— encore et encore

Mona dévale les escaliers deux par deux, jusqu’à la porte d’entrée du grand hall. Ses bras sont occupés par la tonne de document qu’elle avait récupéré à l’étage administratif, à transférer en prévision de la rentrée. Derrière elle flotter plusieurs pancartes d’encouragement pour les équipes de quidditch de l’an passé, et une banderole pour l’arrivé des nouveaux élèves au sein du club. Elle ouvre la porte avec son pied, et se laisse glisser dans sa salle, la tête, un peu ailleurs. Je te cherchais! Baies vitrées données un beau paysage : Haruka sous la lumière blanchâtre du printemps. Tu m’aides ? un geste de la tête pour montrer les objets flottant dans son dos. La gamine affiche un large sourire, sort de son sac le fameux goûter entre bons élèves. Habitude qu’elle avait avec son meilleur ami, encore plus quand la fin d’année approcher à grands pas. J’ai cru que j’allais te rater, on se serait vu ailleurs, bien sûr, mais j’avais envie de te voir ici une dernière fois. petite soupire s’évade des lèvres de la gamine, quand elle lui offre la boisson tant désirée, dans son sac, deux petits donuts en forme d’ourson, décorer d’un sucre fin. Nos habitudes restent indélébile, avait-elle envie de rajouter, mais son large sourire, coeur enjoué répondait à la question.

Haruka, mh. Je voulais te dire quelque chose d’important, je vais partir pour la golden week cette année ! Je sais que je t’avais promis de t’aider pendant les vacances à te remettre à la lecture, mais j’ai vraiment envie d’y aller… Y a une ville futuriste, qui flotte sur les nuages ! une main dramatique sur son coeur, yeux brillants comme des saphirs. Et puis.. J’y vais avec un ami ! Bon, pas vraiment un ami car personne ne le connaît à part moi, mais il avait l’air d’être content que je lui propose alors.. Tu ne le connais pas, je n'en ai pas parlé à Natsuki non plus donc chut. On est ami.. Je crois ? elle glousse un peu, ses joues sont presque rosées par la simple pensé de Yuyeon, puis ses pensées divaguent et reviennent en place. Tu vas rester avec Natsuki à la maison ? Ou tu vas aidez ta mère à nettoyer votre jardin ? elle penche la tête pensive, se demande où c'était elle arrêter dans les histoires familiales de ses amis. Est-ce que ça va mieux avec ta famille?

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Ce n’est pas le bruit de la porte qui lui fait tourner la tête de la fenêtre, mais plutôt celui de la voix de Mona qui l’interpelle. « Et tu m’as trouvé ! » rétorque-t-il en souriant, pas pressé pour la rejoindre et se dépêcher de l’aider à porter tout ce qui l’entoure. « Pourquoi est-ce que t’as tout ça ? » Il devrait sans doute le savoir, membre du seitokai tout comme elle, mais Haru n’est pas le plus assidu des personnages. Ça ne serait pas la première fois qu’il apprend au dernier moment ce qui est prévu. « Je t’aurais envoyé un message et attendu ici de toute façon, je voulais te voir aussi ! » Il finit de vider les bras de Mona avant de se poser devant elle, satisfait d’avoir été utile — alors qu’il n’a presque rien fait.

Grand sourire sur les lèvres quand il voit les donuts et la boisson de Mona. Les sucreries ont un goût encore meilleurs quand elles sont partagées dans cette salle avec Mona, c’est un théorème qu’ils ont écrit ensemble avec les années. « Comme toujours, t’es la meilleure !! » commente-t-il d’un ton léger, premier croc fait dans le donuts, comme s’il allait disparaître s’il ne se dépêchait pas de le manger. Puis le sujet change et il écoute avec un sourire taquin les histoires amoureuses de son amie — elle ne les définit peut-être pas avec ce terme, mais Haru n’est pas dupe. Il a remarqué les quelques rougeurs et les gestes nerveux. « C’est pas un souci ça t’inquiète, je peux remettre à la lecture par moi-même ! Par contre il va falloir que tu me racontes cette histoire ! » Un ami que personne ne connaît ? Le début d’une romance que Haru ne connaît pas ?! Impensable pour lui ! Mais son sourire s’envole quand sa mère est évoquée, et comme si Mona avait su lire son regard, il se retrouve à devoir répondre à la question qu’il redoute le plus. Le donuts est mis sur le côté, posé sur une table, l’appétit coupé — pourtant il veut en parler à son amie. Il ne veut pas garder pour lui tout ça, sous peine d’exploser. « Non, ça va pas mieux. » Voix sombre en disant ça, comme toujours, les émotions de Haru sont lisibles sur son visage. « Je veux pas que ça aille mieux. Je sais qu’il suffirait que j’aille les voir et que je m’excuse mais j’ai pas envie de m’excuser. M’excuser de quoi ? D’avoir découvert ? D’en avoir parlé ? D’avoir dénoncé ? » Il soupire, puis hausse les épaules. « Je viens à peine de me réconcilier avec Natsu, pour mon anniversaire. Elle t’en a parlé ? »

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Large sourire face à l’être aimer, chaque fin d’année scolaire, le coeur de la denki est poussière, elle est emportée par une nostalgie immense, envie de serrer dans ses bras ces personnes qui l’ont aidé à se construire, enfuir sa tête entre leurs torses et les remercier encore et encore, de l’amour infini qu’elle leur porte. Car je ne serai pas moi, si je ne vous avez pas rencontré, avait-elle déjà avoué à demi-mot à sa colocataire. Face à Haruka, elle est plus timide, les pommettes roses, heureuses de le compter dans son entourage le plus proche. On a grandit ensemble, c’est vrai qu’on se ressemble. Tout ça ? Oh, pour les banderoles de fin d’année, tu sais : vive le club de poterie, et allez les mathletics ! voix faussement enjouée, suivie d’un gloussement. Ça peut attendre, elle laisse tout sur le côté, trop occuper par la dégustation de donut.

