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[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] Haruka se dirige nerveusement vers la bibliothèque. Contrairement à d’habitude, il n’y va pas avec le coeur léger ; en réalité, ça fait plusieurs jours qu’il ne s’est pas senti léger. L’euphorie de sa rencontre avec Natsu est retombée et aussitôt, les inquiétudes ont ressurgi. La frustration aussi. Il a fait de son mieux pour faire avancer leur situation, pourtant ça n’a pas suffi. Non seulement la jeune femme n’est pas libérée de ses fiançailles, mais en plus, elle lui a reproché ses techniques. Alors comment est-il supposé faire maintenant ? Comment s’attaquer à des personnes aussi puissantes en utilisant des moyens sains ? La question a tourné dans sa tête pendant des heures, l’a empêché de dormir, empêché de se reposer. Alors il espère que sa rencontre avec Oz’ va lui changer les idées. Peut-être que sa nervosité va disparaître le temps d’un instant, ou, à défaut, peut-être parviendra-t-il à mettre des mots sur ce qui le préoccupe depuis plusieurs jours.

Ses pieds se dirigent automatiquement vers le lieu de rencontre. Il n’a pas besoin de réfléchir pour trouver son chemin ; la bibliothèque qui pourrait avoir l’air d’un labyrinthe pour quelqu’un qui n’y met pas souvent les pieds est un réel refuge pour Haruka. Il la connaît par coeur, les moindres recoins, les moindres secrets. C’est aussi là qu’il rencontre Oz la plupart du temps, là où ils se sont rencontrés pour la première fois, ou plutôt, là où ils se sont parlés pour la première fois. Sans surprise, le jeune homme est arrivé avec lui. « Désolé pour le retard, je te jure que c’est pas de ma faute » C’est le refrain qu’il sort à chaque fois, habitué des retards. « Mais quand même, là, j’ai que dix minutes de retard, en vrai je suis presque à l’heure » En comparaison aux retards habituels, en tout cas. Sans attendre plus longtemps, il prend place. « Alors ? Tu lis quoi ? » demande-t-il en désignant d’un mouvement de tête le livre que Oz tient dans la main, sans lui laisser trop le temps de parler, incapable de se poser. Il ressent la nervosité sur chaque pore de sa peau et ses pensées sont trop bruyantes dès que le silence s’installe, alors il parle, il parle, et il espère que ça va le calmer.

skate vibe, mk.

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] 18 décembre kantō s'endort sous une petite chute de neige en plein après-midi. depuis des semaines la nuit ne cesse de raccourcir les jours, dévorant une heure après l'autre, de son manteau trouble. trop souvent elle est un blackhole asphyxiant pour les âmes en peine — mais aujourd'hui, son effet est étrangement apaisant.

depuis le second étage de la bibliothèque, dont l'étreinte de la cascade comble le silence, oz se surprend à se sentir lui-même à nouveau, pour la première fois depuis trop longtemps. l'étau des cours, du stage et du procès ont doté décembre d'une aura cruelle, le mutisme de reyn en guise de dernière note de cette mélodie funeste ; mais alors que la date fatidique des règlements de comptes approche, berlioz sent progressivement s'éteindre l'angoisse au profit d'une plus sage acceptation. advienne que pourra, en vient-il à songer, comme si son âme accro au contrôle acceptait finalement d'entendre l'obligation de lâcher prise quand tout devient bien trop — et se résolvait enfin à cesser de le torturer.

le pas d'haruka puis son babillage incessant captent son attention, sans pour autant lui faire lever les yeux des pages parcheminées de son magazine ((le mensuel de la médicomagie)). oz ne manifeste avoir perçu son arrivée qu'en poussant son propre sac à dos, du pied, pour l'accueillir : manie de le poser là où serait haruka comme s'il était réellement nécessaire qu'il lui « réserve » la place. ils auraient pu s'installer à une table comme ils le font souvent — si coutumiers des lieux qu'ils en ont une à eux —, mais en dehors des heures de révision ou d'études, c'est entre deux rayons de livres qu'ils se retrouvent, sans même avoir besoin de le préciser. là où ils se sont parlé pour la première fois avant d'y passer d'innombrables heures : à mi-chemin entre les derniers ouvrages de médicomagie et la réserve. installés face à face, l'un au pied du mur et l'autre de l'étagère.

