like a rose with thorns | keimi

if you wanted me you would just say so and if i were you i would never let me go   " He did what ? " avait demandé Somi pour être sûre d'avoir bien compris lorsqu'un téléphone avait été mis devant ses yeux. Personne n'avait osé répéter la nouvelle devant l'air furieux de l'idole - c'est qu'on la voyait si rarement dans cet état. Puis la sorcière avait quitté son siège et quelqu'un avait, semble-t-il, tenté de la raisonner mais la tornade blonde avait traversé les couloirs sans laisser une chance. Sa recherche ne prend que quelques minutes dans les locaux de son agence ; les gens s'écartent sur son passage, lui demandent si tout va bien sans recevoir de réponse en retour et la course folle s'arrête devant la silhouette longiligne d'un garçon qui lui tourne le dos. " What is your problem with me ? " demande Somi en attendant que son ex petit-ami se retourne. La furie blonde pointe du doigt la porte de la salle. " Get out. " Et cette fois-ci ce n'est pas à l'attrapeur qu'elle s'adresse mais à d'autres garçons ayant récemment intégré leur agence. L'un d'eux proteste faiblement, tente d'expliquer qu'ils étaient en train de s'entraîner mais le regard noir de l'idole lui fait stopper sa plaidoirie. Son camarade l'emmène alors avec lui hors de la salle de danse et, lorsque la porte se referme, il ne reste plus que l'ancien couple. Pas de tendresse dans le regard de la préfète lorsque ses yeux croisent ceux d'en face - la frustration explose même. " What the fuck was that ? " Son poing se ferme, cogne l’épaule du trainee à chaque nouveau mot prononcé. " I could have been in trouble ! " Elle fulmine. " I'm so mad ! " Et se concentre sur son souffle pour tenter de se calmer - un échec. " You think you have the right to write me this ? " La question est posée mais Somi n'a pas la patience d'attendre la réponse. Les reproches s'enchaînent, libèrent des paroles qu'elle avait trop longtemps gardées pour elle. " Am I supposed to still believe your pretty words after you told me you loved me then just ghosted me for months ? " Elle lui tourne volontairement le dos, s'arrache ainsi à la contemplation du garçon. Ô comme tout aurait été différent s'ils s'étaient revus des mois auparavant. L'amour n'aurait pas été enseveli sous un tas de sentiments négatifs. Elle n'aurait eu qu'à lui avouer que le petit cœur dans sa poitrine n'était encore rempli que de lui. Lorsqu'elle se retourne vers le cadet, la colère explose à nouveau. " YOU DON'T MISS ME ! " Elle a les derniers mots du commentaire gravés dans la tête sans pouvoir les croire. " You fucking left me on read ! " fulmine Somi sans se rendre compte de la magie autour d'eux. L'une des ampoules grésille, menace d'exploser sous l'intensité des émotions de la sorcière. Les haut-parleurs diffusent bien trop fort des bouts de musiques sans queue ni tête. La tension magique est palpable autour du couple. " … Fuck you ! " L'un des miroirs se fissure soudainement faisant sursauter Somi. La jeune femme prend alors conscience des dégâts dans la salle ; l'air devient immédiatement plus léger, la musique s'arrête. Somi hausse finalement les épaules. Ses pas l'amènent assez proche du grand miroir pour effacer les impacts et fissures inconsciemment infligés. Elle aussi aurait aimé pouvoir se guérir à l'aide d'une formule magique ; mais son coeur n'était pas un miroir alors chaque fissure le rendait plus fragile dans sa poitrine.

@keita savage
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You're like a beautiful daisy that I picked up to see instead of letting it bloom fully  La musique se répète et les pas s’enchaînent. Le leader du groupe râle, les fait recommencer, actionne sans cesse le bouton marche/arrêt de l’enceinte. Keita est à bout de souffle mais il ne lâche rien, il danse et danse encore jusqu’à ce que l’aîné choisisse de quitter la pièce, agacé. Les autres restent avec lui, continuent de s’entraîner. Keita est le dernier arrivé de la bande, il a été ajouté à un groupe déjà formé depuis quelques jours, alors il n’a pas le droit à l’erreur. Depuis qu’il a été accepté dans l’agence, il s’entraîne nuit et jour à la danse car c’est le talent qui lui fait défaut. Il est plutôt doué pour écrire des paroles ou composer de la musique car il en a l’habitude. Danser, en revanche, est plus difficile. Il ne l’avait plus fait depuis l’émission dont il a été éliminé en mai. C’est pourquoi il redouble d’efforts, met le reste de sa vie entre parenthèses.

