we're gonna stand and fight (somi)

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L’envie de protéger les autres avaient toujours été là alors l’envie d’aider comme on l’avait elle-même aidée l’avait logiquement conduite à intégrer la brigade de police magique. Elle était arrivée à son poste avec l’optimisme des nouveaux venus et la droiture d’une jeune femme qui avait déjà trop vécu : parfait mélange d’intégrité. Les années avaient pourtant passé – à une vitesse folle vu le rythme effréné que lui imposaient les frasques de sa famille – et Miyuko se retrouvait à nouveau à ce bureau qui lui avait semblé si immense lorsqu’elle s’était pour la première fois installée derrière. Elle le trouvait trop petit maintenant – paperasse d’affaires non-résolues, d’affaires en cours, de jugements rendus et bibelots porte-bonheur ou cadeaux – souvent laids – offerts par un frère ou une sœur encore enfant à l’époque couvraient la table. Elle avait l’horrible impression de passer ses journées à attendre ; attendre un appel au secours, attendre la signalisation d’un individu suspect, attendre la ronde nocturne qu’elle effectuait chaque soir avant de quitter son poste. C’était toujours, vraiment toujours, une frustration intense d’avoir à attendre que le mal se produise pour enfin riposter mais c’était la tactique peu stratégique sur laquelle semblaient se reposer la plupart de ses collègues. Ils avaient toujours cette sorte de dénigrement d’un fait, d’attente passive tant que le pire ne s’était pas produit et c’est cette même attitude qu’ils avaient adopté avec la jeune fille qu’elle entendait répéter pour la troisième la raison de sa venue.

« Quels connards. » grinça-t-elle entre ses dents en mâchouillant un stylo pour s’empêcher toute intervention risquant une fois de plus d’aggraver la relation mitigée qu’elle entretenait avec ces hommes de pouvoir. Elle avait continué à observer la scène de loin, un peu affalée dans son siège, l’œil jugeur pendant que l’un insinuait que la carrière de cette fille était une raison légitime pour qu’elle s’attire des ennuis – la victime devient coupable. « Hm… » elle réfléchissait, pesait le pour et le contre d’une intervention en faveur de cette sorcière qu’elle ne connaissait pas.

« Somi, c’est ça ? Je vais m’occuper de toi. » Elle avait posé une main sur son épaule : contact assez doux pour instaurer un début de confiance. Elle voulait l’extirper rapidement de l’embuscade dans laquelle les trois hommes avaient piégé leur victime féminine. Elle l’accompagna sans la lâcher jusqu’à son propre bureau pour se réinstaller correctement sur sa chaise. « Tu peux me réexpliquer une dernière fois ce qu’il se passe ? » Déformation professionnelle ou simple curiosité la Tolkien détailla de ses deux prunelles brunes la jeune fille :  elle avait sans doute à peu près l’âge de ses frères et sœurs mais ses cheveux colorés contrastaient énormément avec les traits similaires de sa fratrie.

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Elle avait envie de faire demi-tour, de changer d’avis et de rentrer chez elle. Elle avait envie d’oublier qu’elle en était arrivée au point de demander l’aide pour oublier toute cette histoire et reprendre le cours de sa vie mais le papier qu’elle tenait dans sa main semblait peser aussi lourd que l’ancre d’un bateau. Et elle se retrouvait bloquée en pleine mer, incapable de bouger. « Vous pouvez répéter plus fort ? » la japonaise se força à reposer les yeux sur l’homme face à elle. Tout était clair dans sa tête mais les mots semblaient sonner creux lorsqu’elle finissait par les partager. « J’ai un stalker, répéta-t-elle, et il m’envoie des lettres depuis des mois. » acheva-t-elle en ayant l’impression étrange d’être jugée coupable plutôt que victime.  Par les deux yeux plissés du policier face à elle Somi savait qu’il attendait qu’elle change sa version, qu’elle se ravise ou avoue l’invention totale de son problème pourtant la réaction du policier la sidéra une nouvelle fois. Un signe de tête adressé à des gens derrière son dos et deux minutes plus tard c’était trois policiers qui se tenaient derrière le bureau plongés sur l’écran d’un seul et même téléphone. « Vous êtes chanteuse ? Vous dansez pour des jeunes garçons alors il est certain que quelque uns doivent beaucoup vous apprécier. » expliqua-t-il sans percevoir l’état dans lequel la jeune fille face à lui se trouvait. « C’est… c’est pas juste ça. » les mots restent bloqués dans sa gorge face à l’horrible sensation d’être incomprise. Ils ne pouvaient pas comprendre – c’était comme si personne pouvait imaginer la peur qui l’assaillait à chaque fois que la nuit tombait et que chaque ombre avait l’aura menaçante d’une forme humaine. Ils ne voyaient pas les centaines de questions qu’elle s’était posée sur la moindre personne de son quotidien – et si c’était lui ?. Somi était sur le point de renoncer à cette tentative d’appel à l’aide quand elle apparut. Une main posée avec douceur sur son épaule dans un contact qui la rassura immédiatement et quelques mots apaisants.

