jour meilleur (haruka)

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] jour meilleur ;; 01.01.2022 Natsuki était dans sa chambre, en train de regarder son fil d’actualité Instagram. On aurait pu s’attendre à ce qu’elle soit plutôt en train d’étudier, mais Natsuki s’était interdite de le faire aujourd’hui : après tout, c’était le premier janvier et elle avait passé un long repas avec sa famille et la famille de son fiancé. Un calvaire qu’elle avait difficilement senti passer, mais la voilà enfin rentrée chez elle, tranquille. Seule dans l’appartement, Mona absente (sûrement à s’amuser en ville ou chez quelqu’un d’autre), elle ne s’en souciait pas plus que ça, quand bien même elle aurait aimé s’affaler dans les bras de Mona et se plaindre à elle de tout ce qui s’était passé. Mais puisqu’elle n’était pas là, elle se contentera de ravaler ses plaintes comme elle le faisait toujours, et de faire comme si de rien n’était, que le passé appartenait au passé et uniquement au passé.

Et puis, elle tomba sur une publication que Haruka avait lui aussi aimée. Haruka… Elle sourit légèrement, cliquant sur son nom, tombant sur son profil Instagram. L’ambiance entre eux avait changé depuis qu’ils s’étaient embrassés. Leur relation était devenue plus intime et ils étaient encore plus proches l’un de l’autre. Bien sûr, tout ça se faisait en secret, sinon tout exploserait dans leurs familles respectives et ce n’était pas ce que Natsuki voulait. Certes, elle voulait être heureuse avec Haruka mais elle voulait aussi préserver la stabilité de leurs deux familles (sauf que les deux étaient incompatibles).

Alors qu’elle était encore sur le profil de Haruka, elle entendit sonner à la porte. Qui ça pouvait être ? Ce serait une grande coïncidence si c’était aussi Haruka, mais tout comme elle, il devait avoir passé une longue journée en présence de sa famille. Il devait sûrement être rentré chez lui, trop fatigué. Elle lui avait envoyé un SMS lui souhaitant une bonne année et lui avait demandé comment ça allait, mais il ne lui avait pas répondu. Sans doute trop occupé, et elle comprenait.

Se levant de son lit, elle vint à la porte et l’ouvrit. « Yes- » Le reste de sa phrase se perdit dans sa gorge alors qu’elle reconnut la silhouette. « Haru ? » D’ordinaire, ça lui aurait fait plaisir de le voir (et c’était vrai, ça lui faisait toujours plaisir de le voir) ; mais là, il y avait une teinte dans son regard que Natsuki n’aimait pas. « Haru, what’s wrong ? » L’inquiétude croupit dans son estomac et elle se mit à imaginer tous les scénarios possibles qui auraient pu lui être arrivés aujourd’hui (est-ce que sa famille était finalement au courant de sa relation avec Natsuki et lui disait de couper les ponts, une nouvelle fois, et Haruka venait la voir pour la dernière fois ? Ou est-ce que sa famille avait compris que c’était lui qui avait poussé à faire l’article sur la famille de son fiancé et l’avait puni pour ça ? Ou alors, est-ce que—

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[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] jour meilleur ;; 01.01.2022 Les pas sont lourds sur le sol. Autour de lui, les gens s’amusent ; minuit est passé, la nouvelle année vient d’être sonnée et bon nombre de jeunes, sortis pour s’amuser, sont déjà complètement ivres. Ils passent à côté de Haruka sans le remarquer. En tant normal, il aurait eu tendance à être des leurs, à célébrer le nouvel an, avec sa famille ou avec des amis, parce que tout est une bonne excuse pour faire la fête et oublier les problèmes. Ce soir, cependant, sa tristesse est telle qu’aucune fête ne lui permettra de l’oublier — et de toute façon, il est tellement sidéré qu’il n’y pense même pas. Ce qu’il vient de vivre, le visage de sa mère, de son père, de ses grands-parents, tout lui revient en tête ; et leurs mots, et leur ton.

