— the side of paradise

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la seconde épreuve a écrit:5 • À L'ARRACHÉE : MÉMOIRE
Sous tes pas, le sol se fait de plus en plus brûlant, tandis qu'une soudaine fatigue sans nom s'abat sur toi. Des sépultures trônent dans la pièce, seuls espaces non soumis à cette insoutenable chaleur ; tu te réfugies dans l'une d'elle, mais perd tout contrôle de ton corps une fois à l'intérieur. Incapable de bouger et de ressentir quoi que ce soit (HANDICAP), tu te retrouves en proie à la pression psychologique d'un esprit que tu ne peux chasser, et qui tente de dévorer tes souvenirs. Seule option pour l'en empêcher : t'accrocher de toutes tes forces à ton identité en te remémorant des moments importants, des êtres chers, des connaissances…

La dernière épreuve psychologique avait rendu Sora malade. En sortant de son tombeau, elle a du mal à faire la différence entre le rêve et la réalité. Et c’est avec beaucoup d’eau et la tête à l’air pure qu’elle replace ses idées. Elle avait revu, Neji, dans son anorak jaune et ses bottes de pluie, elle pouvait sentir la terre de la maison de ses grands-parents, la boue sur leurs chaussures et partout sur son short, et l’odeur du pain d’épice quand la fatigue les trainers jusqu’à la maison. Des souvenirs qui semblait appartenir à quelqu'un d’autre durant l’épreuve, elle avait l’impression de flotter au dessus d’elle même, la daichi, et de voir le film de la vie de quelqu’un d’autre. Sous ses yeux, une héroïne particulièrement agaçante, aux yeux globuleux et un grand frère trop maladroit, incapable de parler à haute voix. Les deux font semblant, joue un jeu si malsain et sournois qu’ils s’emmêlaient chacun leurs tours les pinceaux et se retrouve mutuellement blesser. Elle haïssait ce qu’elle voyait, elle avait envie de bousculer les deux protagonistes pour leurs dires bêtement de réagir. Au lieu de ça, ils se font la tête, se disent des méchancetés et s’encombre de sentiments négatifs, alors que tous deux ne voulaient qu’une chose : le bonheur de l’un et de l’autre.

« Il est en bas. » Sora se retourne, Hikaru et des bleus sur sa peau. « Il est venu me chercher, mais il sait pas que t’es là. » Sora attend un instant, pensive, elle devrait profiter de la pause pour reprendre son souffle et se préparer pour la prochaine épreuve, mais s’en fiche pas mal. « Merci. » souffle t-elle au jeune Wakatsuki, avant de lui emboîter le pas. Son corps se déplace à vive allure dans le hall central avant de se jeter à corps perdu dans les bras de Neji. « J’ai cru que je t’avais perdu pour toujours. »

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Nerveusement, Neji regarde autour de lui, droit comme un pic. Il a dit à Hikaru qu'il l'attendrait ici, mais il meurt d'envie de le rejoindre dans sa chambre, de le voir là, tout de suite. Neji passe son temps à vivre sous l'impulsion, une vie imprévisible, pourtant il déteste dès que quelque chose d'imprévu arrive dans sa vie. Il ne sait pas gérer l'imprévu, il improvise très mal face à une nouvelle inattendue. Il gère mal l'angoisse que ça provoque, que la nouvelle soit bonne ou mauvaise. Alors savoir que Hikaru est blessé, ça le secoue, même s'il sait que sa vie n'est pas en danger. En fait, au fond de lui, il ne croira pas que son petit-ami est hors de danger tant qu'il ne l'aura pas vu, en chair et en os. Jusqu'à là, il continuera de l'imaginer mort, mort comme sa grand-mère, et chaque fois, l'image l'étouffe, l'angoisse, l'assomme.

