And nobody knows —

Pendant un temps, il s'était demandé s'il devait vraiment se présenter à ce dernier examen. S'il devait vraiment s'infliger une dernière épreuve qu'il était certain de ne pas réussir malgré tout ce qu'il avait pu essayer de retenir ces dernières semaines. Il n'était plus un aussi bon lève qu'avant, avait cessé de l'être depuis longtemps malgré tout ce qu'on pouvait penser de lui. Il n'était plus l'enfant prodige des Bang, ne l'avait peut-être jamais été même, il avait seulement essayé de répondre aux attentes d'un père qui ne voulait plus de lui maintenant. Plus personne ne voulait de lui, en dehors de sa sœur et de ses amis. Et cela venait blesser de plus en plus le cadet de la famille, lui qui avait été habitué à être constamment entouré des autres. Les études n'étaient plus sa priorité, même s'il faisait croire le contraire lorsqu'il allait aider les autres élèves dans le groupe de soutien, et il devait donc faire face aux conséquences de ses actes idiots. Il s'était donc rendu à son épreuve avec la boule au ventre et en était ressorti avec larmes aux yeux.

Il avait merdé, n'avait pas cessé de merder depuis la fin de l'année et subissait de plein fouet toutes les conséquences et responsabilités. Fuyant loin de tous, loin de ses amis même, il s'était réfugié dans un coin un peu à l'écart, espérant que personne ne viendrait le voir. Recroquevillé, il observait les autres d'un regard las alors que les larmes coulaient lentement le long de ses joues. Il aimerait tellement pouvoir remonter dans le temps, revenir à l'époque où tout allait bien. Revenir à une époque où sa famille n'était pas détruire, à une époque où Moon n'avait pas à porter les responsabilités d'une famille complètement détruire, une époque où sa mère était encore vivante. Une époque où Tianyi ne l'avait pas encore abandonné, une époque où Ujinori serait toujours à ses côtés. Une époque où les seules choses auxquelles il devait penser était ce qu'il porterait lors de son prochain jour d'école et le nombre de balai qu'il possédait. Mais tout était devenu compliqué et tout s'empirait à présent. Le cœur encore brisé par les actes de Tianyi, par ceux de Ujinori, par ses propres actes en la compagnie de Baby, il avait pu trouver refuge auprès de Noé pendant quelques jours avant de revenir à une vie normale. Une vie où la première nuit s'était déroulée dans les bras de son colocataires, où les suivantes avaient été marquées par des consommations d'alcool à foison.

Et il regrettait cette idée, regrettait d'avoir tant bu qu'il en était venu à finalement répondre à Tianyi. Ou plutôt à lui écrire, à déballer tout ce qu'il avait sur son cœur sans que cela ne vienne le soulager. Et il avait espéré que Tianyi vienne à lui, avait espéré qu'il vienne le rejoindre et soulager les douleurs du cœur et de l'esprit. Mais il n'était pas venu, l'avait laissé au fond d'un bar miteux au lieu de le sauver. Et Bae lui en voulait de tout son cœur. Bae lui en voulait tellement qu'il pourrait le frapper s'il le pouvait. Mais il n'avait pas revu le kaze depuis, l'avait cherché des yeux mais n'était pas tombé une seule fois sur lui. Jusqu'à aujourd'hui, jusqu'à ce que son regard se pose sur une silhouette qu'il connaissait par cœur pour l'avoir tant imaginé dans ses rêves, pour l'avoir tant détaillé du regard. Alors, sans même un regard en arrière, il se leva et abandonna ses affaires pour courir jusqu'à lui et le forcer à se tourner vers lui. Et, sans un mot, sa main vint s'abattre contre sa joue dans une claque bien trop sonore. " — I fucking hate you." Pourtant sa main attrape son col et l'attire à lui pour pouvoir prendre possession de ses lèvres, pour pouvoir marquer de nouveau son territoire et faire disparaître l'image des lèvres d'Ujinori contre celles de Tianyi. Et il se détache aussitôt, le tirant de toutes ses forces loin du regard des autres. Il se fiche de lui faire mal en cet instant, voulant simplement se mettre à l'écart des autres. " — Where the fuck have you been ? I thought I'd see you before."

