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un acouphène dans le cœur à chaque battement
j'attends que le sort s'acharne sur un autre que moi
— sonnette d’alarme.
elle fronce les sourcils. ignore d’abord.
le reflet à travers le miroir est analysé, scruté sous tous ses angles. les courbes imparfaites captivent l’oeil, l’empêche de se détourner quand de l’autre côté – ça continue de l’alarmer.
un dernier soupire.
l’eau vient rafraichir les traits fatigués de la jeune femme. les cheveux accrochés en un chignon jusqu’à maintenant sont libérés et elle laisse derrière elle l’odeur acidulé de son parfum.
absence remarqué lors des cours cet après-midi, rapporté par tes camarades de classe. question qui se répètent encore et encore (il est où kaito ? il est malade ?). pas dans ton habitude pour qu’elle s’en inquiète rapidement.
sac accroché à l’épaule, le pas s’active jusqu’à toi, se décide à te rejoindre enfin après l’ignorance certaine qui aura duré trop longtemps – pour t’aider, t’offrir son épaule, ses jambes, (ses yeux) (sa vie en suspens).
(…)
le silence se fait entendre alors qu’elle frappe pour annoncer sa présence. sans réponse, elle se permet de s’immiscer dans la pièce.
la lumière presque absente permet seulement de t’éclairer alors qu’elle s’approche de toi, se laisse alarmer par les larmes qui se font entendre. bruit assourdissant d’une détresse qu’elle ne reconnaît pas – quelques échos du passé refaisant surface. kaito ? qu’est-ce… un mouvement de recule. la chaleur de ta paume qui s’appose sur la peau glacé de la jeune femme ; malmené par le vent glaciale à l’extérieur. l’épiderme blanc comme neige joliment coloré par quelques teintes chaleureuses. ses prunelles ancrés aux tiennes, elles tentent de distinguer ce qu’il en est de ce voile qui te barre habituellement la vue. toujours présente – mais différent, ce soir.
est-ce la vue qu’on te refuse, ou simplement les larmes qui menacent de s’écrouler à tes pieds ?
je te vois.
ça résonne à quelques reprises. les mots ont un peu de mal à être compris sur l’instant. ses pupilles te dévisagent, parcours chaque recoin de ton visage – ses sourcils se froncent un instant. tu me vois ? dans un murmure. tu me vois, kaito ? le ton est haussé, la voix a du mal à faire un trajet sans fausses notes. elle est enrouée, malmené par les émotions.
tu la vois.
et c’est une déferlante d’émotion qui s’abat sur vous, les larmes qui happent ta respiration, sanglots qui se font nombreux alors que tu découvres le tissu de son uniforme, te familiarise avec les couleurs – les nouvelles sensations. comment c’est possible…? tant de questions qui l’envahissent, souhaitent toutes être posés en même temps.
pourtant, elle t’offre quelques minutes de répit. n’ose imaginer être à ta place – ces découvertes soudaine (et cette peur, elle l’imagine, qui tyrannise).
alors, naturellement, la douceur la trouve. l’une des rares fois où ses bras viennent entourer ta carrure, la main qui caresse ton dos pour tenter de te calmer –
tapote doucement, sûrement.
ça va aller – respire.
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un acouphène dans le cœur à chaque battement
j'attends que le sort s'acharne sur un autre que moi
— sensation inédite qui semble te submerger, te faire couler (presque). kyoko toujours présente pour t’empêcher la chute. mais celle-ci n’a-t-elle rien de merveilleux ? les iris fixent les tiennes quand l’obscurité, enfin, t’a quitté. les images ne sont plus fictives, elles deviennent réelles, prennent des allures superficielles et — enfin. tu la vois.
tes larmes se mettent à couler, à enrouer ta gorge quand kyoko ne sait comment agir. elle n’y était pas préparée. pas comme ça, pas aujourd’hui. égoïstement, aurait préférée que cela arrive bien plus tôt (maintenant c’est trop tard, maintenant ça n’a plus de sens. elle est déjà brisée, en mille morceaux).
mais elle te rassure, kyoko, comme toujours. fait taire cette petite flamme qui tente de prendre trop de place, de créer un feu de forêt et tout ravager. elle appuie dessus jusqu’à ce que ça disparaisse. elle ignore, ferme les yeux — te serre simplement dans ses bras. ça va aller. ça se répète inlassablement jusqu'à ce que les sanglots parviennent à se stopper. et ça ne devrait qu’aller mieux, non ? trouver la vue quand on n’a jamais pu voir, ça devrait être fabuleux, non ?
main aplatit sur ton dos, elle descend, remonte, te câline à sa manière (dans un semblant de gêne qui lui est propre). kyoko n’a pas l’habitude des attentions. pourtant, ce soir, te voyant au bord du gouffre — elle te ramasse et refuse de te voir sombrer un peu plus. les larmes sont essuyées du bout des doigts.
pourquoi ça le serait ? elle est brève, sèche, sûre d’elle. cette habitude qu’on les malheureux de voir l’éphémère dans un instant de bonheur. elle refuse kyo. si tu veux ce soir, tu verras éternellement (elle s’en assurera). arrête de penser comme ça, kaito. ce ne sera pas temporaire. on s’en assurera. comme si, à deux, les forces de la nature ne pouvaient rien contre eux. comme si, pendant tout ce temps, elle n’avait pas tenté de trouver des solutions pour alléger leurs peines.
dans un silence, elle te regarde. te laisse un instant pour te calmer. cette respiration affolée qui semble avoir retrouvé son calme. tu as fais quelque chose de spécial, aujourd’hui ?
parce qu’elle s’interroge plus que personne. pourquoi maintenant, et pas avant ? pourquoi il a fallu tant de temps (et d’entailles) ?
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