The start of something new - Naechi

I was so afraid, but your arms made everything feel safe

Les doigts de Nae pianotent sur son téléphone à une allure folle. Au bout de la conversation, Bae et Kell tentent de la rassurer, tentent de lui faire comprendre que tout ira bien, peu importe le résultat. Pourtant, le regard de la mizu alterne entre l’écran et le bâtonnet rose et blanc posé sur le bord du lavabo. Si elle n’avait pas refait sa manucure la veille, elle se serait rongé les ongles. Elle a l’impression de ne pas parvenir à remplir ses poumons lorsqu’elle respire. À chaque inspiration, c’est un nouveau niveau de stress qui l'envahit. Et puis soudain, il n’y a plus rien. Le stress est si grand qu’elle a, l’espace d’une seconde, le sentiment d’être calme. Les yeux rivés sur l’appareil où deux barres se dessinent, il n’y a plus de place pour le doute. Le test entre les doigts, elle se laisse glisser au sol, les yeux pleins de larmes qui ne coulent pas. Elle ne veut pas faire de bruit, elle ne veut pas crier pour ne pas alerter Ichiro. Mille scénarios lui passent dans la tête. Comment lui annoncer la nouvelle ? En sera-t-il heureux ? La mettra-t-il dehors ? Est-elle heureuse elle-même ? Nae n’en sait rien, il n’y a qu’un brouillard épais dans sa tête et une seule certitude : elle doit le lui dire le plus rapidement possible.

Nae se relève donc, prête à quitter la salle de bain mais une fois sa main sur la poignée, elle ne parvient pas à l’ouvrir. Figée, la porte reste close. Elle entend son téléphone vibrer derrière elle, lui signaler que Kell et Bae sont inquiets, qu’ils ont besoin d’une réponse. Tremblantes, elle finit par lâcher la porte et rejoindre son cellulaire. Assise sur le bord de la baignoire, elle ouvre sa conversation avec ses deux presque frères mais n’y répond pas.  L’écrire sera sans doute plus simple que de le dire, alors elle change de conversation, rejoint celle qu’elle entretient avec Ichiro et écrit sans trop réfléchir. Elle n’y arrivera pas si elle réfléchit. Quelques mots plus tard et elle entend déjà les pas de son colocataire dans le couloir. Nae doit admettre que sa réponse lui déclenche quelques papillons dans le ventre. Il est là pour elle, il l’a toujours été. « Please don’t be mad… » dit-elle dès que la porte s’ouvre. C’est la première fois qu’il la voit si vulnérable, la première fois qu’elle ne cherche pas à jouer à qui sera le plus fort. Les failles qu’elle cache si bien depuis des années se montrent toutes à Ichiro ce soir et en plus de ses peurs maternelles, viennent ses peurs de femmes. Ichiro n’est que son colocataire, ils ne sont que des amis avec certains bénéfices, il n’y pas d’amour entre eux. Toutes ces choses qu’elle voudrait croire, qu’ils voudraient croire, semblent aujourd’hui plus mensongères que d’habitude. Elle-même n’arrive plus à y croire car les seuls mots qu’elle voudrait lui dire sont I love you, please don’t leave me.

I am here to love you, to hold you in my arms, to protect you

Si l’action était au rendez-vous, il y avait bien plus de paperasse associée au travail d’Auror qu’Ichiro n’aurait pu l’imaginer. Ses années de stage l’y avaient préparé pourtant mais c’était la partie de ses nouvelles fonctions qu’il appréciait le moins. Il avait pris du retard dans la rédaction de ses rapports et se retrouvait à devoir les compléter à la maison. La maison… Depuis quand considérait-il son appartement ainsi? Sans doute depuis que Nae s’y était installée. Son univers aseptisé s’était largement féminisé. La Mizu apportait un nouveau souffle partout où elle passait et ce n’était pas pour lui déplaire.