« Somi, c’est ça ? Je vais m’occuper de toi. » elle avait la voix calme et bienveillante qu’elle attendait venant d’une policière alors elle n’accorda pas même un regard de plus aux trois gendarmes qui l’avaient mise à l’épreuve. Posée cette fois-ci sur une chaise face à une jeune femme aux traits soucieux la blonde se sentit le cœur à expliquer d’avantage ses tourments. « J’ai reçu ses lettres – elle posa avec précaution un petit tas d’enveloppes brunes – ça fait plusieurs mois mais c’est juste qu’en ce moment… ça devient plus inquiétant. » Et comme pour donner sens à sa phrase, la chanteuse secoua la première enveloppe du tas pour y sortir le contenu : des bouts de papiers gribouillés, des croquis de l’obsession de son stalker, des photos prises à son insu et une mèche de cheveux décolorés qui semblait lui appartenir. « Je sais plus quoi faire. » sa voix se brisa une énième fois sous une pression qu’elle avait l’impression d’avoir accumulée depuis une éternité. « J’ai l’impression qu’il est partout. »

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Elle avait devant les yeux une jeune fille qui lui rappelait sans le vouloir des souvenirs qu’elle essayait de croire oubliés depuis longtemps. Elle avait face à elle quelqu’un lui donnait la possibilité d’être le héros dont elle avait eu besoin autrefois mais l’implication émotionnelle dans une affaire restait toujours un risque car elle avait devant les yeux une fille, une simple fille, dont elle ne connaissait finalement encore rien. Ses doigts avaient machinalement glissé vers le clavier de son ordinateur pour y taper le nom de l’arrivante ; des informations basiques retraçant grossièrement une vie qui semblait à peu près normale étaient référencées dans son dossier. Elle n’avait pourtant pu s’empêcher de laisser traîner ses yeux sur quelques points particuliers. « Comment va Nuri ? - préfète actuellement des rouges la policière ne doutait pas de la forte probabilité que les deux devaient se connaître, et Rose ? J’espère que Keita ne fait pas trop de bêtises aux dortoirs. » La brune se râcla la gorge soudainement consciente de sa disgression. « Tu as reçus ces lettres dans ta chambre ? Ça me fait dire qu’il pourrait certainement s’agir d’un élève. » Pas la peine de préciser tout de suite que l’option qu’un kasai soit à l’origine de son cauchemar lui semblait être fort possible. « Je peux ? » demanda-t-elle comme une simple formalité de politesse en s’emparant du petit tas de lettres qu’avait déposé l’étudiante sur son bureau. Les mots semblaient avoir été tracé à la main-même de celui dont elle recherchait l’identité ; le papier utilisé variait sans donner l’impression d’une quelconque logique mais le style d’écriture restait à chaque fois le même. Beaucoup d’indices qui ne menaient pourtant à aucune piste particulière. A demi-mot la policière tenta un sortilège de détection sans y déceler quoi que ce soit d’anormal. « Dis-moi Somi, tu as reçu quand cette lettre ? » demanda-t-elle en pointant une enveloppe encore scellée. Impossible d’en deviner la date mais quelque chose, un doute encore incertain, lui soufflait qu’il devait sans doute s’agir de la lettre qui avait finalement décidé la jeune sorcière à franchir les portes de son commissariat. L’idée qu’il avait fallu plus d’une dizaine de lettres pour la voir arriver devant était assez triste – et frustrante ? – mais l’aînée des Tolkien savait qu’il existait bien une méfiance à l’égard de la police. Et elle avait beau faire son métier du mieux possible ça n’était pas suffisant pour changer une donne pareille alors elle s’efforçait simplement de créer une confiance réciproque avec chaque nouvel individu suffisamment courageux pour demander son aide. Et elle se devait de faire pareil avec Somi.

