A BRIEF HISTORY OF TIME
Godaï ; Shiro s'est lié à ses 7 ans à l'esprit de l'eau. Une surprise pour lui qui avait espéré la main tendue du Godaï du feu, en vain. L'enfant tout feu tout flamme avait été recueilli par le doux bercement de l'eau. Avec les années, le recul, Shiro comprit peu à peu pourquoi. La force de son élément l'accompagnait à travers ses tourments, ses combats ; il lui avait offert le courage de se relever. Encore. Et ce fut presque un choix du coeur plutôt que de raison que d'emprunter la branche du soin.
L'eau l'apaisait. Pas seulement pour sa connexion avec elle, mais aussi pour la sensation sur sa peau, fluide, omniprésente, mais presque aussi légère que le vent. Les plongeons dans la mer, les fleuves, les lacs, devinrent un rituel, sa façon à lui de se défouler lorsqu'il était encore trop jeune pour prendre part aux combats. Sa frustration de ne pouvoir s'immerger aussi longtemps qu'il le voudrait le fit développer le premier seuil de la branche.
Le deuxième vint tout aussi naturellement, comme une échappatoire à son quotidien. S'il ne nageait pas, Shiro pouvait passer des heures le nez en l'air, dans les étoiles, à faire glisser ses doigts le long de ses bras, de sa nuque, pour y faire circuler le chi et, enfin, respirer - fermer les yeux. Oublier.
Puis le troisième seuil, les premiers soins. Sans doute pas la branche qu'on aurait attendue d'un Ryujinchi mais il s'en fichait, ça l'amusait, même. C'était un pied de nez à ces valeurs familiales qu'il ne comprenait pas. Réparer ses plaies pour repartir de plus belle sur le ring - et, parfois, soigner ceux qui sont tombés trop fort sous ses coups, loin des regards, parce qu'il n'est pas comme ça, Shiro - il ne soigne pas, il frappe - c'est tout.
AESTHETIC ;;
I let go. Lost in oblivion. Dark and silent and complete. I found freedom. Losing all hope was freedom.
rebelle doux colérique romantique provocateur protecteur téméraire pessimiste franc impoli auto-destructeur
Contrary to how I feel, painful words come out, I made you struggle and I’m struggling too. Unlike my determination, nothing’s getting better, I always disappoint you and I regret it too.
I let go. Lost in oblivion. Dark and silent and complete. I found freedom. Losing all hope was freedom.
KEYWORDS
A WIZARDING GENEALOGY
Shiro sort avec sa première petite amie, Taliyah.
THE LIFE AND LIES OF Shiro Ryujinchi
Première petite amie, premiers émois, premiers touts, Shiro était fou amoureux d'elle, à s'en rendre niais, même, mais il s'en foutait. Il voulait lui offrir le monde et son coeur avec.
Il faisait nuit noire lorsqu'ils posèrent le pied sur le sable cristallin de la plage. Cet endroit de la côte, bien qu'aussi dangereux que les autres, était moins surveillé, sans doute à cause de son isolement : le chemin pour parvenir jusqu'ici avait été éprouvant. Le vent s'engouffrait sous leurs vêtements et soulevaient les boucles de Taliyah dans une drôle de danse. Shiro rit et l'entraîna par la main. Leurs sacs à dos s'échouèrent sur le sol. Ils étaient jeunes, un peu cons aussi, et l'interdit ne faisait que rendre leur excursion plus excitante.
Le son des vagues et le clapotis de l'eau vinrent chatouiller leurs oreilles. Taliyah lui sourit. Shiro rougit et détourna les yeux sur la mer. Il voulait lui montrer un truc cool. "Regarde," murmura-t-il, un sourire assuré au coin des lèvres avant qu'il ne s'immerge dans l'eau. Il avait atteint le premier seuil il y a peu ; il se savait capable de rester sous la surface pendant 4 bonnes minutes. L'eau était son cocon. Elle le calmait. Le bleu de la mer et celui du ciel se mouvaient ensemble dans un sombre tableau. Mais il n'avait pas peur.
