— sparkles

les pieds sur un nuage de douceur ; ce serait le sentiment habituel qu’elle aurait éprouvé en arpentant l’avenue mais pas aujourd’hui. pas lorsque celle qu’elle traînait par le bas n’en avait plus qu’un à disposition. — everything’s gonna be alright ! qu’elle balance pour tenter de la rassurer lorsque sa frêle carcasse peine à supporter l’autre partie de son poids. épuisée de nuits à garder ses yeux éveillés dans la salle d’opération, amu ne pouvait plus reposer entièrement sur ses pouvoirs. son bras se resserre un peu plus sur l’épaule de swann pour éviter que les passants ne bousculent la demoiselle. — look swann ! it’s our favourite perfumery ! risette s’étire sur le coin de ses lèvres pendant que son doigt pointe vers la somptueuse devanture. amu n’avait même pas besoin de lui demander son avis, qu’elle se dirige vers l’intérieur de la boutique. et si dans sa tête elle aurait fait ces quelques mètres en un battement de cils, elle se voit avancer à la vitesse d’une tortue aujourd’hui. voyant le monde avancer bien plus rapidement qu’elles, elle a l’impression d’être au ralenti. — baby steps swann, baby steps. un rire nerveux venant de la gamine qui s’est dit à ce moment précis qu’elle aurait dû prendre un fauteuil roulant ou volant pour son amie. la sueur commençait déjà à perler sur le front de la filante alors comment allait-elle faire pour survivre à cette journée de shopping ? cette fois, elle a l’impression que l’univers ne tournait plus, les astres se sont arrêtées ; un peu comme elle. pieds ancrés sur le béton manquant d’énergie. — hmm baby steps amu ? qu’elle se dit à voix haute avant de jeter un regard à swann et ce moindre contact visuel la faisait partir en éclats de rire.

parfois, elle en viendrait presque à se demander qui est-ce qu'elle essaie de rassurer par ses belles paroles : swann et sa démarche clopinante et hésitante, bien loin de son habituel rythme dansant, ou bien amu elle-même, constamment sur ressorts et soudainement un boulet accroché à sa cheville. enfin, à son bras. — is it ? la voix est mi-hésitante, mi-amusée à mesure qu'elle s'appuie sur sa jambe en prenant garde de ne pas rester trop longtemps dessus. rafistolée en urgence à l'infirmerie, les indications avaient été claires : elle pouvait marcher, mais devait se reposer et s'appuyer le moins possible sur sa jambe pour une dizaine de jours. et qu'est-ce qu'elle fait au bout de trois, swann ? elle part faire du shopping, absolument messieurs dames. heureusement, elle peut compter sur la brune pour la guider comme un phare dans la nuit, bras noué autour de son épaule pour l'aider à éviter les obstacles et ainsi parer à sa maladresse légendaire. poupée déconnectée la plupart du temps, elle regarde, gauche, droite, les yeux qui s'arrêtent sur la devanture familière. — oh i'm almost out of perfume ! faux, mais en acheter un nouveau, c'est jamais de l'abus. et l'élan d'amu fait presque peur, le bras qui se lève pour venir s'accrocher à elle avec plus de ferveur. — wow is it me or people are really in a hurry today ? non non, c'est juste elle dont la vélocité des mouvements a été divisée par trois, regard désolé qu'elle tourne en direction de son amie quand elle réalise qu'au final, cette idée n'était peut-être pas si brillante que ça après tout. mais c'est sans compter sur l'allégresse naturelle de la jeune fille, amu, rayon de soleil plus éclatant encore qu'elle. — i'm so sorry we should have waited until i was healed... sourire désolé se muant au rire pour répondre au sien, communicatif. et rapidement - enfin, rapidement selon son rythme de croisière - les voilà dans les rayons de la parfumerie, avec une swann chancelante au milieu de dizaines de bouteilles parfumées. — if you need anything, tell me, i'll buy ! plaisir d'offrir, plaisir de faire plaisir, d'autant plus alors qu'elles n'étaient pas sorties depuis un moment toutes les deux. — oh, and we could go grab a coffee afterwards ? you know, the ones with loooots of whipped cream, where we already went once ! l'attrait du sucre, excitation telle qu'elle manque de shooter avec son coude dans un panier contenant des baumes à lèvres et autres produits à prix réduits. — ..... sorry ? finalement, la sangler aurait pu être la meilleure des idées.

bras dessus, bras dessous. les deux poupées avancent à leur rythme dans ce monde qui ne tourne plus à la même vitesse pour elles. — no way ! you gotta go outside, meet the beautiful world, breath the purified air even if you have a broken leg !! extasie qui se dégage de ces mots, on ne pourra pas ôter la liberté à l'enfant de l'air. voguer de nuage en nuage et toujours vers ces nouveaux horizons où l'astre de jour brille et l'astre de nuit l'embrasse. mais c'est autre chose lorsque c'est le mélange de parfums les enveloppe dans cette boutique. ce n'est plus le chant des oiseaux qui résonnait dans le creux de son oreille mais les roues du fauteuil qui grincent contre le parquet vieillot. — nooo it's me who's offering ! i'm older !! et c'était à l'aîné de déverser sa richesse pour venir combler les besoins du cadet ; et ça avait toujours été comme ça. amu ne savait plus où donner de la tête, tout brillait dans ses yeux. les baumes aux senteurs divines, les parfums envoutants et les bougies magiques, tout. ô qu'elle aurait aimé dévaliser la boutique pour ramener tout ça à son appartement. mais il y a autre chose qui vient également prendre de la place dans sa tête (( la nourriture )). — oh my god yess !!!! the strawberry latte with the pink heart on it is my favourite !! l'excitation ne quittait plus ses lèvres, son corps répond avec de petits mouvements pour manifester sa joie. et inconsciemment il y avait le parfum de fraise tout proche d'elle qui se dégageait des bouteilles de verre. c'est un signe. un signe avant que la demoiselle oguri ne fasse un bordel monstre en tapant dans l'étagère avec la jambe au plâtre. —oh my god... tonalité encore jamais vu en cette journée. et la poupée se jette pour ramasser les produits dispersés de partout comme si de rien n'était. — nothing happened. et un rire gêné retentit un moment, puis deux. swann avait réussi à percer dans la bulle de la jeune demoiselle belle et élégante que amu s'éforçait à jouer. — right! this perfume is the best for you. sweet with a lil bit of citrus for the perfect dancer that you are. as for me... i'm taking this one. la voix vibre plus fort comme pour montrer que tout était en son contrôle alors que c'était faux. elle ne voulait juste ne pas se faire jeter de tel sorte de la boutique de luxe. et en laissant sa poupée danseuse à où elle était, amu s'éclipsait pour payer les deux bouteilles de parfum et revint chercher swann pour la faire sortir. — okay first mission clear. which way is the coffee shop ? dit-elle en essuyant les quelques perles de sueur qui avaient apparu sur son front.

