kono oto tomare ! (miu)

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kono oto tomare ! 15.11.2021 ; [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]

« Ce serait bien si tu faisais partie d’un club aussi, Natsuki. » Natsuki s’arrêta, la bouchée de riz qu'elle allait prendre fermement coincée entre ses baguettes. « Mais il n’y a pas de clubs qui pourraient te plaire, n’est-ce pas ? » La danse, Grand-mère. La danse. Natsuki demeura silencieuse. « Alors pourquoi pas en fonder un ? Voyons voir… Ah ! Tu es douée au koto, ma tendre Natsuki. Tu pourrais fonder un club de koto, et le présider. Ce serait une excellente initiative de la part d’une Kujou. » Membre du seitokai, étudiante en médicomagie, interne à l’hôpital, oui, Natsuki avait évidemment du temps pour être la présidente d’un club de koto. Elle sourit légèrement, serrant davantage ses baguettes ; un grain de riz retomba dans son bol. Elle se contenta d’acquiescer, et les yeux de Grand-mère prirent la forme de deux croissants de lune ((comme ceux des masques de théâtre)).

Alors la voilà, accablée d’une tâche dont elle ne voulait pas, d’un nouveau poids à ajouter sur son plateau, elle qui tenait déjà si mal en équilibre avec toute la pression qu’on lui incombait depuis qu’elle était petite. Le koto, oui, elle n’en parlait pas du koto, tout simplement parce que c’était une passion qu’on avait voulu lui enseigner (une fille devrait savoir jouer d’un instrument, pourquoi pas le koto ?), mais qui n’avait jamais résonné en elle. Ses doigts se contentaient de pincer les cordes, les cordes vibrant, envoûtant la salle entière, faisant vibrer le cœur de tous sauf le sien. On lui disait qu'elle jouait bien, qu’elle était douée au koto, et Natsuki acceptait les compliments le cœur vide.

Mais pour une fois, la corde du koto fit vibrer son cœur.
Natsuki releva sa tête, interloquée. Il était tard, elle était sur le chemin pour rentrer chez elle après une longue session de révisions, mais un son familier s’était imposé à ses oreilles. Ce foutu son de koto. Elle avait fini par y devenir indifférente, à ce son : mais le son de ce soir était différent. Ce n’était pas un son qu’elle avait l’habitude de produire, le genre de son qui se contentait d’atteindre la note. Celui-là, c’était un son qui vibrait.

Curieuse, Natsuki se dirigea vers la provenance du son, et tomba sur une jeune femme. Pendant quelques instants, Natsuki s’autorisa à rester immobile, à écouter la mélodie qu’elle produisait, la jeune femme ne l’ayant pas encore remarquée – mais ça n’avait su tarder. Au moment où la joueuse de koto la remarqua, Natsuki se raidit, mima un sourire amical. « H-hi, » dit-elle, comme si c’était normal qu’elle soit là, à écouter une inconnue en train de jouer du koto. « You play the koto… really well. » Et d’un coup, ce n’était plus le son du koto de l’inconnu qui résonnait en elle, mais les mots de sa grand-mère : « Tu pourrais fonder un club de koto, et le présider. »
Si Natsuki devait être la présidente d’un club de koto, alors elle voulait que l’inconnue en fasse partie.

prima luce, mk.