Lorsqu’il entend la porte s’ouvrir à la volée, il pense que c’est son leader (dont il ne parvient décidément pas à se souvenir du nom) qui revient, toujours colérique. C’est pourtant une voix bien plus familière qu’il entend. Son sang se glace et il n’ose pas se retourner immédiatement, jetant un regard de détresse à ses coéquipiers qui s’enfuient bien vite lorsque leur aînée le leur ordonne, malgré les protestations brèves du plus jeune de la bande. Keita n’ose se retourner que lorsqu’il entend la porte se refermer et le regard qu’il croise le clou sur place. Il sait pourquoi elle est là. Il espérait une réaction de sa part, sans doute moins directe, moins colérique. « I… » commence-t-il, sans avoir le temps d’ajouter un mot. Somi continue ses reproches, frappe son épaule encore et encore. Keita comprend que malgré les questions posées, ce n’est pas encore à son tour de parler. Il doit d’abord écouter les reproches, encaisser la colère. Puis la confession le frappe et tout s’éclaire dans l’esprit trop égoïste de l’apprenti. Il ne lui a jamais répondu après ses promesses, n’a jamais repris la conversation laissée en suspens suite à l’arrivée de Lova dans sa chambre d’hôpital. Et il s’en veut, terriblement, d’avoir laissé le silence s’installer.

Elle est plus énervée qu’elle ne l’a jamais été face à lui et face à cette colère, il voudrait se faire tout petit. L’air autour d’eux est électrique et il sait que le moindre mot mal placé suffirait à faire fuir la sorcière pour toujours. Quel con. Pourquoi a-t-il fait ça ? Pourquoi n’a-t-il pas simplement envoyé un message ? La musique est trop forte, la tension trop grande. Keita retient une grimace de douleur et de malaise. Il ne veut pas lui donner plus de raison de crier. Lorsque le miroir se fissure, c’est un soulagement qui envahit le cadet, car la tension s’apaise. Alors il ose un pas en direction de l’idole qui répare déjà le miroir. Les mots sont encore coincés dans sa gorge et pourtant il a pleine conscience que s’il ne les dit pas aujourd’hui, il n’aura jamais l’occasion de le faire. « I’m sorry… » souffle-t-il d’abord, s’attendant au courroux de celle qu’il aime encore. Il est trop tard pour s’excuser, trop tard pour rattraper une faute si grande. Tel un enfant, il a fallu qu’elle vienne le réprimander pour qu’il s’en rende compte. « I… I just didn’t know how to reach you anymore and I… I just really missed you. I miss you more than ever. And your songs… This song… It made me lose my mind, I needed to tell you how I felt and I didn’t dare to send you a text because…. I saw the one I left without an answer. » Il baisse la tête, n’ose pas la regarder, n’ose pas affronter sa colère. « I couldn’t answer back then but I should have after… I just… I didn’t know how… I didn’t know how to talk with you anymore… All I could think about was what we lost, and you with Babylone, and the mess that I had become… I know I did wrong then and I know I did wrong now but…  » Il marque une pause, relève les yeux et cherche ceux de Somi. Il est temps d’assumer ses erreurs. « I wanted to be sure you’d read and sending a text or an owl didn’t seem enough. I know I shouldn’t have, and I realised my mistake right after posting the message but I thought it’d seem even weirder if I deleted it so.. I just left it and hope you’d read and come to me. »

