bad at love (yujin)

captif d'une colère silencieuse et palpable, les vaines tentatives de contenir ce regard noir dominant ses prunelles. de simples vents qui ont provoqué une énième fois cet instinct fraternel étouffant et maintes fois reproché à hayan, mais réelle incapacité que de se retenir d'être surprotecteur avec lui. depuis toujours c'est ainsi, yujin na, benjamin dorloté, petit frère adoré, ne pouvant s'empêcher de veiller sur lui, par dessus tout qu'aucun mal ne lui soit fait. bienveillant envers lui (bien trop), une distance imposée par yujin et de laquelle le cadet ne s'est jamais conformé. la non réciprocité de leur relation dont il a conscience mais à laquelle il joue l'aveugle et ne portera onques à cœur, l'aimant si tendrement qu'incapable de lui en vouloir un jour. alors quand les bruits qu'un camarade aurait couché avec son frère se sont élevés, se répandant si rapidement dans les allées cauteleuses de l'école que venant jusqu'à lui, photos d'eux ensemble circulant, chuchotements, rires et insultes s'accompagnant, à l'encontre de son frère innocent, rien qui ne soit tolérable pour hayan. l'humeur devenant exécrable en un instant, son livre de poèmes français refermés dans un claquement, demandant sans aucune délicatesse auprès d'un élève passant où sa classe pouvait se trouver, ses pas le dirigeant sans attendre vers le dernier cours de droit de la journée. qui est celui osant salir son frère, ternir son image, laissant courir de tel propos à son égard, ne méritant aucunement yujin, il ne peut accepter. les minutes passant, patientant sans réelle patience contre le mur froid du couloir peu fréquenté à cette heure-ci, une sérénité qui n'est que d'apparence chez le sorcier, tentant d'imposer calme à ses nerfs à vif en regardant l'astre solaire se coucher lentement. mais inutilement, familiarité de la sonnerie annonçant la fin de classe résonnant entre les murs, hayan qui observe attentivement chacune des personnes aux traits épuisés quittant la classe, attendant fermement l'arrivée de l'être déclencheur de ces rumeurs. quelques secondes écoulées et la sortie attendue de sa cible, le visage reconnu au travers des photos vues plus tôt, hayan qui sans aucune gène, se positionne devant lui, le laissant se cogner contre son buste. des excuses balbutiées audibles, mais rien qui ne l'intéresse, l'irruption de sa voix fulminante. “alors comme ça t'as couché avec mon frère” question rhétorique, le repoussant avec son doigt, se voulant imposant, l'envie d'être redouté, “pourquoi tu l'as séduit, tu lui veux quoi” persistant dans son geste, le poussant en arrière, à chaque fois plus fort, se servant de ses deux mains, “t'es au courant que toute l'école est au courant? c'est ça qu tu voulais?”  le placide hayan n'était plus, se dires ne faisant qu'intensifier sa rage visible et grandissant à chaque instant. son sang de vélane s’entremêlant à ses émotions bancales, l'oubli certain de ses devoirs, la mise en péril du secret familial dans ce moment orageux. mais une perte de contrôle stoppée nettement, coupé dans son élan avant qu'il ne puisse continuer par une silhouette familière venant se placer entre eux avant que malheur n'arrive: yujin.

Les mêmes rires propagés à son passage, tare que ses empreintes semblent inlassablement laisser derrière lui, comme une certitude. Il sera toujours la honte, la risée. Celui qu’on entoure de médisances, toujours lui, jamais les hommes et les femmes qui partagent son lit. Après tout, ils sont deux dans ces photos intimes qui se sont répandus dans les couloirs du lycée, seulement, c’est sur une seule personne qu’on jette la pierre, lui, parce qu’il est celui qui séduit, celui qui les entraine vers leurs pertes. Celui qui, envoute les gens vers lui, à travers ses secrets cachés. Le sang de vélane coule et le rend irrésistible à presque tous les regards, il en profite parfois. Plus que tout, il est la main qui reçoit l’argent, les longs doigts s’accaparant les nombreux billets et la veille n’y a pas fait défaut. Il avait passé la nuit dans les draps d’un camarade d’école plus séduisant que d’autre, assez pour que Yujin dérive de ses propres principes et décide de l’avoir pour plus d’une fois, et bien qu’il ait été payé à chaque fois, l’amant éphémère s’était finalement pensé en mesure d’avoir des droits sur lui. Il lui a parlé d’amour et de relation, et Yujin lui a ri au nez, presque naturellement et l’a abandonné, nu dans le grand lit. La vengeance est mesquine et péril. Des photos habillent les couloirs et il y porte à peine attention, ce n’est pas la première fois, et on oubliera rapidement dès que sa prochaine frasque se fera entendre. Ses pas continuent, insensibles aux paroles et l’un des détours lui fait face à l’imposante silhouette de son frère et l’homme dont il avait allegedly brisé le cœur. Énième soupir, Hayan devait toujours trop en faire, et les rumeurs ne feront que grandir. « Hyung ! » gémissement aussi plaintif qu’agacé alors qu’il se fait rempart entre son frère et l’homme, levant la tête au ciel pour espérer au moins capter le regard si éloigné de son grand-frère. « Arrête de me faire honte, laisse-le tranquille. » Il n'en avait que faire de ce camarade déjà oublié, son frère pouvait même le briser,il ne cillerait pas. Mais pas à l'école, pas en face de tous les autres. Encore moins avec le risque que Hayan se retrouve à montrer qui ils étaient vraiment, sous la colère.