Il n'a pas le temps de comprendre ce qui se passe que deux bras se jettent autour de lui et c'est une voix qu'il reconnaîtrait parmi mille qui s'adresse à lui. Au début, il reste complètement immobile et ne comprend pas tellement la scène qu'il est en train de vivre : il n'a pas vu sa sœur depuis un moment, et la dernière fois qu'ils se sont vus est un souvenir amer. Hikaru, celui qu'il était venu voir, se tient légèrement à l'écart, blessé, certes, mais le regard complice, rieur. Alors il comprend que c'est une occasion qui lui est offerte, celle de rattraper ses erreurs, et il sourit brièvement à Hikaru pour le remercier, avant de serrer sa sœur dans ses bras ((enfin)). "Je suis désolé" répond-il aussitôt, si facilement qu'il se demande pourquoi il a toujours autant de mal à trouver le bon moment pour le dire. "Tout va bien, Sora, tant que tu voudras encore de moi, je serai toujours là" Et si un jour tu ne veux plus de moi, je l'aurais amplement mérité.

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Les jambes ne suivent presque pas la cadence, pourtant, elle essaie au maximum de les porter jusqu’à lui. ses bras autour de ses épaules, et sa tête contre la sienne, dans un geste dramatique. Tel un enfant qui rêve du départ de ses parents, elle avait perdu Neji, Sora. Dans cette épreuve si lourde, que son souffle en est encore cours. Elle s’enivre de sa personne, ses cheveux dans sa nuque, ce pull horrible qu’elle a toujours hait, sa manière de rouler des yeux avant d’étaler sa science, les chaussettes batman, la cuillère sale qui ne trouve jamais le lavabo, mais trône sur le rebord, jamais dedans, toujours sur le côté. Elle se souvient de tous ce qu’elle aime, et tout ce qu’elle déteste aussi. Et c’est peut-être ça qui est bien, qu’elle se rappel de lui, qu’il n’est pas parti, jamais. « Je suis désolée aussi. » elle quitte ses bras, et rompt l’étreinte pour rester debout devant lui. Ses jambes sont encore molle de l’épreuve, et l’émotion avait atteint son coeur si vite, que ses yeux pleurent sans qu’elle ne se rende compte. Elle s’en aperçoit quand les larmes dévalent son visage, et trempe son tee-shirt. « Je m’excuse. J’aurais dû te le dire, j’aurais du.. » te dire tellement de chose, pour que tu m’aides, pour que tu continues à m’épauler. « Mais j’ai pas réussi. C’était si.. Honteux. Et j’avais tellement peur, je voulais plus avoir peur, c’était entrain de me tuer de l’intérieur, et j’avais besoin de toi, mais je te l’ai pas dit, je te le dis aujourd’hui, j’ai besoin de toi. Je veux que tu sois là, pour tout, et pour rien, pour toujours, et .. » les mots lui manquent, la fatigue avait entailler son cœur, l’a rendant fébrile, elle s’écroule doucement, s’accroche aux épaules de son frère pour ne pas s’effondrer au sol. « Tu penses que je peux gagner..? » un gloussement, tandis qu’elle essaie de se redresser. Elle avait réussi à tenir jusqu’à la troisième épreuve, ce serait dommage d’abandonner si près du but.