« Tu veux boire quelque chose ? » question anodine qui prit un autre sens lorsque l’adulte se leva de sa chaise et contourna son bureau. « On va faire un petit tour ? » suggéra-t-elle en tendant une main amicale. Il fallait s’éloigner de l’ambiance aseptisée de ce commissariat pour réfléchir plus sereinement à la situation globale de la kasai. Miyuko ne pouvait se contenter des questions basiques d’interrogatoires ni se résoudre à renvoyer Somi sans lui avoir apporter un semblant d’avancement dans sa quête. Elle voulait discuter plus librement, en apprendre plus sur elle, découvrir sa vie dans l’espoir fou d’y trouver quelque chose qui pourrait expliquer l’état actuel des choses. Elle avait pris le lead de la marche sans pour autant presser le pas pour sortir du bâtiment sous les yeux curieux de ses collègues. Elle avait alors indiqué la direction à prendre pour entrer dans un café qu’elle fréquentait souvent de part sa proximité adjacente au commissariat.

« Tu chantes depuis longtemps ? » demanda-t-elle une fois qu’elles furent assises à une table. Elle ne pouvait s’empêcher de prendre un ton doux et prudent malgré la banalité de sa question.

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C’était une sensation différente de capter enfin la bienveillance d’un adulte à son égard et sa situation. Le sujet était délicat à aborder de par les nombreuses zones de flou qu’elle n’arrivait à partager ou à expliquer correctement mais Miyuko semblait avoir assez de patience pour lui laisser la chance de raconter son histoire. La chanteuse était pourtant restée calme, un peu gênée, face à la policière qui semblait absorbée par son écran d’ordinateur alors les premières questions qui lui furent adressée la laissèrent quelques secondes muettes. Somi ne s’était pas attendue à ce que le nom de ses camarades kasaï ne glissent dans leur conversation. « Alors… je crois qu’elles vont bien. Et Keita heu… hésita-t-elle car elle ne se voyait pas promettre que le kasaï restait loin des ennuis, il est comme d’habitude. » C’était assez vague pour ne pas alarmer l’aînée.  Somi s’en voulait de n’avoir fait directement le lien entre le nom inscrit sur la petite plaquette dorée posée sur le bureau de Miyuko et celui que portait ses camarades rouges pour comprendre plus rapidement qu’elle avait face à elle leur sœur.

L’hypothèse de Miyuko lui fit un pincement au cœur mais s’appuyait sur des inquiétudes et des soupçons similaires aux siens. Si quelqu’un avait été capable de s’infiltrer dans sa chambre il y avait de fortes chances que ce soit un kasai – vérité dure à digérer. « Je l’ai reçue ce matin. » répondit-elle après l’inspection minutieuse de la policière. Somi se doutait que c’était la réponse attendue par Miyuko qui avait eu le flair d’être particulièrement intriguée par la lettre de trop, celle que Somi n’avait pu se résoudre à ouvrir et celle qui l’avait décidée à enfin réclamer de l’aide. « Je l’ai pas encore ouverte. » précisa-t-elle alors que l’état impeccable de l’enveloppe mettait déjà cette information en évidence. L’étudiante s’attendait logiquement à voir Miyuko ouvrir la fameuse lettre pour y découvrir son contenu mais sa réaction fut tout autre et la situation changea du tout au tout.

Elle avait accepté poliment la proposition d’aller faire un tour ailleurs en passant devant les regards jugeurs des trois hommes qui l’avaient interrogé précédemment et quelques minutes plus tard elle s’était à nouveau assise en face de la policière. Le décor avait pourtant changé : elles se retrouvaient à présent dans un petit café dont l’ambiance rendait l’interrogatoire beaucoup plus intime. « Depuis toute petite, ma mère m’a fait prendre des cours très tôt et j’ai continué dans cette voie. » expliqua-t-elle en scrutant la carte du menu sans pouvoir s’empêcher de ramener la discussion vers le sujet initial. « J’aimerais ouvrir la lettre maintenant. »  Elle posa le fameux objet sur la table avec autant de précaution que s’il avait s’agit d’une arme. Le regard de la policière lui soufflait qu’elle aussi attendait d’en connaître le contenu alors avec prudence la kasai procéda à l’ouverture et la lecture de ce message non voulu. « Il y a un lieu et une heure ici ! » s’exclama-t-elle plus fort qu’elle ne l’aurait voulu en tendant le parchemin à sa voisine de table. C’était la première fois que son stalker semblait enclin à dévoiler son identité. « Qu’est-ce que je dois faire ? » Après l’excitation qu’avait provoqué ce retournement de situation c’était l’inquiétude qui se lisait sur les traits de la plus jeune. Une rencontre signifiait que son stalker n’avait plus rien à perdre à lui dévoiler son identité alors qu’avait-il soudainement derrière la tête pour enfin laisser tomber le masque ? Valait-il mieux éviter la confrontation au risque d’un drame ? Le fil de ses pensées fut interrompu par un serveur. « Je vais prendre un thé wiggentree » et Somi se pencha aussitôt vers Miyuko une fois que le sorcier retourna vers la cuisine après avoir pris leurs deux commandes. « Vous le saviez ? - Elle se pencha encore un peu plus en baissant la voix – Vous saviez qu’il aurait envie qu’on se voie ? » Elle avait la sensation que la policière connaissait l’issue de cette lettre avant même qu’elles ne l’ouvrent.