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son poing se serre et chiffonne les feuilles qui se trouvaient devant elle. il n'y a rien qui va dans ses accords. les cordes vibrent mais ne la transportent nul part. pas d'image qui se forme dans son esprit, pas d'histoire conté à travers la mélodie amère ; rien. quelque chose pèse dans le cœur de la renarde et c'était peut-être ça qui l'empêchait de jouer correctement. l'oxygène avait été si nocif ces derniers temps. l'impression de ne plus respirer et de s'étouffer un peu plus lorsque la pression devient trop grande. c'est que dernièrement la lame de métal résidait sous sa nuque pour qu'elle peaufine son apparence, ses atouts, son tout. plus belle, plus charmeuse, plus séductrice pour attirer l'oeil et développer ce sentiment d'envie que ces hommes éprouveront pour elle. une dépendance presque maladive dit-il. et quand le coeur hésite, ça se ressent jusqu'au bout de la note. ses mains auraient été écorchées il y a bien longtemps qui son professeur l'entendait. à taper sur le bout des doigts jusqu'à ce qu'ils rougissent, jusqu'à ce que les gouttes de carmin tachent le tapis. ça aurait pu la dégoûter de l'instrument, mais miu ne peut détester le koto. car à part aran, il n'y a que le rythme divin du koto pour lui faire oublier ses peines journalières. et même si elle s'exerce surtout pour des fins plus sombres, elle continuera miu. le chant mélodieux résonne dans le black bird pour titiller l'ouïe de la clientèle. un moment qui les emmène tous loin de l'air qui peut être chronophage. ça la permet d'être différente, miu. gamine se donne sans relâche pour les faire plonger le temps de quelques minutes dans son propre monde. et elle se tue à la tache pour atteindre cette perfection inégalée. celle qu'elle admirait depuis sa tendre enfance. c'est pourquoi très souvent, la poupée s'enferme dans cette salle pour s'entraîner avant ses performances. elle a beau dire que c'est un talent inné, elle ne souhaite pas montrer tout le travail qu'elle met derrière. fermant ses yeux, lâchant un lourd soupire, elle se ressaisit et fait abstraction de tout. l'extension de ses doigts viennent gratter contre chacune des cordes dans un rythme particulier. elle s'élance dans cette mélodie. plus vite, plus harmonieux. jusqu'au bout, elle y va cette fois. miu se concentre tellement qu'elle ne voit pas arriver son invité surprise. c'est quand sa voix vient casser le silence qu'elle réouvre les yeux pour la découvrir. — oh, hi. dit maladroitement. tel le renard, miu laisse toujours planer ce sentiment de méfiance devant ces inconnus. mais le compliment la prend par surprise. étonné de la voir commenter son koto. — you know what a koto is ? are you by chance playing koto too ? intriguée, elle se découvre un peu plus.

prima luce, mk.

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L’inconnue avait une grâce et une élégance que Natsuki pourrait jalouser, elle qui n’avait jamais réussi à atteindre ces standards inaccessibles de sa famille (tiens toi plus droite, lève le menton plus haut, souris doucement, les dents cachées, les lèvres fermées). Il en était de même pour son jeu de koto, que Natsuki trouvait excellent, elle qui n’avait jamais joué du koto que parce qu’elle y était obligée, et non pas parce qu’elle aimait ça. Impossible pour elle de passer du temps à y jouer dans son temps libre en se disant que c’était amusant : instrument imposé sur elle depuis qu’elle était petite, elle n’avait jamais pu apprendre à l’aimer. Et elle entendait, elle voyait à quel point c’était différent, une joueuse de koto qui aimait, ça. « Yeah, I am, » affirma-t-elle, souriant légèrement (les dents cachées, les lèvres fermées). « I’ve been playing it since I was… six ? Or five ? Actually, I can’t remember. » Elle rit doucement. « But it’s been a long time, yeah. What about you ? I feel like it must be a long time too, because you play the koto very well. And if not, well, maybe I’d get a bit jealous of your natural talent then. » Elle fit comprendre qu’elle plaisantait grâce à un sourire qui atteignait ses yeux, essayant de sympathiser avec l’inconnue, pour peut-être espérer la recruter dans le club.

prima luce, mk.

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kono oto tomare ! 15.11.2021 ; [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]

elle voit le beau se dépeindre dans ses yeux. c'était comme si la musique l'avait transportée là où miu n'avait pas encore été portée. ses craintes vibraient dans un autre rythme et souillaient chacune de ses notes ; mais ça c'était le côté perfectionniste de la jeune tang. en écoutant la jeune inconnue, miu ne peut s'empêcher de se faire un premier jugement. gentille fille de bonne maison, qui apparaît immédiatement dans ses pensées. et là, la poupée ne peut se retrouver. sa maison, elle avait déjà connu les abysses et ne s'est toujours pas relevée depuis. —  oh dear, don't be jealous of something like that. i play to seduce people. et pour la passion qu'elle a développée aussi mais ça, elle le gardera pour elle. les lèvres s'étirent finement juste le temps d'une éclipse. — older men love it when i go on the stage playing song. especially tenkyuu. sa préférée à elle aussi, mais elle était peut-être celle qui la correspondait le moins. trop beau, trop doux, trop céleste, trop immaculé.  — what about you ? why are you playing the koto ? because someone told you to ? elle ne peut cacher sa curiosité, elle se sent obligée de troubler ce doux visage parce qu'elle est comme ça miu. elle aime vibrer les coeurs à sa manière quitte à se faire passer pour cette vilaine sorcière qui ne sait que aboyer pour un rien.

prima luce, mk.

