silent love (hana)

Sasha avait le cœur qui battait si vite qu’il sentait qu’il allait exploser et traverser la paroi de sa peau. Il avait les oreilles qui bourdonnaient, la vue qui tournait au flou alors qu’il se précipitait à l’intérieur de l’hôpital. Les couloirs étaient trop familiers mais le trajet emprunté un peu moins, ne se dirigeant cette fois-ci pas vers la chambre de son père. Pourtant, c’était comme si c’était le cas, il se sentait tout aussi agité que si on lui annonçait que son père avait fait une rechute (non Papa non, pas maintenant, pas maintenant s’il te plaît !). Il savait que Hana allait bien, c’était elle-même qui lui avait envoyé un message pour le tenir au courant parce que justement, ils auraient dû se voir aujourd’hui mais Hana s’était montrée absente et Sasha l’avait appelée plusieurs fois, sans réponse. Il s’était demandé si quelque chose lui était arrivé, il s’était inquiété tout seul, le sentiment désagréable grossissant de plus en plus dans son ventre, rongeant sa peau, faisant claquer sa mâchoire. Alors cette nuit, il avait été incapable de dormir, s’imaginant toutes sortes de scénarios où on l’appellerait pour lui dire que Hana n’était plus là, rejoignant son père (non Hana non, pas toi, pas toi, pas toi s’il te plaît...). Et finalement, le SMS pour lui dire qu’elle allait bien, juste été un peu blessée lors d’une intervention qui avait mal tourné, mais il n’en fallait pas plus pour que Sasha aille la voir de lui-même.

Il n’aurait pas dû être autorisé à visiter Hana à une heure aussi tardive, mais les gens à l’hôpital le connaissaient bien finalement et puis, même s’il n’était pas de la famille de Hana, Hana n’en avait plus, de famille. C’était lui, la personne la plus proche d’elle. Alors il avait ouvert la porte dans un grand fracas, agissant comme s’ils n’étaient pas au beau milieu de la nuit et que tout le monde dormait, normalement. Essoufflé, son cœur battait à ses oreilles tandis qu’il voyait la silhouette de Hana, sur le lit. Il vit son père à sa place, son père qu’il avait l’habitude de voir. Papa qui lui sourirait, tout content de le voir, alors qu’il était aux portes de la mort.

Sans laisser le temps à Hana de dire quoi que ce soit, Sasha vint la prendre dans ses bras et la serra contre lui, un peu trop fort, ne se rendant pas compte de sa force. Ce ne fut qu’à ce moment-là qu’il sentit son cœur se calmer légèrement, le soulagement l’envahissant. Hana était là, contre lui. Elle était vivante, et elle allait bien. Tout allait bien. Sans s’en rendre compte, il n’avait pas contrôlé sa légilimancie et avait transmis toutes ses émotions à Hana, passant de son inquiétude pesante à son soulagement intense.

Et puis Sasha se rendit compte que le geste qu’il venait de faire était trop soudain, trop intime, alors il bondit en arrière, subitement embarrassé. « Oh, sorry. I just felt so relieved that you were unharmed… » Croisant le regard de Hana, il sourit et finit par s’écrouler sur le tabouret derrière lui, la force dans les jambes l’abandonnant. « You really scared me, when you didn’t show up and didn’t answer my calls. Now I understand, but, damn, I was really so scared… » Il éclata de rire, se sentant un peu bête, maintenant. Qui se mettait dans des états pareils parce que quelqu’un se blessait légèrement ?

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Ce n’est pas la première fois qu’une intervention tourne mal et que Hana se retrouve blessée, mais c’est la première fois que ça arrive quelques heures avant un rendez-vous avec Sasha. C’est pour ça que quand l’incident est arrivé, il est la première personne à laquelle elle a pensé. Il faut que je le prévienne. Parce que même si ses blessures étaient mineures, elle savait qu’il y aurait des démarches à faire, des papiers à remplir, et qu’elle ne pourrait pas être là. Elle savait aussi qu’il s’inquiéterait pour elle.