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if you wanted me you would just say so and if i were you i would never let me go La magie fourmille sous son épiderme et chatouille le bout de ses doigts, ne demandant qu'à être libérée. Pour Somi la maîtrise de ce flux était aussi indomptable que le contrôle de ses émotions. Tempête intérieure de mille sentiments contradictoires ; ô comme elle lui en voulait de l'avoir délaissée… autant qu'elle lui en voulait qu'il revienne ainsi se rappeler à elle. Keita s'approche d'un pas alors Somi recule de tout autant. La froideur du miroir contre lequel elle se retrouve bloquée accueille aussitôt son dos, la fait presque frissonner. Mais voilà qu'il s'excuse, profite du silence laissé par Somi pour expliquer une version que la sorcière ne connaît pas. La version de Keita. Elle retient son souffle, cache difficilement son intérêt pour les mots de son ex petit-ami. Les souvenirs remontent ; ceux de ses pleurs devant l'écran figé de son téléphone dès l'instant où elle avait compris qu'il ne répondrait plus et les heures passées à se demander pourquoi ? Une question qu'elle aimerait lui crier. La réponse se dessine en filigrane au fur et à mesure des paroles mais se termine dans quelque chose d'inachevé. " … Why ? demande alors faiblement la préfète, why did you stop to answer after you told me that you loved me…? " Ça fait mal. Elle se souvenait un peu trop bien des derniers mots écrits par le GSP. Et malgré les colères, malgré les hésitations à bloquer le numéro, à supprimer les messages, la jeune femme n'avait pas réussi à fermer complètement la porte. " What has changed ? " demande soudainement la sorcière - c’était ce qui l’intéressait. " If you… if you wanted me so bad you would have come sooner. " marmonne la blonde en ayant l'impression de répéter les constats d'Andrea. Il aurait levé les yeux au ciel en entendant ses mots repris aussi maladroitement. " I was worried at first when you stopped to write, I thought something happened to you at the hospital but days later I saw you at school and I finally understood. " se remémore Somi en s'adossant volontairement contre le miroir. You just left. Un soupir traverse ses lèvres. Elle ne savait pas très bien pourquoi elle voulait lui raconter tout ça. Au fond, Keita avait eu raison de se protéger. " I kind of get why you did that, admet donc la préfète,I shouldn't have dated Babylone but… I don't regret it. He helped me a lot and… we're still friends now. " Elle hoche la tête, bien convaincue de ses mots. La rupture remontait à quelques jours de cela mais n'avait qu'un petit goût d'amertume et de tristesse. Babylone avait été une aura apaisante ; et finalement un ami plus qu'un amant.

" You got what you wanted, I came. " répond Somi un peu à contrecœur. Les paumes de ses mains tournées vers le plafond pour accentuer l'évidence. " I'm here. " Ça l'embêtait d'avoir ainsi mordu à l'hameçon. Elle n'avait pas réfléchi, sautant sur la première occasion qu'il lui donnait pour venir lui parler. Crier sa colère lui avait fait du bien. Mais quelques minutes en la présence du brun ; quelques regards échangés - qu'elle essayait pourtant si bien d'éviter - ravivaient des sensations qu'elle pensait avoir oubliées. C'est qu'il était beau, Keita. Mais pas que. Il y avait sa voix aussi ; l'intonation plus douce qu'il prenait pour s'adresser à elle, celle-là même qu'il venait encore d'utiliser pour partager ses excuses. Puis son parfum ; effluves réconfortantes auxquelles elle essayait désespérément d'échapper en maintenant une distance entre eux.  Toutes ses petites choses qui faisaient que Keita était Keita et qu'il ne pouvait être remplacé par quelqu'un d'autre. I missed him, réalise soudainement Somi.

Fuck.

Elle cligne des yeux et s'échappe aussitôt, frôle le garçon pour mieux le dépasser vers un autre coin de la pièce. Plus loin. Parce que c'est tout ce qu'il fallait pour garder les idées claires. Alors l'aînée reprend avec un air mécontent. " But this was a stupid move ! I could have been in a dating scandal because of you. " Elle se prend d'intérêt pour l'ordinateur près de l'enceinte - comme si le choix d'une musique était crucial - et il l'était finalement car à l'entente des premières notes de sa propre chanson, la star s'empresse de la changer. Pendant l'opération, Somi continue de gronder, de sermonner comme on l'avait déjà sermonnée cent fois déjà. " Don't you even care about your own image ? They could kick you out of Adonis for this. " Car ici elle n'était pas simplement Somi. Ici, Somi était Somichan. Poulain de l'agence, chouchou de quelques unes des têtes directoriales de l'agence. Elle n'avait pas eu besoin de reporter le commentaire de Keita pour que son équipe soit au courant - tous ses réseaux sociaux étaient minutieusement surveillés. " I could get you fired. " ajoute Somi sans regarder Keita, trop concentrée sur les noms des musiques présentes dans la playlist. Ses derniers mots sonnent creux ; la menace est vide, elle le sait, Keita sûrement aussi le sait.

