— happier

C’est son visage qu’elle voit en premier en rentrant dans le hall d’entrée, elle ne pouvait pas détourner le regard sans l’apercevoir. Lui et ses cheveux, lui et ses grandes jambes, lui et son sourire si faux, si cruel, si prétentieux. Les filles lui courent déjà après, quémande pour un moment, une minute, voir une seconde. Un regard même, une attention, quelque chose !
Stupide gamine.
Sora aussi elle aimerai ça. Un instant, rien qu’un seul. Elle n’y a pas le droit, comme les autres gamines sous son nez qui offre monde et merveille, elle n’a pas le droit. Car elle est comme elles au final, aussi éphémère qu’un baiser volé, aussi passager d’une accolade. Je n’ai rien de plus qu’elle, pas vrai ? Avait-elle envie de dire, mais elle ne fit rien. A vrai dire, ses pieds sont trop lourds pour avancer. (Ou son cœur ? Ou son corps, tout ce qui fait d’elle, elle, refuse d’avancer.)
La sonnerie retentit et laisse le champ libre, une seconde, rien qu’une. Les filles se dissipent, et elle attrape un bout de veste, assez fort pour qu’il ne s’échappe pas. Bonjour? Souvenir frappe avec fracas, remonte dans son cerveau à grande vague. Nos rires, nos sourires, ta chaleur, tes baisers, tes mots doux, ils étaient pour moi pas vrai ? Et maintenant ? Je ne pensais pas que tu revenais tout de suite. En fait, je ne savais même pas que t’allais venir en cours d’été… Pour rattraper ton semestre à l’étranger j’imagine? Banalité alors qu’on a tellement de choses à dire. kô, parle. kô, répond. Tu m’as manqué… Finalement, dans un murmure, presque inaudible. pour toi, rien que pour toi.

c'était l'ébène de ses cheveux et le parfum même de son passage qu'il tentait de fuir à l'instant même où elle oserait insolente réveiller ses sens par sa seule existence sur ces lieux. ses airs de défis, sa mine insolente, il la méprisait de toute son âme et ce, l'air si nonchalant.

kô souriait, si faux, si cruel, si prétentieux. comme si elle n'allait pas semer le trouble intérieur, lapider les entrailles et accélérer le tempo de sa hauteur misérable. sa mâchoire se contracte il ne doit jamais laisser paraître, il doit feindre l'ignorance, pour que jamais ne puisse t-elle sentir l'emprise encore si malheureuse qu'elle pouvait avoir sur lui. bonjour sora. il sourit encore mais en vérité il bouillonne. comme s'il s'était imaginé ne plus la revoir, la chasser de son esprit comme on chasse les monstres en dessous des lits. sora était le monstre, sora ne serait plus rien, il l'avait décidé,  mais sora elle est tout. il déglutit. sa bouche est pateuse kô n'aime pas l'effet de surprise il avait pensé s'en sortir il avait pensé que reira le sortirait de sa torpeur, et qu'elle serait suffisante, mais il n'en est rien. tout n'est qu'une mascarade.
son existence entière à kô est une mascarade. c'est ça. il élargit son sourire. si provocant. j'ai tellement profité en angleterre tu comprends. et il insiste bien sur le mot profité kô, il veut replacer le contexte, il veut se délecter de la voir tomber au combat qu'il n'a jamais pu gagner et tous ces sacrifices ne devraient pas flancher à la première difficulté, aux premières retrouvailles qu'il avait déjà évité le jour il avait décidé de ne plus jamais se rendre sur le toit. sa vie ne serait plus celle d'un misérable. il pose une main doucement sur son épaule comme réponse aux murmures dissonants qu'elle lui infligeait. il savait pertinemment quel était son petit jeu, il savait qu'elle ne voulait pas perdre et qu'elle mettrait tout en oeuvre pour qu'il reste sienne jusqu'à son dernier souffle sans pourtant ne jamais pouvoir se délecter de ses passions ardentes, de ses lèvres, de sa peau. l'échange ne serait jamais équivalent pour eux. et elle aurait encore tout tandis qu'il n'aurait rien.  jamais plus il ne  pourrait s'en contenter comme le fléau de ses jours, comme le cauchemar de ses nuits. tu as l'air d'aller bien, j'en suis ravi. son sourire s'affaisse et il retire sa main douloureuse de l'épaule de sora. si tu n'as rien d'autre à me dire je prends congé si ça ne te dérange pas. c'était un supplice il voulait la voir, il voulait la prendre dans ses bras, un peu,  encore, pour toujours même si elle le briserait le coeur, un peu, encore, pour toujours. mais le sevrage devait être fait, avoir très mal pour que plus jamais il ne puisse souffrir.
pourvu qu'elle le retienne.