green peace ft. william

Les rentrées ne l’avaient jamais stressé. La toute première, à Poudlard, ne l’avait évidemment pas laissé de marbre, mais c’était plus la curiosité et le plaisir de la découverte qui l’avait animé. De ce que lui avait raconté sa mère, il s’était immédiatement identifié avec Serdaigle et le Choixpeau n’avait pas hésité longtemps avant de l’y envoyer. Pourtant, plus les diplômes s’amoncelaient dans ses poches, moins il parvenait à préserver cette attitude détachée, presque naïve. Ciara lui avait un jour dit en riant  « Tu sais William, je pense que ça s’appelle devenir adulte. » et il avait choisi de nier son commentaire. Elle n’avait pas tort, cependant. S’il était honnête avec lui-même, la pression qu’il ressentait désormais n’était pas celle de devoir faire ses preuves, mais celle de maintenir la réputation qu’il avait commencé à se construire. Quand on s’appelait chercheur, paradoxalement, pour survivre, il fallait surtout trouver.

Mahoukotoro, en plus de cela, c’était une terre et une culture inconnue, et les premières semaines n’avaient pas suffi à le faire se sentir moins déboussolé devant ces courbettes polies et le japonais qui résonnait partout autour de lui. Il détestait ne pas savoir ce qu’était bien faire.

William resta ce qui semblait être une éternité – mais n’était probablement qu’une poignée de minutes – planté à quelques mètres du tableau d’affichage, un parchemin en main. Il avait déjà réalisé que son affection pour les plumes et le parchemin était terriblement archaïque sur cette île bardée de technologie, et les quelques feuilles jaunies piquées sur le panneau lui faisait comprendre que ce mode de communication n’était pas plus moderne. Mais il fallait bien qu’il saute dans le bain d’une façon ou d’une autre, annonce sa présence aux professeurs et il n’allait pas les inviter à une pendaison de crémaillère.

Il regretta son geste exactement sept secondes après l’avoir commis. Il avait eu conscience de la présence d’autres personnes dans la salle, évidemment, mais il avait espéré que tous nieraient simplement ce newbie un peu étrange. L’Irlandais se tourna vers celle qui l’avait apostrophé, incapable d’en vouloir à ce ton enjoué.

« Ah… Heuu… Il faut bien commencer quelque part. Je suppose. » Il retomba rapidement dans le silence, déjà paré à recevoir les critiques quand il vit son œil attiré par la note qu’il venait d’épingler. Ses questions le détendirent cependant : parler de ses recherches était son meilleur échappatoire social. « Je peux intervenir dans plusieurs cours, ça dépend un peu de l’intérêt de chaque enseignant, et de leur programme, évidemment. Officiellement, je suis chercheur en sciences naturelles magiques, ma thèse se centrait sur la question de l’existence de formes de pollutions magiques. Que ce soit dans l’air, dans l’eau… Est-ce que trop ou trop peu de magie peut affecter négativement l’environnement. Si on veut lier ça à un cours, je touche surtout à la métamorphose, les potions et un peu de botanique. »

Dès qu’il avait commencé à évoquer ses recherches, son attitude avait changé. Épaules légèrement plus redressées, une flamme pétillante dans le regard, et la parole assurée.

« William Healey, enchanté également ! Je ne sais pas si je peux vraiment sensibiliser des étudiants en cours de divination, j’avoue que je n’y connais rien. Même si je suppose que la volonté de prendre soin de notre environnement et ne pas le détruire avant l’heure, ça devrait parler à ceux qui veulent avoir une chance de plonger dans le futur ! » Il avait lâché ça sur le ton de la blague, la regrettant une seconde trop tard, incertain que son ignorance totale basée sur un stéréotype amuse Ella. Même si, en vérité, il trouvait sa réflexion parfaitement rationnelle.