Notre dernier check de donut avant l’année prochaine. Je te mentirais si je te disais que je n'ai pas envie de verser ma petite larme… Chaque année, on doit dire au revoir à notre ancienne version afin d’accueillir la nouvelle... Et mon cœur est terrorisé à l’idée de ne pas vous retrouver, Natsu et toi. une mou triste, presque boudeuse, bien sûr qu’ils sauront se retrouver, ils sont bien plus que des amis à présent, des liens du cœur qui ne peuvent se briser en un changement scolaire. L’ambiance est joviale et légère, retrouvailles sucrée entre les amis, Mona croque allègrement dans le donut caramel et beurre salé, passe sa langue sur ses dents pour décoller l’extra-sucre glace. C’est le paradis… T’imagines ? Ils ont du mettre de la drogue pour que ce soit si addictif ! Le ton change, sujet sensible sur le tapis. Il fallait qu’elle s’informe, Mona, qu’elle comprenne ce qui se passe, la trame à suivre, le fil rouge. On était-il ? Son coeur avait-il trouver la paix dans les réponses approximative données par sa famille ? Cette charge si lourde sur ses épaules, avait-elle disparu. Haru… Elle peine à parler. Ils restent ta famille, je sais que c’est compliqué, et énervant, mais ils partagent ton sang, et ils sont tout aussi adulte que toi. Peut-être que les décisions prises sont farfelue, mais si elles étaient faites, c’est bien pour une raison. Inconnue de leur point de vue, mais les secrets de famille ont pour but de protéger quelque chose ou quelqu’un, non ? Maintenir le semblant de paix qui existe. C’est compliquer, car ça te fait du mal, mais ça leur a sûrement fait du mal à un moment aussi ? Et ils ont sûrement été obligés de le faire pour une raison ? Tu ne devrais pas en faire une guerre personnelle, et accepter de courber l’échine… C’est elle qui dit ça, elle qui veux mener une rébellion contre sa mère qu’elle tiens responsable de ses malheurs. Je suis mal placé pour te dire ça.. - un léger gloussement s’évade de ses lippes. - Mais peut-être que tu devrais te concentrer sur ton bonheur personnel, et leur laisser dans le bourbier dans lequel ils se sont enfermés ? et oui, pour répondre à la question, Natsuki lui en avait parlé, elle secoue positivement la tête, de gros yeux, comme pour dire qu’elle avait tous les détails, c’est faux, elle n’avait que la partie visible de l’ice berg, sachant à quel point la romance entre les deux amoureux est compliqué.

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Il hoche la tête en souriant, se concentre sur les donuts qui l’intéressent bien plus que les banderoles de fin d’année. « Pourquoi est-ce qu’on ne se retrouverait pas ? » demande-t-il la bouche pleine, en levant les yeux vers elle de nouveau. Lui aussi ressent un sentiment particulier à la fin de l’année, la sensation que quelque chose se termine et qu’une nouvelle commence. Il a un pressentiment que c’est d’autant plus le cas cette année, pour plein de raisons différentes. Haru a toujours été stable dans le temps, les années ne l’ont pas changé ; cette année a été différente des précédentes. Il est devenu quelqu’un d’autre, il peut le sentir dans sa vision du monde, dans son comportement aussi. « La seule drogue qu’ils ont mise, c’est le sucre ! » Et il sait de quoi il parle, en tant qu’addict au sucre, que ce soit dans la nourriture ou dans les boissons.

Puis le sujet dérive, sur quelque chose qui le fait nettement moins sourire. Autrefois, il aurait acquiescé. Il aurait été d’accord avec tout ce que lui dit Mona, accepter les choses parce que c’est sa famille, parce qu’il n’en a qu’une, parce qu’ils sont humains après tout, et que tous les humains font des erreurs. « C’est ce que j’aurais fait si ça n’était qu’à propos de moi. » répond-il après de longues secondes. Il a attendu d’avoir fini son donuts avant de parler. « Mais ce n’est pas le cas. Il est question d’une vie gâchée par l’égoïsme de ma famille. Il est questions de… plusieurs vies gâchées, à cause de ma famille. » Oui, il y a celle de Tian Yi. Mais il y a aussi toutes celles que sa famille a écrasé pour être en haut de l’échelle. « Et ça ne leur a pas fait de mal, Mona. Je les ai vu, j’ai parlé avec eux, j’ai pensé moi aussi qu’il y aurait une lueur de souffrance dans leur regard à l’évocation du sujet. Du regret, de la culpabilité, n’importe quel sentiment du genre. Il n’y a rien eu de tout ça dans leur regard. De l’agacement et du reproche, rien de plus. » Il a un goût amer quand il en parle, même le sucre du donuts ne suffit pas à le dissimuler. « Partager le sang de personnes aussi cruelles est déjà assez difficile, je n’ai pas envie de partager autre chose avec eux. » Il ne veut plus rien avoir avec eux, en d’autres termes. Il veut que la coupure soit claire, nette, sèche, irréparable. Il ne veut plus se sacrifier pour une famille qui, de toute façon, n’a jamais été qu’une illusion.

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