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You're like a beautiful daisy that I picked up to see instead of letting it bloom fully  Les excuses qui passent la barrière de ses lèvres ne sont qu’une infime partie de ce qu’il voudrait lui dire. Tant de non-dits depuis le mois de juillet, tant de promesses oubliées, tant d’erreurs sur lesquelles il ne peut plus revenir. Il a plongé lorsqu’elle l’a quitté et il la blâme depuis. Il répète que c’est de sa faute, à elle, s’il a retrouvé ses démons. Aujourd’hui il est capable de voir que ce n’était qu’un mensonge pour se rassurer, pour se permettre de s’enfoncer toujours plus. S’il n’est pas coupable de ses propres actions, alors il n’y a qu’un autre qui puisse le sauver. Mensonge. Il a sombré seul, bien trop vite pour qu’un retour soit possible. Il en voulait à Somi de l’avoir trahie, de lui avoir menti, de l’avoir abandonné alors qu’elle avait promis de ne jamais le faire. Il lui en voulait de s’être mise en couple avec Babylone, d’avoir tenté de l’oublier dans les bras d’un autre. Il lui en voulait, plus que tout, d’avoir réussi à sourire alors qu’il n’était plus là. Keita avait été aveugle trop longtemps mais aujourd’hui il voyait ses fautes, à lui. Il s’était jeté dans les bras d’autres femmes à la première seconde, avait pris les bouteilles comme excuse, s’était empêché de réfléchir. Il avait utilisé une femme qui ne le méritait pas pour se sentir mieux. Il avait fait des promesses qu’il n’avait pas tenues. S’il avait répondu à ce message, peut-être que les choses auraient été bien différentes, peut-être qu’il n’aurait pas eu à risquer leurs carrières, enfin, celle de Somi car la sienne n’existait pas encore.

Elle demande pourquoi il n’a pas répondu et le cœur de Keita rejoint ses talons. Comment lui dire qu’après sa confession, s’il n’a pu répondre, c’est qu’il était dans les bras d’une autre, de sa petite-amie. « I… » balbutie-t-il, fuyant à nouveau le regard de l’idole. « Lova came…  » souffle-t-il, comme si le dire moins fort pouvait atténuer l’effet de ses mots. Somi lui raconte ses doutes, ses peurs, sa déception et il ne peut qu’écouter, silencieux. Il sait qu’il n’a pas le droit à l’erreur, que c’est aujourd’hui sa dernière chance. S’il fait une erreur, la porte se refermera pour toujours entre eux et il n’aura personne d’autre à blâmer que lui-même. « I talked with Babylone that day… I wanted to kill him, I really wanted to. You know he was my friend… and I know he’s a pretty good guy. I just hated him too much and I think I still do. Because he was able to listen to you, he was able to be there for you when you needed to and if you needed to, it’s because of me… I had a lot of mixed feelings but I guess, that day, I thought I’d do you a favor if I stopped coming back. » Il comprend à ses travers les mots qu’il parvient à mettre sur ses émotions passées, que c’était une erreur de plus. Pourtant il pensait vraiment bien faire. « So I never replied. I tried to focus on something else, on music… I sent many songs to the necklace I got you for our… for that day. » Il ne parvient pas à parler de leur anniversaire, refuse de se souvenir de ce jour où il a cru que tout irait bien. « I know you didn’t listen because you probably threw it away a long time ago but… that’s the way I had to still keep in touch without interfering in your life… »

Les mots qu’il n’a jamais pu lui dire et qui sont ancrés dans les paroles de chansons qu’il n’a enregistré que pour elle, des chansons qu’il savait sans public mais qui lui ont permis d’avancer, sainement. Au lieu de blâmer Somi pour sa descente aux enfers, il avait choisi de se reprendre en main et d’avancer, pour elle, pour lui montrer qu’il était capable, avant d’essayer, une dernière fois, de ramasser les morceaux. Car s’il était persuadé de ne jamais cesser de l’aimer, il voulait laisser Somi trouver l’homme qui la rendrait vraiment heureuse. L’attraction qu’ils ressentent l’un pour l’autre est toujours présente, ils sont comme des aimants et pourtant,l’idole choisit de s’enfuir, de s’éloigner de lui pour rejoindre un autre coin de la pièce. Trouvant un intérêt pour l’ordinateur, elle semble chercher de quoi remplir le lourd silence qui s’installe brièvement dans la salle. Keita tente de faire abstraction, s’approche à nouveau de son aînée lorsqu’elle lui reproche sa stupidité. « I didn’t care » avoue-t-il face à la menace. « I’ve always been stupid, remember ? I act before I think, it’s always been like this, especially when it comes to you » continue-t-il, cherchant le regard de Somi qui reste rivé sur l’écran. « I… I know you could… And I wouldn’t blame you for it » répond-il lorsqu’elle menace de le faire renvoyer. « I came to Adonis without asking you… » Au fond il sait, qu’elle ne le ferait pas renvoyer, il espère qu’elle ne le fera pas. Car sa place est déjà bien trop à risque et qu’il s’en voudrait, de perdre un bout de son rêve parce qu’il n’a pas su réfléchir correctement. Et pourtant, au fond de lui, il a toujours cette petite voix qui lui répète que son rêve n’est pas la pièce dans laquelle il se trouve, mais bien la femme qui lui fait face. « You could click on this one… » finit-il par dire, voyant Somi continuer à parcourir les chansons, la souris posée sur une des siennes. Lost at sea qu’il a chanté lors de son audition et écrite pour elle.