la voix de son frère qui résonne instantanément dans son palpitant enfiévré, le timbre agacé de celle-ci suffisant à calmer les palpitations agitées. une énième perte de contrôle sur lui-même qui n'appartient plus qu'au passé, le sang encore brûlant dans ses veines qu'il sent tiédir. reprise de conscience à temps, hayan relâche un soufflement de soulagement mêlé à l'impatience, ses prunelles noires toujours posées furieusement sur l'être terrifié, responsable de la situation actuelle que le semi-vélane souhaite tant écraser pour ressentir vague satisfaction. la colère qui continue de dévorer ses entrailles mais la cruauté des mots de yujin qui l'atteignent sans faille, suffisant en somme pour détourner son attention de sa cible et la reporter sur le sorcier partageant son carmin. confrontation avec le regard du benjamin na qu'il n'ose, hayan sait pertinemment qu'il s'est emporté de trop, une fois encore, dés que cela touche sa famille, le sorcier n'est plus la perfection qu'il présente à tous, seulement les failles qu'il s'évertue à cacher et sa nature vélane prenant le dessus en un instant. le secret familial ébranlé par son amour excessif pour yujin et son désir inné de toujours vouloir le protéger, mais la haine qui s'efface pour la peine, rien qui ne pénètre ses sentiments plus que les paroles de son petit frère adoré. « moi, ton frère, te faire honte? » en l'instant incapable de discerner si yujin a dit cela parce qu'il le pense sincèrement, ou simplement pour le faire revenir à lui-même, ses émotions dans le tourment. une dispute entre frères, chose que hayan réprouve par dessous tout, complicité entre eux déjà si maigre malgré maints efforts de sa part depuis des années pour l'améliorer. maintenant les craintes que le benjamin ne s'éloigne que plus de lui le ruminant, que ce dernier se confesse à hayan encore moins à cause de ce conflit absolument méprisable. la fureur qu'il sent le regagner à ces pensées, le fautif assistant à la scène en silence alors que tout est de sa faute. « celui qui fait de toi la risée de l'école, c'est lui ou c'est moi? » pointant du doigt l'élève en question qui n'ose répliquer par peur de l'instabilité des réactions d'hayan. énervement aucunement dirigé vers yujin, jamais il ne pourrait ressentir même pointe d'irritation envers le benjamin, mais de la frustration sans aucun doute. hayan qui a pour seule intention d'obtenir justice pour son petit frère après tout, mais voilà que rien ne se passe comme imaginé. « pourquoi tu prends sa défense yujin, il le mérite pas » une sincérité plus que perceptible dans sa voix quelque peu brisée, convaincu de l'entière innocence de son frère dans cette histoire, hayan pose finalement un regard protecteur sur sa personne qui semble dépassée par les événements.

La rage et la colère sont tous deux des sentiments que les na doivent éviter le plus possible, encore plus face autres, encore plus entre les couloirs de l’école. Pourtant, si le plus jeune essaie d’encourager des relents de calme chez son ainé, c’est loin d’être par crainte de son image ou qu’ils se retrouvent découverts, il n’en avait que faire des apparences, encore moins des rumeurs qui pourraient grandir à leur sujet et dévorer Hayan à son tour s’il venait à revêtir leur vrai visage, celui hideux et dénué de leur charme mystique. En cet instant, il ne ressent que de l’irritation face au comportement de son grand-frère. Qui était-il pour ainsi intervenir dans chacune de ses éphémères liaisons ? Il avait beau être un ace student, Hayan devient des plus stupides quand il est question du benjamin. Il lève les yeux vers lui, bien trop haut ; ça aussi, ça l’avait toujours agacé, une goutte de plus, pourquoi Hayan devait-il être si grand et imposant. Il déteste avoir à lever si haut la tête pour le conforter et le sentiment de vulnérabilité qui en découlait, même si Yujin a conscience qu’il n’y avait aucune fragilité face à son frère, il aura toujours l’ascendant. Parce que Hayan est le seul à ressentir cette ferveur fraternelle, il n’y avait que lui à le mettre sur un piédestal, et Yujin n’assumera jamais la réciprocité de cet amour. Non, Yujin n’aimait pas son frère. Il espère sa disparation, comme le reste de leur héritage, il ne sera jamais comme eux. Il refuse d’accepter le battant qui s’émiette face à la peine qu’il se voit imposer dans les iris chocolats du plus vieux. Indigne et ingrat, il préserver sa tête haute. « Oui toi, mon frère, tu es trop aveugle même pour voir ça ? » A roder derrière lui dans les couloirs telle une hyène, prêt à lancer l’assaut envers quiconque il juge importun pour Yujin. Et pour Hayan, personne ne sera assez, il le sait, et cette mascarade ne se finira jamais. « Hayan. » le prénom encore qui tremble avec désarroi sur ses lèvres, son prénom toujours, jamais l’affectueux hyung que l’ainé rêve surement d’entendre un jour, comme pour affirmer leurs liens. Un simple plaisir que Yujin se refuse aussi à lui offrir. « Je sais me défendre seul, j’assume les conséquences de mes actes alors juste arrête. » Il tente tant bien que mal de préserver son calme. Il a conscience du mal qu’il impose et c’est presque addictif, il ressent une douleur similaire face à la peine de Hayan, mais quelque chose en lui est pourri, elle s’envenime de plus en plus profondément, et l’empêche de faire autrement. Il voudrait être ce qu’il perçoit dans les yeux de Hayan, mais il n’y a rien. Il est vide et corrompu, loin de toute innocente. Il est enragé à la pensée que Hayan l’abandonnera, vraiment, pour de bon, s’il finissait par percevoir toutes ses impostures et imperfections. « Tu m’étouffes. » Un souffle plaintif qui s’arrache à un gosier. Mais il ne sait pas comment vivre sans cet étau fraternel.