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Il ne sait pas pourquoi il se sent aussi rassuré ; de base, c’est pour voir que Hikaru est toujours en vie qu’il est ici, mais c’est la vision de sa sœur qui le serre dans ses bras qui le calme vraiment. Il a l’impression qu’un poids d’une tonne, auquel il s’était habitué, s’envole de ses épaules au moment où il la sent contre lui, quand il sent sa tête contre la sienne, qu’il respire cette odeur si familière. Même les larmes de sa sœur, qui d’habitude le mettent si mal-à-l’aise, qui l’empêchent de réfléchir à comment réagir, ne suffisent pas à faire disparaître son bien-être immédiat. Quand elle se sépare de lui pour se mettre à parler, il a presque envie de la prendre contre lui et de lui dire ssssh, ce n’est pas grave, c’est terminé comme on consolerait un enfant qui a fait un cauchemar. Mais il s’en empêche, au contraire, il la laisse parler, s’exprimer et il l’attrape quand elle perd l’équilibre. « J’ai besoin de toi aussi, Sorana » murmure-t-il, se refusant à utiliser le surnom que tout le monde emploie. S’il parle à voix basse, ce n’est pas par honte, mais parce que sa voix est trop fébrile pour parler plus fort. Ce sont des mots qu’il ne dit jamais. Neji l’indépendant, qui s’enfuie au moindre problème et refuse de dépendre de qui que ce soit depuis la mort de sa grand-mère. Mais aujourd’hui, il est face au fait et est forcé d’admettre que pendant tout ce temps-là, il a eu peur de ne jamais récupérer sa sœur. Il a eu peur que ce soit le faux-pas de trop, qu’elle ne veuille plus jamais lui parler, qu’elle n’arrive plus jamais à lui parler. Il a eu peur de ne plus l’avoir dans sa vie, et c’est cette peur informulée qui l’a rongé de l’intérieur jusqu’à ce qu’elle coure vers lui pour le prendre dans ses bras ; c’est cette peur si lourde qui s’est envolée à l’instant-même. « Tu peux tout gagner, Madame la Préfète et Membre à abattre. Je serai là pour t’encourager » promet-il, un léger sourire sur les lèvres, en relevant bien la jeune femme à la force de ses bras, pour la maintenir droite sans qu’elle ne dépense de force. « S’il y a bien une chose dont je suis sûre, c’est que tu peux tout surmonter. » Bien que moi sont les mots qu’il aimerait rajouter, mais il les estime pas nécessaires, craint qu’elle essaie de le contredire, de lui dire que c’est faux, qu’il est fort aussi — peut-être qu’elle ne le ferait pas, mais au cas où.

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Les langues ce délit, avec tendresse et bienveillance. Sora ne dit jamais ce genre de chose, trop pudique, ou pas assez réfléchis pour réussir à franchir la barrière des sentiments dévoiler. Ça s’embrouille sans cesse dans sa tête, entre ce qu’elle souhaiterai dire et ce qu’elle ne dit pas finalement. Laissant souvent un tas de non-dit, et de reproches qu’elle fait contre la personne aimer. Neji en a souvent fait les frais, et elle s’excuse de lui avoir fait si souvent payer l’addition. « Sorana. » répète t-elle dans un sourire léger. « Tu sais que personne à part grand mère m’appeler comme ça. » Des souvenirs qu’elle a cristallisé dans sa mémoire, douce voix d’une grand-mère aimante qui l’appelle par son prénom complet. C’est si important de le faire, disait-elle, si important de se rappeler d’ou on vient. « Je suis pas sure de gagner, mais je ferai de mon mieux. » le plus important, c’est qu’un daichi gagne, ou au moins se retrouve dans le top trois. Elle se retourne, et Hikaru avait disparu. « Toi et Wakatsuki vous êtes…? » un sourire amusé se dessine sur la bouche de la daichi, avant qu’elle ne puisse finir sa phrase. « Tu peux ne pas confirmer, c’est juste que.. Il était au courant de la dispute, et il t’a fait venir ici, j’imagine que c’est ce que les ‘meilleurs amis’ font l’un pour l’autre. »elle fait des guillemets avec ses mains pour les mots meilleurs amis, avant de glousser bêtement.