Pourtant, la pensée a à peine eu le temps de la traverser. De suite, elle s’est retrouvée assommée par la douleur, puis quand elle s’est réveillée, elle était à l’hôpital. Aussitôt, elle a dû remplir des papiers, et même si elle avait le jeune homme en tête, il a fallu attendre plusieurs heures avant qu’elle ait du temps pour elle. La première chose qu’elle a faite a été de lui envoyer un message mais elle n’a pas été surprise de comprendre que ça ne suffirait pas. Elle n’a pas râlé quand il lui a demandé à quel hôpital et dans quelle chambre elle était.

Allongée dans le lit, les yeux bien ouverts, elle l’a attendu patiemment. Toute douleur avait disparue, elle aurait pu rentrer chez elle, mais quitter l’hôpital en pleine nuit n’est pas une pratique courante. D’autant plus que c’est ici qu’elle lui a dit de venir.

Quand il a ouvert la porte de sa chambre, elle a de suite compris son agitation. Elle l’a senti à la force avec laquelle il a poussé la porte, à son regard agité et scrutateur, à son pas pressé. Elle a presque pu entendre ses pensées pendant quelques secondes, jusqu’à ce que ses propres pensées à elle soient éteintes par l’étreinte soudaine. Ça, elle ne s’y attendait pas, comme à chaque fois qu’il brise sa carapace. Aussi soudainement, elle se retrouve traversée par des sentiments qui ne sont pas les siens, qui la submergent avec encore plus de puissance que ses propres émotions.

Elle peut se mentir à elle-même et se dire qu’elle n’a pas reculé parce qu’elle a ressenti l’ampleur de son inquiétude, mais au fond d’elle, Hana sait qu’elle n’aurait pas reculé de toute façon. Elle sait qu’elle s’est sentie réconfortée plus qu’agressée. Silencieuse pendant un court instant, comme si elle hésitait entre être sincère et faire semblant d’être en colère, elle rétorque simplement « It’s alright. I’m okay. » d’une voix calme et rassurante. « I thought you would be worried. I wanted to tell you sooner but I couldn’t, I’m sorry. As you can see, I’m really fine. » Un léger sourire sur le visage, qui disparaît assez vite. « I just hate hospitals. » confie-t-elle d’une voix un peu plus faible, en regardant les murs autour d’elle.

Bien sûr, en tant qu’auror, elle a le droit à une chambre privée, mais les hôpitaux lui rappellent les quelques fois où elle a dû être hospitalisée pour des choses mineures, qui auraient pu être soignées à la maison si elle n’avait pas habité seule. Ça lui rappelle les infirmières inquiètes de la voir seule, à un jeune âge, répondre qu’elle n’a pas de famille ; ça lui rappelle ce profond sentiment de solitude quand elle voyait les autres patients entourés par leurs proches. « Maybe you could take me home ? » propose-t-elle soudainement, elle-même surprise par sa proposition, comme si elle n’était pas capable de rentrer seule, comme si ce n'était pas son idée à elle.

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Les sentiments débordaient de partout, s’étalaient sur le sol, le mur, le lit, Hana. S’il se mettait dans un tel état pour une blessure mineure de Hana, dans quel état allait-il être pour la mort de son père ? Pire, la mort de Hana ? Après tout, vu que son métier était dangereux, rien ne lui disait qu’il ne risquait pas de la perdre du jour au lendemain. Cela dit, s’il commençait à penser comme ça, alors il se mettrait à redouter la mort à chaque instant de sa vie ; parce que la mort, elle ne prévenait pas, elle arrivait et emportait les gens dans un soupir. Alors Sasha évitait d’y penser, à tout ça. Il ne pensait pas au fait que son père allait mourir, il évitait soigneusement le sujet, continuait à prétendre que son père resterait dans sa chambre d’hôpital jusqu’à la fin de la vie de Sasha. Qu’ils vivraient tous les deux aussi longtemps et ne verraient pas l’autre mourir (pensée illusoire, mais c’était plus agréable que de faire face à la réalité).