Il n’a pas envie de rentrer chez lui, parce qu’il se dit qu’il y a peut-être Tian Yi. Les chances sont minces, il sera sans doute parti célébrer le nouvel an chez quelqu’un — mais elles ne sont pas non plus complètement nulles. Il n’a pas envie de le voir, de le confronter. Ce n’est pas qu’il est en colère contre lui, bien au contraire. S’il voyait son visage, sa culpabilité le dévorerait en entier. Il se sent coupable de sa situation, responsable des actes de son père, et il a honte, tellement honte, d’être un Yanagi — plus honte que jamais. Tellement honte de son nom.

Au bout d’un moment, qui pourrait être deux heures ou vingt minutes, il prend son téléphone pour vérifier l’heure. Il devrait peut-être appeler un hôtel qui aurait de la place pour lui, mais il doute que ça soit possible. Le soir du nouvel an, les hôtels seront forcément remplis. De toute façon, l’idée s’envole quand il voit le prénom de Natsuki sur l’écran. Ses doigts ouvrent le message avant que son cerveau réalise, et à la lecture de ces derniers, il a l’impression d’avoir avalé quelque chose de dur et de froid. Ses yeux brûlent un instant, mais il n’a même plus l’énergie de retenir les larmes, alors elles se mettent à couler, et les mots de la jeune femme deviennent flous.

Il ne sait pas exactement quand il a pris le chemin vers chez elle, mais au moment où il sonne à sa porte, il se demande pourquoi il a pris cette décision. Il n’a pas envie qu’elle ait de la peine pour lui. Elle a déjà bien assez de souci, elle a probablement elle-même passé un moment long et désagréable avec sa propre famille. Il ne fait pas demi-tour pour autant ; il n’a nulle part où aller, et il a envie d’être là, de la voir. « Hi » est la seule réponse qu’il offre à sa question ; il va lui en parler, il veut lui en parler, mais il ne trouve pas les mots. Et puis lui en parler, là, sur le seuil de sa porte, ce n’est pas le meilleur cadre. « Don’t worry, it’s okay. Can I come inside ? » Il n’arrive cependant pas à afficher un sourire pour la rassurer, alors il se contente de rentrer quand elle l’invite à le faire. Il se déchausse, lentement, enlève son manteau, aussi. Chacun de ses gestes est las. Il ne pleure plus, mais ses yeux sont secs, ses paupières lourdes, et il a toujours cette boule dure dans la gorge. Il ne prononce pas un mot jusqu’à ce qu’elle lui propose de s’asseoir. « I’m sorry, I didn’t answer to your texts. Happy new year ! » Mais la joie est mal jouée, et il en a parfaitement conscience.

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[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] jour meilleur ;; 01.01.2022 Elle connaissait Haruka, Natsuki. Les détails de son visage, elle les connaissait par cœur. La manière dont ses yeux brillaient quand il était content, le petit sourire qui venait à ses lèvres uniquement lorsqu’il était embarrassé, le léger haussement de ses sourcils quand il recevait une réponse à laquelle il ne s’était pas attendue… l’expression ferme qu’il gardait lorsqu’il allait mal, mais qu’il ne voulait pas le dire. Ses yeux étaient moins étincelants que d’habitude, ses lèvres un peu plus plissées entre elles, la courbure de ses sourcils plus prononcée. C’était des petits détails qu’elle avait remarqué depuis longtemps et qu’elle avait retrouvé lorsqu’ils avaient repris contact, et d’un côté ça la rassurait de voir qu’il n’avait pas perdu ces petites habitudes, de l’autre ça lui faisait mal de voir qu’il allait mal. Qu’est-ce qui avait bien pu se passer ? Elle voulait qu’il lui dise, qu’il s’appuie sur elle, qu’il pleure s’il le souhaitait… mais il préférait dire que tout allait bien. Tout allait bien, mais il ne souriait pas. Il n’avait même pas la force de sourire.

