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(( NIGHTMARES ))
i said i'm blinded by the lights, no i can't sleep until i feel your touch. i said i'm drowning in the night and when i'm like this you're the one i trust. ([Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]).

TOKYO, AOÛT 2020 · c’est lui ?” elle ne peut pas répondre, elle a un noeud dans la gorge. elle aurait préféré qu’on ne la laisse pas entrer. on lui a dit non, au début -- on lui a dit qu’aux yeux de la loi, elle n’était personne pour lui. que petite amie n’était pas un statut reconnu. qu’il fallait quelqu’un de la famille. elle a répondu avec un calme anormal que sa famille était en italie, qu’ils devraient prendre un portoloin, ou peut-être même plusieurs. elle a pensé que de toute façon, vu les relations qu’il entretenait avec eux, ils ne le connaissaient pas comme elle le connaissait, mais elle n’a rien dit, par respect pour lui. à la place, elle a dit : “je peux l’identifier.

les mots lui ont coûté.

elle a docilement donné les souvenirs qu’on lui demandait en guise de preuve. les filaments se sont accrochés au bout de sa baguette, ont lutté pour ne pas tomber dans cette eau magique et tourbillonnante qui a eut tôt fait de les noyer. ((elle ne voulait pas les donner, c’était à eux, c’était leur intimité, c’était à eux !)). elle a vu défiler sous ses yeux la nuit du woodstick, la première fois qu’il lui a joué du piano, puis qu’ils ont dansé un slow, la presque dispute dans la salle de bain et les brûlures sur son dos. quelques moments clés de leur histoire beaucoup trop belle qui se terminait maintenant.

on l’a laissée entrer : elle était à la dernière page.

ce n’est pas la première fois qu’elle voit un cadavre. mais c’est la première fois qu’elle en voit un sous cette lumière froide, assassine, dégueulasse. et c’est bien la première fois que la lumière ne lui rend pas justice. “vous le reconnaissez ?” elle est incapable de répondre, elle fait oui de la tête. oui, elle le reconnaît, mais sans le reconnaître. c’est lui sans être lui. il ne ressemble pas vraiment à l’homme qu’elle aime. il est trop livide, ses traits sont trop tirés, ils lui ont fermé les yeux qu’il a beaucoup trop bleus, et aucune magie n’est parvenue à totalement camoufler le trou qu’il a sur le côté droit du crâne. on lui explique que le choc a été rapide et violent, que par conséquent il n’a pas souffert, c’est un bien, oui, c’est une bonne chose, par contre la voiture est partie à la casse, il n’y a rien à faire, et des traces de charme acclamant ont été retrouvées à l’autopsie, c’est peut-être bien ce qui a causé l’accident, oui, très probablement, vous pouvez confirmer son identité selon le protocole, s’il vous plaît ?

la sorcière se plie à la demande : “oui, c’est raffaele san remo.

le nom est enregistré, une plume l’écrit sur une étiquette qui ira sur la petite porte du grand tiroir où raffaele sera rangé. on lui dit qu’elle peut rester quelques minutes de plus avec le corps ou qu’elle peut partir maintenant, c’est comme elle veut. elle le reverra à l’enterrement, de toute façon.

elle essaye de sortir de la morgue mais elle n’y arrive pas. peut-être qu’elle tombe dans un escalier, ou bien qu’elle tombe en dépression. elle n’en sort pas. on en sort jamais vraiment.

((elle se réveille comme on sortirait la tête de l’eau après avoir dit bonjour à la noyade.))

old saying dans la communauté voyante : les rêves qui font le lien entre le jeudi et le vendredi sont prémonitoires. catastrophée, elle se jette sur son portable. sur l’écran elle lit : vendredi matin, 3h58. ((putain.)) elle s’effondre, elle ne peut plus respirer, elle suffoque, son portable tombe et fait un bruit sourd sur le parquet de l'hôtel, elle suffoque encore. à chaque inspiration, elle fait le vacarme d’une bouteille en plastique que l’on écrase avant de la jeter à la poubelle. elle entend que raffaele se réveille, embrumé, et dès qu’il la touche, elle se met à pleurer.

see you in my nightmares —
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Anonymous
Invité
la dépendance ne laisse pas le loisir d'une nuit paisible.

les nuits sont faméliques, rongées par le manque qui sous sa peau, prend la forme de cratères torrides. ils sont des geysers aux vapeurs infâmes, humides et tièdes. leur haleine est électrique et quand elle souffle sur lui, un brusque sursaut le réveille dans son corps taraudé par un manque sternal.