berlioz hume pensivement à cette réflexion. au pied du mur. au pied du mur. c'est haruka qui a pris cette place ce soir et l'intuition de l'ekisha le somme de se pencher sur ces quelques mots qu'elle lui a soufflés. il lève la tête de son magazine, la penche légèrement de côté ; dévisageant l'autre en quête d'un indice qui confirmerait l'impression qui le taraude. (…) en vrai je suis presque à l’heure. un sourire amusé lui étire doucement les lèvres et il arque un sourcil nullement impressionné. no you're not. you can't bend time at your wish, haru. pas de temps-mort : alors ? Tu lis quoi ? son regard se repose sur son bouquin. a paper about wizards mortality that introduces an hypothetical cell and magic regeneration equation, « the decay rate algorithm », based on the gompertz function. mais le journal est fermé la seconde plus tard et claqué fermement au sol, tandis que la mine sérieuse d'oz se concentre sur celle, tracassée, de haru. so, spill it. what's bothering you?

skate vibe, mk.

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] Son sourire tendu s’agrandit quand son ami lui rappelle que non, il n’est pas à l’heure. Il n’y répond rien, il sait que c’est vrai, il sait aussi que si ça dérangeait vraiment Berlioz, ils ne seraient jamais devenus amis. À la place, il lui demande ce qu’il lit, mais n’écoute sa réponse qu’avec un intérêt partiel. Les mots employés sont compliqués et Haruka n’est pas en mesure de se concentrer sur quoi que ce soit, ce que Berlioz remarque immédiatement ; le kaze sait qu’il est percé à jour à l’instant où son ami ferme le livre et le pose. C’est le premier signe qui témoigne d’une réelle conversation qui va commencer, autrement jamais il n’aurait interrompu sa lecture. La question qu’il lui pose ensuite en dit long sur la situation : il sait que ce n’est pas la peine de nier, et c’est sans doute ça qu’il est venu chercher. L’instinct de Berlioz, l’envie d’extérioriser ce qui le tracasse, à la seule personne avec qui il se permet de ne pas être le jeune homme riche et heureux qu’il montre d’habitude.

Pourtant, il ne répond pas tout de suite. Il hausse les épaules, déglutit, sans lâcher du regard le daichi. Il a presque envie de lui répondre devine, parce que c’est tellement plus simple de ne pas avoir à le dire, de ne pas avoir à mettre des mots sur toutes ses pensées. Néanmoins, il sait aussi que c’est ça dont il a besoin, énoncer clairement ses pensées pour les rendre plus claires, moins perturbantes. Alors il ravale le défi, prend une inspiration hésitante. « I… huh… » Par où commencer, déjà ? « Maybe you saw it. Some articles about a rich family and their wrongdoings ? » Il sait que ce n’est pas non plus le genre d’article que la majorité des gens de leur âge va chercher dans les journaux. Lui, il le fait parce qu’il sait qu’à tout moment, le nom de sa famille peur sortir. La sienne, ou celle de Natsuki. « Wait, no, maybe I should start from the beggining. » C’est là qu’il réalise qu’il n’a jamais tout dit à Berlioz, et que malgré ça, ce dernier n’a jamais insisté pour tout connaître. « It’s been some years now but remember when I asked you to watch over Natsuki for me ? » Nerveusement, il joue avec ses doigts, et son pied ne cesse de trembler. « Well, huh, actually, i’ve known Natsuki since I was born. Her family and mine were very good friends, because they had the same ideology about muggles-born and all. »