@somi hanaoka
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if you wanted me you would just say so and if i were you i would never let me go Ses iris font une immense courbe vers le ciel lorsque le prénom de cette fille traverse les lèvres de Keita. Somi prend une moue ironique, l'air de dire qu'elle aurait dû s'en douter. Qu'elle n'était pas surprise, pas déçue - menteuse, bien sûr qu'elle était horriblement déçue de savoir qu'une raison aussi banale avait stoppé leur conversation ce jour-là. Le rictus agacé disparaît petit à petit à l'écoute des autres explications. Somi savait que les deux garçons s'étaient parlés ce jour-là. Babylone ne lui avait jamais rien caché concernant Keita. Elle non plus, comme elle l'avait promis dès le début de leur étrange relation. La chanteuse tique cependant sur des bouts de phrases, quelques mots, passant en revue tout ce que le GSP pouvait lui dire. " You thought you would do me a favor ? répète donc la sorcière, incrédule, you told me you wanted me ! then - pow ! - you disappeared. " Impossible de comprendre. " then you just appeared again at school with your pretty girl. " Oh oui. Cette blonde qui était apparue un beau jour de nul part. " Lova. " prononce-t-elle à son tour avec toute l'amertume possible au souvenir de leurs quelques échanges. Le plus embêtant, le plus rageant, avait été de constater bien trop rapidement que cette fille s'était attachée à lui, alors l'idole avait été assez compatissante pour ne pas totalement détester sa remplaçante. " Thank you so much for the favor. " termine-t-elle avec sarcasme. Il gagne cependant l'attention de la jeune femme lorsque son bijou est mentionné. Elle porte instinctivement la main à sa poitrine, s’attendant étrangement à y sentir le pendentif. Mais non. Bien sûr que non. Car ça faisait des mois qu'elle ne le portait plus. " I didn't throw it, contredit Somi, I put it in a… box. " Son regard plonge vers ses mains, un peu gêné. " With your… stuff. " Elle avait mis du temps, Somi, à rassembler les affaires et souvenirs de leur couple. Et une fois fait, rien n'avait vraiment changé. Keita s'était trouvé aussi souvent qu'avant dans ses pensées.

Les deux artistes se suivent vers l'ordinateur, vers le contrôle central des musiques encore diffusées par les enceintes. L'idole interrompt les premières notes d'une de ses propres chansons puis se perd petit à petit dans la liste infinie des autres propositions. Parmi les choix, beaucoup de musiques étaient inconnues de la demoiselle mais copyrightées par le petit sigle de l'agence ; signe que les trainees étaient prolifiques dans la production. " You need to start to think when it comes to me then, répond la demoiselle sans lever les yeux, or you'll screw my whole career up. " Ses doigts continuent de scroller parmi des titres de tous les genres. C'était plus facile de parler en se concentrant sur autre chose que le garçon ; parce qu'il avait encore ce truc capable de désamorcer la bombe qu'elle était, et parce que le regarder c'était rappeler à son coeur qu'un bout de lui se trouvait toujours chez le kasaï. " This one ? " vérifie la japonaise lorsque ce dernier lui propose de cliquer sur un titre. Les iris brunes parcourent rapidement les informations et constatent que le nom de Keita y figure. La blonde hésite alors quelques instants. Entendre la voix de Keita chanter des mots pour elle lui avait indéniablement manqué. Et la curiosité pour ce qu'il avait bien pu lui écrire durant leurs semaines de silence la poussait à vouloir cliquer. Mais.

