Take your responsibilities — Shun #1

Les responsabilités étaient toujours ce dont Lloyd semblait principalement s’accaparer quoiqu’il puisse faire. Ce n’était pas pour rien qu’il avait accepté, au fil du temps, de transformer quelques personnes volontaires et demandeuses, sachant pourtant très bien que cela signifiait qu’il allait devoir veiller sur eux afin de s’assurer qu’ils ne font pas de bêtises. Pourtant, il était au courant du fait qu’ils pouvaient perdre les pédales et s’attaquer à des personnes innocentes. C’était souvent ainsi que le médicomage-légiste se retrouvait à devoir intervenir, venant sauver la peau des siens en s’assurant qu’ils ne tuent personne à côté. Ce qui était arrivé il y a peu, l’un des jeunes rokurokubi sous sa responsabilité avait été bien trop loin en s’en prenant à un sorcier, forçant Lloyd à intervenir puisque ce dernier n’était pas loin et qu’il veillait justement sur lui. Renvoyant son cadet chez lui, il avait sauvé la vie du sorcier en le transformant avant de s’en aller pour aller s’assurer que le rokurokubi n’avait pas décidé de s’en prendre à quelqu’un d’autre sur le chemin du retour. La discussion houleuse l’avait mis de mauvaise humeur mais il n’avait pas tardé à reprendre son tempérament naturel, redevant l’homme sérieux qu’il est en temps normal. C’est d’ailleurs ainsi qu’il avait cherché à retrouver l’homme dont il avait sauvé la vie, même si cela pouvait être plus un mal qu’un bien lorsque l’on connaît déjà la douleur d’une transformation. De plus, il se doutait bien que ce dernier devait souffrir encore plus, ayant appris depuis le temps qu’une transformation n’était assumée qu’en présence de celui qui a transformé l’autre. N’ayant pas retrouvé la victime des crocs d’un autre, il avait fini par errer quelques heures dehors pendant plusieurs jours d’affilés avant de finalement reconnaître la chevelure colorée du jeune rokurokubi. Restant à distance, le regard posé sur lui, il l’observait en essayant de chercher des preuves qui viendraient montrer qu’il était soit en danger soit dangereux. Actuellement, l’enseignant savait très bien qu’ils risquaient tous les deux beaucoup si les autorités venaient à découvrir qu’une transformation avait été faîtes sans consentement mutuel mais aussi que le plus vieux n’était pas resté à ses côtés pour l’empêcher de se réveiller seul. Finissant par s’approcher un peu plus, il observait l’homme sans être trop proche, se demandant ce qu’il pouvait faire pour le faire interagir avec lui. Une idée lui venait alors en tête. Marchant à grands pas, il saisissait le bras du coloré et transplanait avec lui sans attendre vers un lieu qu’il connaissait mieux que quiconque : le toit de son propre logement. Insonorisant l’espace d’un sort informulé, il lâchait le bras de Shun et se tournait vers lui. “ — Sachez avant tout que cela ne sert à rien de crier, ici. Les lieux sont insonorisés et personne ne peut y venir sans mon autorisation.” Annonçant la couleur de leur échange dès le début, il finissait par soupirer avant de s’éloigner et de croiser les bras. “ — Je n’ai guère l’intention de vous kidnapper ou de vous faire du mal, si c’est ce que vous êtes en train de vous demander. Je me suis simplement permis de vous faire venir ici à mes côtés parce que nous devons discuter ensemble.” Marquant une pause, il lançait un regard circulaire autour d’eux avant de se reprendre et de l’observer. “ — Puis-je me permettre de vous demander de vous présenter avant tout ?”

Ses longs cheveux rouges ramenés en un catogan approximatif, Shun déambulait dans les rues de Kanto, le regard scotché à son téléphone, il relisait pour la n-ième fois ce mail envoyé par un sponsor, ses yeux s'accrochant au moindre caractère, dévisageant la moindre ligne, attentifs à la moindre arnaque, à la moindre clause pouvant l'handicaper ou pouvant s'avérer dangereuse pour sa communauté. Le cerveau trop occupé pour remarquer ce type étrange aux regards insistants qui le suivait depuis deux rues déjà. Un frisson parcourut son corps lorsqu'une main agrippait son avant-bras et le força à faire volte-face pour planter son regard dans celui de l'inconnu. La panique le submergea, son téléphone glissa de ses mains moites pour s'écraser contre le bitume, le cerveau qui s'embrouilla, les neurones qui grillèrent sous le flot de scénarii fictifs. Ce type allait-il le tuer après lui avoir infligé une multitude de torture ? Ou pire encore ? Était-il envoyé par ces hommes avec lesquels son père collaborait ? Ou était-ce une sorte de simili garde du corps ? Ou un fan obsessionnel qui ne tarderait pas à lui faire vivre son Misery ? L'estomac noué, le cœur au bord des lèvres alors que ses pieds quittent le sol des rues bétonnées pour se poser sur celui d'un … toit ? Le regard ancré dans celui de cet homme, qui était désormais son ravisseur, il le foudroyait, la bouche tordue en une grimace alors qu'il lui informait que les lieux étaient insonorisés. 《Classique ...》 Qu'il marmonna pensif, encore perdu dans les méandres de son imagination à se battre avec des "et si". 《Attraper le bras d'un étranger pour le forcer à se rendre dans un lieu inconnu et lui dire ...》 Il força sur sa voix, essaya, sans grand succès, de l'adapter à celle de cet homme à l'accent étrange. 《Ce n'est pas la peine de crier, personne ne t'entendras … C'est quasiment, si ce n'est complètement, la définition d'un enlèvement, puisque n'étant pas un enfant il est impossible de me kidnapper.》 Il parlait vite, beaucoup trop vite, une vaine tentative de se rassurer. 《Je préférerais savoir qui vous êtes. Vous me le devez bien après m'avoir enlevé et fait perdre mon téléphone.》 Le regard sérieux et le verbe droit, il essayait d'arborer une confiance en soi que son langage non-verbale trahissait, les bras refermé contre son torse, les pieds écartés légèrement dirigés vers la sortie, l'envie de fuir. Les doigts qui se pressent contre ses poignets, se mettant en quête de sa baguette. 《Et de quoi devons-nous parler d'abord ?》