A BRIEF HISTORY OF TIME
Aînée d’une dynastie de deux, elle est celle qui a le cœur qui déborde quand ça pleure dans son ciel, qui a les conneries en horde pour couvrir ses arc-en-ciels. Le nom Nimai est embrasé de sobriété. Il révèle la bonté distante de parents veillant au loin de leurs montagnes, trop loin pour ne voir autre que les silhouettes triomphantes de leurs enfants. Les craquelures de leurs erreurs brûlantes, elles, sont tues dans un silence tranchant.
Arrachée au silence fourbi, Romi s’est invoquée dans l’écueil de juin, un douze nimbé de sève solaire. Les montagnes de Takayama se font le témoin silencieux de ses premiers émois ; elle est régurgitée de leurs cuisses vertes dans la quiétude violente de leur hauteur. Depuis, vingt-six années se pavanent le long de sa carne. Le temps fuit, les maux se cumulent, et elle subsiste dans ses méfaits accomplis.
Le Japon coule en elle, des gouttelettes d’ailleurs peut-être, l’arbre de la famille n’a jamais été décortiqué, mais les terres nipponnes sont les seules que les jambes enfantines ont parcourues à s’en râcler les genoux.
L’aubépine, aux fleurs guérisons et à l’odeur de mort, s’amuse du caractère conflictuel de sa maîtresse. À cela s’ajoute, intrinsèque, la poussière d’un grand serpent murmurant ses pernicieux désirs. Le caractère capricieux de la baguette n’a alors plus rien d’étonnant. Elle ne lui accorde aucune faute dans ses sortilèges sous peine d’en inverser les effets complètement. C’est ainsi que son palet a fini par préférer les thés glacés avec un soupçon de sel.
Romi n’a pas hésité longtemps quand le kitsune s’est présenté à elle, quand ils se sont choisis mutuellement. L’énergie se répand dans ses veines. A l’intérieur tout comme à l’extérieure d’elle, des éclairs foudroyants et récalcitrants l’ébranle et la guide. Si Romi doute souvent avoir la sagesse du renard, elle s’illustre dans sa malice.
Regardez-la se draper de luxure endettée pour mieux soutirer l'argent aux fortunés. L’emploi est un mensonge à dimension variable. Elle a couru de contrats à contrats, incapable de se pauser jusqu'à ouvrir son propre cabinet quelques mois plus tôt. Souvent, pourtant, elle ment. Ment à ses parents, à ses amis, prétend des affaires où il n’y a que du vent.
De nuit, elle est faussaire. Connue sous le nom d'Asmodea, elle s’invente Michelangelo sur des passeports, des papiers d’identités, hell, le weekend des Michelangelo eux-mêmes. Ce n'est pas tant son talent qui la rendu célèbre sur le marché que sa paranoïa intense - faisant d'elle un produit rare, que seuls les plus nantis peuvent s'offrir. Ainsi, les secrets de polichinelle de la sorcières profanent les nuits sempiternelles de son âme mortelle.
Comme un dragon obsédé par son trésor. Les gallions : un rêve à la couleur or. Avec ses prix exorbitants et sa popularité montante, certains pourraient la croire opulente mais madame est dépensière sur tout ce qui s’évapore, éternellement pauvre même dans ses brèves richesses.
Romi a le cœur discret. L’amour doux, secret. Il frissonne pour tant et pour tous, se laisse ouvert à ses faiblesses. Puis, elle échappe. Romi aime la promesse mais craint la tendresse.
- détails ++:
faciès & physionomie // seuil 4
(faciès: seuil 0; age: 0-8) Romi, depuis toujours, a l'identité déchirée. Bambin, la carne se construit au grès de ses humeurs; ses yeux se colorent de ses états d'âmes, ses tâches de rousseurs apparaissent ou disparaissent; rougir, pour l'enfant, est très littéral. On explique à Romi qu'il lui faut rester sur l'île à tout instant, adieu les montagnes, mais la famille visite aussi souvent que possible.
(faciès: seuil 1; physionomie: seuil 0&1; age: 8-12) ■ Dans l'enceinte de Mahoutokoro, Romi doucement apprend à maîtriser son don. En attendant, elle porte ses sentiments à fleur de peau.
(faciès & physionomie: seuil 2; age: 13-17) ■ Ses traits sont domptés, globalement, son corps suit bientôt. C'est quelques semaines après son entrée dans le secondaire que Romi rencontre un autre métamorphe qui l'entraîne lorsqu'il passe sur l'île.
(faciès & physionomie: seuil 3; age: 18-23) ■ La faculté n'est plus malédiction mais véritable source de distraction et d'opportunité. Romi a étendu son art à son propre corps, elle passe des heures devant le miroir à réarranger son échine capricieuse pour un résultat éphémère (sans se douter qu'elle finit par ignorer ce qu'est être elle-même).
(faciès & physionomie: seuil 4; age: 24-26) ■ Elle maîtrise ses capacités à la quasi-perfection, sa chair fond et se modèle selon ses désirs ; seuls ses tourments les plus brutaux lui font tomber le masque - rage, désespoir, plaisir indécent. Elle étend le talent sur le derme d'autres: elle altère leur apparence tant que ses doigts sont là pour maintenir l'illusion.