ce soir là, il avait le souvenir de s'être réveillé déjà trois fois avec les muqueuses terriblement sèches, le souffle court et physiquement assailli par des bouffées chaudes. son coeur le martelait alors que ses yeux s'ouvraient sur le plafond comme si on venait de le frapper. douloureusement il s'échappait le plus vite possible de ses rêves étranges mais la réalité qui l’accueillait était glaciale. elle lui rappelait la centralité de l'addiction et la nécessité de l'éclater pour retrouver d'autre pôles.

l'oreiller lui paraissait maigre, les couvertures étouffantes. il ne savait pas s'il avait chaud ou froid. si son coeur battait trop vite ou lentement. simplement qu'il avait besoin de son fix et que d'une manière ou d'une autre une partie incontrôlable de son cerveau exigeait d'être satisfaite. elle était impérieuse et exigeante, et, pourtant pour la tromper il suffisait de remplacer une addiction par une autre.

il tournait alors sa tête pour s'épingler à un phénomène qui n'avait pas encore de nom, mais qui l'apaisait subitement quand il trouvait la nuit, une vraie belle nuit dans le noir des cheveux de Ren. sa main s'avançait pour en saisir les filaments éparses et ainsi, il constatait la chance absurde qui tombait sur sa propre personne, qui surpassait de loin les spectres qui le hantaient et qui l'ancrait avec une force inouïe dans le présent, dans cette bulle où il avait trouvé un pilier qui l'empêchait de s'effondrer.

il regardait le sommeil et les traces infinitésimales qu'il laissait sur le corps de Ren et puis tout simplement la façon qu'elle avait d'exister, d'être là sans rien faire et de le rassurer. il sentait alors toucher au but, comme s'il mettait fin à une chasse organique et satisfait, il s'endormait en sachant que s'il devait se réveiller, elle serait encore là. il trouvait son répit sur une droite paisible.

puis la ligne fut sectionnée. Le bruit était métallique sur le parquet. il était difficile de comprendre exactement ce qu'il se passait, l'esprit encore enrobé par des fantasmagories déjà oubliées.

il y avait un bruit qui se brisait dans le silence en un ressac chancelant et toujours croissant. plus il l'enflait plus Raffaele en entendait les percutions et alors il ouvrit un premier oeil puis un deuxième, avant que ça ne le frappe très fort. à côté de lui Ren hyper ventilait.

un sentiment d'urgence l'alarma mais pas assez pour rendre ses gestes assurés et maladroitement il posa une main sur son épaule. "qu'est-ce qu'il y a ?" elle se mit à pleurer et les sanglots tombèrent sur lui en avalanche, en l'ensevelissant d'incompréhension et d'une détresse trop épaisse pour être saisie. elle était si soudaine, si inattendue qu'il ne reconnaissait pas sa forme. par habitude, il fuyait la détresse des autres de peur de s'y perdre.

là, il ne savait pas si c'était sérieux ou pas. s'il pouvait en faire le tour, où si elle serait trop large. il savait simplement que cette fois il voulait plonger les mains et qu'il n'avait pas peur de toucher les entrailles.

il était tout à fait réveillé maintenant et ses bras se brandissaient autour de Ren, au dessus de ses épaules et il l'attira contre lui dans un geste fort, comme s'il aurait pu l'arracher à sa tristesse. c'était difficile de la voir dans cet état alors il s'efforça de l'en sortir. "je suis là." ses bras la tenaient dans un étau. il se disait que dans ce carcan plus aucune peine ne pourrait l'atteindre d'avantage, qu'ici elle serait bien et protégée.

il jeta un regard vers le bas du lit et le carré lumineux qui s'y découpait lui indiquait qu'il s'agissait de son téléphone. il devinait à peine l'écran et il se demanda alors si elle venait de recevoir une mauvaise nouvelle.

comme il l'enlaçait de derrière il ne pouvait pas voir son visage mais il pensa que c'était tant mieux car il n'aurait pas supporté de la voir triste. ç'aurait percé la membrane trop fine de son indifférence; c'est à ce moment que sa lâcheté le frappa. depuis quand fuyait-il autant ? il était fatigué de courir autant. il voulait être là cette fois. "je suis là" il l'avait répété en baisant le haut de sa tête avant de l'intimer à lui faire face.

en observant son visage, Raffaele sentait son appréhension pour les drames s'envoler, tant il voulait la chercher à l'endroit où sa tristesse l'avait égaré. après tous depuis le début de leurs histoires, il se perdait à deux, l'un dans l'autre. "qu'est ce qui ne va pas"
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