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Une habitude qui date de leurs plus beaux souvenirs ensemble et qu’il aime bien garder, il trouve qu’il y a quelque chose d’intime à l’appeler par son prénom entier. Comme si personne ne savait la profondeur du prénom, tous les souvenirs cachés derrière — l’appeler Sorana, c’est souligner le lien qui les unit. Il n’est pas le grand-frère idéal ((bien au contraire)), il fait souvent des erreurs, régulièrement les mêmes, mais il est le seul à se rappeler de cette époque comme elle le fait ; personne ne peut le remplacer dans ces souvenirs. « Je sais » répond-il avec un sourire qui apparaît sur son visage. Lui-même ne l’appelle pas toujours par son prénom en entier, il alterne entre le surnom et le prénom. La douce expression qui était apparue par son visage à la vision du sourire de sa sœur se tend quand elle évoque Hikaru ; son sourire devient un peu crispé, son corps aussi. Il la regarde rire et aimerait faire la même chose, confirmer ce qu’elle dit, s’en amuser, reconnaître qu’ils sont plus que des meilleurs amis, mais il n’y arrive pas. Tout ce qu’il parvient à faire, c’est se raidir, un éclair de nervosité le frappe quand il est face à la réalité. Lui-même ne sait plus ce que lui et Hikaru sont. Ils étaient des meilleurs amis. Ils ont dépassé cette limite. Mais maintenant ? Il sait qu’ils devraient parler. Il y a tellement de moment où Neji devrait parler. Et c’est la fois la chose qu’il fait le mieux et qu’il réussit le moins bien. Si doué pour débattre, si mauvais pour s’exprimer. « C’est ce qu’il aurait fait pour beaucoup de monde. Il est profondément gentil. » Sa réponse manque de sincérité, elle est trop sérieuse, trop crispée. Elle disait ça pour plaisanter, pour faire renaître une complicité entre elle et lui, l’air de lui dire je vois bien ce qui se passe et il  brise aussitôt ce qu’elle a essayé de créer. « C’est un peu compliqué » complète-t-il, parce qu’il veut se justifier, il veut pas qu’elle ait l’impression qu’il met encore les distances entre eux deux. « Ça me rappelle ce que tu m’avais dit le jour de mon anniversaire. On n’est peut-être pas fait pour l’amour. » Son sourire n’est plus qu’un souvenir maintenant, il a repris une expression maussade, qu’il s’efforce de chasser en prenant un air enthousiaste. « Enfin bref ! J’ai hâte de te voir gagner. » surenchérit-il, pour changer de sujet, essayer de dissiper le nœud qui s’est créé dans son ventre.

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La réaction de Neji ramène Sora à la réalité, il reste lui, malgré tout. Il a toujours été comme ça, non ? Mystérieux, brute, têtue, avec une petite pointe de douceur fraternel. Il a toujours été un bon frère, rien d’extraordinaire, mais assez pour qu’on s’y attache. Les anniversaires notés à l’encre rouge dans le carnet et les photos dossier prêt à être utilisé, il a toujours été ce genre d’ami là, aussi. Sora trouve qu’il ressemble à son père, le même visage, la même attitude, elle les revoit tous les deux sur le pérons quand le repas est fini, sans parler, sans dire un mot, laissant le silence et la nature parler pour eux. Et elle se demande toujours si ça lui suffit à Neji, cette vie faite de silence ? Est-ce qu’un jour il n’aimerait pas tout hurler ? Tout ce qui ne va pas, tout ce qu’il n’a jamais osé dire ? Tout ce qu’il cache sous cette cape si lourde qu’elle doit être pesante à porter ?

« Ne me raconte pas, alors. » conclut-elle pour changer de sujet, elle regarde de nouveau derrière elle, le garçon avait disparu de toute façon, volatiliser. Il aurait dû lui demander à lui, il aurait eu la réponse à ses questions. « On peut avoir des secrets entre nous, tu sais. Et si un jour t’a envie de me les partager alors je serai là. » elle tape son coeur de manière solennelle, comme pour lui dire que tout finira ici, sceller avec amour dans son coeur. Elle ne répond pas à sa réplique, oui, elle l’a dit et elle le pense encore, mais aujourd’hui elle avait envie de penser le contraire. Les Sakurai peuvent et seront aimées, mais uniquement par cet être de lumière qui sera leur rendre la même dose d’amour qu’ils donnent. « Accompagne-moi. » Elle lui fait un signe de la tête pour rejoindre l’étage, les participants avaient été de nouveau divisés et il ne restait pas beaucoup d’élèves, laissant plus de place pour se préparer. Sora entre dans la pièce qui lui est dédiée et attrape de quoi boire et manger, elle se devait de regagner des forces avant l’épreuve. Elle lance a Neji sa deuxième brioche aux haricots rouges et trouve refuge sur des sièges mis en place pour le repos des guerriers. « Kida est revenue. » sa voix est calme, beaucoup trop pour une nouvelle aussi grande. Elle aurait dû être plus explicite, presque hurler : le mec qui ma mis en cloque et qui s’est s'enfuit aux Etas-Unis est revenue ! « Je l’ai vu, chez lui. Je passais juste pour arroser les plantes et il était là. Il avait rien dit à personne, tu te rends compte ? Son propre frère jumeau n’était pas au courant de son retour. Il est revenu pour moi. Il m’aime, je crois que je l’aime aussi, bien que ça ait perdu de la valeur avec tout ce qui s’est passer. » elle marque une pause, personne n’était au courant de ça, même amu, personne. « Il s’est mis à pleurer, j’avais jamais vu de garçons pleurer sauf toi, ce jour là. » la mort de grand-mère, mais n’en parlons pas ? « Tu te souviens que maman à dit qu’on ne devait pleurer que pour les grandes peines ? Tu penses que je suis sa grande peine? »