Son attention fut bien vite  accaparée par de multiples bourdonnements de son téléphone portable. En voyant le nom de Nae apparaître sur l’écran, Ichiro fronça les sourcils. Etant dans l’appartement, elle n’avait pas besoin de lui envoyer un message. A moins que… Un fin sourire se dessina sur ses lèvres alors qu’il prenait connaissance du premier message. Sourire qui se fana bien vite remplacé par de l’inquiétude. Il était déjà prêt à foncer dans la salle de bain mais s’arrêta net. NO, wait. Might be easier by text.... Ce genre de message n’annonçait jamais rien de bon. Il craignait déjà de la perdre. Drôle de sensation alors qu’il n’arrivait même pas à mettre un mot sur ce qu’ils étaient l’un pour l’autre. So... I'm late. En retard? En retard pour quoi? Ils avaient quelque chose de prévu qu’il aurait oublié? Il se voilait la face bien sûr, son cerveau habituellement bien plus vif se  refusait à assimiler l’idée jusqu’à ce que le couperet tombe. And... I might be pregnant. Enceinte? Nae était peut être enceinte? I mean, I am. I sure am. Enceinte. Enceinte… ENCEINTE ! L’auror était à deux doigts de se laisser tomber sur sa chaise. Il n’avait pas prévu ça. Comment était-ce possible? Oh bien sûr, il savait très bien que c’était possible mais il faisait preuve de prudence. Toujours. Enfin… presque toujours. Leurs retrouvailles après les épreuves du tournoi lui revinrent en mémoire et il retint un juron. Pianotant sur son téléphone, il envoya un message à Nae sans vraiment trop savoir ce qu’il écrivait avant de se ruer vers la salle de bain. Vers elle. Car elle était la seule chose qui comptait. Il était perdu, confus mais il sentait que sa place était à ses côtés. Il serait là pour elle. Toujours. Quoi qu’elle décide de faire. Même s’il n’avait pas la  moindre foutue idée de comment s’y prendre. Il serait fort. Pour elle. C’est dans cet état d’esprit qu’Ichiro ouvrit la porte pour se retrouver face à une Nae plus vulnérable que jamais. C’était la première fois qu’il la voyait ainsi. Comment pourrait-il lui en vouloir? Elle n’était pas plus que lui responsable de cette situation. Il se contenta donc de la prendre dans ses bras, sans un mot. Lui communiquant ainsi force et chaleur. Ses mains se perdirent sur son dos et dans ses cheveux, rassurantes. “I’m here. Don’t worry. We’re on this together.” Ensemble. Un mot qui leur va bien au fond. Un mot qu’ils ont pourtant évité, enterré. Caché dans un coin comme un vilain secret relégué au fond d’une malle. Caché derrière d’autres appellations. Colocataires, amies. Petits mensonges pour cacher une réalité terrifiante. Elle l’avait ensorcelé et ce que son coeur savait déjà, son esprit peinait encore à le verbaliser.

I was so afraid, but your arms made everything feel safe

C’est son monde qui s’écroule alors que ses yeux fixent les deux barres sur le test. Comme lorsque la fin annonce sa fin, elle voit les souvenirs défiler dans son esprit. Elle voit les hommes, ceux par qui elle se sent vivante, qui défilent et lui disent qu’elle est belle. Elle se souvient de toutes les occasions où son corps lui a permis d’accéder aux avantages de la haute société à laquelle elle n’appartient pas. Elle se revoit jeune, au bord de l’océan, à observer les vagues jusqu’à ce que le sommeil soit trop grand pour qu’elle résiste. Elle s’imagine se réveiller, au même endroit, le corps engourdi et recouvert de sable, son père toujours absent. Elle se souvient des repas cuisinés, ou plutôt des ramens réchauffés, pour nourrir son frère aujourd’hui disparu. Et elle se voit mentir, encore et toujours, sur la vie qu’elle mène lorsqu’elle n’est pas à l’école. Elle ment, elle vole et elle s’en sort. Elle achète des vêtements et profite de sa puberté pour commencer à mentir. Aux garçons d’abord, puis aux hommes. Elle choisit les plus riches, les plus dociles. Ce n’est qu’à travers leurs regards et leurs désirs qu’elle a pu se sortir de la misère, sans eux, elle ne sait pas qui elle est. Un désastre d’angoisses et de traumatismes, sans doute.

C’est toutes ces choses qui tournent dans sa tête lorsque la porte s’ouvre. Et lorsque Ichiro apparaît, tout s’arrête. Il n’y a plus que lui. Il n’y a plus que la réaction de cet homme qui importe. Sera-t-il en colère de savoir qu’elle le piège, malgré elle ? Pensera-t-il qu’elle l’a fait exprès ? Ils ne se connaissent pas si bien après tout, n’ont jamais discuté de leurs croyances, de leurs envies. Ils ne sont même pas vraiment un couple.  Croira-t-il qu’elle ne cherche qu’à l’épouser, par tous les moyens ? Qu’elle veut profiter de lui et de son argent ? Elle attend des reproches qui ne viennent pas, qui ne viendront jamais. Les bras d’Ichiro l’enveloppent et soudain, les vannes s’ouvrent. Les larmes se mettent à rouler sur les joues de Nae, d’abord en silence, puis les sanglots deviennent difficiles à dissimuler. Le front contre le torse de l’auror, Nae glisse à son tour ses bras autour de lui, serrant aussi fort qu’elle le peut. Il lui faut de longues minutes pour cesser de pleurer mais pour une fois, elle ne cherche pas à fuir. Pour une fois, elle accepte qu’il voie ses faiblesses.

