Je suis comme une histoire
Et qui n’en finira pas
J’archive nos paradis perdus
Est-ce que ça continuera ?
Et qui n’en finira pas
J’archive nos paradis perdus
Est-ce que ça continuera ?
La tribune était presque trop grande pour une seule personne. Et en même temps si petite pour les longues jambes de Soojin. Le dos un peu voûté, un bras qu’elle laissait pendre le long du corps, et une main pour se tiédir sous la chaleur de ses genoux repliés, Soojin s’embarrassait d’un corps dont elle ne savait parfois pas quoi faire. Inconfortable, quoique solidement installée, elle soufflait entre ses mains un souffle froid.
Soojin avait l’air d’une brindille, d’une grande tige, insoumise aux caprices d’une après-midi venteuse et grise. Un peu seule dans un champ désert, et presque calme et paisible.
Elle tira les manches de son pull en coton, et un petit frisson lui fit rentrer les épaules. L’instant suivant, le bruissement d’une page s’éparpilla entre ses doigts. Ses yeux filaient une suite de mots et dérivaient au fil des paragraphes ; quelques pensées restaient sur les lettres, puis lui glissaient. Et son regard se laissait happer par une silhouette, un coup de batte. Toujours la même. Soojin levait les yeux, s’arrêtait. Elle suivait les mouvements du corps, si lointain, comme une halte soudaine sur son chemin, à chercher quelque chose qu’elle ne voyait pas. Puis, sans rien laisser paraître de ses émotions, Soojin repartait dans son grimoire de civilisations antiques, là où les coups de cognards disparaissaient à l’angle de ses pages cornées.
On aurait pu lui objecter qu’il faisait un peu froid, dehors, pour lire ses livres. On aurait pu lui dire qu’une chaise où ses jambes pouvaient toucher pied sans heurter sa poitrine, qu’une table comme support de papier, que la chaleur d’un intérieur douillet, que le rayonnage poussiéreux mais paisible d’une bibliothèque, peut-être, auraient été d’une meilleure compagnie ; sans heurt et sans bruit. Soojin aurait encore été moqueuse, rétorquant que si elle allait dans une bibliothèque pour lire, elle n’avait alors aucune raison de lire ailleurs. Aussi, Soojin ne lisait-elle pas au terrain de quidditch : elle faisait semblant.
Pianotant de temps à autre sur le papier, elle profitait d’une impatience. Car enfin le quidditch, vraiment, ne l’intéressait pas. Soojin était de ces filles qui ne connaissent ni les règles ni les couleurs d’une équipe. Elle ne portait aucun intérêt au sport. Et son seul véritable amour allait aux courses d’abraxans.
Pourtant, comme toutes les filles de son âge, Soojin posait parfois des yeux rêveurs sur une silhouette, un visage.
Lâchant son livre, les coudes sur les genoux, la jeune fille s’était penchée en avant, tenant sa figure entre ses mains, et détaillant d’un air absent l’attitude d’un joueur.
Soojin n’était pas venue pour le plus populaire de ces joueurs, et on se serait probablement étonné de son choix ; comme son caractère, sulfureux parfois, aurait semblé préférer les tempêtes de certains. Pourtant, c’était son petit côté silencieux et tranquille d’enfant prodige qui avait choisi. Comme à chaque fois.
Soojin n’avait pas oublié.
Une autre page de son livre s'était tournée.
Son choix sûr.
Soojin avait l’air d’une brindille, d’une grande tige, insoumise aux caprices d’une après-midi venteuse et grise. Un peu seule dans un champ désert, et presque calme et paisible.
Elle tira les manches de son pull en coton, et un petit frisson lui fit rentrer les épaules. L’instant suivant, le bruissement d’une page s’éparpilla entre ses doigts. Ses yeux filaient une suite de mots et dérivaient au fil des paragraphes ; quelques pensées restaient sur les lettres, puis lui glissaient. Et son regard se laissait happer par une silhouette, un coup de batte. Toujours la même. Soojin levait les yeux, s’arrêtait. Elle suivait les mouvements du corps, si lointain, comme une halte soudaine sur son chemin, à chercher quelque chose qu’elle ne voyait pas. Puis, sans rien laisser paraître de ses émotions, Soojin repartait dans son grimoire de civilisations antiques, là où les coups de cognards disparaissaient à l’angle de ses pages cornées.
On aurait pu lui objecter qu’il faisait un peu froid, dehors, pour lire ses livres. On aurait pu lui dire qu’une chaise où ses jambes pouvaient toucher pied sans heurter sa poitrine, qu’une table comme support de papier, que la chaleur d’un intérieur douillet, que le rayonnage poussiéreux mais paisible d’une bibliothèque, peut-être, auraient été d’une meilleure compagnie ; sans heurt et sans bruit. Soojin aurait encore été moqueuse, rétorquant que si elle allait dans une bibliothèque pour lire, elle n’avait alors aucune raison de lire ailleurs. Aussi, Soojin ne lisait-elle pas au terrain de quidditch : elle faisait semblant.
Pianotant de temps à autre sur le papier, elle profitait d’une impatience. Car enfin le quidditch, vraiment, ne l’intéressait pas. Soojin était de ces filles qui ne connaissent ni les règles ni les couleurs d’une équipe. Elle ne portait aucun intérêt au sport. Et son seul véritable amour allait aux courses d’abraxans.
Pourtant, comme toutes les filles de son âge, Soojin posait parfois des yeux rêveurs sur une silhouette, un visage.
Lâchant son livre, les coudes sur les genoux, la jeune fille s’était penchée en avant, tenant sa figure entre ses mains, et détaillant d’un air absent l’attitude d’un joueur.
Soojin n’était pas venue pour le plus populaire de ces joueurs, et on se serait probablement étonné de son choix ; comme son caractère, sulfureux parfois, aurait semblé préférer les tempêtes de certains. Pourtant, c’était son petit côté silencieux et tranquille d’enfant prodige qui avait choisi. Comme à chaque fois.
Soojin n’avait pas oublié.
Une autre page de son livre s'était tournée.
Son choix sûr.