Le petit lot de têtes descend les escaliers pour gagner la cave, là où reposent ceux partis trop vite. Leurs voix s’élèvent à nouveau, propulsées par l’engouement de découvrir un endroit si particulier. Mais au lieu des mots, ce sont des chhhhhhut qui fusent de part et d'autre, comme un rappel à l’ordre intrinsèque de la part du groupe. Puis, ils pénètrent dans la morgue, et leurs exclamations cette fois impossible à contenir résonnent en écho. « Silence, silence ! gronde la voix de Rei au-dessus des petites pies. Séparez-vous en deux groupes, chacun d’un côté de la table, et tenez-vous. Vous ne savez jamais qui ici risque d’un jour être votre collègue ; apprenez vos manières avant que votre première impression soit gâchée. » Les paroles s’apaisent, deviennent chuchotement avant de n’être que silence. Et puis, le bruit d’une porte, de pas contre le sol, secoue le calme ; probablement le médicomage légiste qui les rejoint enfin. Les jeunes redressent le dos, serrant les lèvres. Rei quant à lui croise les bras, prêt à saluer le vieil homme qui occupait le poste à son entrée dans les forces et qui n’a jamais daigné prendre sa retraite. Mais c’est une silhouette bien plus jeune qui fait son entrée. Un visage familier, oui, mais pas celui qu’il attendait. « Eastwood… ? » Les sourcils se froncent sous la surprise, alors que les mains se crispent sous sa posture droite. « Eh ben. Qui l’eut cru. Je croyais… je croyais qu’on serait rejoint par Saito-san, aujourd’hui. » Ses yeux ne le quittent pas une seconde, si ce n’est que pour dévisager les étudiants trop silencieux. « Eh bien, qu’attendez-vous ? Saluez votre hôte. » Près d’une vingtaine de voix s’élèvent à l’unisson d’un お疲れ様です. Mais Rei ne fait que le murmurer du bout des lèvres, déjà perdus dans les souvenirs trop nombreux que fait naître cette journée.
Le petit lot de têtes descend les escaliers pour gagner la cave, là où reposent ceux partis trop vite. Leurs voix s’élèvent à nouveau, propulsées par l’engouement de découvrir un endroit si particulier. Mais au lieu des mots, ce sont des chhhhhhut qui fusent de part et d'autre, comme un rappel à l’ordre intrinsèque de la part du groupe. Puis, ils pénètrent dans la morgue, et leurs exclamations cette fois impossible à contenir résonnent en écho. « Silence, silence ! gronde la voix de Rei au-dessus des petites pies. Séparez-vous en deux groupes, chacun d’un côté de la table, et tenez-vous. Vous ne savez jamais qui ici risque d’un jour être votre collègue ; apprenez vos manières avant que votre première impression soit gâchée. » Les paroles s’apaisent, deviennent chuchotement avant de n’être que silence. Et puis, le bruit d’une porte, de pas contre le sol, secoue le calme ; probablement le médicomage légiste qui les rejoint enfin. Les jeunes redressent le dos, serrant les lèvres. Rei quant à lui croise les bras, prêt à saluer le vieil homme qui occupait le poste à son entrée dans les forces et qui n’a jamais daigné prendre sa retraite. Mais c’est une silhouette bien plus jeune qui fait son entrée. Un visage familier, oui, mais pas celui qu’il attendait. « Eastwood… ? » Les sourcils se froncent sous la surprise, alors que les mains se crispent sous sa posture droite. « Eh ben. Qui l’eut cru. Je croyais… je croyais qu’on serait rejoint par Saito-san, aujourd’hui. » Ses yeux ne le quittent pas une seconde, si ce n’est que pour dévisager les étudiants trop silencieux. « Eh bien, qu’attendez-vous ? Saluez votre hôte. » Près d’une vingtaine de voix s’élèvent à l’unisson d’un お疲れ様です. Mais Rei ne fait que le murmurer du bout des lèvres, déjà perdus dans les souvenirs trop nombreux que fait naître cette journée.