Sa prise se relâche lentement, elle ramène ses bras entre leurs corps pour essuyer ses larmes, remettre ses cheveux en place. Puis ses mains se posent sur le torse de son amant, remontent jusqu’à ses joues qu’elle tire doucement vers elle pour réclamer un baiser. « Together… » répète-t-elle, comme un mirage. Les angoisses reviennent cependant, sournoises, et elle s’empresse de lister les options. « I didn’t do it on purpose, I swear ! I don’t… I don’t understand… But it’s here and I have no idea what to do… I can’t be a mom, I’d be a terrible mom, I never had one, how could I be one ? » Les mots qui ne parvenaient pas à sortir s’enchaînent désormais et emportent avec eux des confessions qu’elle ne pensait jamais faire. « You don’t have to stay if you don’t want it… Maybe we should just… make it go ? Do you even want to be a dad ? We never talked about that… we never talked about anything ! » Encore et encore, les craintes s’échappent de ses lèvres et pour les faire taire, elle vient quémander un nouveau baiser. « I want you to want me, more than anything… more than anyone » finit-elle par dire. C’est la seule certitude qui se dessine dans son esprit : elle a besoin de lui.

I am here to love you, to hold you in my arms, to protect you

Face aux pleurs de Nae, Ichiro était désarmé. Il aurait tout donné pour apaiser ses craintes. Trouver les bons mots pour la rassurer. Pourtant, lui-même se trouvait désarçonné par la nouvelle qui venait de leur tomber dessus. Aussi resta-t-il un moment silencieux. Berçant la Mizu dans une étreinte qu’il voulait apaisante. A aucun moment il n’envisagea de l’abandonner. L’idée ne l’effleura même pas. La seule chose à laquelle il pensait, c’était à la protéger et au fait, qu’au fond, il avait déjà failli à cette mission. Car, si elle tremblait contre lui et versait toutes les larmes de son petit corps, c’est que dans un moment d’abandon, il avait oublié de se protéger. Il s’en voulait de l’avoir placée dans une telle situation. Pas parce que son monde à lui allait changer, mais parce qu’il bouleversait à jamais le sien. Il la serra un peu plus contre lui, essuyant délicatement de ses pouces les larmes qui ne semblaient plus vouloir s’arrêter. Son âme se déchirait de la voir dans cet état. Il se sentait si impuissant. Pour quelqu’un habitué à être toujours en action, à toujours trouver des solutions, il n’y avait rien de plus tragique que de ne savoir que faire pour soulager l’être aimé. Les sanglots de Nae étaient comme autant de coups de poignards. Il laissa le torrent de ses larmes inonder son tee-shirt alors qu’il passait un bras sous ses jambes pour la ramener encore un peu plus contre lui. Comme s’il cherchait à ce qu’elle se fonde en lui pour aspirer toute sa tristesse.

De longues minutes passèrent ainsi dans un silence seulement entrecoupés des pleurs de la jeune femme. Les mains d’Ichiro dessinaient des cercles apaisants sur son corps. Contrairement à d’habitude, il n’y avait rien de sensuel dans cet échange mais il n’en remuait pas moins l’Auror.