La tension retombait, le dernier examen était derrière lui. Tianyi s’autorisa à pousser un grand soupir de soulagement, puis esquissa un sourire à l’un de ses camarades de classe qui l’avait rejoint pour parler de l’examen, de ce qu’il avait mis comme réponse. Tianyi avait beau être connu comme une personne qu’il ne fallait pas fréquenter, il avait tout de même de très bonnes notes, était un élève pratiquement parfait, alors on voulait quand même venir lui parler, pour lui gratter des réponses, pour espérer qu’il nous aide en retour. Tianyi lui, utilisait ça pour approcher les gens plus facilement et se forger une réputation contraire à celle des rumeurs, ce qui projetait certains de ses camarades dans la confusion la plus totale. Qui était Tianyi ? L’élève qui aidait les autres, ou le connard qui brisait les cœurs de tout le monde ? La vérité était la deuxième : s’il aidait les autres, c’était pour pouvoir se rapprocher d’eux et les trahir après, ou bien les utiliser pour qu’ils répandent des rumeurs plus positives sur lui. Avec Tianyi, tout était calculé, rien ne devait échapper à son contrôle.

Pourtant, l’arrivée de Bae, il ne l’avait pas vue venir.
Forcé à se tourner vers lui, il n’eut même pas le temps d’être surpris qu’il se prit une claque de plein fouet, le coup résonnant dans ses oreilles, la douleur piquant sur chaque parcelle de la peau de sa joue. « I fucking hate you. » La colère surgit dans sa poitrine mais il ne put ouvrir la bouche, ses lèvres directement scellées avec celles de Bae. Pris de court, il ne réagit pas, le baiser déjà terminé, Bae le tirant vers un endroit plus discret, d’autres élèves se demandant ce qui venait de se passer sous leurs yeux. La colère engloutie par le baiser, Tianyi se sentit soudainement bien, presque euphorique : Bae l’aimait encore. Il avait encore tellement de pouvoir sur Bae.
Son plan, ça avait été de rompre avec Bae à la Saint-Valentin. En embrassant Ujinori sous ses yeux, Bae allait forcément rompre avec lui : mais ça n’avait même pas marché. Bae avait confessé par SMS qu’il l’aimait encore, et Tianyi avait jugé que c’était trop tôt en fait, pour rompre avec lui. Il pouvait le briser encore plus ; alors il se jetait sur l’occasion.

Les yeux de Tianyi traînaient sur la main serrée par celle de Bae, serrée si fort que ça commençait à lui faire mal. « Where the fuck have you been ? I thought I’d see you before. » Tianyi demeura silencieux quelques instants ; assez pour qu’ils rejoignent ledit endroit calme, pour qu'ils s'arrêtent enfin. « You’re hurting me, Bae, » geignit-il. Pour complètement regagner Bae, il devait aborder un autre visage : celui du pauvre garçon incompris et blessé. Il garda alors sa tête baissée, le regard ailleurs. « I spent my time in the library. I didn’t come to the club because I knew you would be there. I… was scared of facing you, to be honest. » Il marqua une pause. « You didn’t tell me you loved me back, the day after you texted me being drunk. »

Enfant anciennement solaire devenu lunaire, il n'avait plus rien du jeune Bae que certaines personnes avaient pu connaître. Il était devenu une copie de lui-même, quelqu'un de fade qui se cachait derrière des sourires de façade pour ne pas inquiéter les autres, mais son cœur et son âme n'étaient plus en symbiose depuis longtemps. Pourtant, il se voulait normal et identique aux autres, espérait parfois se mêler dans la foule même quand il portait encore la réputation d'une famille bien différente sur ses épaules. Il était encore un Bang, un enfant d'un des plus grands aurors de ce pays, et il devait vivre avec. Même si sa vie n'était plus rien d'autre qu'un chantier vivant, qu'un brouillon immonde sur lequel ses émotions se dispersaient dans un mélange incompréhensible.

C'était sûrement pour cela que la première chose qu'il avait fait en voyant Tianyi avait été de le frapper et de lui dire qu'il le détestait, bientôt remplacée par ses lèvres contre les siennes dans un baiser bien trop bref. Et ses doigts étaient venus se glisser entre les siens, serrant sa main pour le forcer à le suivre loin de tous les regards indiscrets. De retour près de ses affaires, il lui faisait face dans un montée de puissance qui n'était habituellement pas sienne. Il était triste, énervé, amoureux aussi. Et la question tomba rapidement, voulant obtenir des réponses avant qu'une vague de culpabilité vient s'épandre de lui. Lâchant aussitôt la main de Tianyi, ne voulant pas lui faire plus de mal, il l'observa quelques secondes en l'écoutant avant de rire sèchement. " — You ? You were afraid to face me ? Were you afraid to see me?  But are you kidding me, Tianyi ?" La voix se fait presque hautaine alors que les poings se serrent et qu'il fait face aux accusations du plus jeune.