Natsuki, elle, puisa dans le peu de force qui lui restait de cette longue journée et adressa un sourire à Haruka alors qu’elle le laissait rentrer. « Of course. » Refermant la porte derrière lui, elle le regarda se défaire de son manteau dans des gestes lents qui ne lui ressemblaient pas. Elle releva de nouveau le regard sur son visage, plus las que jamais. Qui l’avait mis dans un état pareil ? Était-ce sa famille ? Pourquoi ? Elle se sentait brûler de frustration, à cause de cette injustice dont ils étaient victimes tous les jours. Elle les détestait tous et si elle en avait le courage, elle aurait pris la main de Haruka et serait partie ailleurs (mais elle était trop peureuse et surtout, elle n’oserait pas abandonner son monde pour Haruka).

Remarquant qu’il avait fini de se déshabiller mais qu’il n’était pas allé s’asseoir de lui-même, elle le dépassa et s’assit, tapotant la place à côté d’elle. « Come sit. » C’était étrange, Haruka n’avait rien dit du tout alors que c’était un moulin à paroles d’habitude et en plus, il était toujours le premier à s’asseoir parce qu’il avait des tonnes de choses à dire, les yeux éclatants. Aujourd’hui, Natsuki ne trouvait pas cette étincelle dans son regard, et ça la brisait. Pas d’étincelle non plus dans sa joie surjouée, un happy new year qui sonnait creux, las. Malgré tout, Natsuki joua la comédie, et sourit. « It’s fine, you’re here now. Happy new year, Haru. » Elle l’observa pendant quelques secondes avant de lever sa main pour poser ses doigts sur sa joue, caressant du pouce sa pommette. « Why do you look so sad, though ? You love new years. » Haruka était un amoureux des fêtes et Natsuki les adorait parce qu’elle aimait voir Haruka sourire (ainsi que tous ses autres amis, bien sûr ; mais le sourire de Haruka avait toujours eu quelque chose de spécial). Alors elle lui tendait la perche, qu'il pouvait prendre s'il voulait parler et pleurer, mais s'il ne voulait pas, ce n'était pas grave. Ils regarderaient un film sans doute, sur ce canapé, et oublieraient tous leurs tracas, lovés l'un contre l'autre, la chaleur de l'autre comme pansement.

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[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] jour meilleur ;; 01.01.2022 Les traits de son visage sont tendus à cause de la force qu'il utilise pour ne pas fondre en larmes. Chaque mot qu'il prononce est un travail sur lui-même pour que sa voix ne tremble pas trop, pour ne pas exploser en crise de sanglots. Il ne sait pas vraiment pourquoi il fait tant d'efforts, cependant, parce qu'il est évident que Natsuki a déjà compris. Elle n'en dit rien et il lui en est reconnaissant, car il sait que la moindre question le fera craquer, mais il sait qu'elle a compris. Il sait qu'elle a compris dès l'instant où il était sur le seuil de sa porte, sans aucune raison. Mais Haruka n'est pas habitué à transmettre ses émotions négatives aux autres, encore moins à celle qu'il aime, parce qu'il est bien conscient que sa vie à elle est plus difficile et il ne veut pas devenir une couche supplémentaire de négatif pour elle. Malgré tout, c'est ici qu'il a trouvé refuge ce soir. C'est ici que ses pieds l'ont amené, et il sait pourquoi.