Nae se mit d’un seul coup en mouvement, s’écartant un peu de lui pour réclamer un baiser qu’il lui offrit sans hésiter. C’était un baiser doux, apaisant. Bien loin de leurs échanges possessifs habituels. “Yes, Together.” Il répétait cette phrase pour bien lui faire comprendre qu’il serait là. Avec elle et qu’elle n’était pas seule. “I know. I know. I was there too. It takes the both of us to happen.” ses deux mains vinrent se placer de part et d’autres du visage de Nae. “Right know I have no idea either but we will figure it out. You and I. No need too ruch, okay? It doesn’t matter if you never had a mom, I barely had a dad.”. Son père représentait tout ce qu’il ne voulait pas devenir. “You won’t get rid of me that easily.” Le Kaze choisit avec attention les mots qui quittèrent ensuite sa bouche. Il sentait que ces quelques phrases allaient sans doute changer à jamais son destin. “But I want to stay ! It’s your body, your decision and I won’t pressure you into anything but… I’ll be there every step of the way to help whatever you decide. We’ll talk about it anytime you want. We can talk about anything, anytime you want. I’ve always wanted to be a dad… someday. And if that someday is sooner that I expected well… if it’s with you, I’m fine with it.” Ichiro décida de faire taire ses craintes d’un baiser brûlant, possessif. “Don’t you know that already? I never wanted anyone like I want you. You’re the only one I want.” Sans doute aurait-il dû le verbaliser bien plus tôt mais, cela faisait des mois qu’il ne voyait plus qu’elle. Elle s’était imposée comme le centre de son univers sans même qu’il ne s’en rende compte et il n’était pas prêt à la lâcher. Jamais.

I was so afraid, but your arms made everything feel safe

A-t-elle déjà pensé à devenir mère ? L’idée s’est-elle déjà présentée avant aujourd’hui? Nae est incapable de répondre. Elle ne croit pas avoir déjà réfléchi à ça. Elle était trop occupée à tenter de survivre, trop occupée à s’occuper de son frère, d’elle-même. Veut-elle avoir des enfants ? Il est sans doute un peu tard pour réfléchir à ça. Pourtant déjà les mauvais côtés de la maternité s’imposent à elle. Elle n’aura plus de temps, elle grossira, elle ne sera plus la priorité aux yeux de ceux qu’elle aime. L’enfant le deviendra. Sera-t-elle en mesure de supporter de passer au second plan, elle qui ne vit qu’à travers le regard des autres ? Les mots rassurants d’Ichiro parviennent presque à la convaincre que tout ira bien. Lorsque son regard mouillé se plonge dans celui de l’auror, Nae y trouve le calme et l’assurance dont elle manque. Elle ne se rend pas compte que tout est feint, qu’il n’est pas plus assuré qu’elle. Peut-être fait-elle exprès de ne pas réaliser que les doutes habitent aussi son aîné, parce qu’elle a besoin de trouver en lui le pilier qui la soutient. « I don’t know… » confesse-t-elle en baissant le regard vers ses mains qui trônent encore sur le torse de son amant. « I mean… I know you want me, but I don’t know if you want me » continue-t-elle, appuyant sur la répétition. Elle a confiance en le fait de lui plaire, en le fait d’être désirée physiquement. Ses angoisses l’empêchent de réaliser qu’il la désire aussi profondément, dans son entièreté.

« I… don’t think I ever thought about being a mom… » dit-elle, reculant un peu pour aller s’asseoir sur le bord de la baignoire, se sentant soudain fébrile. « I always had to take care of myself on my own. I mean, myself and my brother. Our parents weren’t there… because my mother liked being a woman to random men more than being a mom, because my father loved drugs more than us… I don’t know if I’m ready to take care of someone else… someone that I’ll bring into this world. » Nae ose dire tout ce qu’elle n’a jamais dit. Elle ose se confier sur ses secrets les mieux gardés. Elle ne regarde pourtant pas Ichiro, serait incapable de continuer si elle croisait son regard. « I’ll have to stop playing quidditch for a while… I’ll have to take a leave of absence from college… I don’t even like my studies… maybe I should just.. stay home… look for a real job.. I mean… I can’t keep on with mine… Can I ? » Elle a déjà pensé à arrêter de travailler, à supprimer son compte OnlyWiz, à rompre avec ses daddies. À rompre avec le seul qui reste après qu’elle ait cessé de leurs répondre car elle n’en avait plus le goût, trop occupée à tenter de séduire l’homme avec qui elle vit. Elle n’en a pas parlé avec Ichiro cependant, pas encore. Elle ne veut pas lui donner l’impression de vouloir vivre à son crochet, plus maintenant qu’elle ajoute un enfant sur la table.

« I want you. I just want you. I want everything that comes with you. And I… I think that means I’d want it too…» continue-t-elle, sans encore parler de bébé, sans oser. Du bout des lèvres, elle admet que l’idée ne la dérange sans doute pas tant, qu'elle est prête, au fond, à fonder une famille. Leur famille.