" — And you didn't write to me the next day." Trahison présente dans la voix tandis qu'il s'approche, venant saisir son menton dans un mouvement brusque. " — Look at me, when you talk to me Tianyi. You say you were afraid to face me, but you weren't afraid when you broke my heart by kissing Ujinori in front of me, right ?" Le cœur est encore brisé par cet affront fait face à lui, bien qu'il essaye pourtant de passer outre, et il serre un peu plus son menton. " — Do you... do you rally love me, baby ?"

La main libérée, Tianyi la secoua légèrement pour faire partir la douleur. Qu’est-ce que l’emprise de Bae pouvait être puissante. En même temps, ce n’était pas étonnant : celui-ci le dépassait de sept centimètres et avait un physique bien plus imposant que le sien. Dans une bataille non magique, Tianyi perdrait forcément. C’était pour ça que son godai lui était utile (si utile pour se battre contre les autres). Le rire moqueur de Bae résonna dans ses oreilles, et tous les muscles de Tianyi se tendirent. Il avait follement envie de frapper Bae en retour, mais il s’en retint. À la place, il calma silencieusement sa respiration, garda son cœur en contrôle. Tianyi avait toujours la main sur tout, dans sa vie. Il ne perdrait pas ses moyens face à Bae. Il le manipulerait, comme il l’avait toujours manipulé.

Bae l’attrapa par son menton pour le forcer à le regarder, Tianyi ne répondant rien d’autre qu’avec un silence. Ses yeux s’ancrèrent dans ceux de Bae et la colère l’aurait englouti s’il ne voyait pas toutes les émotions de Bae : la tristesse, la colère, l’amour. Victoire. Il s’accrocha à cette lueur dans ses yeux, la copia du mieux qu’il put pour remplacer sa colère par l’amour qu’il était supposé ressentir pour Bae (car, malheureusement, le sentiment le plus positif qu’il ressentait pour Bae n’était que de la pitié). « Yes, I love you, » mentit-il sans aucun effort, le regard toujours dans celui de Bae. Il leva sa main pour venir attraper celle de Bae sur son menton, s’avançant légèrement pour que leurs visages soient encore plus proches. « Because you broke my heart first, » grinça-t-il. « Didn’t I tell you already ? I just wanted you to feel as bad as I was feeling. Ah, right. You were drunk. » Il repoussa la main de Bae, le faisant lâcher son menton. « I told you I’d answer you if you wrote me, but you didn’t. You didn’t even tell me you love me, and now you do that ? You tell me you hate me and then kiss me ? You told me you loved me and then you kissed Babylone ! What am I supposed to do, Bae ? What am I supposed to believe, huh ? » S’il poussait un peu plus, des larmes pourraient sortir de ses yeux. Incroyable jeu d’acteur, Tianyi ; la vérité, c’était qu’il était en colère que Bae n’ait pas agi comme lui le voulait (c’était tout).

Il était triste de se dire que Bae était à la fois coupable et victime de cette situation, ayant évidemment des responsabilités dans ce qu'il se passait tout en subissant des conséquences qu'il ne mériterait certainement pas de vivre pourtant. Tout le monde se mettait d'accord sur le fait que Bae méritait mieux que Tianyi, que Tianyi ne le méritait pas, pourtant Bae avait tout fait pour être avec lui même quand il n'aurait certainement pas dû. Faisant maintenant face à ce dernier, il essayait de lui aire comprendre qu'il l'aimait vraiment malgré tout ce qui s'était passé entre eux mais aussi avec d'autres. Sa main ayant lâché la sienne, elle était venue chercher le menton du plus jeune, voulant trouver son regard du sien sans le perdre. Il y voyait quelques sentiments, dans son regard, mais celui de l'amour venait le rassurer dans ses craintes les plus profondes : celles de ne pas être important et de ne pas être aimé en retour. " — I love you too..." Déclaration naturelle alors qu'il se plongeait encore plus dans son regard.

Les visages encore plus proches, son souffle se coupa quelques secondes avant que ses yeux ne descendent vers ses lèvres le temps d'une seconde. Il pourrait l'embrasser de nouveau, s'il le voulait, mais elles se mouvaient déjà, attirant toute son attention. " — When you have your heart broken by someone, you don't take revenge... you talk to that person first, Tianyi." C'est ce que lui aurait fait, en tout cas, ayant l'impression que la communication est l'un des éléments les plus importants dans une relation. Se laissant faire, il reculait même avant de lui adresser un regard noir. Et la main claqua de nouveau la joue avant d'attraper son col et de l'attirer à lui, de lui imposer sa présence. " — Stop saying that, damn it." Et il vient le plaquer contre un mur extérieur de l'école, imposant sa taille alors que ses yeux se faisaient plus sombres. " — You're supposed to fucking believe me. You're supposed to believe what I tell you because I've never lied to you! I've always told you the truth."