Nouvel environnement, nouveau chapitre, loin de Nabi d’être de ceux qui peinent à s’adapter, aussi étrange que ce soit au vu de son caractère asocial. Il fond dans la masse, le corbeau, à laisser son empreinte un peu partout. Sa place est parmi les morts, dans ces couloirs où la froideur en hérisse l’échine, où la mort semble figer certains, lui il ne peut que s’épanouir, cet environnement c’est le sien, ici c’est son territoire. Peut-être en viendrait-il à dire que c’est son terrain de jeu, constat qui flirte alors avec le malsain. Il écoute d’une oreille distraite les remarques des aurors, bien trop épris par l’affaire, une stripteaseuse froidement assassinée après ses heures de travail, il le sait, généralement ce sont des mains des clients bien trop avares et peu rassasiés. Le regard posé sur le dossier qu’il analyse de fond en comble, à la recherche du moindre détail qui rendrait ce cadavre différent des autres, c’est après quelques conclusions murmurées qu’il se détache de ces deux officiers. L’attention à peine détournée, focalisé dans ses propres pensées, à tenter de ralentir les engrenages mentaux actionnés, il n’entend pas le brouhaha au loin et c’est lorsqu’il s’engouffre dans la morgue qu’il réalise qu’il y a des intrus. Aussitôt sa silhouette se tend, trop de monde, il ne supporte pas ça. La mâchoire se resserre, les sourcils se froncent, des étudiants. Son pire cauchemar.
Il retient de justesse un grognement agacé, c’est la surprise qui peint désormais son visage, immédiatement chevauché par la curiosité. Parce qu’en face de lui, se trouve Uchida. Pas un vieil ami, pas un ennemi, juste une espèce de relation qui oscille entre la haine et l’amusement, taquinerie et railleries sont ce qui les définit. Rien de plus profond, sûrement à cause des barrières dressées chacun de leur côté, il retrouve cet homme qui, aujourd’hui, paraît bien différent. Durant quelques millisecondes, il l’observe. Le visage terne, le regard vide, la mine passablement ahurie. Eastwood. Encore un peu et un rictus s’esquisserait. Uchida. Silencieux face aux explications, il ne regarde pas la troupe d’étudiants, s’avance vers la table de sa mine sévère, là où repose la femme, cachée par la couverture protectrice. Saito-san est malade aujourd’hui, à vrai dire je pensais qu’il me préviendrait de votre présence, mais il semblerait que la vieillesse l’en ait empêché, il ne le porte pas dans son cœur, ce vieux rat et ne se prive pas pour le tailler devant le public. Presque sur le point d’ajouter une remarque, à lui dire que lui aussi il paraît si vieux, il préfère éviter dores et déjà l’humiliation publique. Peut-être pour plus tard, qui sait. Les élèves chantonnent presque des salutations auxquels il répond par un vague sourire, le regard cependant toujours posé sur leur professeur. Lui, enseignant. L’auror à la carrière brillante. Que lui est-il arrivé pour aborder cet air si peu étincelant ? Il se redresse, Nabi, l’observe longuement, de haut en bas, jusqu’au moindre détail, il ancre ce visage dans sa mémoire, encore une fois. Qui l’eut cru. Un professeur, qu’il déclare enfin, reprenant la même phrase que son ami-ennemi. Il détourne son attention vers la foule juvénile, aborde ce sourire en coin qui le colle à la peau. Si méprisant, le médicomage. Ça doit être un honneur pour vous d’être aux côtés du grand Uchida Rei. A l’époque il était moins aigri, je peux l’assurer, toujours une pique à lancer, lui qui pensait que les réunions seraient purement professionnelles, il ne peut s’empêcher de l’embêter, malgré la curiosité maladive de comprendre pourquoi cet homme a si changé.
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