please, help me —

@Ken Shio

le palpitant ne cessait de s'affoler, de s'enfuir dans une course folle où la raison n'avait aucune place. il avait l'esprit en pagaille, le cœur dévasté par un amour qui n'avait jamais été présent, qui ne le saurait jamais. et pas tout ce qu'il devait faire ou non, tout ce qu'on l'autorisait à dire et ce qu'on lui interdisait de faire. et il se perdait dans sa chambre, oubliait presque l'espace temps dans lequel il se trouvait tant il voulait tout contrôler. mais il n'avait rien pour se trouver, n'avait rien pour s'aider, son stock de pilule m a g i q u e étant vide depuis la veille alors qu'il en avait terriblement besoin. et personne ne pouvait l'aider, personne ne pouvait venir calmer ce qu'il se passait dans sa tête. même moon n'était pas là, partie voyager en europe dans le cadre d'un échange avec d'autres étudiant.e.s en potion. et il ne voulait pas déranger baby, encore perdu dans tout ce qu'il s'était passé la veille au soir. parce que ça faisait bizarre, parce que ça faisait peur, aussi.

les pensées brouillons, le cœur perturbé, il finissait par quitter son logement. finissait par quitter les dortoirs même. il devait fuir, il devait se réfugier quelque part. il devait se perdre aussi. loin de tout, loin de tous. et il n'imaginait qu'un seul lieu possible où trouver son paradis, qu'un seul endroit où se paumer sans qu'on l'en empêche. alors le corps disparaissait en un tourbillon de fumée noirâtres, exercice appris et maîtrisé depuis des années et qu'il faisait sans même réfléchir. parce que c'était simple de se laisser aller, de voyager à travers les endroits sans avoir à se fatiguer physiquement. pourtant, c'est avec les larmes aux yeux et le cœur battant bien trop fort, qu'il apparu en pleine forêt. le chemin était connu, au point d'avancer en ayant les yeux fermés. silencieux, il s'échouait jusque devant la porte du grand manoir, frappant de toutes ses forces dessus pour être certain qu'il vienne lui ouvrir. KEN !!! KEN ! criant au point de s'égosiller, il frappait encore et encore, se perdant dans la sensation d'une perte de pensées totale, d'un esprit chaotique. please, open up !! damn it, tell me you're there !! frappant jusqu'à s'en abîmer les poings, il finissait par glisser le long de la porte, refusant de croire qu'il n'était pas là. please... open the door !!

@bang bae

Voie lactée sur ville amorphe, âmes léthargiques sous l’emprise de Morphée, l’enfer lui ne dormait jamais. Nébuleuse âcre, embruns nicotineux diffusèrent leurs effluves à travers le séjour fastueux, là où les corps avachis eurent prit d’assaut les assises tels des trônes célestes. Bribes de musique, mélodie rock répandit son anarchie, lézarda les murs et chatouilla agréablement les tympans pour fondre l’atmosphère amochée par le whisky. Quinte royale, les cartes volèrent sur la table basse, mises perdues, jackpot gagné, les rires se mêlèrent aux jurons, vainqueur écrasa d’un sourire fier ses adversaires alors que Ken, l’échine redressée, se leva, le soupir las, where you go bro ? la voix ricocha sur l’épine dorsale lorsqu’il tourna les talons pour s’en aller, la question suspendue au mutisme carnassier traduisit l'ébauche d’une réponse silencieuse. La main sur la rampe boisée, il tourna les traits autoritaires, l’iris intransigeant, let no one bother me, for any reason, ordre soumit sans l’once de légèreté, les têtes opinèrent comme à l’accoutumée, sans broncher, sans ciller, l’instinct de survie put rendre n’importe qui docile.