Il suit Natsuki et s'assied, tandis que les secondes de silence s'étirent entre eux, parce qu'il n'a pas la force de répondre. Il a le regard baissé, ses yeux perdus dans le vide, et ne répond rien, même aux mots rassurants de la jeune femme. Il aimerait dire quelque chose, quoi que ce soit, parce qu'il lui est reconnaissant de dire que tout va bien maintenant qu'il est avec elle, mais précisément parce que ce sont des mots qu'il avait besoin d'entendre, il sent les larmes affluer dans ses yeux et ravale avec grande difficulté ses sanglots. Il en a mal à la gorge, tellement ça lui demande d'effort, et il réalise qu'il a fait tout ça pour rien à l'instant où il sent la main de Natsuki caresser sa joue. Automatiquement, le visage de Haruka se tourne vers elle et leurs regards se croisent, et alors ni ses lèvres serrées, ni ses sourcils froncés ne suffisent à étouffer les larmes. Il n'a plus de contrôle sur quoi que ce soit, la vague l'envahit, le transporte, le submerge, et, pour toute réponse, il fond en larmes. Il ne sait même pas depuis quand il retient ses larmes, peut-être depuis qu'il est rentré ici, ou peut-être depuis des heures, depuis l'instant où la soirée s'est détériorée.

Sa tête trouve naturellement refuge dans le creux de l'épaule de la sorcière, peut-être pour cacher ses larmes, ou juste parce qu'il a besoin de la prendre dans ses bras. C'est d'ailleurs ce qu'il fait, tandis que ses bras passent autour de sa taille et qu'il la sert fort contre lui. "I do… I do love new years" confirme-t-il dans un murmure entrecoupé de sanglots. "There's a lot of things going on with my family nowadays that I haven't told you yet, and, it just, exploded tonight." explique-t-il, les explications sont vagues, mais il a besoin de se calmer avant de vraiment commencer le récit sur Tian Yi et sur tout ce que ça implique. "I'll tell you everything. Give me just a second…" quémande-t-il, maladroit, incertain.

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[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] jour meilleur ;; 01.01.2022 Au moment même où Haruka fondit en larmes, Natsuki sentit tout exploser en elle. Un verre explosant sous la pression. Un barrage cédant face à la force du courant d’eau. Un château de sable se faisant engloutir par les vagues. Un tsunami se déchaînant sur les côtes. Il y avait tout, trop, trop de sentiments, de surprise, de tristesse, de frustration, de désespoir, trop, trop, trop, et ce fut à son tour d’avoir une boule à la gorge en sentant Haruka pleurer contre elle. Haruka, c’était le garçon solaire, le garçon qui souriait toujours, au rire bête mais à l’air si attachant. C’était de ce garçon soleil qu’elle était tombée amoureuse, pour qui elle avait versé tant de larmes, espérant l’atteindre : à force de pleurer, ses larmes fondues dans la terre avaient fait pousser un arbre, un arbre ayant poussé si haut qu’il avait enfin effleuré la surface du soleil, et les voilà liés à jamais. Mais, voilà : un soleil ne pouvait pas pleurer parce qu’il brûlait, normalement. Il brûlait de joie, brûlait de bonheur, brûlait de rires, brûlait d’énergie ; il ne brûlait pas de larmes. Un soleil qui pleurait, c’était un soleil qui mourait, et toute la terre mourait si le soleil arrêtait de briller. Natsuki, c’était comme ça qu’elle se sentait : une fleur fanée, un arbre flétri, une terre sèche. Toutes les feuilles étaient tombées au sol et il n’y avait plus que des branches minces, à l’allure fragiles et ridées. Natsuki, sans le sourire de Haruka, elle mourait aussi avec lui.

Alors elle ferma les yeux et s’immergea dans les émotions de Haruka, le serra fort en retour, espérant peut-être le serrer suffisamment fort pour que les morceaux de son cœur se remettent à leur place et reforment le cœur heureux qu’elle connaissait de Haruka. Elle caressa son dos, l’écouta pleurer, expliquer vaguement ce qui se passait. La famille, toujours la famille. Si elle pouvait faire disparaître leurs deux familles à tous les deux, ça l’arrangerait (mais en même temps, c’était renier une partie d’elle ; sans sa famille, qu’est-ce qu’elle était, Kujou Natsuki ?). « Okay. Take your time, » murmura-t-elle, continuant de frotter le dos de Haruka dans des gestes réguliers pour espérer le calmer. Et elle resta contre lui, silencieuse, le laissant parler en premier, quand il serait prêt. En attendant, elle ne le lâcherait pas, continuerait à caresser son dos et à rester auprès de lui : parce que c’était comme ça, que la Terre aimait le Soleil (même sans le Soleil, la Terre continuait de tenir debout jusqu’à ce qu’il revienne ; comme ça qu’elle survivait les nuits sans lui).