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Le décor avait changé mais les inquiétudes restaient les mêmes. Les murs blancs et froids du commissariat avaient laissé place à une décoration beaucoup plus intimiste et cosy. Quelques autres clients étaient assiégés mais les deux jeunes femmes étaient assez pour isolées pour pouvoir discuter sans vraiment s’inquiéter. Elle espérait ainsi que Somi se sentirait beaucoup plus libre et à l’aise de pouvoir se confesser à elle, loin de ses collègues qui n’attendaient qu’un faux pas de cette jeune étudiante pour pouvoir décrédibiliser son histoire. Elle avait donc posé une première question, sincèrement intéressée à l’idée de comprendre comment cette jeune fille qu’elle avait en face d’elle en était arrivée à devenir chanteuse. L’idoling japonais était un univers totalement étranger pour la Tolkien qui avait passé la plus grosse partie de sa vie aux Etats-Unis. La réponse de Somi à sa question la formalisa sur le fait que ce choix de profession avait dû être fait très tôt mais la faisait aussi tiquer sur l’influence possible des parents sur cette décision. En étant l’aînée de six frères et sœurs, Miyuko avait compris que ce serait difficile de tirer les vers du nez de la blonde et, plus encore, que ses questions personnelles seraient vraisemblablement évitées comme la peste. Elle avait pourtant besoin d’en savoir plus alors elle insista. « Tu as reçu ses lettres après un événement particulier dans ta carrière ou ta vie personnelle ? » se risqua-t-elle à demander. « Tu peux lire la lettre, vas-y. » lui assura-t-elle ensuite d’une voix douce.  La détermination de la jeune fille à vouloir découvrir le contenu de l’objet lui indiquait qu’elle avait repris assez confiance – et peut-être était-ce grâce à la présence de la policière à ses côtés ? La tension se figea lorsqu’un serveur se posta devant leur table. L’aînée laissa la chanteuse commander en première puis partagea la sienne d’un : « Pour moi ce sera un cappuccino ». N’importe quelle boisson était de toute façon meilleure que celles disponibles au commissariat. Elle observa Somi occupée à la lecture du courrier ; la blondeur de ses cheveux apportait une aura douce et légère à la jeune fille alors que sur son visage encore un peu enfantin on pouvait y voir une expression sérieuse et concentrée. Miyuko ne doutait pas du charme de cette fille et de l’aura magnétique qu’elle devait dégager sur scène au risque d’attirer les mauvaises personnes.  

Les yeux de la cadette s’agrandirent sous la surprise alors qu’elle lui pointa un endroit précis sur la feuille ; l’inconnu avait donné rendez-vous à son idole. Rien de surprenant pour la policière dont le calme contrôlé n’échappa pas à la jeune fille. « J’en étais pas sûre, expliqua-t-elle, mais au vu des dernières lettres que tu avais déjà reçu ça me semblait fort probable qu’il demande à te voir dans un cadre officiel. » La brune soupira. Elle était réellement attristée par la situation délicate dans laquelle se trouvait Somi. Que pouvait-elle lui conseiller de faire ? Sa prudence lui dictait de faire en sorte que la chanteuse ne tienne compte de ce rendez-vous mais sa témérité lui susurrait que c’était l’occasion idéale pour démasquer celui qui la tourmentait. « Ecoute Somi, pour la première fois depuis le début de leur conversation Miyuko afficha une mine grave et sérieuse, on peut ignorer sa demande et essayer de le démasquer d’une autre façon ou… on peut tenter d’aller là où il t’a donné rendez-vous et lui tendre un piège. » Le choix ne dépendait que de Somi et Miyuko ne voulait en rien forcer sa décision.  « Peu importe ton choix, tu pourras compter sur moi, tiens. » D’un coup de baguette magique l’aînée fit apparaitre des numéros sur l’une des serviettes posées sur la table. « Tu peux m’appeler quand tu veux, n’hésite pas. »  Un sourire rassurant, celui qu’elle réservait souvent à ses cadets, étira ses lèvres en même temps qu’elle tendit le papier à la demoiselle.