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Natsuki cligna des yeux. Pour séduire des gens ? Comment ça ? Natsuki n’avait jamais pensé que le koto pouvait être utilisé pour séduire les autres, mais maintenant qu’elle y pensait, c’était simplement une marque de sa naïveté. Bien sûr qu’on avait appris à Natsuki à jouer du koto non pas parce que c’était une bonne chose d’apprendre d’un instrument, mais pour la rendre plus désirable aux yeux des hommes. Qu’elle ait l’air parfaite, raffinée et élégante, et que ses potentiels futurs maris soient attirés par elle. Jusque là, elle n’y avait jamais pensé comme ça et elle s’en sentait presque dégoûtée. Depuis sa naissance, tout avait été calculé pour qu’elle se marie. C’était sa seule fonction. « Oh… I love tenkyuu, too. » Elle rit légèrement, cachant subtilement son mal-être intérieur qui n’avait rien à voir avec l’inconnue. « It’s a pretty song. » Et c’était tout ce qu’elle pouvait dire là-dessus, parce que Natsuki, elle ne ressentait rien quand elle jouait. Elle avait alors fini par associer le koto à du vide, et elle n’arrivait plus vraiment à apprécier le son de cet instrument. « At first, I started to play because my family wanted me to… but with time, I’ve come to appreciate it and fall in love with koto. I really like it. » Un semi mensonge parce qu’elle avait effectivement commencé le koto à cause de sa famille, mais en revanche, elle n’avait jamais réussi à l’aimer. « But unfortunately, I realized that there weren’t any koto clubs, here… It’s a shame, right ? I wish there was one. » Elle ancra son regard dans celui de Miu, évaluant la probabilité qu’elle soit intéressée par ses gestes non verbaux. Il fallait qu’elle la recrute.

prima luce, mk.

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kono oto tomare ! 15.11.2021 ; [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]

devant ses yeux, miu voit le beau. elle voit cette gamine qui sonne comme chacune des notes qu'on lui a enseignées : si pure. et quelque part, elle est persuadée que les cordes qu'elle ferait vibrer entre ses doigts doivent être aussi claires que du cristal. un son qui n'a pas encore été teinté d'impureté comme le sien. —  that's cute. une tonalité qui s'entrechevêtre entre moquerie et sincérité. elle ne sait pas trop quoi penser de cette enfant qui avait sûrement grandi choyée par ses parents. une enfant qui n'avait rien à faire avec elle. dame du jour ne devrait pas s'approcher de la dame de la nuit. — what about doing it yourself ? with your passion and the thing that you call love you might create your own club. sourire en coin qui ne montre pas forcément son intérêt mais juste un amusement. elle voit derrière son regard ce qu'elle voulait lui sous-entendre mais elle se la joue féline et ne préfère pas lui arracher les mots de la gueule. — i mean you look like the good girl that can achieve anything. gathering a few people for the club won't be too hard for you right ? elle incline sa tête sur le côté pour relever l'interrogation. mais ne me mêle pas à tous ça.

prima luce, mk.

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Contrairement à Miu, Natsuki ne s’en rendait pas tellement compte, de la différence entre elles. Pourquoi le jour saurait à quoi ressemble la nuit, après tout ? La lumière ne savait pas ce que c’était, l’absence de lumière, et il valait peut-être mieux pour elle qu’elle ne le sache jamais (alors, confortablement installée dans sa lumière, elle ne voulait pas la quitter, et avait trop peur de le faire ; c’était pour ça qu’elle se retrouvait bloquée dans une situation qui ne lui plaisait pas). La jeune femme se contenta de sourire doucement, avant que ses yeux ne pétillent quand Miu proposa qu’elle le fasse elle-même, le club. « Oh… Yeah, I thought about it ! » s’exclama Natsuki, toute contente de pouvoir aborder le sujet. « But, you see… gathering people is a bit harder than what I expected. Most people I know are already into other clubs and they can’t be in another, stuff like that… » Il fallait absolument qu’elle recrute Miu. Priant pour une réponse positive dès le départ, car Natsuki n’aimait pas forcer les gens, elle puisa son courage dans sa peur des représailles qui l’attendaient si elle n’arrivait pas à créer son club, et reprit la parole, d’un air un peu suppliant. « Hey… Um… Wouldn’t you like to be part of a koto club ? It’d be so great, if we could play Tenkyuu together… Right ? » Elle papillonna doucement des yeux, un sourire sur les lèvres. Please say yes.

prima luce, mk.