Oh, Bae était si facile à manipuler. Tellement facile que ça en devenait presque ennuyant ; le « I love you too » si prévisible, Bae qui était tombé dans le panneau. Pourtant, Tianyi ressentait encore de la colère profonde, car Bae avait osé le frapper, et Tianyi avait tellement envie de rendre le coup (œil pour œil, dent pour dent, dans le langage de Tianyi). Alors il ne savait pas ce que c’était de parler avec l’autre, comprendre son point de vue. Ce genre de choses, ça n’intéressait pas Tianyi, qui ne prenait que sa version des faits sans chercher à comprendre ce qui se passait chez les autres : si on cherchait à faire ça, on se faisait rouler dans la farine (comme Bae). « I don’t. It’s useless. »

Il s’approcha de Bae, lui balança de nouveau ce qu’il lui avait dit par SMS ; et la réponse fut une claque. Il grimaça sous la douleur qui commençait à enfler sa joue, la colorant d’une belle couleur rouge, si familière pour Tianyi (familier de la voir sur les visages des autres, mais pas sur le sien). Bae l’empoigna par le col, l’attirant à lui, et Tianyi fut forcé de rencontrer le regard de Bae juste devant le sien. Il ne savait pas que Bae pouvait se montrer aussi violent. Il avait toujours pensé de Bae comme un petit agneau incapable de faire du mal à la moindre mouche, mais il s’était trompé, apparemment. Bae avait changé, et Tianyi ne le connaissait plus aussi bien qu’il ne le pensait.

Son dos rencontra brutalement le mur derrière lui alors qu’il se faisait plaquer contre celui-ci, Bae imposant sa carrure devant lui, rendant toute échappatoire impossible. En temps normal, il aurait peut-être apprécié cette situation : il aurait trouvé le retournement de situation intéressant, l’aurait utilisé à son avantage pour obtenir ce qu’il voulait (surtout qu’avec un tel comportement, Bae semblait plus attirant, d’un coup). Mais là, il se sentait surtout humilié, humilié d’avoir été giflé deux fois et de s’être fait plaquer au mur juste après, aussi facilement que ça. Inconsciemment, l’air autour d’eux commençait à chauffer, effet de la colère de Tianyi qui se déversait autour d’eux. « Yeah, okay, like I’m supposed to believe you when you say you kissed Babylone as a friend that long ? » Tianyi soupira lourdement, les poings serrés alors qu’il fixait Bae du regard. « I’m feeling so fucking jealous, » cracha-t-il, et cette fois-ci, ce n’était pas un mensonge. « You could’ve not do the contest and not kiss him. Why ? Why did you do it ? Just because I wasn’t there ? Does it mean whenever I’m not here, you go around kissing other men that aren’t me ? » Oui, Bae lui avait dit ça, l’avait prévenu avant qu’ils ne sortent ensemble ; et Tianyi avait menti quand il disait être d’accord. Il avait fait exprès pour pouvoir péter un câble quand Bae embrasserait quelqu’un d’autre, mais il s’était peut-être planté une épine dans le pied, en faisant ça : car il se sentait réellement humilié que Bae ait l’audace d’aller voir ailleurs alors qu’il sortait avec lui, Tianyi. « I wish you’d only kiss me, » marmonna-t-il, déplaçant son regard ailleurs, comme s’il se sentait subitement gêné, d’un coup (mais non, ça aussi, c’était une parole contrôlée).

Malgré tout, malgré lui, Bae restait une personne optimiste. Une personne qui pensait encore et toujours que tout pouvait se régler en discutant. Qu'une discussion franche venait en aide à chaque situation compliquée et qu'il suffisait donc de se poser avec une personne pour que cela aille mieux. Alors son cœur se brisa en centaines de miettes quand il entendit la réponse de celui qu'il considérait comme son petit-ami. " — So... you consider that talking to me, discussing with me, is useless ?" Et la voix se fait tremblante alors qu'il a l'impression de n'être qu'un moins que rien à ses côtés. " — Do you consider talking to your boyfriend to be useless ?" Il espère presque que Tianyi dise le contraire, qu'il lui mente et dise qu'il avait jamais pensé cela. Et la colère monta peu à peu dans son esprit, vint grignoter toute la gentillesse qu'il avait encore en lui. Vint faire disparaître toutes les émotions positives qu'il ressentait mais aussi faire réapparaître chaque émotion négative qu'il avait maintenu en lui depuis des semaines, des mois. La main vint claquer la joue, les doigts vinrent saisir le corps pour le forcer à rencontrer un mur froid. Un mur aussi dur que le regard de Bae en cet instant.

