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a deeper day, a longer grown shadow
the sun is setting in the distance
i guess I'm wandering in the dark
am I trapped in here?

les yeux qui s'ouvrent sur une pièce qu'il ne connait pas. intérieur bien différent de son appartement qu'il a pourtant rejoint dans la journée. les potos au mur qui montrent une famille qu'il ne connait pas. un petit garçon au sourire heureux au centre de chacune d'entre elles. un enfant, pas plus de cinq ans. les parents respirent le bonheur et il se demande ce qu'il fait là. les idées qui commencent à arriver, à mesure qu'il regarde les photos sur les murs. le père qui semble moins heureux sur les derniers clichés, changement presque imperceptible dans le regard qu'isai comprend, pour l'avoir déjà vu. le regard d'un homme qui a tout perdu. le regard d'un homme qui a fait affaires avec les mauvaises personnes. avec quelqu'un comme lui. isai il se dit que c'est l'œuvre des yakuza, s'il est là. le regard qui se durcit, prêt à se lancer dans la mission qui est la sienne, même si on a oublié de le prévenir. bref coup d'œil à la marque qui repose au creux de son bras. le signal à du être lancé pour le faire venir alors qu'il était endormi. magie qui l'a emmené ici avant qu'il finisse de se réveiller. il entend une voix s'élever. douce. délicate. l'impression de la connaitre qui résonne dans son esprit, alors que les mots qu'elle enchaine lui sont étrangers. coréen qu'il reconnait mais qu'il ne comprend pas, langue de son pays d'origine autant oubliée que la vérité sur ses parents. il avance, quittant le salon pour arriver dans un couloir sombre. la lumière est au bout, filtrant à travers une porte entre ouverte. la voix vient de là. elle l'attire, sans qu'il comprenne pourquoi. elle ne doit pas être sa cible. sa présence doit être du à l'homme, c'est la seule chose qui fait sens. mais rien ne semble avoir de sens. les pieds qui se bloquent, juste devant la porte, incapable d'aller plus loin. il essaye, de mettre un pied devant l'autre, d'entrer dans cette pièce. mais une force étrange semble le laisser dans le couloir sombre.
the place that is still breathing
i have to get closer to that place

every day you seem too far away
every time you do, i tell myself
i'm waiting right here

il est spectateur, témoin impuissant de la scène qui se déroule devant ses yeux. les bruits de pas qui résonnent dans le couloir lui font tourner la tête, regardant une silhouette masculine s'approcher de lui. à l'intérieur de la pièce, c'est des bruits précipités qu'il entent. une porte qui s'ouvre et se referme aussi vite. l'eau qui clapote, juste avant. l'homme passe à coté de lui sans le remarquer, isai collé contre le mur, le plus loin possible de la lumière qui éclaire faiblement le couloir. ne pas se faire remarquer, pas quand il ne sait toujours pas ce qu'il fait là. le regard qui revient à la porte, dès que l'homme est entré. il cherche à comprendre. il voudrait tellement comprendre. il ne voit pas tout, le battant trop fermé pour lui donner une bonne vision de la scène. les voix s'élèvent petit à petit, de plus en plus forte. elle pleure, à l'intérieur. et isai sentirait presque son cœur se briser en entendant les sanglots. l'envie de se précipiter à l'intérieur pour la serrer dans ses bras se fait de plus en plus forte. pourtant il reste là sans bouger, incapable de faire un pas vers l'avant. à chaque fois qu'il tente, il à cette impression d'entendre une voix lui dire qu'il a promis. promis quoi, il ne sait pas,  situation aussi inconnue que l'endroit. hoquet de surprise qui s'échappe de ses lèvres quand pour la première fois il voit le visage de la femme. traits qu'il ne connait que trop bien, hantant ses cauchemars depuis des années. c'est le visage du fantôme qui flotte autour de lui, à chacune de ses paralysies du sommeil. l'incompréhension se fait plus forte encore, persuadé que c'est le cadavre de sa mère biologique qu'il voit en rêve. pourtant, la femme devant lui est bien vivante, du moins pour l'instant. il voit sa tête partir contre le rebord de la baignoire, le son produit étouffant son juron. de grandes mains qui l'attrape par les cheveux ensuite pour la redresser, juste assez pour faire rentrer sa tête dans l'eau. il l'a voit se débattre isai et il essaye tant bien que mal de lui venir en aide, toujours bloqué là où il est. elle semble de plus en plus loin, de plus en plus difficile à atteindre. il se débat toujours contre cette force invisible qui le laisse dans le couloir pourtant. il a besoin de l'aider. il doit l'aider. il ne sait pas pourquoi mais il doit le faire. les larmes roulent sur son visage sans qu'il ne se soit rendu compte de leur présence. des années qu'il n'a pas pleurer, refusant de se laisser affaiblir par les émotions. et pourtant, il en est là, à pleurer pour une inconnue qui ne bouge plus. pas besoin de la sortir de l'eau pour savoir à quoi son visage ressemble maintenant. image qui est gravée dans sa mémoire depuis bien des années.
il a l'impression de comprendre enfin, quand il entend les bruits qui s'ouvrent. il n'a plus besoin de regarder pour savoir ce qu'il se passe. il le sait déjà. l'armoire à pharmacie au dessus de l'évier qui s'ouvre, le bruit de quelqu'un cherchant quelque chose, armoire qui se ferme une fois que c'est trouvé. le visage du père qui apparait pour la première fois dans son champ de vision à la lumière. traits étonnamment semblable au sien. regard qu'isai ne connait que trop bien, présent à chaque fois qu'il se regarde dans un miroir. il n'avait jamais pensé que son père lui ressemble autant. il n'avait jamais imaginé n'en être qu'une copie plus sombre encore. il a presque l'impression de se voir dans quelques années, petit preview de ce à quoi il ressemblera, une fois les trente-cinq ans arrivés. ressemblance qui rend la vue du suicide de son père plus dérangeante encore. il refuse de regarder, de se remettre les images dans l'esprit. pourtant, elles sont bien là, aussi claires qu'au premier jour. il prie pour un cauchemars. il prie pour oublie. la porte qui s'ouvre en grand, quand les bruits à l'intérieur de la salle de bain se taise enfin. vue complète de la scène comme il n'en a jamais vu encore. petite voix qui se fait entendre, avec le seul mot qu'il parvient à comprendre depuis le début. maman. répété encore et encore, parce l'enfant qu'il était alors. isai hésite un instant, à aller ouvrir le placard dans lequel il est caché. mais il sait que ça ne servirait à rien hormis l'exposer encore plus à l'horreur de la situation. alors il les regarde une dernière fois, les corps au sol, alors que les larmes roulent toujours sur ses joues, avant de se retourner pour s'enfoncer dans le noir du couloir, laissant une nouvelle fois son cœur dans cette salle de bain.

every night i see you in my heart
every time i do, i end up crying
when i call you in the darkness