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[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] jour meilleur ;; 01.01.2022 Les bras de Natsuki ont toujours été réconfortant pour lui. Quand il était enfant, c’était déjà là qu’il calmait ses caprices et ses tristesses, et il remarque que les choses n’ont pas changé malgré le temps qui passe. Il se sent déjà mieux quand il est contre elle, bien que les larmes continuent de couler, peut-être précisément parce qu’il est enfin libre de pleurer. La vague d’émotion explose, emporte dans son élan, puis perd en force petit-à-petit, jusqu’à n’être plus qu’un faible courant à peine perturbant. Ce n’est qu’alors qu’il prend la parole, sans pour autant s’éloigner, parce qu’il n’a pas envie de quitter ses bras ni qu’elle arrête de lui caresser le dos. « I don’t know where to start » murmure-t-il, d’une voix brisée, mais au moins, les sanglots se sont arrêtés.

Finalement, il estime que de telles confessions devraient se faire en se regardant, alors il s’éloigne à contre coeur, se redresse pour croiser son regard. Les mains qu’il avait serrées autour de la taille de la jeune femme se posent sur les mains de ses dernières, il les sert comme un homme à l’eau serrerait une bouée pour ne pas noyer. « I don’t even remember when it started exactly. A few months ago. » Horrifié par sa propre voix, il se racle la gorge, prend une grande inspiration. « My mom discovered that my father sent money to someone very month. Of course, we both know this isn’t something surprising, since he probably make illegal affairs with a lot of people. Except, this time, my mother had no idea whom he sent it to. But what really worried her is that she only noticed now that he has been sending the same amount of money to that person for years. Not four or five years. More like… twenty years. » Jusqu’à là, le récit ne lui paraît pas difficile. Quand sa mère lui a confié ça, il s’est dit que c’était sans doute une énième magouille, quelque chose de très gros, sans doute — probablement quelqu’un qui menace de révéler des choses sur son père s’il ne lui verse pas une somme d’argent tous les mois — mais rien qui ne change des horreurs habituelles.

C’est là qu’il s’est trompé. « Well, she was afraid to look into it. Because she’s afraid of my father, and probably even more scared to discover what it may be. So she asked me to do it. » C’est là que le récit déraille, et inconsciemment, Haruka se met à tripoter nerveusement les mains de la jeune femme dans les siennes. « I paid someone to discover the identity of the person. My plan was to meet him, ask him, maybe use my power on him, to know what was happening. » Il pousse un soupir, puis prend une nouvelle inspiration. « Until I was told that the person was no other than my roommate. Huang Tian Yi. » annonce-t-il, voix tremblante, mais le regard fixe. « So many thoughts went through my head. It made no sense. When I thought I imagined all the possible scenarios, I confronted Tian Yi to know how he knew my father, and why my father has been sending him money every month. At first, he denied. » Nouvelle pause. « Then, one day, he finally told me something that I could never have imagined. He told me that my father was also his father. » Étonnement, sa voix reste neutre quand il dit ça, comme s’il racontait l’histoire de quelqu’un d’autre. Comme si ce n’était pas précisément le début du problème. « Of course, I didn’t trust him, so he let me use my powers over him, and he wasn’t lying. And I could have thought he was wrong, you know : maybe he’s not lying, maybe he thinks it’s true, while it’s not. But suddenly a lot of things made sense. My father is not someone who sends so many money to anyone, for no reason. He would prefer destroying someone than sending him money. It also explained why he never told my mom about it. And… well, I did see some memories of Tian Yi, memories of his mother, and she told him the name of his father. » Il se rend compte que son récit devient brouillon, alors il marque une pause. « I’ve know this for a few weeks, but I couldn’t tell you about it. I’m sorry. » déclare-t-il, en baissant la tête d’un air coupable.