Air bien plus chaud autour d'eux, aussi bien par la chaleur des corps que celle du vent, il n'y prête pas plus attention que cela, se fichant de tout le reste. " — Yes, you're supposed to fucking believe me ! I never lied to you, Tianyi." Doux mensonge enrobé dans une fine couche de sucre, Bae refusant d'accepter le fait qu'il mentait à Tianyi en disant qu'il ne voyait Babylone seulement comme un ami. Parce que Babylone était tout, parce que Babylone était sa maison, était son cœur. Était aussi une partie de son âme sans qu'il ne l'avoue directement. Et le cœur s'emballe légèrement quand Tianyi dit être jaloux, quand il avoue un sentiment si négatif alors que ses lèvres manquent de s'étirer. " — You ? You're fucking jealous ? Even though you never show it ?" Il aimerait presque le faire vriller, lui faire avouer tout ce qu'il ressent, alors que son cœur se serre quand il l'accuse d'être infidèle dans une relation qu'ils ont pourtant construit ensemble. " — Are you fucking serious ? How dare you ?!" Comment ose-t-il lui dire toutes ces choses lorsqu'il était d'accord avec le fait que Bae puisse fréquenter d'autres personnes.

Et le rire froid revient de nouveau, résonne entre eux avant de l'observer puis de le fusiller du regard. " — You would have liked to be the only one I kissed, huh ? You would have liked to be the only one I fucked, I guess ? Be the only one who makes me happy, be the only one who makes me feel good ?" Il aimerait presque le plaindre mais il n'en a pas l'envie. " — What do you want me to say, Tianyi ? That you are the only one I love, that you are the only one I kiss ? Because it's the opposite and we both know it. But am I the only one you see, Tianyi ? Am I the only one you kiss ?" Petit rire avant de saisir sa gorge, avant de la serrer, d'enfoncer ses ongles dedans. De maltraiter cette peau qu'il aimait tant couvrir de ses lèvres en temps normal mais qu'il désirait briser en cet instant. " — So, tell me, what do you think ?"

What a dramaking, se disait Tianyi en voyant Bae à deux doigts de pleurer alors que Tianyi lui disait qu’il pensait inutile de parler à Bae. Il en avait dit, des choses bien plus méchantes, et voilà que Bae se brisait à une parole aussi insignifiante. Il roula des yeux, complètement insensible à la détresse de Bae (ce n’était même pas drôle ; juste pathétique). « Yes. I said it already, do you want me to repeat it for you ? » Tianyi planta son regard dans celui de Bae, l’air agacé. Fini les manèges, le jeu d’acteur pour faire les yeux doux à Bae ; il en avait assez. « I consider talking to you, my boyfriend, useless. Because I’m sure I’m not your only boyfriend, mh ? » Tianyi esquissa un sourire vide. « You cheater. »

Une claque, encore, et la patience de Tianyi atteignait ses limites. Il lâcha un rire, effaré. « You never lied to me ? How funny. You’ve become better at lying, Bae. Congratulations. » Il aurait applaudi, si seulement Bae ne se tenait déjà pas aussi près de lui : alors il se contenta d’un regard moqueur. Regard vite remplacé par de la gêne, avouant quelque chose de faux, feignant le désir (ça faisait bien longtemps qu’il ne désirait plus Bae, il s’était déjà lassé de son jouet). Après tout, Bae l’aimait encore, peut-être qu’il pouvait le briser encore plus qu’il ne l’était déjà ? ((peut-être que Bae pouvait encore plus lui ressembler)). « Yes, I do feel jealous Bae, as absolutely every boyfriend in the world would ! I- » Il se fit couper par Bae qui haussa le ton et Tianyi se retint de ne pas se montrer violent avec lui (non, il ne fallait pas s’énerver à ce point, quand même pas).