Elle reste debout, hisser sur ses bottes, à demander tout simplement à son grand frère : est-ce que je suis une idiote si je retourne avec lui?

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Des secrets. Le mot le frappe de plein fouet et il se trouve stupide que ça le surprenne autant. A-t-il des secrets pour sa sœur ? La réponse est oui, bien évidemment ; il ne lui parle jamais des choses importantes, toujours pour des raisons différentes. Là encore, il s’éclipse, résume la situation en deux mots (c’est compliqué) et il ne lui dira peut-être jamais. Il attendra que la situation s’améliore et il oubliera de lui dire pourquoi ça n’allait pas avant ; et le secret flottera éternellement entre eux, comme tant d’autres. Pourtant il n’avait jamais réalisé qu’il avait des secrets pour sa sœur. Des non-dits, mais pas des secrets — pourtant c’est la même chose — et alors il réalise qu’il déteste l’idée qu’elle ait des secrets pour lui, mais ne peut pas s’empêcher d’en avoir sur elle. Son coeur devient lourd à cette pensée ; elle est si tolérante. Elle ne lui force pas la main, accepte qu’il ne lui dise pas, reste prête à l’écouter quand même. Et lui, à côté de ça ? De quoi est-il capable ?

Malgré tout, il se force à former un sourire sur ses lèvres. Ce n’est pas le moment de s’auto-flageoller, il le fera suffisamment bien plus tard, quand il sera seul, que ses pensées prendront le dessus sur le reste. « Je serai là aussi. Je suis là aussi. Si tu veux me dire des choses. » Il n’accompagne pas cette confession d’un tapage sur le coeur, ni d’un ton solennel, mais ça n’enlève rien au sérieux de ses propos — bien au contraire. Sans un mot de plus, il la suit jusqu’à l’étage, et son regard se porte automatiquement autour de lui, dans l’espoir vain de voir Hika quelque part. À cause de ça, il manque de peu de louper la brioche qu’elle lui lance, et c’est ça qui le fait revenir à la réalité. Alors, il s’installe sur un fauteuil à côté de sa sœur, mange un bout de la brioche, manque de s’étouffer quand il entend ce qu’elle lui dit.

