LUNE ET L'AUTRE

LUNE ET L'AUTRE — 07 AOÛT 2020[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image][Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] & [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]

il fait chaud, les ombres sont saturées et placardées contre les couleurs psychédéliques — le tout rendant un décor onirique, presque fou et coloré. khalis slalome entre les stands et la foule qui pullule à chaque recoin, forçant les contacts de peaux sous cette chaleur sénile. l'épiderme se décolle à chaque nouveau pas accordé et le jeune rokurokubi arrive enfin à apercevoir son reflet à côté d'un stand de disques très extravagant. nas! sa voix résonne contre le bruit des corps, elle se perd dans les airs et s'éteint dans les étroites ruelles sur les langues des autres passants. c'est une tape sur l'épaule de son jumeau qui le fait sursauter. je te cherchais, on avait dit rendez-vous près de la grande roue, se plaint-il, peu surpris que son frère se soit envolé vers un autre lieu de rendez-vous improvisé, ne prévenant pas au préalable khalis. tu veux qu'on aille boire un truc? questionne-t-il tout en réajustant le bob vissé sur sa tête, un accessoire parfait pour échapper tranquillement aux restes de l'être solaire — khalis autant épuisé par la chaleur que le soleil. j'ai vu un stand pas loin qui propose des trucs sympa, termine-t-il quelque peu excité par ce futur après-midi en compagnie exclusive de son frère, sosie perfectionné de lui — une réalité autre que la sienne mais un amour défiant les règles et les failles. deux coeurs qui ne battent qu'à l'unisson, faisant vibrer l'univers et ses voies lactées. narsis et khalis, simplement.

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[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Une cigarette pendue aux lèvres, Narsis s’aventurait à travers les différents stands. Une musique tapageuse inondait ses tympans, à mi chemin entre le rock et l’alternatif. Elle tambourinait à la même cadence que son palpitant, rapide et frénétique. Dodelinant de la tête au grès des notes, il se laissa distraire par ce que le festival avait à lui offrir, distribuant une poignée de sourires aux têtes familières. La foule s’agitait comme une ruche en pleine effervescence, et porté par ses ondulations Narsis s’échoua à un stand de disques. Un tapotement sur son épaule l’arracha à ses contemplations et il fit volte-face, nez à nez avec son reflet. Ah, te voilà enfin ! Ça fait un quart d’heure que je t’attends. Il prit soin de ne pas mentionner que son retard était pleinement dû à son manque de communication. Dis donc, quel beau gosse ce Khalis. Moins que son frère, mais ça fera l’affaire. Il lui décocha un sourire espiègle, dont seul Narsis avait le secret. Sur ce, allons nous trouver à boire. Enroulant son bras autour de ses épaules, il le guida à travers les passants. Tout narquois qu’il était, Narsis dut s’efforcer à ne pas paraitre trop guilleret. La présence de son jumeau, lui étant exclusivement réservée pour toute une après-midi, le rendait terriblement heureux. Ils ne s’étaient pas retrouvés ainsi depuis quelques temps et ces moments partagés à deux lui manquaient. Une fois arrivés au stand de boissons, son regard se perdit entre les différentes options. On part sur une bière pour commencer ?

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khalis roule des yeux aux railleries de narsis, une habitude lorsque son frère prend un malin plaisir à le taquiner. sur ses lèvres danse un sourire emplie de légèreté, sentiment flottant autour de lui à chaque rencontre avec son frère. au fait, tu sais quand je t'ai dis que changer de domaine d'étude était la chose la plus courageuse que tu aies fait? commence-t-il doucement tout en suivant narsis vers un stand de boisson et essayant de ne pas bousculer du monde sur son passage, les corps se mouvant avec difficulté dans la foule. bah, je pense faire pareil, annonce-t-il en hochant la tête, les joues brûlées par la honte et l'embarras. sa peau s'enflamme et il se détache de son frère pour survivre à la chaleur, son système déjà beaucoup épuisé par le soleil — il attends la nuit et ses étoiles, ses astres lunaires et ses mystères. je dois passer mes examens de réorientation ce mois-ci. il laisse narsis commander sa boisson puis ajoute derrière lui : un bubble teaz whitepink s'il vous plaît incapable de boire autre chose que du sucre pour le moment. ses yeux se perdent sur la préparation de sa boisson, incapable de jeter un regard à narsis, dont il appréhende la réaction. droit et langue, répond-t-il à la question silencieuse de son frère. double cursus, une condition de papa pour mon changement. derrière ses paupières revivent les discussions houleuses avec son père — sa mère prétendant depuis qu'il n'existe plus. après des soirées à argumenter au téléphone ou dans le bureau de son paternel, ils parvinrent finalement à un accord. il décide de prendre une gorgée de son verre juste après avoir aperçu sur sa boisson la tête d'une des membres du groupe whitepink (celle ressemblant, étrangement, à katsu). t'as des amis à rejoindre plus tard ? qu'il ose enfin demander, toujours la boule au ventre de se faire rejeter par son frère — ses fréquentations ne sont pas les siennes et khalis a toujours cette insécurité de ne pas être assez en présence pour narsis. il y a toujours cet étrange fossé entre eux qu'il creuse lui-même. overthinker.

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[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Alors qu’il s’apprêtait à commander une bière, il entendit son frère le complimenter. Narsis se gratta l’arrière de la tête avec une risette gênée, inhabitué à ce type de flatteries. Son choix de réorientation avait été cataclysmique, semant les problèmes dans sa famille comme une tempête furieuse. Il se souvenait avec exactitude des reproches de ses parents, et du fait que désormais, c’était à lui seul de réussir ses études. Plus de tricheries, plus de professeurs soudoyés. Un triste sentiment d’impuissance le hantait. Mais si la pression de réussir lui accablait les épaules, il ne s’était jamais senti aussi affranchi. Il espérait sincèrement que son frère trouverait cette même émancipation en changeant d’études. T’inquiète, je sais que tu vas y arriver. T’as intérêt à me texter quand tu les auras passé, on fêtera ça ! Il allait lui afficher un sourire chaleureux, mais la mention de leur père le crispa perceptiblement. Ah, papa et ses conditions... T’en fais pas, il y aura toujours moi pour faire pire si jamais ça se passe mal. Il plaisantait à moitié mais ne voulait pas laisser ces pensées orageuses ternir son après midi, alors Narsis s’empressa de commander sa bière et en avaler trois gorgées. Quelques instants plus tard, son jumeau renchérit avec une nouvelle question. Narsis haussa les sourcils. Non non, je les verrais un autre jour. Aujourd’hui c’est toi et moi, comme au bon vieux temps. Cette perspective l’éclaira d’une clarté joviale. Il lui donna un coup de coude, taquin. Et toi, tu vas pas m’abandonner au profit d’une jolie blonde j’espère ? Son jumeau savait très bien à qui il faisait référence.