V is for victory, L is for looser. (OS)

Ils avaient gagné. Ces trois mots ne cessaient de se répéter encore et encore dans son esprit, venant mettre à mal tous les doutes qu’il avait pu avoir au fil du match. Bien qu’ayant promis à Keita qu’il arrêterait les balles de l’autre équipe afin qu’il puisse se concentrer uniquement sur la balle dorée qu’il se devait de saisir, il n’avait pas su arrêter une seule fois les essais des poursuiveurs appartenant au groupe des chiens étranges. En temps normal, il n’avait rien contre cette équipe mais il ne pouvait nier le fait qu’il en voulait à certains membres de cette équipe pour le manque de délicatesse dont ils avaient pu faire preuve au fil des mois. Mais, lors du match de ce soir, il s’était senti bien trop inutile alors que les poursuiveurs de sa propre équipe peinait à marquer tandis que les batteurs ne semblaient que très peu atteindre leurs cibles. Si ce n’était Evangeline qui s’était fait exclure par le meilleur des batteurs de son équipe. Évidemment, il s’était inquiété pour la jeune femme lorsqu’il ne l’avait pas vu revenir auprès de ses membres, se demandant bien ce que leur directeur de maison avait pu louper pour que la capitaine ne soit plus à leurs côtés. Mais le temps s’était arrêté lorsque Keita avait saisit le vif d’or, bien que l’arbitre avait annoncé un carton jaune, sûrement pour une raison stupide (peut-être était-ce un supporter des three headed dogs en secret ?) Eiso n’en savait guère plus que le nécessaire sur celui qui surveillait leurs moindres faits et gestes. Et tout avait repris d’un seul coup lorsqu’il s’était sentit embrasser l’attrapeur devant tout le public, oubliant le temps d’un instant qu’ils n’avaient pas à s’afficher. Qu’ils ne s’étaient même pas encore mis d’accord sur ce qu’ils étaient ou non. Mais il n’avait besoin de rien de plus que de le sentir près de lui, de l’avoir rien qu’à lui le temps de quelques secondes après que la fin du jeu ait été annoncée par un sifflement bien trop sonore.

Il avait gagné. La phrase venait accompagner la précédente, bien plus discrète cependant, servant simplement à rappeler au monde entier, mais surtout à lui-même, qu’il était celui qui se tenait quotidiennement aux côtés de la célébrité du soir. Pourtant, il s’était éloigné de tou.te.s lorsqu’ils avaient pu quitter le terrain, désirant se retrouver seul pendant quelques minutes avant de faire face aux festivités d’après match. Il aurait très bien pu rester auprès de ses coéquipiers mais le besoin de ne faire qu’un avec lui-même était bien trop présent. Il avait gagné, mais y perdrait certainement bien plus. La culpabilité venait bousculer toutes les émotions positives alors qu’il se souvenait qu’il pouvait être celui qui mettrait fin à la carrière de Keita avec la stupidité de ses gestes. Il n’aurait jamais dû l’approcher en public, n’aurait jamais dû braver les règles en se montrant si instinctif. Mais il n’avait pas pu retenir cet élan d’affection et savait qu’il devrait y faire face dans peu de temps. Il l’aimait. C’était évident, maintenant. Il n’aimait que lui, n’avait jamais aimé personne d’autre que lui, mais il avait été bien trop aveugle pour s’en rendre compte plus tôt. Peut-être aurait-il dû s’en rendre quelques années plus tôt, empêchant ainsi des catastrophes inutiles.

Un soupir las quitta ses lèvres alors qu’il lançait un regard rapide à l’heure inscrite sur sa montre, il se relevait et quittait la pièce aux milles objets pour rejoindre les vestiaires où devaient se trouver encore ses coéquipiers, sachant qu’il serait de toute façon attendu par Keita.