" I don't want songs... ? " réalise soudainement Somi en laissant la souris. L'écran perd totalement son attention qu'elle reporte enfin vers Keita. Elle a le regard mouillé en scellant enfin le sien dans celui bleuté du garçon. " I need you to talk to me. " supplie la blonde. Ils avaient perdu tellement de temps entre silences et non-dits, en essayant de deviner ce que l'autre voulait. " I need you to tell me what we should do. " continue-t-elle, le souffle un peu court, tant son coeur s'agitait. " Because… I tried to move on, Kei… but then you wrote that com and now I'm here… - les mots se heurtent entre toutes ses hésitations, and… I don't know. " Elle termine encore plus perdue qu'avant, en se doutant que Keita l'était aussi, et que le chemin pour se retrouver était peut-être trop compliqué. " I'm still mad, but… " La petite main de l'idole s'accroche à la manche du chanteur. " … I don't know. " répète inlassablement Somi.

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Tout est devenu compliqué alors que tout, avant, était si simple. Il n’avait jamais été si angoissé en sa présence, n’avait jamais dû réfléchir au moindre de ses mots, au moindre de ses gestes. Et il déteste ça, Keita, mais qu’il peut-il blâmer si ce n’est lui-même ? « I never said I thought good ! I just…. I was trying to not be a nuisance but I failed anyway. » soupire-t-il en réponse à la colère de Somi. Il sait qu’aucune de ses décisions n’a été bonne, que pas une n’a été positive lors des derniers mois. Il le sait mais ne peut l’effacer et elle ne le comprend pas. Malheureusement, il ne se comprend pas mieux qu’il ne l’explique. Il n’était pas lui-même, il ne l’a jamais été, au fond. L’alcool et la drogue prenant trop souvent le dessus sur ses sentiments et ses réactions. Aujourd’hui il est sobre, mais rien n’est plus clair.

L’idole a tous les droits d’être énervée, de lui en vouloir au-delà de toute raison. Pourtant, par ses mots, Keita comprend qu’au fond, elle ne le déteste pas. Elle a gardé les affaires qu’il n’a jamais voulu récupérer, enfermées dans une boîte mais pas jetées. « I’ll think. I’ll think twice, every time. I’ll never make that kind of mistake ever. Because I don’t want to hurt you in any way. I swear. » Il a besoin qu’elle le croit, besoin qu’elle comprenne qu’il n’a jamais fait ça pour lui nuire, que c’était juste une stupide erreur, comme il en fait encore bien trop souvent.

L’ordinateur s'immisce dans leur échange et Keita se laisse perturber. Il veut lui parler, lui dire toutes ces choses qu’il a sur le cœur. Elle est la première à qui il aurait dû parler, la première dont le nom est venu à son esprit lorsque la thérapeute qu’il rencontre lui a dit qu’il devait s’excuser pour mieux pardonner. Elle est la plus importante et pourtant, c’est à elle qu’il est le plus difficile de parler. Parce qu’il a peur qu’une discussion trop honnête mette un terme à leur relation, pour de bon. Des disputes valent mieux que l’ignorance. Et il pense pouvoir y échapper en recommandant une chanson, sa seule façon de mettre des mots sur ses maux. Cependant, cela ne suffit pas. Cela ne suffit plus.

