make it right (keita)

Il y a une sorte d'attente qui ne vient pas dans la cambrure du dos de Baby, alors qu'il retrace souvent tout ce qui lui est arrivé récemment. Et il y a le regret qui plombe la poitrine. Le visage d'Ujinori, blessé (qui s'en va au bras d'un autre et c'est certainement ce qui l'empêche de lui courir après pour s'expliquer). L'air satisfait de Lloyd alors qu'il le maintient droit, muet, incapable même de se défendre. Les visages de Bae et de Tianyi, si proches (à deux doigts de s'arracher le visage l'un de l'autre). Et tout cela reste trop, même pour lui qui ne cesse de sourire dans les situations les plus désespérées. Sur son cœur plombe les sentiments négatifs, il attend que l'averse se termine.
Et peut-être que les nuages ont décidé de s'éclipser rien qu'un peu, aujourd'hui.

Sorti pour voir le soleil, Baby n'est gracié que de la grisaille et le mauvais temps. Ca, et peut-être aussi un peu de déception. Le pas lourd, il cherche son prochain repas alors que le ventre ne geint pas. Et c'est alors qu'il le voit, là, du coin de l'oeil. Keita, dans cette rue bondée et il se dit un instant qu'il pourrait juste l'ignorer. Passer à côté sans rien dire, sans même essayer de se faire remarquer. Mais dans un coin de sa tête trotte le premier pas effectué en sa direction, et le denki, après plusieurs minutes à peser le pour et le contre, s'avance d'un pas mal habile. Il se plante non loin de lui, le regarde sans rien dire avant de se râcler la gorge (awkward). « Hi... Uhm. Sorry to disturb you. » Heureusement, il a l'air seul. Leur dernière altercation en face à face lui revient et c'est avec une certaine appréhension qu'il finit par lâcher. « Thank you. For the chocolates, I mean. They were... Great. » Et dans le timbre de sa voix réside de l'espoir. Celui que, peut-être, cet extrait de paix saurait être bénéfique à cette relation laissée de côté par l'aveuglement du kasai.

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La grisaille environnante lui donnait envie de dormir. Allongé sur le parquet de la salle de danse, Keita observait le ciel couvert de nuages, visible depuis la petite fenêtre, la seule de la pièce. Il était seul, les autres trainees avaient des cours de renforcement en langue étrangère mais lui en maîtrisait déjà deux, en plus du japonais, alors ils l’ont laissé rester là, à s’entraîner. Il avait dansé, avait travaillé sa posture et ses expressions mais il avait désormais envie de sortir, parce qu’il se refusait à dormir. Prendre l’air et manger un bout ne pourrait pas lui faire de mal en attendant le retour des autres. Keita avait donc attrapé sa veste large, rangé la pièce d’un coup de baguette, puis il avait rejoint la rue passante. Resté longtemps seul entre quatre murs, il avait presque oublié que dehors, la foule grouillait et que le ciel gris n’était pas synonyme de calme.

Une odeur de tteokbokkis l’interpelle, lui rappelant les bonnes senteurs de la péniche qu’il ne peut pas rejoindre aujourd’hui. Alors il s’insère dans la file d’attente d’une petite échoppe, répétant machinalement les pas de danses sur la musique qui trotte dans sa tête. Il occulte totalement les gens autour de lui, jusqu’à ce qu’un raclement de gorge l’interpelle. Il se retourne, surpris de voir Babylone à ses côtés (quand est-il arrivé?), surpris de l’entendre s’adresser à lui. Si Keita ne comprend d’abord pas, les chocolats offerts en guise de drapeau blanc lui reviennent très vite en tête et il acquiesce, comme pour signifier à son ancien ami qu’il se souvient. « Yeah… I thought I’d take a step forward.. Since you kinda helped me when I needed it… » avoue-t-il, avançant d’un pas lorsque la file progresse, intimant à Babylone de le suivre d’un geste de la main. « I mean, I didn’t want to hear your words but they were kinda real so… » Il hausse les épaules, ne sachant pas vraiment quoi ajouter. Son regard se perd sur le stand dont quatre personnes le séparent encore, puis revient sur son aîné. « You hungry ? » demande-t-il, dans une offre de paix qu’il préfère muette.

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C'est comme marcher sur des oeufs, de s'adresser à Keita comme si de rien n'était. Pas parce qu'il ne le veut pas, mais bien parce que cela fait assez longtemps que ce n'était pas arrivé pour qu'il se demande si chaque mot prononcé ne finirait pas par l'agacer. Il avait compris, depuis le temps, que le problème principal était sa relation avec Somi. Mais maintenant qu'ils n'étaient plus ensemble, cela changeait-il vraiment la perception qu'il avait de lui? Il ne voulait pas se remettre en tête une amitié si elle n'était basée que sur la kasai. Parce que leur relation ne devrait pas influer sur celle qu'il possédait avec Keita.

Un sourire s'étend sur son visage aux paroles du plus jeune. « I'm glad I helped. Even if, I have to admit, I wasn't the nicest when I told you all of this. » Petite grimace, il s'installe dans la file à ses côtés avec un air un peu gêné. Les épaules étaient encore raides et le visage droit. Les mains venaient jouer avec le bord de son sweat, réfléchissant à ce qu'il pouvait bien lui dire pour affirmer que, si possible, il ne voulait plus de cette guerre entre (que leur amitié lui manquait, un peu, à lui aussi si ces chocolats avaient cette signification). Il comprend alors l'offre silencieuse de Keita et la saisit, effrayé qu'elle ne se présente pas deux fois. « I'm starving. » Léger mensonge qui devrait pourtant être vérité, puisque cela faisait quelques temps qu'il n'avait pas mangé. Un en-cas ne ferait cependant pas de mal. Après un court instant, il enchaîne sur ce qui aurait dû être dit depuis longtemps. « I'm sorry I wasn't there when you broke up with her. I should have. And I didn't really listened to your feelings, which... You know I always try to do. So. Yeah. » Soudainement awkward, maintenant que sa vision de leur situation avait été éclaircie, il fuyait le regard du kasai.

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