Silhouette farouche amorça la montée des marches jusque l’étage, carrure luciférienne affublée de satin cramoisi, kimono luxueux laisse deviner l’artifice indélébile encré dans la chair, jonche les tapis royaux et sous le claquement de porte, s’enfonce dans l’écorce d’une pièce insonorisée. Loup solitaire fit son nid sur un siège, clope éteinte au bord des lèvres lorsque les doigts gourmands effleurèrent un clavier d’une caresse prolixe, un écho, deux, puis trois. Mélopée s’éleva dans l’écrin du cocon, enlaça monotonie et amertume. Coeur carbone battit au rythme des notes latentes, jusqu’à l’arrêt brusque et hargneux. La porte s’ouvrit brutalement, galbe amicale et confuse se tint dans l’embrasure, l’expression navrée, boss, someone knocks at the door, soupir harassé, le manque cruel d’intérêt dans l’abîme de la rétine, i don’t give a fuck, now get out if you don’t wan- it’s bae. Sur le synthétiseur, les doigts moururent et d’un geste lent, la cigarette trouva refuge derrière l’oreille, start there next time. Pas une première, sans doute pas la dernière, Ken quitta le trône majestueux, déserta la tranquillité et descendit au rez-de-chaussée, le fidèle sur les talons quand il ouvrit hâtivement la porte, i’ll end up killing you bae, i hope you know that, ni une, ni deux, la poigne puissante saisit le col pour le remettre sur pieds et d’un geste nonchalant, l’incita à le suivre jusque la cuisine où il ouvrit une bouteille de bel air, convaincu qu’elle put offrir l’appui nécessaire pour épargner la mise à mort de son vis à vis, you look sad and desperate, tell me what happened and i’ll see what i can do for you.

@Ken Shio

fut un temps où il ne comprenait pas ce qu'on pouvait lui trouvait, persuadé d'avoir tous les pires défauts existants au monde tant il ne s'aimait pas, tant il avait du mal à accepter l'idée même que l'on puisse l'aimer. sûrement parce que son paternel ne cessait de répéter qu'il n'était qu'un moins que rien, juste là pour foutre la vie des autres en l'air et ôter la vie à ceux et celles qui méritaient bien plus que lui d'être en vie. alors, pendant quelques années, il était devenu un connard, un enfoiré sans cœur qui s'amusait des autres pour combler ses incertitudes, ses douleurs les plus profondes. parce que c'était plus facile de faire souffrir que de souffrir soi-même. mais il avait fini par redevenir lui-même, sa naïveté n'étant jamais vraiment partie, simplement camouflée derrière un masque d'indifférence et de froideur. il avait tenté d'égaler le patriarche bang, persuadé que cela lui permettrait d'être enfin aimé par le géniteur. mais tout n'était que poussière maintenant. aussi bien sa famille que ses relations. tout s'effondrait sous ses pieds, venant lui prouver une fois de plus qu'il n'avait pas le droit au bonheur. que son bonheur se trouverait entre des pilules et de la poudre, remède à tous les maux que le jeune enfant pouvait ressentir.

le désespoir comme principal compagnon, il s'était laissé tomber à même le sol, persuadé de ne pas trouver non plus d'aide dans les bras de celui qui lui fournissait pourtant toujours ce dont il avait besoin. mais la porte s'ouvrit et, n'ayant même pas le temps de réagir, il se faisait choper pour être relevé de force. " — ken..." il était tenté de lui dire de le faire, de mettre fin à ses souffrances pour enfin cesser de se perdre dans les abimes d'une douleur qu'il n'avait jamais voulu ressentir. le suivant machinalement, le regard posé sur le sol, il avait l'impression d'être en terrain ennemi lors même qu'il savait très bien dans quelle demeure il se trouvait. " — he's a fucking cheater, a fucking liar, a fucking coward !!!!" l'éclat de rire soudain venait couper le mot en plein milieu alors que le regard empli de larmes se levait vers le plus âge. " — my fucking ex-boyfriend is a fucking liar, a fucking cheater who kissed one of my one-night stands right in front of me." il taisait cependant le fait qu'il avait embrassé au moins un autre homme ce soir-là, qu'il était aussi coupable que son ex petit-ami. " - and this asshole did it on Valentine's Day, can you believe it?" énième éclat de rire froid alors qu'il faisait disparaître la distance entre eux. " — i fucking need you, you and your magic pills, so help me. or kill me, whatever you want, i don't care. i fucking don't care."