Elle a besoin qu’il lui parle et les larmes qui perlent dans ses yeux ne font que renforcer son besoin de vérité. Décontenancé par le changement de ton, Keita fait un pas en arrière. Il observe l’idole et sent son cœur se serrer lorsque les doigts fins viennent s’accrocher à sa manche en même temps que les confessions caressent ses oreilles. « I… I don’t know what to say » dit-il d’abord en baissant les yeux, fixant cette main qui le tient et l’empêche de bouger. Il ne veut pas bouger. Il ne peut pas. « I mean… I have a lot to say but… It’s hard… ». Keita sent son cœur battre plus vite et l’anxiété s'immiscer dans ses veines. Elle pourrait le faire taire, mais il n’a pas le choix. Il doit parler aujourd’hui. Il doit livrer tout ce qui pèse sur son cœur. Parce que si ce n’est pas aujourd’hui, ce sera sans doute jamais et il se refuse à l’accepter. « I don’t know how to begin… You… I… You gave me what I needed when I needed it. You gave me hope, you gave me strength, you gave me love, attention and support. You made me want to be good, for you. And… when you left, my brain shut down. Everything shut down. I already told you that but it’s true. I’m not blaming you, not anymore. It’s just… The truth. » Il n’ose pas la regarder alors que les mots passent la barrière de ses lèvres. C’est confus, sans doute peu clair, mais tout ce qu’il a gardé pour lui doit quitter son esprit, alors il continue sans lui laisser le temps de répondre. « You are my first and only love. You are the woman of my life, the one I wanted to marry, the one I wanted to grow with. And I can’t see it any other way. I’ll never love again, not like I love you. And I’m saying love, not loved, because I still love you. I still do, with all my mind, all my heart. And I’m angry because I know I should let you go, because you deserve to be free, to love someone who makes you really happy. You deserve to be with someone who’ll be able to take care of you, not some lost kid who breaks down as soon as you’re not here. I know you deserve all that but I don’t want you to leave me. I want you to stay. I want you to love me. » Il sent sa voix craquer, sa gorge se serrer. D’ordinaire, cela le forcerait à arrêter ses confessions, mais il choisit d’accepter ses larmes et sa tristesse, parce que c’est Somi et qu’il a besoin qu’elle entende ce qu’il a à lui dire. Elle a ouvert les vannes et les vagues de sentiments qu’il gardait emprisonnées ont désormais besoin de sortir. « You’re still the first person I want to text when something happens to me, good or bad. You’re still the first person I think of when I want to watch a good movie or when I want to try going to a new place. I haven’t put your things in boxes, I haven’t done anything… My room is exactly as it was the last time you came. » Les sanglots l’empêchent de parler correctement et il est forcé de s’éloigner de Somi pour aller trouver un mouchoir. Sa respiration est saccadée et il peine à se calmer malgré ses tentatives de respiration profondes. « I don’t want you to feel pressured to do anything. I just want you to know that… despite everything I might have said, despite how it looked, it’s always been you for me. I never once stopped loving you. I was angry at everyone because I couldn’t be with you. » Enfin, il relève les yeux, cherche le regard de son ex petite-amie, revient prendre ses mains. « I’ll always love you, but I’ll understand if, for you, we lived everything we had to live. It’ll be hard because I don’t think I’ll be able to see you as a friend, ever. And not seeing you would be the worst pain I’ll ever feel but if it means letting you be happy, then I’ll do it. I'll be your friend if you need me to, but I'll always want to be more than that. »

Peu à peu, les mots se tarissent. Il veut qu’elle comprenne qu’il l’aimera toujours, que si elle veut encore de lui, il courra vers elle. Mais il veut aussi qu’elle comprenne que, pour la dernière fois, elle a les cartes en main. Si elle veut qu’ils ne soient plus rien, si elle a besoin de trouver son bonheur ailleurs, il laissera faire. Parce que toute la peine qu’il ressentira ne sera rien à côté du bonheur de la savoir heureuse. Elle est sa priorité, elle l’a toujours été.

@somi hanaoka
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if you wanted me you would just say so and if i were you i would never let me go Elle était venue sans réfléchir car la colère avait primé sur toute autre réflexion. Elle était venue sans aucune hésitation, sans peser le pour et le contre, pour imposer à Keita sa présence. Il n'avait finalement fallu que d'un moment où le cœur - motivé par de mauvaises raisons, avait pris le dessus sur le reste. Et le sien, son cœur, peinait maintenant à trouver les mots pour rattraper des longs mois de silence. " You failed because… you're not. " Ça lui semblait si évident à Somi. " You're not a nuisance. " Il y a une amertume pourtant dans ces mots car pour Somi, tout était une évidence. " You never were. " ajoute l'aînée. Son amour était évident, visible sur son visage à sa moue toujours triste, visible dans ses regards éternellement tournés vers le garçon, dans le moindre geste qu'elle osait  lui adresser. Elle s'était sentie transparente, aussi lisible qu'un livre ouvert, ces derniers mois. Cachée sous un tas de couettes et d'oreillers à se remémorer des souvenirs qui semblaient presque n'avoir jamais existé tant tout était différent entre eux maintenant ; il y avait eu Babylone pour la réveiller et attendre avec patience que son cœur soit à nouveau sien, qu'il guérisse pour pouvoir une nouvelle fois s'offrir à quelqu'un. Somi savait maintenant que c'était quelque chose d'impossible ; car l'envie de le reprendre à Keita ne suivait pas assez le besoin de guérir.