Sauf que Bae serra son cou et si dans un autre contexte ça aurait amusé Tianyi, là, ça ne l’amusait absolument pas. Il voyait rouge. Comment Bae osait le traiter comme ça ? Lui, la personne qu’il était supposée aimer ? Tianyi leva la paume devant le visage de Bae et sans lui laisser le temps de comprendre, il le propulsa en arrière d’un vent puissant grâce à son godai. Le faisant ainsi lâcher son cou, Tianyi frotta sa peau alors qu’il regardait le dos de Bae percuter le mur en face d’eux ; la haine évidente dans son regard. « You’ve fucking lost it, » cracha-t-il. Bae glissa au sol et Tianyi frappa le mur juste à côté de lui d’un pied, attrapa ses cheveux pour qu’il lève la tête, surplombant Bae. « You are the only one I see, kiss, and love, because of course my heart goes to only you. Why do you feel so insecure about me when you’re the one who’s kissing every guy you meet ? You disgust me. I wonder why I even dated you. » Les larmes apparaissaient presque au coin des yeux de Tianyi, mais ça c’était la douleur physique de s’être pratiquement fait étrangler, tout à l’heure. Rien à voir avec ses sentiments et pourtant, il faisait comme si (il retombait toujours sur ses pattes Tianyi, tel un chat). Il relâcha Bae et se recula de nouveau, clignant des yeux ; une larme calculée coula le long de sa joue. Et il fit mine que c’était accidentel, alors il aborda une mine surprise, essuya rapidement sa joue et se retourna, comme voulant se cacher. « Leave me alone, » marmonna-t-il d’une voix tremblante (comme s’il était fragile, Tianyi).

Brisé par les paroles de Tianyi, le cœur de Bae semblait s'effondrer dans des milliers de miettes avec l'impression de mourir plus qu'autre chose. Comment son petit-ami pouvait-il lui faire cela ? Comment pouvait-il lui dire cela après tout ce qu'ils avaient vécu ? Avec tout ce qui faisait d'eux le couple qu'ils étaient. Mais les accusations s'enchaînaient contre le plus âgé, venant mettre en avant le fait qu'il n'hésitait pas à aller voir d'autres hommes alors même qu'ils s'étaient mis d'accord sur ce fait. Et il l'observe sans rien dire pendant quelques secondes avant de le fusiller du regard. " — In fact, you're the only one I'm in a relationship with. You are the only one I can stand enough to be in a relationship with. You're the only one I trust enough to offer my heart and myself to him completely." Il avait cependant besoin d'être aimé par plus d'une seule personne, avait besoin de se faire entourer et de se sentir désiré par toutes ces personnes qu'il fréquente en dehors de Tianyi. Et il avait bêtement cru que le kaze pourrait l'accepter, qu'il pourrait concevoir le fait que Bae l'aime tout en ayant besoin de s'offrir physiquement à d'autres personnes. " — So, yes, maybe I'm "cheating" on you as you say, but you knew that from the beginning. So don't you dare blame me for something after you've accepted it." Un soupir quitte ses lèvres, comme s'il était lassé de tout cela alors qu'il était surtout blessé par l'entièreté du comportement de Tianyi.

Chaleur étouffante autour d'eux, provoquée par le pouvoir de son cadet, il se perdait dans les mots et les actes avant de ricaner face aux paroles de son aimé. " — Better at lying ? Looks like I'm learning from the best, then." Accusation faite avec intelligence, sachant très bien que le plus jeune savait mentir sans problème. Et il manque de s'énerver un peu plus contre lui lorsqu'il agit comme s'il ne méritait pas d'être son petit-ami. " — Don't tell me you're upset that I'm not jealous ?" Il l'était d'une certaine façon, était jaloux dès qu'il ressentait cette sensation de ne pas être assez important pour celui qui lui donnait pourtant l'impression d'être vraiment aimé. Il ne savait cependant pas à quel point il pouvait se tromper, à quel point il avait tort de croire qu'il ne pouvait pas trouver mieux que Tianyi même dans les bras de ces personnes qui lui donnaient tout l'amour dont il avait besoin. " — What are you jealous of, hmm ? Of those people who can touch me ? Of those people who get to taste my body when only you get my heart, baby ?"