Pour le moment, il ne ressentait que du soulagement, le réconfort immense de voir Hana en bonne santé devant ses yeux, ressemblant à la elle de toujours. Mais à son contact visuel, Sasha ne put s’empêcher de lire en elle, et sentit qu’elle se sentait réconfortée, pas brusquée. Elle n’avait pas menti, elle disait la vérité. Rassuré, ses épaules retombaient et il esquissa un maigre sourire. « I hate them too. » Une précision assez inutile, puisque Hana le savait et savait aussi pourquoi, mais Sasha avait la manie de parler pour ne rien dire. « As long as you’re fine, it’s fine. » Il ne put s’empêcher de chercher son contact, un peu comme pour confirmer qu’elle était vraiment là, en face de lui, alors il tapota son bras, les yeux rivés dans ceux de Hana (pour éviter qu’elle ne disparaisse s’il détachait ses yeux d’elle).

Ça ne ressemblait pas à Hana de proposer d’elle-même qu’il la raccompagne. D’habitude, c’était Sasha qui entamait la discussion, menait leur conversation, faisait les premiers pas. Alors ça lui fit plaisir, un immense sourire se dressant sur son visage, les sentiments débordant de son cœur, encore une fois ; partis se loger dans le cœur de Hana. « Sure ! Did the nurse tell you you could get out ? Hang on a second, I’m gonna ask. » Impatient, il se leva et se tourna vers le couloir au même moment où une infirmière passa. Il l’appela, expliqua la situation et ils se parlèrent pendant quelques minutes avant qu’il ne revienne vers Hana, accompagné de l’infirmière. Celle-ci lui expliqua quelques détails et de toute la conversation, Sasha n’avait pas détaché son regard de Hana. Et puis une fois que l’infirmière partit, l’autorisation donnée, Sasha se leva, tendant sa main vers Hana. Face à l’air confus de Hana, Sasha élargit son sourire et attrapa sa main de lui-même. « You thought I was going to let you walk alone ? Come on, let’s go now. » Les mains liées, Sasha sortit avec Hana de l’hôpital et si c’était lui qui avait guidé Hana depuis le début, là, il s’arrêta. « Wait… How do we go to your house, again ? I mean, I never had to go from the hospital to your house before… And no, we're not going to apparate, you're still weak. » Et contrairement à la dernière fois où il avait lâché la main de Hana dès qu’ils étaient sortis de l’hôpital, cette fois, il la serra.

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Le contact de Sasha a toujours été particulier sur la peau de Hana. Elle qui supporte difficilement les marques d’affection se retrouve toujours rassurée par celles du jeune homme, depuis l’enfance. La main sur son bras a quelque chose de rassurant. Il a un effet apaisant sur elle, comme si chaque fois qu’il la touchait, toutes les pensées qui fusaient dans sa tête sans même qu’elle en ait conscience étaient réduites au silence. Son corps touche plein d’autres choses ; il y a ses habits, qui touchent sa peau ; le lit, en dessous-d’elle ; le petit drap, qui la couvre. Mais c’est comme si elle ne sentait que la main douce et chaude de Sasha sur son bras. « I know » répond-elle d’une petite voix.

Contre son gré, les lèvres de Hana se fendent en un léger sourire. C’est sa réponse instinctive à chaque fois qu’il la regarde avec un immense sourire, comme ça ; même si elle ne comprend pas ce qui le rend si heureux. Elle comprend encore moins la chaleur qui se propage dans tout son corps, qui la fait déborder d’une joie insensée. Non, au-delà de la joie, c’est un sentiment d’invulnérabilité. Comme si plus rien ne pouvait l’atteindre, comme si elle était protégée, comme si elle était plus en sécurité que jamais. Elle a l’impression que, quoi qu’elle fasse, quoi qu’il arrive, Sasha sera toujours là, souriant devant lui. Et elle ne comprend pas pourquoi elle ressent ça maintenant.

Et cette chaleur agréable disparaît d’un coup, en même temps que le jeune homme. Elle aurait préféré qu’il n’aille pas chercher l’infirmière. La sensation de solitude est insupportable, quand elle arrive aussi violemment. Quand elle chasse un bien-être inexpliqué.

Ça ne dure pas longtemps. L’infirmière est de retour très vite, le jeune homme avec lui. Hana écoute d’un air absent ses quelques conseils — ce n’est pas comme si elle prenait soin d’elle-même ou de son corps. Elle ne respectera probablement pas les recommandations. À côté d’elle, elle peut sentir le regard appuyé de Sasha, et sur ça, en revanche, elle s’y attarde. Sans le montrer.