Romi a évité le mimétisme par simple peur. Terreur, réellement. De se perdre dans la peau d'un autre. Pourtant l'idée la hante. Le don l'a toujours sacrifiée sur l'autel de sa réalité, pourquoi s'éteindrait-il là pour son simple accommodement ?
L'ours n'est incarné qu'une fois, dans le confort d'une salle de classe.
Un reflet d'elle, un elle à l'existence subtilisée et aux traits emportés dans l'oubli.
☽☽☽.
❝ through all her trials she carries no despair in her purse, no sympathy on her hips, no regrets clinging to her ankles - ❞ .*.street smart .*.onirique .*.roublarde .*.symptôme de l’immortelle .*.sibylline .*.superstitieuse .*.frondeuse .*.débonnaire .*.narcisse .*.overfocused artist .*.
I . [ A R T ] Les parents n'ont jamais bien compris comment leur enfant s'est éprise du monde. Ils croyaient voir dans les illustrations placardées sur ses murs une fascination - Romi, elle, n'essayait jamais que de garder l'univers à baie, loin de sa tête et étalé sur le papier. Génie du dessin, la Nimai peint les anciens chef d‘œuvres sur des vielles toiles ; de la peinture partout sur son visage, ses habits, ses livres ; dépense tout son argent dans des fournitures ; irradie ou s'éteint à chaque coup de pinceau. II . [ T E T S U O ] Incitation parfois muette, parfois hurlante, de prendre soin du petit frère. Elle est l'ombre qui colle ses talons avec ses rages exaspérées, à inspecter ses scènes de crimes et souffler, la main sur le front: "Suo, Suo,-TETSUO!" III . [ M A H O U T O K O R O ] Une réputation. Non, un business. Romi et ses magouilles, elle est celle à qui on venait avec ses problèmes (signatures et mots d'excuses à forger) tant qu'ils avaient de quoi payer. Petite punk aux tâches d'encre sur les doigts, les notes brouillons, l'écriture noire illisible, des mots et des poèmes écrits dans les marges, âme paisible mais n'hésitai pas à donner le premier coup de poing face aux connards insultants de ce monde ; les discours marxistes et une veste en cuir jetée par-dessus son uniforme. VI . [ S A K A S H I M A ] Un serpentencré sur sa peau, un sakashima émeraude comme un de ceux qui hantait ses montagnes. Le tatouage magique se déplace à sa guise sur son derme, se façonnant une vie qui lui est propre ("can i see your tattoo?" "sorry, pretty sure it's hiding in my hair right now"). Elle ne dit qu'il lui rappelle son chez-elle. Elle ne dit pas qu'il lui échappe comme son chez-elle. V . [ P A R R O T ] Depuis un an, un perroquet offert par un de ses clients est perché sur son épaule : il lui vole constamment ses affaires et ne parle qu'accompagné d'un fleuron d'injures incompréhensibles ("flippity flop you’re a cop" ; "kiss my slurpy ass" ; "well butter my buns and call me a motherhugger").random facts.sait conduire mais le cache bien☽☽☽ se déplace en skate☽☽☽ fume des orpheus, use de l’hidortia pour ses deadlines.☽☽☽ a enchanté ses boucles d'oreilles pour traduire ses interlocuteurs en japonais.☽☽☽ vit dans une collocation avec une voyante et un idiot.☽☽☽ pourrait parfaitement retourner dans les montagnes de takayama dont elle chante les louanges à qui veut l'entendre mais en semble toujours incapable☽☽☽ envoie des cartes postales et des photos qui n'indiquent jamais ni ce qu'elle fait ni où elle est mais décrivent en détails la vie des fourmis ou comment faire des beignets☽☽☽ on la retrouve toujours dans des manifestations et à signer des pétitions☽☽☽ déesse du pingpong☽☽☽ dissimule une arme à feu☽☽☽ a toujours des pansements et des plaies ouvertes☽☽☽ n'a jamais provoqué un incendie dans un bar en voulant prouver qu'une bouteille en plastique pouvait prendre feu.☽☽☽ n'a jamais fui les lieux d'un crime☽☽☽
A WIZARDING GENEALOGY
« the life and lies of (prénom du personnage ici) »
.✎✎✎
Le pourpre du soleil luit sur les lattes du porche. Il engouffre les marches dans sa marée et monte sans hésitation jusqu’aux orteils des enfants allongés sur le plancher. De l’autre pièce, leur mère peut entendre leur babillage coloré. Romi, solennelle, se concentre sur le fusain qui taille, dans le bloc-notes posé au sol avec soin, les traits du garçon en face d’elle. Tetsuo, indifférent, reprenait chaque histoire contée par leur grand-père, du point de vue de tous les personnages et avec une énergie infinie : saute, court ou, comme à ce moment précis, rampe au sol.
"jeez would you hold still for one sec?” Il aura suffit de l’interjection suivit d’un soupir exaspérée de sa soeur pour attraper l’attention de Suo.