Est-ce qu’il est vraiment en train de raconter ça ? Comme ça, sans contexte, dans une bibliothèque ? Pourquoi il y arrive aujourd’hui et pas toutes les autres fois où le contexte s’y prêtait davantage ? « It’s more than knowing her, actually, we were… engaged. Well, for us, it didn’t mean that much, because we were children when it happened, and we’ve always been good friends. It started to mean something when I realized I was in love with her, at some point in my teens. And, huh, she was too, but you know, it was awkward to say it, and since we were engaged anyway, I didn’t think it was really important to actually confess to her. » Il s’éloigne du sujet, raconte des choses qui ne sont pas directement liées à ce qui se passe maintenant, mais puisqu’il lui raconte cette période de sa vie, autant tout lui dire. Autant tout lui révéler. « Just when I thought I would finally confess, because I was going to be 18, my family… changed their ideology. They stopped being against muggle-borns wizards. Natsuki’s family thought of that as a betrayal and our engagement was broken at that time. » Il aimerait que ça soit la fin de l’histoire. Que leur engagement se soit brisé, qu’ils aient tous les deux tournés la page ; qu’il n’ait pas à dire ce qu’il a fait ensuite, et ce qui a créé cette situation aujourd’hui.

Les mots ne sortent plus, restent bloqués dans sa gorge. Il pousse un soupir, passe ses mains moites sur le visage. « I’m sorry. I… huh… you don’t have to listen to it. It’s not important. » Mission annulée, pense-t-il à l’intérieur de lui. Il n’est pas capable de le dire.

skate vibe, mk.

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] 18 décembre le livre se ferme, le front se plisse. ce qui frisait la boutade l'instant d'avant se fait sérieux à mesure que le tracas de l'autre se confirme. le bras d'oz s'étire — main posée sur son genoux, plus près de haru, en une offre muette mais évidente : proposition d'un contact par le biais duquel laisser affluer des images et des pensées, l'information qui lui pèse tant, si la vision ainsi induite vise juste. c'est l'option pour laquelle ils optent lorsque mots et maux s'avèrent si lourds qu'ils en semblent indicibles : ouvrir son esprit à la legilimancie de l'un, à la voyance de l'autre. tout est plus fluide quand la magie se charge de livrer les aspects les plus complexes, les nœuds les plus difficiles à verbaliser.

mais cette fois l'hésitation s'estompe et haruka choisit d'exprimer lui-même son fardeau. à la première question oz s'apprête à secouer la tête, confus… peu adepte lui-même des journaux et moins encore des rubriques évoquant des vies brisées : le souvenir des lignes d'encre y salissant son père quelques années auparavant est tenace. tout compte fait haruka en revient au point de départ de l'histoire, éclaircissant une requête à laquelle oz s'était prêté sans demander de précisions à l'époque. yeah ? il encourage, à l'évocation de natsuki ; n'interrompt pas à l'annonce de l'idéologie ayant lié leurs familles. mutisme lourd de stupeur et d'attente.

— c'est l'un de ces moments.
ceux où surgit sans crier gare une information troublante, apte à bouleverser la vision que l'on se fait de quelqu'un, apte à tout changer. et inconsciemment oz, il se crispe ; lui qui exècre les condamnations hâtives, mais qui, pour avoir grandi dans l'occident d'après guerre, ne saurait tempérer son opinion de l'idéologie politique. ça le démange de demander : but the both of you don't share their views, do you ? mais la discussion se détourne de ce sujet pour dévoiler à natsuki et haru un passé commun qu'il n'avait ni perçu ni tenté de creuser, certain que le kaze l'évoquerait de lui-même un jour. jusqu'à ce que le souffle inconsciemment bloqué au creux de sa poitrine se délie à l'annonce d'un changement d'idéal. d'un basculement qui, néanmoins, sonne comme une fêlure, alors que les mots meurent dans la gorge de son vis-à-vis. i’m sorry. i… huh… you don’t have to listen to it. it’s not important. i don't mind, il interrompt, sans un doute pour sa part. peu soucieux des tracas d'autrui en général — mais trop concerné par les situations de ses proches pour tourner le dos dans de telles circonstances. did she thought of it as a betrayal ? you not hating on no-majs anymore ? il questionne, cash comme toujours. à tenter de percer les aboutissants de l'histoire avortée. à tenter de cerner, également, sur quelles lignes d'idées se tenait chacun d'eux, au-delà des ententes et mésententes familiales. or did your feelings for her change because of what happened ? a-t-il reculé, rebuté par l'incapacité de leurs familles à se tolérer désormais ? la fin reste floue — seul haru en détient les clés.

skate vibe, mk.