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[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] jour meilleur ;; 01.01.2022 Les yeux fermés contre Haruka, elle continuait de caresser son dos, traçant des cercles réguliers, s’occupant de le calmer comme elle avait toujours eu l’habitude de le calmer, depuis qu’ils étaient enfants et qu’il courait dans ses bras pour pleurer à chaudes larmes. À l’époque, si c’était à cause d’une blessure bénigne sur la jambe, aujourd’hui, c’était différent. C’était une blessure interne qui saignait tellement que Haruka n’était plus capable de la cacher, et il saignait alors du cœur, le sang du cœur s’exprimant par ses larmes, son regard brisé, sa voix tremblante. « It’s fine, » chuchota-t-elle en retour pour le rassurer. Elle tut toute son inquiétude pour se montrer comme la plus forte entre eux deux, pour que Haruka puisse se reposer sur elle, compter sur elle. Que le soleil pleure ; le tournesol absorbera toutes ses larmes, aspirera sa tristesse.

Finalement, Haruka se détacha d’elle et Natsuki croisa son regard, sentant les mains de Haruka se lier aux siennes. Mêmes séparés, ils ne faisaient qu’un, et Natsuki ressentait encore plus intensément la détresse de Haruka : son regard. Oh, son regard. Si triste, si déchiré, si… fragile. Elle serra alors ses mains en retour, l’empêchant de se noyer dans ses larmes, le ramenant à la surface, le gardant avec elle, dans la réalité ((tout va bien Haru, tout va bien ; tant que tu es avec moi, tout va bien)).

Mais au fur et à mesure qu’elle écoutait son récit, elle n’en était plus si sûre. Les yeux s’écarquillaient d’horreur, la bouche s’ouvrait de terreur et la mâchoire la lâchait d’effroi.
Haruka avait un demi-frère.
Sous le choc, son corps entier commença à trembler, sa respiration s’accélérant alors qu’elle brisait le contact visuel entre elle et Haruka, secouée. Ça ressemblait à une mauvaise blague : son colocataire son demi-frère ? Et pourtant. Et pourtant. La vie était parfois bien faite, hein ? Le père de Haruka avait commis un adultère en même temps qu’il avait eu Haruka, et personne n’aurait jamais rien su si Haruka n’avait pas dû chercher à la place de sa mère. En même temps, pourquoi est-ce que Natsuki était si surprise ? Ce n’était pas nouveau que la famille de Haruka était complètement détruite, comme l’était la sienne, d’ailleurs. Les mariages aisés étaient souvent le fruit d’arrangements et que la femme et le mari ne soient pas satisfaits l’un de l’autre semblait normal, mais tromper son partenaire et faire un enfant avec ? C’était quelque chose qui dépassait Natsuki. Elle ne se permettrait pas de faire ça, elle ((mais quelle hypocrisie, Natsuki ! Si tu ne voulais pas rompre tes fiançailles et continuer malgré tout d’aimer Haruka, ne trompais-tu pas ton fiancé, aussi ?)). Natsuki n’osait pas imaginer la douleur de constater que sa famille était encore plus déchirée qu’on ne le croyait ; elle n’osait pas imaginer la douleur de Haruka. « You don’t have to be sorry, » articula-t-elle tout d’abord, le regard rivé sur leurs mains. « It’s a hard truth to accept. Even more to tell. » Elle marqua une pause. « I’m sorry this happened to you. You don’t deserve that… » Elle soupira. « Your father is really so despicable. How… How could he do that ? » Elle laissa couler quelques secondes avant de relever sa tête vers Haruka, le regardant de nouveau dans les yeux. « What are you going to do, then ? Tell your mother about it ? Oh gosh, it must be so hard to hear… I’m sorry for your mother. » Loin de la vérité Natsuki ; ah, si loin.