Aussitôt, il a envie de surenchérir : quoi ? Il est sérieux ? Il habite où ? À deux doigts d’aller lui faire le portrait, de lui faire regretter d’être revenu. Pourtant il arrive à garder son calme, à l’écouter jusqu’à la fin, et quand son récit se termine, ses émotions débordantes sont calmées. Il sent qu’elle attend une réponse de sa part, mais il est incapable de la fournir, incapable de savoir quoi lui dire, incapable de lui donner des bons conseils. « Je sais pas » admet-il. « Je sais pas si tu es sa grande peine, ou si sa peine, c’est sa culpabilité. Si c’est la deuxième option, ça veut dire qu’il revient juste pour pas culpabiliser, qu’il revient pour pas se sentir mal, pas parce que… » pas parce qu’il t’aime, mais il ne le dit pas, parce qu’il n’a pas envie de le dire. À la place, il reprend : « Mais j’en sais rien. Parfois on est con. On fait des bêtises et quand on les réalise, c’est trop tard, c’est déjà fait et ça a tout gâché. Peut-être qu’il est juste con, comme moi, et qu’il pleure que quand c’est trop tard, comme moi » Il marque une courte pause. « Ça l’excuse pas. Il doit quand même rattraper ses erreurs. » Lui, Kida, et lui, lui-même, les deux devraient rattraper leurs erreurs. Les affronter, les assumer, les réparer, et surtout ne pas les reproduire.

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Elle ne force pas, jamais. Il y a un temps pour tout, pour s’aimer, pour se parler, ou juste se taire et passer du temps ensemble. Sora se sent en confiance, son coeur est lourd de ce secret qu’elle ne peut plus garder pour elle. Elle n’en a pas parlé, elle est repartie de l’appartement en courant, et s’est plongée dans tout ce qu’elle pouvait pour ne pas y penser. Travail, étude, tâche ménagère, pression sociale, il ne fallait pas y penser, laisser de côté ce qui s’est passer, ce n’est pas réel, ça ne pouvait pas l’être. Mais il était bien là, dans son appartement, dans l’encadrement de sa porte, un tee shirt qu’elle a déjà vu, des yeux qu’elle reconnaît très bien, et son coeur qui tambourine si fort qu’il menace de rompre. Que faire ? Ses yeux sont encore humides des larmes qu’elle a versées pour lui, et libérées son cœur au seul être qu’elle aime sans fail est la seule solution : dit moi Neji, dit moi ce qu’il faut que je fasse.

« Parce qu’il m’aime? » elle complète sa phrase, comme consciente de la situation. Elle l’aime aussi, du moins elle le pense, elle voulait apprendre à ne plus l’aimer, mais ça prend autant de temps que de tomber pour lui. Un fin sourire s’affiche quand Neji se compare à Kida, c’est peut-être ce qui lui a plus chez lui, il ressemble à Neji, comme son frère, il a un coeur si grand qu’il en oublie que d’autre peuvent le blesser et comme son frère, il se replie tout aussi vite quand il se sent en danger. On attire ce qui nous ressemble, non ? « Il te ressemble beaucoup parfois, et comme avec toi, j’ai l’impression de jamais savoir comment réagir. Il peut partir sur un coup de tête, ou il peut dédier toute son existence à ma personne, et je sais jamais quelle version de lui j’ai devant moi. » elle secoue la tête, comme perdue, car c’est ce qu’elle est : perdue. « Je l’aime, beaucoup beaucoup beaucoup, à un point ou parfois, j’ai l’impression de pas me sentir vivante quand il n'était pas là. Il m’a donné tellement en m’aimant en retour, j’ai la sensation que je peux tout faire si il est avec moi. » elle marque une pause, continue après avoir repris ses esprits. « Ça te l’a déjà fait ? Avoir l’impression de ne pas être complet si l’être aimer n’est pas à tes côtés? » elle n’en sait rien sora, de ce qu’il est, de comment son coeur fonctionne. elle ne connaît que morgane comme ex petite amie, et amu dans un malentendu. Tu as déjà aimé Neji ? Tu arrives à imaginer ce que je te raconte ?

« J’ai besoin de temps. Et puis.. Beanie est si gentil avec moi. Il est patient, il m’écoute, si je reviens avec Kida et qu’il me refait le même coup, est-ce que je ne gâcherai pas ce que je peux avoir avec Beanie ? » Elle a bien caché l’information la daichi, ton colocataire et moi on s’amuse un peu plus que tu ne le penses quand tu n’es pas là, avait elle envie de dire dans un rire. Au lieu de ça, elle croque dans sa brioche, les yeux vitreux, vers l’extérieur. C’est la malédiction des Sakurai, on ne sait jamais où donner de la tête quand il s’agit d’amour.