Elle ignore pourquoi elle n’ose pas saisir la main dès qu’elle lui est tendue. Ce n’est pas par manque d’envie de le faire ; elle sait qu’elle le veut. Elle sait qu’elle aime le contact de la main de Sasha, quelle que soit la raison. Elle sent qu’elle a envie de l’attraper. Mais pour une raison quelconque, elle hésite ; et lui n’hésite pas. Avant de se poser plus de question, il l’a attrapée et cette chaleur réconfortante réapparaît aussi vite qu’avant. « I can walk alone, though. » commente-t-elle à voix basse, en train de marcher dans les couloirs. Mais elle ne lâche pas sa main pour autant.

Le sourire qui s’est envolé réapparaît quand il lui demande où elle habite. « It was just a minor injury, you know. I’m not that weak. » Désir de toujours préciser sa force. Je ne suis pas faible. Pourtant elle se sent faible, ce soir ; elle se sent à la merci de Sasha. À la merci de ses sourires, à la merci de ses touchers. Ses humeurs dépendent d’eux. Comme depuis des années. « I’ll lead the way. » En disant ça, elle prend la direction de son appartement. La main serrée par celle de Sasha, avec l’impression que c’est son coeur qu’il tient entre ses mains.

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« No you can’t, » répondit Sasha, sur un ton peut-être trop enfantin pour son âge, sans doute. Mais prétendre qu’elle ne pouvait pas marcher toute seule était un prétexte pour qu’ils puissent marcher les mains liées et pour ça, Sasha inventerait n’importe quel mensonge. De toute manière, c’était lui le legilimens ici, pas elle, et elle ne saurait jamais qu’il aurait été en train de mentir.

« I know you’re not weak. You’re very strong, Hana. » Il aurait peut-être dû répliquer par une plaisanterie, remarque légère comme il savait si bien les faire : à la place, il préféra affirma la force de Hana, parce qu’il voulait la réconforter sur sa force. C’était vrai qu’elle était forte, Hana. Sûrement la femme la plus forte qu’il connaissait. Sûrement la raison pour laquelle il était tombé amoureux d’elle aussi, et continuait de tomber pour elle, encore et encore, de jour en jour. Avec autant d’années d’attente, n’importe qui serait tombé amoureux de quelqu’un d’autre prêt à l’aimer en retour, mais pas Sasha. Sasha, son cœur avait été tellement attiré par celui de Hana qu’il continuait simplement à l’aimer, de plus en plus, chaque jour, car Hana était un mystère qu’il désépaississait de jour en jour, ne s’arrêtait jamais d’en apprendre plus sur elle, adorant la découvrir. Et il en était certain, Sasha : il n’y aurait jamais personne qui lui plairait autant que Hana. Ça pouvait expliquer ses regards doux sur elle, sa résolution à prendre soin d’elle, à ce qu’elle ne disparaisse jamais de sa vie. Et parce qu’il était legilimens, il la sentait plus vulnérable que d’habitude ; mais le mit sur le compte de sa blessure, et pas sur autre chose (trop habitué à penser que Hana ne ressentait pas ça, pour lui). « Thanks ! »

Guidé par Hana, Sasha continua de parler pendant tout le trajet, de choses stupides qui lui étaient arrivées, avec ses élèves, ses collègues, ses amis… Sasha vivait toujours tout si intensément qu’il avait toujours quelque chose à dire, une histoire drôle à raconter, la bouche qui ne s’arrêtait plus. Il aurait probablement pu continuer pendant des heures et des heures, s’ils n’avaient pas fini par arriver chez Hana. Devant chez elle, Sasha s’arrêta, la main hésitant à se détacher de celle de Hana. « Mh… Should I accompany you to your door ? » Il marqua un petit temps de pause. « I don’t really want to let you go, yet. » Comme si la nouvelle que Hana allait bien ne s’était pas totalement installée dans son cerveau et qu’il voulait passer plus de temps avec elle pour s’assurer qu’elle irait toujours bien ; ou peut-être plus parce qu’il l’aimait terriblement et n’avait jamais envie de se séparer d’elle.

