gods will fall.

18 avril 1998 d’entre les garçons se révèle enfin l’enfant priée envers le ciel, braillements de mars contre le sein maternel. frimousse pour parfaire une fratrie qu’on n’aurait voulu purement masculine -- à peine quelques centimètres, déjà ensevelie sous la croix et la bannière la gamine. ma fille tu soulèveras des montagnes pour ton regard, paternel s’y méprend à bien des égards. remi soulèvera des montagnes, mais pour faire entendre le chaos de son étendard.
7 ans, 2005 silence de plomb au milieu des statues ensorcelées, indécision suscitée par la créature devant elles de son attention dissipée. dans l’attente se percutent les secondes, dans le mutisme s’impatiente l’enfant. aucune pensée pour ses frères aînés, pas même persuadée de l’élément qui l’accueillerait. seulement l’intuition que ce serait différent, qu’elle n’était pas comme les grands. preuve en est, à la manifestation du kistune, que remi ne ferait jamais rien comme les siens, qu’elle ne se contenterait pas de leur existence de vauriens.
10 ans, 2008 au milieu des yakuzas perçus comme des baladins, les enfants se font paladins. toujours dans l’ombre des grands, dans les pas des hommes, la môme peine à s’en tenir au rang. cœur nucléaire à l’effervescence dilapidée dans les veines, elle s’immisce s’accroche s’impose au milieu des garçons, se fait présence kérozène. les mauvaises graines s’assemblent dans la pénombre du clan, au milieu des apprentissages rigoureux et des rêves d’enfants.
15 ans, 2014 ramdam au milieu des états d’âme. chimère bousculée par les traditions vieillissantes et une éducation inclémente. fièvre de l’insoumission au fond des opales brunes, dans le même voile de précision qu’elle dispose sur son apprentissage pour se défendre des lacunes. son adolescence est alambiquée, d’entre les guérillas contre l’autorité et l’acharnement dans ses entraînements pour façonner son identité. môme à la place inconnue au milieu des brigands comme des vivants, se cherche encore entre les mondes.
17 ans, 2016 à l’aube de toute présence, les murmures s’emballent autour de son existence. précédée par toute une réputation, la môme issue d’un milieu de corruption. le patronyme fiché par les frangins l’ayant devancée dans les couloirs, désormais reconnue par l’encre noire. amère notoriété la poursuivant depuis son enfance, dont elle ne se déleste guère avec aisance. rumeurs ravalées dans la violence, et une étiquette bien rapidement posée sur son essence. ce n’est plus seulement pour son appartenance aux yakuzas que les phonèmes de son prénom interpellent. de ses comportements houleux, s’est modelée une réputation ascensionnelle.
18 ans, 2017 en intégrant une formation de magie pure, la dissidence de remi se propage comme une sale brûlure. insulte envers les siens, affront envers les étudiants. la tempête surprend, se fait désormais entendre. elle n’est pas seulement une existence de cendres. au-delà de son vacarme se clament des idéaux indiscernés, un apprentissage trop longtemps mésestimé. toute une scolarité passée autour de sa place à affirmer, désormais elle fonde sa légitimé. s’assurant indifférente quoique satisfaite, du tapage qu’elle engendre entre les membres de la pègre -- remi est pourtant funambule, évoluant dans un domaine en étant loin d’être intègre.
20 ans, mois 2019 un seul pas entre la défiance et la déviance. un seul pas, pour que tout ne bascule. quelle insolence, que de se penser au-delà des interdits. malgré les histoires apportées par les vagues, les plus téméraires n’ont eu de cesse de s’aventurer auprès de l’océan à la nuit tombée. mais voilà qu’après toutes ces années sans grande difficulté, elle s’est retrouvée en captivité. entraînée dans les profondeurs par un dragon d’eau, elle aurait pu en perdre les os. sa première transformation subsiste amèrement par fragments dans une mémoire désormais calomniée. associer une âme par essence sauvage à une nature bestiale, s’est révélé fatal pour son humanité – plus encore que pour d’autres. en quelques semaines à peine l’instinct s’est retrouvé acculé aux abysses, et jamais elle ne s’était trouvée aussi près du précipice. providence trouvée auprès d’omi, le seul à comprendre. depuis tout ce temps, encore. il est le seul -- et c’est bien à cause de ça, qu’une ombre les enveloppe de son linceul.
2019 remi est d’une essence double, d’une existence double, d’une histoire double. incarnation d’une contradiction fracassée dans la dualité, et le sentiment tenace qu’elle ne pourrait jamais être complète -- car la môme est une comète. toujours dans la résilience face aux forces la bousculant, elle gravite autour des êtres en s’insurgeant de la pression des siens, en entrant en combustion dans l’atmosphère. elle s’accorde entre les mondes sans pour autant y disparaître, tout autant attachée à son clan qu’à son émancipation.