- want me to pose for you, mimi ?
- you did not just say that.
- i don’t know what you mean, mimi.
- i told you not to call me like that!" Face à une Romi allongée, la boule d'énergie se lance sur elle. Autour de son cour, il enlace fort ses petits bras. La piégée tente de se débarrasser de son parasite en se mettant soudainement sur ses pieds mais ne résulte qu’à porter et promener le corps du garçon pendu à elle, dramatiquement, sans vie, et hilare.
- i swear suo if you don't let me go..." La menace est extraite entre ses dents serrés, non pas tant à cause de l'effort physique de traîner son petit frère, mais de contenir l’irritation quotidienne qui accompagnait l’honneur de grandir avec lui (although romi was quite a match in all contest of trouble and gave as much as she received - it would take her years to accept she was not, by any means, a reasonable one either).
-what you gonna do about it?
- gonna make you eat your rice through your nose, that’s what I’m gonna do about it.” L’hésitation s’impose à son esprit suffisamment de temps pour lui faire lâcher prise. À côté de Romi du haut de ses huit ans, Tetsuo et ses cinq ans sont encore court de pattes et, maintenant qu’ils sont tous les deux sur leurs pieds, l’aînée prend un plaisir monstrueux à bomber le torse.
“you wouldn’t.
- I so would Leurs sourires ont quelque chose de sataniques comme seul les enfants savent les donner.
- You a liar Avec cette simple accusation, ils le savent aussi bien l’un que l’autre, tous les coups sont permis.
- you a liar, a lying sneezy mouth full of crap-
- KIDS! Table, now.” Les deux têtes se tournent vers l’écho de maman. Les feux sont éteints. Les accords de paix immédiatement signés. Les enfants courent à l'intérieur et, déjà, dans leurs yeux s’est éteint toutes traces du moment, comme une bougie soufflée. L’incendie qu’ils bercent en eux fluctue capricieusement, nourrit de colère parfois, mais d’amour toujours, du seul amour qu’ils savent se donner, qu’ils laissent brûler bruyamment ou ronronner au fond d’eux. Jamais, ils ne se l’imagine disparaître. Il fait partie d’eux, en deux façons différentes alors, bien évidemment, comme tout le reste dans leur vie, ils en testent les limites chaque jour.
Quelques minutes plus tard, Romi court récupérer le dessin oublié.
Romi est allongée sur le lit de Suo pendant qu’il empaquette le contenu de ses étagères dans deux grosses boîtes en carton. Elle ne sait ce qui le contrarie plus : la froideur avec laquelle son père a écarté ses protestations ou que Tetsuo puisse ranger toute sa vie sans osciller une seconde ? Elle lève les yeux de son grimoire : dans quelle boîte la rangera-t-il ?
"You’re really leaving.
Tetsuo pose le jean qu’il était en train d’inspecter et arque un sourcil, se ravise et le jette dans le carton. La radio grésille derrière eux des vieux tubes de rock. Il serait aisé de s’imaginer dans un dimanche comme un des milliers similaires auparavant. Il répond d’un air méticuleusement nonchalant.
- Oh come on, we still will be living on the same island, it’s not like I’m moving to Greenland or something.
- I guess. I don’t know, it feels …” wrong. But what good would it be to say that to him? Elle ne comprend toujours pas exactement ce qui s’est passé. Un soir elle s’en va passer la nuit chez une amie et le lendemain elle revient à la maison (ses talons à la main, le pas légèrement défaillant, le mascara étalé sous les cernes et poussant les portes avec une méthode experte pour ne pas faire craquer leurs vieux gonds) pour découvrir que son frère déménageait de façon permanente chez un vieil ami de leur père. Face au père, ses rages n’ont trouvé aucune réponse et face à Suo, à vrai dire, elle n’a jamais essayé. Encore une fois, les mots lui manquaient.
Romi s'est assise sur le lit, les doigts agrippent les draps, la mâchoire serrée. Elle soupire. C’est un effort de tous les instants que de tenir tous les fragments de leurs non-dits à bout de bras pour les empêcher de se briser à leurs pieds. Encore davantage lorsque les fantômes ne cessent de gratter les parois de sa gorge.
“You’re right. It doesn’t mean anything.”
"Is it true that it is the highest form of flattery? Il y a quelque chose d’affreusement arrogant dans la façon dont le client se penche sur le tableau. Cause if it is, you should know the original artist is a borderline sociopath.” S’amuse-t-il alors qu’il se redresse et ajuste son costume. Dans le hangar, Romi se retient de taper du pied.
- It’s not about flattery.
- So what is it about, then? Why would you waste your talent to pass off your work for the work of some other? I don’t understand why you want to hide it all away.
- Because,d'un geste elle recouvre la toile, hiding it all away is my talent. Romy aime être anonyme. Elle n’a jamais eu d’envie de grandeur, n'ose pas imaginer le cauchemare vraiment. Elle aimait sortir dans des shitholes et fumer jusqu’à l’oubli sans que personne ne la regarde deux fois. Alors elle lui sourit. "Now, the question is how much will you pay for it?”