Et tandis les yeux du kasai se baissent, les siens se lèvent et supplient. Elle avait besoin d'entendre quelque chose de lui. Elle avait besoin de savoir ce qu'il s'était passé dans la tête de Keita ces derniers mois, quand la sienne n'avait été remplie que de chagrin et d'hésitations. " I… don't know what to say " Elle a le cœur qui dégringole dans sa poitrine et qui la supplie de partir. La petite main accrochée à la manche du kasaï refuse cependant de lâcher prise alors la sorcière attend, puis d'autres mots viennent enfin. Des jolis mots qui lui rappellent qu'il y a un temps où ils avaient été bons l'un pour l'autre, avant la chute. Somi reste silencieuse ; elle ne voulait pas courir le risque de couper l'élan de Keita, mais la suite de ses paroles rompt sa résolution. Parce que ce sont des mots qu'ils ne se sont plus dits en face à face depuis longtemps, des mots qu'elle ne pensait pas entendre à nouveau venant de lui et qu'elle pensait ne plus pouvoir dire. " [...] I want you to stay. I want you to lo… - I love you. " Elle le coupe, presque soulagée de pouvoir partager ses sentiments. " I love you " Et elle répète ces trois jolies syllabes parce qu'à son oreille aussi elles sont belles à écouter, parce que c'est ce qu'elle voulait lui dire, lui rappeler, depuis de longues semaines. Les doigts de l'idole s'abaissent alors le long de la manche pour frôler ceux du sorcier. Que faire pour sécher ses larmes ? Chaque geste entre eux était soumis à des tas d'interrogations, alors elle ne sait pas trop quoi faire. Finalement la blonde réalise donc petit à petit la racine du problème alors, à son tour elle craque petit à petit, et finit par enlacer le garçon. Tout était là. Tout ce qu'elle avait espéré entendre depuis l'été dernier venait d'être dit et dans ses bras, le garçon qu'elle aimait venait de se confesser lui aussi. Tout était là, alors la sorcière resserre désespérément son étreinte, s'accroche autant que possible à cet amour qu'elle n'arrivait pas à laisser faner mais dans les battements de son cœur il y a quelque chose d'autre qui rythme les percussions. " I hurt you… rappelle soudainement la sorcière d'une faible voix, and you hurt me. We hurt each other so much and… elle ne savait pas trop où elle allait, i love you but… i'm so scared. " Et elle le comprenait un peu tard, là où les graines de vérité avaient déjà été plantées durant sa rupture avec Babylone ; elle lui avait dit que son cœur avait besoin d'un peu de repos pour guérir. Il avait besoin de temps pour aimer correctement. " there wasn't even a day without me thinking of you, I… love you and it won't change. " Il la croyait, n'est-ce pas ? Même si ses paroles dessinaient petit à petit une fin qui ne leur plaisait pas. " I missed you so much but… son regard tombe vers sa poitrine, là où son cœur menaçait de sortir de sa cage thoracique, it needs to heal. " Son regard mouillé se lève à nouveau vers son ex petit-ami. " Because right now, i'm just…  terrified. " Sa main vient frotter ses yeux - aimer si fort n'avait jamais été aussi effrayant. " I need time. " Elle s'étonne à presque supplier d'avoir le temps nécessaire pour assimiler les mots de Keita. Elle avait passé des semaines à se persuader qu'il était passé à autre chose, qu'elle devait en faire de même. Tous les moyens avaient été bons pour tenter de se détacher de leur histoire - le chemin inverse à faire était donc maintenant terrifiant. Impossible de repartir d'un seul et même point ; d'oublier ce par quoi les deux sorciers étaient passés. Heureusement Keita lui laisse le choix et semble même dessiner une opportunité que l'aînée aurait aimé saisir. " I'm also not sure we can be friends because I won't ask you to wait for me but… I'll never be able to enjoy seeing you with someone else, so I… don't think that… i'll be a good friend " You, see ? Est-ce que cela voulait dire qu'ils ne pourraient plus se voir ? Est-ce que tout était en train de se terminer ? Les questions inondent ses pensées et créent une vague de protestations, puis les larmes redoublent en écho à celles du sorcier. " I… also don't know how to… let you go… even tho that's what i should do " réalise Somi. " I'm sorry " Parce que la raison et  l'amour, la tête et  le cœur, sont dans un duel qui n'aura certainement jamais de vainqueur.

@"keita savage"
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