i get lost up in the clouds (junseo)

Il tremblait, Tianyi. Il ne faisait pas froid pourtant, les températures de juin ne pouvaient pas le permettre. Il faisait plutôt bon même, malgré la pluie qui tombait dehors et écrasait les vitres, tapait irrégulièrement contre la surface, seul bruit de l’appartement. Si Haruka avait été là, probablement que la radio ou la télévision seraient allumées, ou alors il aurait mis de la musique depuis un haut-parleur, ou bien lui-même serait en train de téléphoner à quelqu’un, pire, en train de se parler tout seul, ou pire encore, en train d’engager la conversation à Tianyi. Aujourd’hui, il n’était pas là et Tianyi disait s’en ficher, était très bien tout seul chez lui ; mais la solitude le frappait. Habituellement, ça allait. Ce n’était pas comme s’il était toujours seul, dans sa vie. Il avait Gaia maintenant et tout allait mieux depuis qu’il avait admis qu’il l’aimait très fort et qu’il ne la lâcherait plus jamais, mais ça ne voulait pas dire qu’il voulait lui révéler ses côtés plus vulnérables ou plus sombres. Gaia était la lumière et il était hors de question de lui montrer à quoi ressemblait l’ombre. Il ne voudrait pas la tacher. Alors c’était pour ça qu’il ne faisait pas appel à elle, qu’il se contentait d’être bloqué dans son appartement, à attendre quelqu’un d’autre. Pas un coup d’un soir parce qu’il n’était pas d’humeur (il ne ferait que penser à Inhyuk, comparer le nouveau venu avec Inhyuk et ça, c’était hors de question), pas Neji non plus car ce serait trop honteux (il était déjà venu le voir en décembre un soir où il n’allait vraiment pas bien, il ne ferait pas la même erreur deux fois), mais Junseo. Junseo, c’était une présence étrange dans la vie de Tianyi. Quelqu’un dans les parages, à qui Tianyi avait peur de s’ouvrir comme il en oubliait cette peur à chaque fois qu’il le voyait. C’était comme si Junseo avait un pouvoir calmant sur lui ; lui faisait oublier tous ses problèmes, faisait fondre ses carapaces comme si sa forteresse n’était faite que de glace. Quand Junseo était avec lui, Tianyi se sentait redevenir enfant et il détestait ça autant que ça le rassurait. C’était agréable de pouvoir se laisser aller, de temps en temps (même s’il ne devrait pas ; il perdait tellement en crédibilité, quand il le faisait).

Lorsque la sonnerie retentit dans l’appartement, Tianyi arrêta de trembler. Il avait peur, vraiment peur, mais ce n’était pas de Junseo dont il avait peur. Il avait peur de ses propres sentiments et surtout, de devoir avouer tout ce qu’il ressentait à voix haute. Ça voulait dire admettre que c’était vrai, que c’était là, et il détestait ça. Il n’avait pas ressenti une telle peur depuis Neji (depuis qu’il avait réalisé qu’il était tombé amoureux de lui). Est-ce que ça se reproduisait ? Non, impossible. Ça ne pouvait pas être le cas. Ce n’était pas ça, qui devait se passer normalement.
Il prit une grande inspiration et se leva lentement, avant d’ouvrir la porte à Junseo. « Hey. » Il le laissa entrer, s’installer sur le canapé. « Tu veux quelque chose à boire ? » Tianyi se faisait bon hôte alors que ce n’était pas dans ses habitudes, mais il disait ça pour gagner du temps, gagner du terrain, et ça, Junseo le savait. À partir du moment où Tianyi l’avait appelé pour venir chez lui, Junseo savait déjà que Tianyi n’allait pas bien. Et Tianyi faisait mine qu’il ne savait pas.