Les cris de peur de Taliyah moururent lorsqu'il ressurgit des flots pour l'attraper dans ses bras, riant comme un chiot devant les remontrances apeurées de sa petite amie. "Je vais bien. Alors, combien de temps j'ai tenu ?" "Qu'est-ce que j'en sais, moi ? Tu crois que j'ai pris le temps de compter ?" Elle était furieuse, et lui hilare. Mais elle ne pouvait jamais rester en colère bien longtemps contre lui.
Ils s'allongèrent sur le sable, leurs doigts entrelacés, les yeux perdus dans les astres - ceux du ciel et ceux de Taliyah. Shiro tira de son sac les bouteilles de saké qu'il avait emprunté à son père. Leurs lèvres passèrent de goulots en goulots. Il ne saurait dire à quel moment ils ont commencé à boire trop, à quel instant leur esprit s'est troublé. Leurs gestes devinrent flous, maladroits, leurs rires plus forts encore. Ils dansèrent et s'embrassèrent sur le bord de la plage, les pieds léchés par les vagues, perdus sous les étoiles trop brillantes.
Et puis le noir. Il rouvre les yeux et Taliyah n'est plus là. Est-ce qu'il s'est endormi ? "Taliyah ?" Le silence. L'écume s'échoue devant lui.
Il plonge dans la mer, hurle son nom, crache et pleure lorsque le sel lui brûle la gorge et les yeux. Il fouille les profondeurs sans relâche. Mais il n'y a rien. Rien que l'eau, insaisissable, intangible, qui l'enveloppe comme un cocon.
Shiro émerge soudain, les poumons en feu. Les larmes ont creusé des sillons sur ses joues et son regard tremble alors que il entoure sa poitrine de ses bras. Il l'a revue, encore. Dans son esprit. Le silence de la mer. Ses cauchemars où le visage de Taliyah sombre dans les flots, où l'eau s'engouffre dans sa bouche, où sa main se tend vers lui, où elle le supplie - mais il ne lui répond jamais.
Ses larmes se transforment en sanglots. Il ne parvient plus à dormir. Ses nuits sont ponctuées de rêves atroces et, le jour, son père ne cesse de briser ses barrières et de lui faire revivre, encore et encore, la mort de sa petite amie. Il n'en peut plus. Il faut qu'il parvienne à reprendre le contrôle. Il le faut... S'il ne voulait pas sombrer dans la démence, comme les autres.
Il avait abandonné. Échoué.
Ses deux dernières années d'études avaient été un échec cuisant. Il ne parvenait pas à se concentrer. Malgré les heures passées sur ses livres, les soirées perdues en études supplémentaires et les cours de soutien qu'il avait quémandé auprès de ses senpais, Shiro stagnait en bas de la liste. Il ne comprenait pas. À quel point pouvait-il être stupide pour ne pas être capable de suivre un cursus ? Un bon rien. Un imbécile. Tout juste bon à sortir les poings lorsque ses mots ne suivaient plus. Un gamin emplit de colère. Stupide.
"Tu me déçois, mon fils."
Shiro serra les poings. Ne pleure pas, putain. Ne t'abaisse pas à ça. Tu es déjà tombé bien assez bas...
Alors un peu plus ou un peu moins, qu'est-ce que ça changerait ?
La foule rugit dans son dos.
Il avait gagné, cette fois.
Le sorcier essuya le sang qui coulait de sa lèvre éclatée et passa entre le filet de sécurité pour rejoindre les loges. Putain. Son épaule lui faisait un mal de chien. Il était encore allé trop loin. Il sourit. Un drôle de sourire, cassé, rongé par la colère. Peu importe. Il pourrait le soigner.
Ses doigts glissèrent sur la chair meurtrie et ferma les yeux. Il sentait le sang ruisseler dans ses veines. Les battements de son coeur animés par l'adrénaline. La douleur qui pulsait dans ses veines. Il n'avait qu'à faire plier sa volonté pour réparer les nerfs.
Il rouvrit les paupières et enfouit ses mains dans ses poches. Le mouvement le fit grimacer. Pas encore. Il ne méritait pas encore d'être soigné.
MY LIFE AS A MUGGLE