isn't it lovely

isn't it lovely — 23.02.2022@lee naeun & @yanagi haruka

Ni le cocktail sucré, ni la dizaine de petits desserts sur la table ne suffisent à remonter son moral, ce qui est suffisamment rare pour être souligné. Haruka a vécu une vie pleine d'insouciance, ou du moins, il a fait en sorte de ne se soucier que de peu de choses pour ne pas se rappeler tout ce qui n'allait pas dans sa vie. Il n'est pas habitué à devoir gérer des sujets aussi sérieux et graves que l'infidélité de son père, ou la corruption de sa famille ; il pensait qu'il était prêt à tout surmonter pour sauver Natsuki, mais c'était sans compter la réaction de cette dernière, qui lui reproche à lui de faire ce qui est juste. Sur quoi s'appuyer maintenant ? Sa famille lui a tourné le dos -- ou plutôt, il a tourné le dos à sa famille --, Natsuki lui en veut, Kouta est mal-à-l'aise depuis qu'il a appris ce que Haruka lui avait payé dans son dos.

Des amis, il en a par dizaine, mais personne d'autre n'est au courant de tout ce qui se passe dans sa vie ces derniers mois, et il n'a pas le courage de leur résumer tout depuis le début. Alors, il a décidé de trouver refuge dans Sky Lounge, espérant vainement d'être réconforté par les décorations magnifiques, les cocktails divins, les desserts sucrés et le jeune artiste qui gratte sa guitare sans être vraiment remarqué par les autres clients. A défaut de vraiment trouver du réconfort, il pourra au moins se noyer dans l'alcool, comme il l'a fait il y a quelques années, quand sa famille lui a interdit d'adresser la parole à celle qui avait été sa fiancée jusqu'à là.

Un soupir traverse ses lèvres à cette pensée, tant il a l'impression de tourner en rond. Qu'est-ce qui a changé ? Qu'est-ce qui s'est amélioré ? Sa vie semble être au point mort depuis le décès de sa soeur, les bonnes choses toujours suivies des mauvaises, sans offrir de répit. "Haruka ?" Il ne reconnaît pas la voix, mais le visage qu'il croise en levant la tête le prend au dépourvu. "Na Eun !" Un léger sourire apparaît sur son visage, content de voir quelqu'un qu'il connaît, bien que ce ne soit pas non plus une amie proche. "Qu'est-ce que tu fais ici ?" Seule, en plus, mais il est mal placé pour le relever, étant lui-même ici seul.  

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(outfit + shoes + earrings) Naeun qui était arrivée au comptoir d’un pas assuré. Les talons de ses bottines émettaient un clac clac clac régulier, ne laissant transparaitre aucune hésitation quant à sa destination. Un sourire serein sur le visage, ses cheveux légèrement bouclés rebondissant sur ses épaules, elle avait accosté un des serveurs d’un naturel déconcertant. Quelques minutes plus tard, elle ressortait victorieuse, une boisson en main. Le dessert qu’elle avait commandé, accompagné d’un petit sandwich, n’allait pas tarder à arriver. Elle mourrait de faim. Avait quasi sauté le repas du midi, entre sa triple casquette d’étudiante, d’employée et de membre du seitokai. Heureusement pour son métabolisme, son entrainement godai avait été annulé dans l’après-midi : elle avait, pour dire, la fin d’e journée pour elle ainsi que l’ensemble de sa soirée.

Cherchant un endroit ou s’asseoir, histoire de combler ce vide soudain sur son emploi du temps, il lui avait semblé reconnaitre un camarade à une table : Haruka ? Échappé un peu malgré elle, néanmoins confirmé par le regard du garçon quittant elle ne savait trop quoi pour venir se plonger dans le sien.

C’était bien lui. Haruka Yanagi, étudiant en quatrième année de sciences médicomagiques et accessoirement membre du conseil des étudiants, comme elle. Les deux se croisaient souvent de par leurs nombreuses similitudes : même maison, même année d’étude, même club. Aussi était-elle familière avec ces traits doux qui semblaient s’adoucir plus encore à son contact soudain. Elle le connaissait sans le connaitre, mais était bienheureuse de le croiser ici et sensible à cette politesse inconsciente dont il faisait, à cet instant, preuve. J’étais là pour te voir, apparemment. Ri simplement, trouvant la coïncidence amusante. Je peux ? Demandé dans un geste alors qu’elle avait désigné la place à ses côtés. Elle ne voulait pas s’imposer, mais les places étaient rares à cette heure et elle trouvait tout de même dommage qu’ils n’aient jamais eu l’occasion de sympathiser.

N’était-ce pas là l’occasion ou jamais ? Eux probablement trop occupés, trop dans leur vie respective pour pouvoir bénéficier d’une telle opportunité par deux fois. Tu vas bien ? Alors qu’elle s’était installée toute proche de lui, entrant dans son intimité. Et dans ses yeux il n’y avait pas là une question de forme à laquelle personne n’attendait jamais de retour. Naeun curieuse de connaitre la réponse, dont les sentiments mi-joyeux mi-paisibles transpiraient inconsciemment tout autour d’elle. Elle était une femme comblée et sereine, bien contente d’échapper de force à la session travail qu’elle était sur le point de s’infliger avant de ne reconnaitre Haruka.

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Il acquiesce avec un sourire quand elle lui demande d’un geste de la main si elle peut s’asseoir, et comprend très vite qu’il avait besoin de quelqu’un à ses côtés. Pas forcément pour parler de ses problèmes mais au moins pour ne pas faire qu’y penser — il avait besoin de quelqu’un avec qui discuter et Naeun se présente comme la meilleure solution. Tous ses amis proches étant au courant de sa relation avec Natsuki, ils auraient forcément fini par poser la question ; Naeun, elle, lui offre la possibilité de parler d’autre chose. Peut-être exactement ce dont il avait besoin pour réussir à aborder le sujet. « C’est un honneur ! » rétorque-t-il avec humour, bien conscient qu’elle n’est pas venue ici pour espérer le croiser par pure coïncidence — ou bien, ce serait vraiment inquiétant.

La question le prend un peu au dépourvu. Pas vraiment la question en fait, mais le réel intérêt dans la voix et dans le regard, cette lueur qui montre qu’elle se soucie vraiment de comment il va et qu’elle ne demande pas ça par pure politesse. Il ne perd pas son sourire quand il lui répond, en feignant d’être nonchalant : « J’ai connu des jours meilleurs » Il aurait pu mentir, se dit-il. Il aurait pu répondre que tout va bien, éviter tout risque de questions indiscrètes, pourtant il a décidé de ne pas le faire, peut-être parce qu’il se serait senti mal-à-l’aise de mentir face à une inquiétude aussi sincère, venant de la part de quelqu’un qui n’a aucune raison de l’être.

Il montre du regard toutes les pâtisseries en face de lui, celles qu’il n’a ni eu l’envie ni la motivation de manger, et dit : « Sers-toi, si tu en veux. J’en ai commandé bien trop ». Petit rire moqueur envers lui-même, il ne dit pas qu’il a commandé tout ça en espérant trouver au moins un dessert qui lui donne le sourire. Le sourire, finalement, c’est Naeun qui lui donne. « Et toi, comment tu vas ? » retourne-t-il finalement, avec le même intérêt franc qu’elle lui a montré.