I am here to love you, to hold you in my arms, to protect you

Ce serait mentir que de dire que l’idée même de devenir père lui était étrangère. Non pas qu’il ait envisagé la chose de manière pratique mais plutôt parce qu’il avait été élevé dans l’optique de perpétuer son nom. L’aîné des Hitoshi se devait de transmettre son nom, d’autant plus que l’héritière s’était révélée être de sexe féminin. Son père n'avait toujours pas encaissé l’outrage. Cela faisait des années qu’Ichiro subissait la liste infernale de prétendantes acceptables suivant les désidératas de ses parents. Il n’y avait jamais vraiment prêté attention mais la graine était plantée depuis son enfance. S’il n’était pas prêt psychologiquement, il l’était culturellement. Il avait été formaté ainsi. S’installer dans la société, réussir, fonder une famille. Le tout en préservant le nom irréprochable des Hitoshi. Les deux premières options l’avaient coupé de toutes relations sérieuses. Avant elle. Avant Nae. Tout n’avait fait que s’accélérer depuis qu’elle était entrée dans sa vie, fracassant ses défenses avec une aisance surnaturelle. Il ne pensait pas se retrouver un jour dans cette situation. Naïvement, il avait toujours cru se marier d’abord et avoir des enfants ensuite. Il n’avait jamais été négligeant auparavant. Il s’était toujours protégé. Il n’y avait qu’avec elle qu’il s’était oublié. Une perte de contrôle qui avait semblait-il engendré une conséquence inattendue. Il ne pouvait pourtant pas le regretter. Peut-être était-ce là l'œuvre du destin pour l’obliger à regarder ses sentiments en face. Pourtant, le futur père restait terrifié face aux inconnues que cette nouvelle situation engendrait. Lui qui aimait tout planifier se retrouvait complètement désarmé. Il se devait néanmoins d’être fort. Pour elle. “I want you, all of you. Not only your body but your soul too. I loved that you sneaked pictures into my apartment even before you came to live here with me. I love seeing all your girl stuff in my bathroom and all the little changes you’ve made in this place so it could be yours too.” And more importantly, I love you. Il aurait voulu dire ces mots, ces trois petits mots, huit lettres, pour tout changer, mais ils restèrent coincés dans sa gorge. Tout son être le criait mais il ne parvint pas à les prononcer. Pour l’une des premières fois de sa vie, Ichiro avait peur. Peur de la réaction que Nae pourrait avoir. Peur de lui même aussi. Ichiro comprenait les craintes de la jeune femme. Lui aussi craignait de ne pas être à la hauteur dans son rôle de père. Les hommes de sa famille étaient très loin d’être des pères modèles et il avait peur de leur ressembler. Il la laissa parler, lui exposer son passé et ses vulnérabilités. Il s’assit à ses côtés sur le rebord de la baignoire, l’attirant contre son épaule en une étreinte protectrice. “You’ll be a wonderful mom. I’ve seen you with Bae and Brekker. Fierce and protective. You have all that in you already. All that you experienced, it made you strong. The strongest woman I know. And you’re not your parents. Just like I’m not mine. They were there but my siblings and I, we were more like… investments than children. We’ll both learn. Together.” C’était une aventure lors de laquelle ils ne pourraient réellement compter que sur eux mêmes. Ils avaient bien des choses à se dire, l’un comme l’autre, sur leurs blessures, sur leurs espoirs. Ils auraient toute la vie pour ça. “I will not force you to leave your job. Cause it’s your choice. Of course, I’d rather have you for me and only me but… It’s your decision. I’m here, every step of the way and you don’t have to work at all if you don’t want to. I’ve enough savings for a lifetime. ” Il avait hérité de terres et d’argent grâce à un grand oncle qui avait, lui aussi, échoué à devenir héritier. Il avait également mis de côté une bonne partie des allocations mensuelles qu’il recevait de son paternel tous les mois car son alternance au bureau des Aurors suffisait à subvenir à ses besoins. Il aurait pu vivre de ses rentes s’il l’avait souhaité. Il pouvait subvenir aux besoins d’une famille. De leur famille. Et alors que Nae acceptait l’idée qu’il puisse réellement en devenir une, il se laissa glisser au sol, agenouillé devant elle avant de poser une main protectrice sur son ventre “Then, we’re doing this. We’re really doing this.” Après quelques secondes d’émerveillement, il se redressa pour mieux capturer les lèvres de Nae, la future mère de ses enfants, tout en ayant au fond de son coeur la certitude d’être exactement là où il devait être.