Et les doigts viennent enrouler son cou, viennent couper le souffle dans une volonté de le faire souffrir. Dans une envie de ne pas être le seul à avoir mal. Il aimerait cependant que tout s'arrête, qu'il arrête de souffrir. La douleur vient s'éprendre de lui violemment, le forçant à rencontrer un mur dans un acte si brutal qu'il espérait presque que tout s'arrête maintenant. Qu'il cesse enfin de souffrir pour de bon. Mais Tianyi ne s'arrête pas à ça, le forçant à lever la tête vers lui alors que les mèches roses étaient tenues entre ses doigts d'une poigne ferme. Et il souffre de nouveau quand son cadet lui parle, insinue qu'il n'est qu'un prostitué s'offrant à la première personne qu'il croise. " — Don't you fucking dare say it." La voix presque hésitante, s'en fichant de souffrir tant il en voulait en cet instant à son amant. Le regard fixé sur lui, il observait la larme avant de pencher légèrement la tête sur le côté. " — Oh... you're crying ? Cry baby, cry." Et la magie se renforce dans son corps, fait palpiter le bout de ses doigts alors que l'atmosphère s'alourdit, s'humidifie alors qu'il amène à lui une grosse quantité d'eau. Assez pour faire souffrir Tianyi, pas assez pour se faire remarquer par les autres. Et l'eau attaque vivement l'étudiant de l'air, se faisant aussi tranchante que des lames de couteaux alors qu'il se relève lentement. Le spectacle se fait beauté sous ses yeux alors qu'il s'approche de lui, sa main tirant sur son épaule pour le forcer à se retourner avant de se perdre dans le regard. " — Your body is much more beautiful this way." Petit sourire avant que l'eau ne retombe au sol, mouillant les deux corps dans une légère vague avant qu'il ne cligne des yeux. Il avait dépassé les bornes et s'en rendait compte en observant le sang coulant lentement des blessures, mais la colère était toujours aussi vive dans son esprit. Et, entre les gouttes coulant le long de son visage, les larmes venaient se mêler au spectacle.

Bae s’effondrait devant ses yeux, et Tianyi s’en satisfaisait. Ah, c’était ce qu’il avait recherché depuis le début. Cette lueur de désespoir dans les yeux, cette trahison si évidente sur le visage. La douleur en écho autour d’eux, catharsis pour Tianyi, qui laissait aller de sa propre douleur en voyant celle de Bae. L’impression que, soudain, le monde allait bien. « Yeah, right. You say all that, yet you kiss other guys like it’s nothing. You disgust me, Bae. I never thought that you could be that cunning. » Les critiques faites à l’égard de Bae devraient en réalité être faites à Tianyi, et ça, Tianyi le savait. C’était lui le vilain dans l’histoire, lui le manipulateur ; et il s’en réjouissait, trouvait ça drôle.

Il faisait chaud, chaud, de plus en plus chaud, la colère bouffant chaque neurone de son cerveau, la rage enflammant chacun de ses nerfs, la fureur le faisant serrer des poings, de la mâchoire. Bae devrait vouloir le posséder. Bae devrait piquer une crise si Tianyi embrassait un autre. Bae devrait se sentir heureux si Tianyi n’avait que de yeux pour lui, mais non, non, non. Bae jouait au plus fort, et ça, Tianyi ne le supportait pas. Personne ne pouvait mieux maîtriser ce jeu que lui, et Bae allait en payer le prix.

Alors il le projeta contre un mur, tira sur ses cheveux pour le forcer à regarder, la colère plus envahissante encore, le feu brûlant autour d’eux, l’air bouillant— mais non Tianyi, non. Il fallait se calmer, si tu voulais capturer le cœur de Bae, jouer encore un peu avec lui. Dans cette pensée, il recula, feignit une larme sur sa joue, comme si le pauvre était blessé des actes de Bae (comme s’il aimait Bae, en avait quelque chose à faire, de lui). Mais encore une fois, il se retrouva dépourvu face à la violence de Bae, à cet excès de colère qu’il avait provoqué dans son petit-ami (il avait dépassé les bornes, Tianyi). Bae se ravit de ses larmes, et Tianyi se demanda subitement ce qu’il avait fait, à Bae. Est-ce que c’était lui, qui avait transformé Bae en une telle personne ? En un monstre, un monstre comme lui, se délectant des larmes des autres ? Tianyi ressentit un mélange de sentiments, une espèce de joie teintée par de la souffrance (amertume).