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Elle avait maintes fois réfléchit à la question. Qu’avait-elle fait pour recevoir de telles lettres ? Cet inconnu l’avait-il dans le viseur depuis de nombreuses années pour finalement se décider récemment à agir, à révéler son existence ou bien… quelque chose avait-il attiré son attention sur Somi durant ces derniers mois ? Elle se revoyait, tête plongée dans un oreiller senteur lavande, en train de réfléchir à ce qui avait bien pu changer dans sa vie au point d’attirer une telle fougue. Que s’était-il passé durant ce début d’année ? Rien de spécial. Un anniversaire fêté, comme à chaque fois, entourée d’amis. Des sélections réussies qui lui avaient permise d’enfin fouler un terrain de Quidditch – une victoire personnelle d’une lutte acharnée contre sa peur du vide. Un intérêt singulier pour un camarade dont elle n’osait même pas penser le nom alors qu’elle se trouvait face à sa grande sœur. Et une accalmie, pas très inquiétante, sur ses activités d’idole qui venait de prendre après la négociation d’un gros contrat. Mais l’information était si récente – elle-même avait d’ailleurs encore du mal à y croire – qu’elle doutait que quelqu’un d’externe ait pu y avoir accès. « Non, je vois rien de particulier autour du moment où elles ont commencé à arriver. » Elle afficha un air désolé en se rendant compte qu’elle n’apportait aucune information utile à l’enquête de la policière. « Je suis désolée, j’aimerais vraiment pouvoir être plus utile… » se lamenta-t-elle finalement en évitant le regard de la jeune femme devant elle qui prenait déjà le temps de l’écouter.

Elle l’écouta attentivement lorsque son prénom glissa des lèvres de la brune. Quelque chose avait changé dans son attitude, elle se tenait plus droite et sa mine semblait avoir pour la première fois prise une expression grave. La kasai s’en sentait presque intimidée. Mais elle se pencha un peu vers Miyuko et fit son possible pour soutenir son regard pendant qu’elle lui présentait deux options d’action. L’une consistait à ignorer le rendez-vous proposé et c’était le choix vers lequel Somi s’était naturellement tourné – la prudence était toujours de mise pour elle. Mais la seconde proposition de Miyuko la laissa songeuse. Pouvaient-elles tendre un piège à cet inconnu ? Elle, qui s’était terrée de peur durant plusieurs mois, se sentait attirer par l’idée de pouvoir mettre fin à tout ça. Et le sérieux de la brune lui inspirait suffisamment confiance pour espérer que ce piège ne se retourne pas contre elles. « Je heu… elle hésitait à confirmer sa décision qui impacterait les deux personnes autour de cette table, j’en ai marre de passer mes jours à redouter l’arrivée d’une lettre ou d’un message. » Elle se sentait toute petite à confesser la peur qui étreignait son cœur et bridait sa vie. Ses yeux la picotaient au point de la faire cligner plusieurs fois pour tenter de refouler des émotions qu’elle avait réussi garder pour elle jusque-là. « Je veux plus avoir peur, une de ses mains vient frotter ses yeux humides, et je veux qu’on le prenne à son propre jeu. » Sa phrase se voulait déterminée malgré son regard craintif qui s’adoucit soudainement lorsque Miyuko lui tend une serviette griffonnée de quelques chiffres. Somi s’en empara avec précaution et fixa le numéro pendant plusieurs secondes. « Merci, elle plie le papier en deux, merci pour tout, vraiment. » C’est toute sa reconnaissance qu’elle essaye de transmettre à travers ces mots très simples mais tout est sincère. L’étudiante sait qu’elle a gagné une précieuse alliée à ses côtés, que cette femme qu’elle ne connaissait pas il y a une heure acceptait de vouer une partie de son précieux temps à l’aider. Et elle est reconnaissante envers cette figure protectrice qui se tient devant elle, envers cette policière qui n’a pas douté de ses mots. Et, plus que tout, elle a, pour la première fois, la certitude que tout finira par s’arranger.