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[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] jour meilleur ;; 01.01.2022 Il finit par poser des mots sur ses maux et la réaction de la jeune femme ne se fait pas attendre. Il peut lire dans son visage toute l’étendue de sa surprise et de son horreur, il peut le sentir, même, parce qu’à force de la regarder dans les yeux, il a enclenché son pouvoir sans trop le vouloir. Quand il la voit trembler, s’aperçoit de combien tout ça est terrible pour elle, il sent son coeur se tordre de culpabilité. Comme si c’était sa faute, comme s’il aurait mieux fait de ne rien dire ; il savait qu’elle ne le vivrait pas bien. Alors pourquoi se soulager lui, si c’est pour lui faire du mal à elle ? Peut-il seulement dire qu’il est soulagé, maintenant, alors que son coeur se serre encore plus à l’idée de l’avoir choquée ? Une de ses mains se pose sur l’épaule de la jeune femme ; maintenant, c’est lui qui essaie de la rassurer, alors qu’il est au fond de lui complètement perdu et détruit.

Sa déclaration est suivie par un long silence, lourd de ce qu’ils ne disent pas mais de ce qu’ils ressentent. C’est trop tard pour laisser tomber le sujet, il le sait. Maintenant qu’il a commencé, il doit tout dire ; s’il se met à avoir des secrets pour elle, elle le vivra plus mal encore. Et puis, il a envie de parler. Malgré sa culpabilité, malgré l’impression d’être égoïste de partager ses poids avec elle — alors qu’elle en a déjà tellement ! — il a envie de le dire à quelqu’un, ce soir, maintenant. Il en a besoin. Il a un sourire ironique quand il entend la question de Natsuki. Il s’est longtemps demandé ce qu’il devrait faire, lui aussi. « Well, that’s not what happened » Il enlève la main de l’épaule de Natsuki, la remet là où elle était avant. Incapable de faire semblant de la rassurer, maintenant qu’il va aborder ce qui est récent, ce qui l’a vraiment mis dans cet état-là. « I… I didn’t intend to talk about it today. I didn’t know what to do. But it just happened. And I thought everyone would react like you did. Tell my father how wrong this is, how unforgivable this is. But that’s not what happened. » répète-t-il, et il marque une pause, de quelques secondes. Incapable de reconnaître ce qui s’est vraiment passé. « They all reacted as if I was the one in wrong. They acted as if me talking about it was wrong, and they said nothing to my father. Nobody seemed surprised. Not even sad. It was like… something that everyone knows, but nobody should say. » Sa voix tremble en disant ça, mais il ne pleure plus. Il n’en a même plus ni l’envie, ni l’énergie. La tempête est passée. Il ne reste plus que les débris. « So I left. Cause I can’t bear it. I can’t accept that my family… has no morals at all. » conclut-il, d’un ton dur, cassant. Parce qu’au fond, derrière la tristesse, la surprise, la déception, il y a aussi la colère.