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You’re very strong, Hana. Elle ne sait pas pourquoi ces quelques mots la touchent en plein coeur. Ils touchent un point sensible, une corde tendue, et elle déteste remarquer qu’elle pourrait pleurer là, maintenant. Elle cache bien ses larmes, fait tout pour ne pas croiser le regard de Sasha pour ne pas qu’il voit ces quelques secondes où ses yeux ont brillé.

Tout le monde la considère comme une femme forte. Ses collègues, ses connaissances, ses amis. Elle fait tout pour que ça soit le cas, ne supporterait pas montrer sa vulnérabilité à qui que ce soit ; parce qu’elle sait qu’elle est vulnérable. Elle sait qu’au fond d’elle, elle n’est pas que cette femme forte, au sang froid à toute épreuve. Elle sait que la Hana enfant vit toujours en elle, au fond d’elle, et c’est précisément elle qui ne supporterait pas de lâcher la main de Sasha.
Et il l’a connue, la vraie Hana. Celle qui n’a rien de la femme de glace qu’elle est devenue, celle qui avait peur du monde extérieur, peur des autres, peur d’exister. Il n’en parle jamais mais elle sait qu’il sait ce qu’elle est vraiment. Il est le seul à savoir son histoire, le seul à connaître ce passé qu’elle a voulu enterrer. C’est pour ça que ça la touche autant qu’il reconnaisse sa force, lui plutôt que les autres.
Ça veut dire que même en ayant connu ses faiblesses, même en sachant qu’elle n’est pas que ce qu’elle montre, elle reste une femme forte. Que la petite Hana peut vivre en elle sans pour autant que Hana soit aussi fragile qu’à l’époque. Qu’elle n’a pas besoin de nier ce qu’elle était pour rester ce qu’elle est devenue.

Elle écoute les histoires du jeune homme en donnant des réponses brèves, intéressée par tous les détails de sa vie malgré tout. Puis ils arrivent devant chez elle mais il ne lâche pas sa main pour autant. Elle le dévisage quelques secondes, imprègne son esprit de tous les détails de son visage. Son regard inquiet, ses lèvres toujours un peu souriantes, sa voix.
Sa voix.
Depuis quand est-ce qu’elle aime autant sa voix ?
Elle continue de l’observer quelques secondes, réfléchit silencieusement à une solution. A-t-elle envie de se séparer de lui ? Non, si elle se le demande sincèrement, elle connaît la réponse. « Come in, if you want. » propose-t-elle en le regardant dans les yeux. Elle ne travaille pas demain, et n’est pas du tout dérangée par l’idée qu’il vienne chez elle. Elle ne laisserait jamais aucun autre homme y rentrer, elle est certaine ; mais Sasha n’est pas juste « un homme » pour elle.

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Un peu hésitant, Sasha regardait Hana, observait la moindre de ses réactions. Il n’avait pas pour habitude de se cacher particulièrement de ses émotions (au fond, peut-être que Hana savait même déjà comment il se sentait par rapport à elle) mais les assumer ne se faisait pas sans gêne non plus. Un peu comme s’il lui ouvrait sa poitrine et lui disait de bien regarder à l’intérieur, de voir à quel point son cœur battait vite. La main ne se détachait pas de celle de Hana et il se disait probablement qu’elle allait lui dire de rentrer chez lui, parce qu’elle était fatiguée. Compréhensible, elle venait de passer un séjour à l’hôpital. C’était lui le gamin qui en demandait trop, en voulant rester avec elle alors qu’elle était exténuée.
« Come in, if you want. »
Sasha écarquilla ses yeux. Elle le laissait rentrer chez elle ? Un sourire éclaira rapidement son visage et il serra la main de Hana dans la sienne, raffermit leur prise. « Sure ! » Incapable de cacher sa joie, ses émotions s’étalaient partout autour de lui, que ce soit sur son visage ou par son don de legilimens, transmettant ses propres émotions à Hana. Il lui sourit puis la tira vers le bras pour la laisser composer le code de chez elle, et ils entrèrent tous les deux, chez Hana où elle ne laissait aucun homme y entrer sauf Sasha.
Sauf Sasha.
Sasha était toujours l’exception, et Hana ne le réalisait peut-être pas complètement, encore.
Mais ce n’était pas grave, Hana pouvait prendre son temps.
Sasha l’attendrait toujours.

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