got pain in my history | Ella

got pain in my history — 10 oct. 2020[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image][Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] & [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]

Tu aurais dû t’en douter. Venant de Gin, tu aurais dû au moins te méfier. Déjà, parce qu’elle n’était pas du genre à t’inviter au restaurant. Son truc à elle, c’était plutôt de chouiner pour que tu l’emmènes et qu’en plus tu payes l’addition pour le nombre incalculable de fois où tu as « brisé son petit cœur ». Une princesse de l’exagération. Vraiment. Présentement, un florilège d’adjectif décrivant Gin se déferlait dans ton esprit, pourtant tu n’en retiendrais qu’un seul. Chipie. C’était le terme le plus exact et le plus approprié à ton humble avis. Pourquoi ? Principalement parce que le terme est suffisamment enfantin pour se référer à la gamine qu’est Gin et qui, malgré son grand âge, trouve encore le moyen de mettre en œuvre des pièges espiègles, qui finissent fatalement par t’impliquer d’une façon ou d’une autre. C’était tout bonnement épuisant. Et le terme est faible.

Malgré cela, tu ne trouvas pas la force de simplement te résigner et partir. Pourquoi ? Parce que dans cette histoire, Gin avait fait deux victimes. Toi et la personne qui aurait le malheur de partager un tête-à-tête supposé romantique avec toi. Tu ignorais encore quoi dire et surtout quoi faire. Gin ne pouvait pas se douter des raisons qui restreignaient ton cœur de s’offrir purement à quelqu’un. Elle avait su très rapidement pour le parasite, pour la maladie aussi et plus d’une fois, ses déclarations t’avaient broyé le cœur sous la frayeur qu’elle ne soit, elle aussi, victime de ce fléau. Peur incontrôlable de la perdre et cruelle anxiété tourmentant tes songes pour te rappeler que tu en serais la cause. Tu n’avais jamais ouvert ton cœur à cette vulnérabilité que tu déprécies de tout ton être. Elle est une preuve trop formelle de ton échec. Ton cœur peine à te pardonner ces fautes, certains disent que tu es trop dur envers toi-même, mais ils sont tout simplement trop cléments. Tu aurais pu arracher son souffle de vie à cette fille, involontairement, certes, mais tu n’en restais pas moins fautif.

La patience, vertu que ce monde a eu la bonté de t’accorder, dans ce moment d’attente qui s’allonge imperceptiblement, tandis que ton regard se balade sur les visages peu familiers des autres clients. On s’occupe comme on peut, surtout pour ignorer la cacophonie de ses propres pensées anxiogènes. Tu es d’un naturel plutôt calme, mais étrangement, tu crains de ne pas être à la hauteur. Toi. Magnus Rubinskupfer, pas à la hauteur… Ça n’a jamais existé, pourtant tu te sens complètement démuni, l’appréhension te fait défaut et tu espères que tout se passera pour le mieux, mais la touche de pessimisme dans tes convictions réalistes, te pousse vers l’assurance que tout ne se passera pas aussi bien que ce que tu pourrais l’imaginer.

Soupir latent, s’échappant dans l’espoir vain de dissiper la tension dans ton corps. Inattention passagère, qui est vite capturée par la présence de l’hôtesse qui invite ton ou ta convive à prendre place. Cette même hôtesse qui te dérobe ta vue, t’empêche de savoir, de voir. Unique rempart de cette identité secrète qui ne le sera bientôt plus et qui se découvre soudainement sous ton regard curieux et alerte. « Ella ? »

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Ella ne s’était doutée de rien. Jusqu’au bout, elle avait pris l’invitation, comme une réelle volonté de son amie à vouloir partager un moment sympathique à plusieurs. La plupart étant des anciens élèves Daichi, la jeune professeure avait été même d’ailleurs plutôt contente à l’idée de de pouvoir revoir d’anciens camarades. Non, vraiment elle n’avait bronché et ne s’était pas amusée à jouer avec son instinct pour en savoir plus, accordant, le temps d’un instant, sa plus grande confiance à Gin. Mais Gin n’était pas une amie de très longue date, et elle avait encore de quoi l’étonner. La preuve en était.

Le restaurant Kinonaka non plus ne l’avait pas fait tilter. Fameux et surtout très bon, il accueillait des couples comme des tablées d’amis et le concept vegetal de la bâtisse n’avait fait que confirmer, pour Ella, ce souhait de réunir quelques Daichi dans un environnement qui leur rappellerait leur élément. C’est seulement lorsque la jeune femme reçoit un message de Gin lui expliquant qu’elle ne pourra pas venir qu’elle commence à comprendre. Ouais. Finalement elle aurait du le savoir. Machiavélique Gin qui n’en faisait qu’à sa tête. 30 ans physiquement mais encore vingt dans la tête. Est-ce qu’elle pouvait lui en vouloir ? Pas vraiment. Après tout c’était presque mignon comme attention. Peut-être avait-elle fait ça pour qu’Ella puisse rencontrer de nouvelles personnes du corps professoral ? Sait-on jamais. Et sur quels autres détails aurait-elle aussi pu mentir ? Sur l’identité de la personne ? C’est ce qu’elle verrait très prochainement, car quitte à être à quelques mètres du restaurant, autant y aller et en profiter.

C’est donc déterminée qu’elle entre au restaurant et demande la réservation au nom de Wakatsuki. Traîtresse de Wakatsuki. Tant pis. Elle suit donc la serveuse, qui ne semble pourtant pas l’emmener vers des tables à places nombreuses, mais plutôt vers le coin intimiste. beaucoup trop intimiste. Et plus elle avance, plus elle comprend, jusqu’à ce que la serveuse ne se décale et ne lui demande si cela lui convient. Mais Ella est bien trop obnubilé par la personne qui se tient là. “Magnus ?” Et le temps d’un instant elle s’apprête à rappeler la serveuse pour lui demander combien de places étaient prévues. Mais elle ne le fera pas, car elle n’a pas envie que cette dernière lui confirme ces doutes. Alors elle se contient et adresse un sourire un peu crispé vers le jeune homme qui se tient devant elle. “Je pensais pas te...Enfin tu sais Gin… Bref ! Vu qu’on est là hein~ t’as pas entendu trop longtemps ça va ? Désolée pour l’accoutrement du coup… Je pensais que ça serait un peu moins...hum, intimiste ?” dit-elle, le sourire nerveux et le regard un peu fuyant. C’est qu’elle n’avait pas vraiment l’habitude de se retrouver comme ça, devant un ancien camarade qu’elle ne connaissait, au fond, pas si bien que ça. Mais Gin allait en entendre parler. Tout était de sa faute après tout.