tendue, si d’ordinaire ils sont deux êtres froids, ne laissant aucunement place à l’intimité et la chaleur, cette fois il le sait, c’est différent. Après tout, la situation ne leur permet pas de réellement discuter en toute insouciance, au fond, il est au courant que son supérieur n’est pas du genre à laisser passer facilement ce genre de choses, c’est sa morgue, ses responsabilités et la sécurité de ses employés. Ça aurait pu tourner à la catastrophe si Nabi n’avait pas réagi à temps et même s’il ne prend pas la chose à la légère, il se montre quand même évasif, ne voulant pas s’évertuer sur ce sujet. Mais Lloyd n’est pas du même avis. Ce dernier se montre glacial, plus que d’habitude. C’est compris. Pas son genre de rétorquer tel un sale gamin, le plus jeune coopère immédiatement. Il le sent le regarder, préfère s’occuper du cadavre en silence, alors que les réprimandes continuent. Je comptais pas le sous-estimer une nouvelle fois, et cette fois il prend une voix un peu plus dure, pour qui le prend-t-il ? songe-t-il, désormais un peu agacé d’être vu comme un débutant.
De nouveau un blanc, le travail continue, ses mouvements sont un peu plus secs, même s’ils demeurent plus précis, il tente de balayer l’histoire de la bagarre, mais son supérieur n’est pas un homme qui laisse tomber les choses. Moins irrité, il finit par capituler, il sait que dorénavant il aura l’air d’un idiot à lui raconter une telle histoire enfantine. Il souffle, exaspéré envers lui-même surtout, tandis qu’il scrute l’intérieur de l’homme, sans se soucier du « encore » en fin de phrase. Ça concerne Morgane. Elle est sortie avec un garçon, qui a brisé son cœur il y a un moment. Récemment j’ai appris qu’il lui tournait un peu autour, alors pendant le festival, je l’ai vu. Il a fait tomber un bracelet, qui appartenait à une femme, je me suis dit que ça devait être une personne importante, alors je l’ai… emprunté. Volé, surtout. Il continue : Je l’ai contacté, il n’a pas aimé le fait que je garde son précieux objet en captivité, donc il est venu ici pour le chercher. Il s’est énervé, je lui ai donné un coup au visage. Voilà. Il toussote, reprenant aussitôt ce qu’il fait, refusant de faire face à de l’exaspération.



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Confiance presque totale envers le cadet qui travaillait à ses côtés depuis des années, il ne pouvait pas non plus lui laisser croire qu’il pouvait se permettre de lui cacher des choses dans ce lieu qu’il gère depuis quelques années maintenant. Maître des lieux, il se devait de s’assurer de la sécurité de ses employés mais aussi de son espace de travail, sachant parfaitement que ses supérieurs n’hésiteraient pas à lui faire payer s’il venait à se passer quelque chose de dangereux dans la morgue. Pourtant il savait que Nabi était un bon élément, sûrement le meilleur parmi ses collègues, mais il ne pouvait pas se permettre de faire un quelconque traitement de faveur s’il voulait maintenir une égalité entre chaque membre de l’équipe des médicomages-légistes et des élèves qui y travaillent en leur compagnie. Satisfait de le voir obtempérer, ses yeux finissent par se poser sur les résultats des analyses avant que sa mâchoire ne se crispe quand il répond durement. “ — Je vois que tu apprends donc de tes erreurs. ” Voix froide en échange, il le laissait près de la table d’auscultation alors qu’il imprimait les résultats pour les incorporer dans le dossier lié à la personne allongée dans leur morgue. Se montrant finalement curieux, il l’interrogeait sur la raison de la présence d’un inconnu dans les lieux n’accueillant pourtant peu de personnes vivantes. Écoutant son récit, il venait prendre de nouveau place à ses côtés en déposant les feuilles pour qu’il puisse lire tandis qu’il venait examiner sa blessure. “ — Emprunté, mh ? ” Peu convaincu par ses paroles, il le laissait tout de même finir de parler avant de reprendre la parole. “ — Je ne savais pas que Morgane avait encore eu une rupture douloureuse. Mais je me questionne un peu sur tes buts dans cette histoire. Est-ce pour sauver l’honneur de Morgane ou simplement pour pouvoir embêter cet enfant que tu as gardé le bracelet ? ” Il ne pouvait s’empêcher de soupirer avant de faire léviter le dossier, voulant le lire tout en travaillant. “  — Mais je vous serai reconnaissant de faire ça autre part que dans la morgue, la prochaine fois. ” Parce que la morgue n’était pas une garderie et qu’il préférait éviter que les corps de ses patients soient endommagés par un imbécile qui se pense assez malin en venant provoquer Nabi sur son lieu de travail. Cependant, il était tout de même inquiet vis-à-vis de Morgane, ayant l’impression que cette dernière ne savait clairement pas choisir les personnes qu’elle fréquentait. “ — Tu devrais apprendre à Morgane comment s’entourer de personnes qui sont intéressantes pour son avenir au lieu de la laisser se faire berner par des idiots. ”