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Ça te l’a déjà fait ? Avoir l’impression de ne pas être complet si l’être aimer n’est pas à tes côtés?
Sa sœur a le don de toujours mettre le doigt où ça fait mal, de poser les questions qu’il évite de se poser. Sa voix est si insouciante, elle ne demande pas ça pour le piéger, pourtant la question a l’effet d’un coup de couteau dans le coeur. Neji n’est pas comme sa sœur, il ne se pose pas autant de question. Alors il n’a jamais l’impression d’être complet quand il est avec quelqu’un qu’il aime, mais il réalise à quel point il est incomplet au moment où la personne n’est plus là ; toujours quand c’est trop tard. C’est arrivé avec sa grand-mère, c’est arrivé avec sa sœur, ça arrive aujourd’hui avec Hikaru. Combien de gens va-t-il blesser avec ses mauvaises habitudes ? Combien de fois va-t-il devoir se blesser lui-même pour comprendre ? « Ça arrive à tout le monde, non ? Ne serait-ce qu’avec l’amour familial » Il esquive la question avec beauté, un art qu’il maîtrise trop bien pour quelqu’un d’habituellement franc.

Ses réponses sont maladroites, inutiles, évitantes, mais il écoute attentivement sa sœur. Il aimerait être un sage qui a la bonne réponse à toutes les questions, mais il n’est qu’un gamin de vingt ans complètement perdu dans sa vie. Il a peur qu’un mauvais conseil donné à sa sœur foire sa vie à elle aussi, comme il est en train de foirer la sienne. Il a peur d’être une mauvaise influence pour elle, comme il l’a déjà entendu. « Tu sauras jamais si t’essaies pas » est tout ce qu’il trouve à répondre, comme si on parlait d’essayer un nouveau sport, et pas de s’engager dans une relation amoureuse. « Peut-être que si t’essaies et que ça se passe mal, tu regretteras. Peut-être que si t’essaies pas, tu pourras jamais profiter pleinement de ce que tu auras avec Hyun Bin, parce que tu regretteras de pas avoir essayé. » C’est tout ce qu’il sait, Neji ; il vaut mieux regretter d’avoir fait que passer sa vie à se demander ce qui ce serait passé s’il l’avait fait.

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Coeur embrouillé trouve finalement refuge sur l’épaule accueillante de l’être aimer. fin sourire sur ses lippes, lorsque les penser défile à grande vitesse. Elle ne parle pourtant jamais autant, Sora, elle laisse les choses s’empiler, jusqu’à tomber et trouve une solution d’urgence, qu’elle gère ou pas, se laissant souvent emporter par le raz de marée qu’engendre la cohésion. Elle trouvait pourtant le courage de lui raconter, ces choses que le coeur cache si bien. Et toi ? Et toi ? Ton cœur aussi est parfois si délaisser qu’il se demande comment il a pu chavirer d’aussi haut ? Mais Neji évite si bien la question que Sora manque de rire, elle préfère sourire, légèrement. Une autre fois, peut être que Neji s’autorisera lui aussi à décharger son coeur abîmé.

« Et si je perds Kida? » une bonne fois pour toutes ? Si cette fois-ci ça peut marcher et qu’en allant à contre-sens, elle se foire et le perd pour de bon ? « Il m’attend, sagement, les mains tendues vers moi. Il accepte tout ce que je lui demande de faire, il m’écoute, me console. Si cette fois-ci c’était la bonne et… Choisir un autre chemin risqué de tout perdre? » Fuir n’est pas la solution, n’est-ce que pas Neji ? « Tu y crois toi au destin ? Tu penses qu’on a cet être suprême qui trône par-dessus les autres, et peu importe ce qui arrivera, vent, marée, guerre, il sera toujours là car c’est écrit ? » elle s’assoit de nouveau, soupire de nouveau. la prochaine épreuve allait bientôt sonner et elle devrait se concentrer uniquement sur cela, mais elle n’y arrive pas.

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