Il faisait chaud et maintenant, l’air était lourd, s’alourdissait, et ce n’était pas le fruit de la magie de Tianyi. Il eut à peine le temps de froncer les sourcils qu’il sentit l’eau trancher sa peau à travers ses vêtements, les transperçant, le sang giclant autour de lui. La douleur le fit grimacer, pas assez pour lui faire vraiment mal, assez pour l’humilier ; et au fond, peut-être que cette douleur était la plus terrible. Forcé à se retourner par Bae, il lui jeta un regard noir, l’eau retombant sur eux, mouillant leurs deux corps. « You’re a fucking psycho. » Les mèches des cheveux de Tianyi lui collaient désormais au visage, se mélangeant au sang d’une coupure sur sa joue. De sa main, il vint essuyer le sang de son visage, et constata les dégâts. Quel piteux état, pour un homme comme Tianyi. Il ancra ses yeux dans ceux de Bae, puis se recula de quelques pas, assez pour que Bae puisse bien le voir, assez pour paraître misérable. « Happy, now ? » Il pourrait se sécher d’un coup de main, pourrait se soigner d’un coup de baguette magique, mais il ne le fit pas. Il ne le fit pas, pour laisser Bae observer l’étendue des dégâts qu’il venait de lui faire subir, sa propre monstruosité ; le laisser se regarder dans un miroir, et constater à quel point il était celui qui avait dépassé les bornes, cette fois ((lui dire que tout était de sa faute)).

Les émotions avaient été pendant longtemps retenues, niées dans le plus profond de son être avec l'espoir de pouvoir se débarrasser un jour de tout ce qui était négatif dans sa vie. Mais, s'il y avait bien quelque chose que Bae savait, c'est que la pression finissait toujours par s'échapper un jour ou l'autre et que ce n'était pas toujours positif. Et c'est ce qu'il se passait actuellement avec Tianyi, la haine et l'amour se mélangeant dans un excès de rage si fort que le mizu ne savait plus où donner de la tête. L'injustice en gros plan dans l'esprit, il aimerait le faire taire, faire disparaître tous les mensonges qui sortent des lèvres de celui qui possède pourtant son cœur au plus grand malheur de tout le monde. Mais les événements s'enchainaient, les actions se faisaient incontrôlées, incontrôlables, violentes même. Douleur fulgurante au cuir chevelu, au cœur qui ne cesse de se battre même lorsqu'il se brise, alors que la colère vient remplacer toutes les émotions positives qu'il ressentait encore.

Presque attendri par les larmes, du moins c'est qu'il aurait dû ressentir, il ne peut s'empêcher de lui en vouloir et de s'énerver encore plus. Et il s'amuse de ses larmes, se plaît à les voir sur ce visage qu'il aime tant en temps normal. Mais il ne peut s'empêcher de vouloir se venger, de vouloir lui montrer qu'il ne peut pas se jouer de lui comme il le veut. Sûrement est-ce pour cela qu'il se relève, sûrement est-ce pour cela que l'air se charge d'humidité. C'est même pour cela qu'il ne fait qu'un avec l'eau, n'ayant jamais eu l'impression d'être aussi proche de l'élément alors même que ce dernier agit sous ses directives. Et l'eau se fait coupante, tranchante, vive, lorsqu'elle s'abat sur le corps de l'amant, voulant faire souffrir le plus jeune. Magie offensive, magie qu'il n'utilise pourtant jamais. Et le spectacle se fait magique sous ses yeux tant il est resplendissant, venant satisfaire toutes les envies de sadisme dont il peut être victime avant que l'eau ne retombe au sol en venant les mouiller au passage.

Encore perdu dans son monde, l'esprit ailleurs et le regard glissant le long du corps, il entend à peine la remarque du kaze mais lève cependant le regard vers le lien. " — Oh ? Really ? Do you think so ?" Mais il réalise ce qu'il s'est passé, ce qu'il a fait, alors que tout explose dans son esprit lorsqu'il remarque tout le sang présent sur le corps de son aimé. Et, il se le demande. Il se demande vraiment si il est heureux. Il se demande vraiment si ça valait le coup. Cependant soulagé, rassasié même, il ne s'est jamais senti aussi bien qu'en cet instant, comme s'il s'était libéré d'un poids qui avait pesé sur sa poitrine depuis trop longtemps. Mais la culpabilité se ramène bien trop vite, les larmes continuant de couler sur ses joues alors qu'il s'approche. Et ses doigts viennent caresser lentement sa joue, frottant machinalement la joue pour essayer d'effacer le sang. Mais il coule toujours et il s'en veut encore. " — I'm.. sorry ?" La mine pathétique, la magie s'accumule au bout de ses doigts alors qu'il se concentre pour refermer la blessure en le soignant. Pourtant, il ne s'en veut pas d'avoir agit ainsi, seulement de l'avoir blessé au point de le faire saigner. Alors il se concentre sur une première blessure puis une seconde avant de reprendre la parole. " — We could go somewhere else...? So I can treat you without everyone looking at us like we're crazy." Demande sincère alors qu'il essaye de ne pas penser à ceux qui ne font que leur lancer des regards indiscrets, voulant penser seulement aux soins qu'il doit appliquer.