la démarche est clopinante, ralentie, moins dansante qu'à l'accoutumée. regards désolés qu'elle tourne à répétition en direction d'amu qui fait les frais de sa maladresse, comme trop souvent. mais c'est rayonnant, chaque réaction comme s'il n'y avait rien de dramatique, rien d'irréparable. en l'occurence, sa jambe ne l'est pas non plus, irréparable, elle a juste besoin de repos. — but i could just open my window to breath the purified air... mais les protestations sont intimées au silence, tout comme l'invitation à offrir quoique ce soit à la jeune femme aussi bornée qu'à l'accoutumée. — but, but, but-- mais elle ne veut rien entendre, vogue déjà dans les rayons pour s'émerveiller devant chaque bouteille de parfum. mais qu'à cela ne tienne, swann, elle trouvera comment prendre sa revanche au café. — i like the one with cocoa and coconut the most, but yeees, this one ! l'extravagance est telle que la voilà, la catastrophe, bruit sourd et pile de produits renversés, la moitié rattrapée in extremis par la blonde quand le reste se renverse sous son oeil effaré. — i'm sorry, oh my.. i'm so so sorry. combien de fois elle va le dire aujourd'hui ? et elle se tortille pour ramasser, la danseuse, manque au passage de faire tomber aussi l'un des présentoirs des produits phares du moment. on se redresse, et on ne bouge plus d'un pouce, parce qu'amu entre en action, courant d'air habile pour récupérer chaque produit et les remettre à leur place comme s'il n'y avait pas eu le moindre accident. et c'est doux, cette façon dont les rires se conjuguent, pommettes rosies quand amu s'évade déjà vers la caisse avec deux bouteilles de parfum. sac estampillé au nom de la parfumerie dans une main, la maladroite dans l'autre, c'est le retour dans les rues de nawa, la sortie qui s'est annoncé encore plus sportive qu'espéré. — you're the best, you know that ? soulagement de la jeune femme qui finit par se ressaisir, désigne du bout du doigt la direction à prendre. — it's that way, a few minutes... well, maybe more now, from here. et effectivement, c'est fou ce que le café semble plus loin que dans ses souvenirs, sans doute aidé par ses difficultés à aligner un pas devant l'autre. mais c'est finalement la libération quand elles poussent ensemble la porte vitrée du petit café aux décorations colorées et lumineuses, la blonde fouillant déjà dans son sac pour presque faire barrage de son corps sur le comptoir (et manquer de renverser des gobelets vides au passage). — now it's my treat ! you chose something to drink and to eat, or i'll... break another leg and you'll have to carry me on your back. on a vu mieux, quand même, comme menace swann.

l'art de jouer un rôle parfaitement maîtrisé par la jeune somei lui permit de sauver non seulement sa peau, mais aussi celle de son beau cygne. les séquelles de ce drame se reflètent dans la sueur froide qui perlait sur son front. une fois, mais pas deux swann. à croire que la crise cardiaque était bien proche et que ce n'était pas le palpitant amoureux qui fracassait contre sa poitrine. — of course, i know. mais les petits tremblements de peur ponctuait sa voix. le traumatisme d'être bannie à jamais de la boutique était encore frais dans son esprit. — okay ma'am ! we better go now. et la course reprit, deux contre le point de gravité qu'était sa jambe. deux, se tenant l'une à d'autre. deux, à partager cette même flamme pour ces coffee shop décoré aux pétales de rose. une, à se maudire de ne pas avoir ajouté un fauteuil roulant dans le fin fond de sac... à pas de tortues, les deux gamines étaient arrivées jusqu'au café ( saines et sauves, merci. ) et la lueur d'excitation se lisait dans leurs regards. un moment d'égarement et swann frôle à nouveau de repeindre le sol. — oh my god !! qu'elle hurlerait presque, mais le cri est silencieux et adressé à sa petite blonde. son coeur s'était remis à battre plus fort, plus rapidement. pourquoi avoir eu l'idée de sortir alors que la livraison était plutôt tendance ces dernières années ? — you what ? les yeux s'écarquillent de stupeur ; depuis quand cet enfant jouait de ses menaces ? — try it young lady !! i'll close my eyes and abdicate of my destiny of being a mediwizard. mais le raclement de gorge du barista remis les idées claires dans l'esprit de la jeune brune. — which means that i'm gonna take a pink choco latte with a strawberry on top. this lady will take a glass of water. le regard menaçant (presque) qui contrastait avec ses lèvres incapable de retenir son sourire.