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[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] jour meilleur ;; 01.01.2022 Quand Haruka sourit, Natsuki comprit que quelque chose n’allait pas. C’était un sourire qui avait l'air étrange, qui ne lui ressemblait pas. Un sourire rempli de sarcasme, d’ironie. « Well, that’s not what happened. » L’estomac de Natsuki se noua et elle le regarda avec inquiétude, les yeux clignant plus régulièrement, alors qu’elle sentait la main de Haruka revenir vers les siennes ; et elle les serra alors, les serra pour le réconforter du mieux qu’elle le pouvait. Puis l’horreur de la situation fut décrite, le support inexistant qu’il s’était reçu, sa famille qui l’avait blâmé à sa place. D’un coup, elle se retrouvait à sa place, elle se voyait comme lui, les regards accusateurs sur elle, les têtes secouées d’un mépris évident, et elle se retenait pour ne pas fondre en larmes.
Something that everyone knows, but nobody should say.
Natsuki se sentit soudainement immergée sous l’eau, avec l’incapacité de respirer. Elle sentait la colère grandir en elle, l’indignation intense, l’injustice la faisant presque trembler.
C’était ça, la famille de Haruka.
C’était ça aussi, sa famille.
Et elle, elle fermait les yeux sur ça, depuis tellement de temps.
Mais malgré elle, elle allait continuer,
car elle ne savait pas ce que c’était, d’ouvrir les yeux.

« That’s really disgusting. » Elle pinça ses lèvres entre elles puis ancra son regard dans celui de Haruka, la détresse se lisant sur son visage. « I’m so sorry you had to go through that. On New Year, too. Your family’s the worst. » Elle lâcha alors ses mains pour reprendre Haruka dans ses bras, le serrer le plus qu’elle le pouvait contre elle ; assez pour lui faire oublier l’horrible repas qu’il venait de passer (assez pour la faire oublier elle-même la journée fatigante qu’elle avait passée). « Let’s not think about it, okay ? Now that we’re both far away from our families, let’s spend a proper New Year, like the ones you’ve always liked. » Elle sourit légèrement puis se détacha de lui, ses mains sur ses épaules. « What would you like to do ? We can do almost anything. I’d do anything for you. » Son sourire s’étira et elle vint prendre le visage de Haruka entre ses mains avant de s’approcher de lui pour lui voler un baiser, puis elle se recula de nouveau, souriant tendrement.

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[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] jour meilleur ;; 01.01.2022 Haruka n’est pas sûr que sa famille soit la pire, comme Natsuki le dit. Elle a des défauts, c’est sûr, et elle est corrompue jusqu’aux os, mais au moins ne l’ont-il jamais obligé à faire quelque chose qu’il ne veut pas. Ils ne lui ont peut-être pas donné l’espace de protection et de repos dont un enfant a besoin pour grandir mais il n’a pas subi les maltraitances que Natsu a subies. Les quelques coups que son père lui a mis sont restés rares et il n’a jamais été fiancé de force. « Well, at least, we know why our families were so close. » commente-t-il avec une pointe de sarcasme. Deux familles horribles, voilà ce qu’elles sont. Qu’une soit pro-sang pur et l’autre non ? Ça n’a aucune importance, finalement.

Face au sourire et aux mots rassurants de la jeune femme, il se sent lui-même sourire un peu. Il ne peut pas dire qu’il se sent heureux mais il l’a trouvé ici, son espace de protection. Ici, avec Natsu, il se sent en sécurité, aimé et protégé, comme le petit garçon qu’il était et qui trouvait réconfort dans ses bras. « Yes, okay » promet-il, bien qu’il ne soit pas sûr de réussir à ne pas y penser du tout. Par réflexe, son sourire s’agrandit quand il sent les lèvres de la jeune femme contre les siennes, et il remarque que ses larmes ont séché depuis un petit moment. « Can we watch a Christmas movie ? Something really cute and cringe, with a happy ending. A movie we used to watch when we were young. » propose-t-il, réfléchissant quelques secondes. « I know ! We should watch Love Actually. » Ou plutôt le re-re-re-regarder, parce que c’est un film qu’il a vu et revu. « Can we watch it on your bed ? I think we may fall asleep through the movie » Et très vite, c’est ce qui arrive. Tous les deux allongés dans le lit de Natsuki, l’ordinateur diffusant le film qu’ils ont déjà vu une dizaine de fois, jusqu’à ce qu’ils trouvent le sommeil, l’un contre l’autre.

skate vibe, mk ; strangehell (icon)
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