@bang bae

Goulot agrafé aux lèvres, bulles dorées roulèrent sur la langue, les iris jaugèrent son semblable, à un battement de cil de fondre sur le sol de sa cuisine. Manque d’empathie cruel, visage peint de désinvolture, l’indifférence dans l’abîme du regard lorsque les perles opalines inondèrent la peau irritée par les flots. Incapable d’éprouver l’once de compassion, pour Bae il fit l’effort de ne pas rire, le feu ardent de l’iris céda la place au givre et l’ombre du rictus s’éteignit, pour lui, il fit l’effort d’un minimum de respect. Ici bas, nul ne put le résoudre à l’impassibilité, nul autre que l’authenticité de son cadet qu’il protégea malgré lui, hors de contrôle, la raison muette lorsqu’il questionna ses propres motivations. Alors là, face à sa vulnérabilité, il tût le diabolisme d’un éclat de rire, la moindre expression susceptible d’enfoncer le couteau dans la plaie. Silencieux, sourcils froncés lorsqu’il rit le premier et inopinément, croisa le regard submergé. Ken l’écouta, sans ciller, sans broncher, sans moquer son récit de sous-entendus désarticulés. Les mots plurent, ondée de glace qui déferla colère et mélancolie, l’amertume fendit l’air.

Il connut cette décevante sensation, ce sentiment corrosif qui, tatoué dans les entrailles, put nous entraîner dans les profondeurs telle une ancre dans les abysses du pacifique de l’enfer, cette émotion indomptable qui terrassa et décima tout sur son passage, sans jamais rien laisser derrière elle, rien que le vide, le néant, le précipice. You gotta do something babe, you can’t give him up, souvenir placide dans l’écrin de la tête, voix mélodieuse apaisa les encéphales en sous régimes et sitôt la distance rompue, l’hôte revint à lui pour intercepter la fin hargneuse du discours. Les dires scellèrent sa décision, le désespoir au bord des yeux, son vis à vis parut enclin à tout et n’importe quoi pour faire taire le monde, le résoudre au silence, pour le faire cesser de tourner, trop vite, trop grand, trop fort. Un soupir las mit un terme à son mutisme de plomb, la bouteille posée sur l’ilôt, Ken vint saisir la mâchoire du benjamin d’une poigne d’acier, i will not kill you, stupid, souffla-t-il machinalement avant d’instaurer une distance en s’asseyant sur le plan de travail, i wouldn’t give you pills either, i don't wanna be your suicid's autor, conclut-il, le ton catégorique, synonyme de i won’t change my mind, but i can teach you, after all he hurt you, he humiliated and treated you like shit, so tell me Bae, do you want to keep crying in my kitchen or do you want to learn ?

@Ken Shio

il y avait dans les traits une innocence enfantine, qui était entourée des malheurs adolescents et adultes d'un enfant qui n'avait jamais voulu grandir. figé dans un temps qui n'était plus, persuadé que personne n'était mauvais, que tout le monde était bon. une pensée, un espoir, qui était vaine, comme si le mizu pouvait vraiment changer le monde de ses battements de cils charmeurs et de ses petits sourires naturels, ceux qui viennent même quand il est de mauvaise humeur. pourtant, il n'était pas heureux, avait cessé de l'être depuis près de huit ans maintenant. faux bonheur qu'il aborde, qu'il porte avec honneur pour que les gens ne s'inquiètent pas, mais qu'il est impossible d'afficher ce soir. parce qu'il veut disparaître, qu'il veut que tout disparaisse, que la douleur s'en aille. et qu'il n'a pas la foi de mentir. il n'a la foi de rien si ce n'est de pleurer, de se réfugier dans la drogue pour se permettre d'aller mieux, ou au moins d'oublier la douleur. et les mots filent, s'en vont de son esprit pour se manifester aux oreilles de ken, du sauveur ken. du salvateur, de celui qui peut l'aider, qui lui a toujours permis de disparaître quelques heures grâce à ce qu'il fait.

mais la réaction est toute autre que celle qu'il attend, la mâchoire soudainement saisie dans une poigne ferme alors que le souffle se coupe le temps d'un battement de cœur. le regard se perd dans le sien, semble s'affoler avant que le cœur ne reparte à toute allure. La distance entre eux lui donne l'impression de redécouvrir ce que c'est de vivre tandis qu'il soupire et vient effacer ses larmes-traitresses du soir. " — why doesn't anyone ever want to kill me ?" pourquoi est-ce que la seule personne qui le veut n'est autre que son père ? tant de questions sans réponses, de réponses incorrectes ou faussées alors qu'il lève le regard, intéressé par la proposition. " — learn what ? how to get back at him ?" il s'était toujours demandé s'il avait l'étoffe d'un héros ((non)) ; mais jamais s'il pouvait être un vilain ((villain origin story)). " — Tell me."