you may feel you're alone | chuu

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☆ december | [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] ☆

La main de Somi plongea dans la poche de sa veste pour en ressortir un papier froissé. Elle fixa silencieusement les quelques mots inscrits d'une jolie écriture féminine. L'étudiante soupira, créant un nuage de fumée tant le froid rigoureux de l'hiver avait enveloppé la ville toute entière. Noël arrivait et avec lui le stress de dernière minute pour trouver les cadeaux parfaits. Journée libre, seulement pour elle, pendant que la plupart de ses autres camarades se hâtaient de terminer les derniers devoirs demandés par leurs professeurs. Son obligation à elle se résumait à terminer la petite liste qu'elle avait rédigée quelques semaines plus tôt ; Keita, celui qui s'était fait sans peine une place dans son cœur, trônait au sommet du pense-bête, suivi par les noms de ses proches amis, Rose, Primo, Evangeline et beaucoup d'autres. La plupart avaient déjà été barrés, signalant ainsi que la chanteuse avait trouvé le cadeau. A côté de l'un d'eux y avaient été ajoutés récemment des points d'interrogation - Andrea ?? Illustration du doute de l'idole à passer outre l'horrible colère qu'elle ressentait encore en pensant à ce fameux soir d'Halloween. La dispute des deux amis avait été assez sévère pour perdurer deux mois après - et sûrement beaucoup plus - alors Somi hésitait. Entre la tristesse de sauter cette marque d'affection après dix ans d'amitié et la rancœur tenace envers des mots qui l'avaient trop blessée.

Aujourd'hui c'était un nom en particulier qu'elle voulait barrer ; celui d'Ingrid. Sa marche dans le froid matinal de Kantô n'avait eu que pour but de l'emmener dans un endroit très spécial. Devant l'entrée, l'étudiante hésita une dernière fois à franchir le seuil. Les souvenirs liés à ce lieu étaient composés de moments heureux comme de moments douloureux. La main dans sa poche serra le papier pour se donner du courage et, enfin, la sorcière poussa la porte. La chanteuse se retrouva plongée dans un univers qu'elle connaissait, qu'elle admirait même, mais qui lui était interdit. La magie ne pouvait venir marquer sa chaire, clause d'un contrat qu'elle avait signé les yeux fermés il y a fort longtemps. « Y a quelqu'un ? » Question timide alors que ses yeux se posent un peu partout - toujours intrigués par un nouveau dessin.  Elle avança de quelques pas. « Chuu ? » appela-t-elle en se demandant soudainement si sa venue à l'improviste ne tombait pas particulièrement mal. Les minutes passent. La sorcière se prit d'intérêt pour des planches particulières puis, au premier bruit signalant la présence d'autrui, elle releva les yeux. Son cœur se serra immédiatement en se retrouvant face au jeune homme qu'elle était pourtant venue trouver. « Hm, salut… murmura-t-elle, plus gênée qu'elle ne l'aurait cru, je te dérange ? » Question dont elle craignait déjà la réponse alors que son regard peinait à rester assez longtemps sur lui pour saluer convenablement cet ancien amour.

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Cette période était toujours particulièrement calme au salon. Les jours chauds étaient encore trop lointains pour pouvoir montrer au monde les dessins-animés encrés sous la peau, et l’heure était plutôt à d’autres genre d’achats que la boutique ne pouvait fournir, bien que certains n’hésitait pas à profiter de l’occasion pour se faire tatouer le prénom de leur âme-sœur du moment. Ainsi, plutôt habitué à encrer la nuit ou en fin de soirée, le salon ne s’embêtait pas à mobiliser plus d’artiste que nécessaire, et Chuu, petit dernier, devait souvent s’occuper des tâches ingrates de gestion. Aujourd’hui ne faisait pas entorse à la règle. Il s’occupait des tâches qui ne lui plaisaient guère mais qui faisaient aussi parti de son métier : le ménage, la compta, la gestion des stocks. S’il avait un peu de temps, il pourrait même dessiner quelques planches ou s’entrainer à des techniques différentes.
Trop occupé à compter pour la énième fois la boîte d’aiguille dans l’arrière-boutique, il n’entendit pas la cloche de la porte d’entrée. C’est le firedrake très discret de la boutique qui l’averti d’un sifflement agacé. Chuu était un peu dans la lune ses derniers temps, aujourd’hui plus encore. Le tirage qu’il avait effectué ce matin lui avait annoncé le retour d’un souvenir douleur du passé, et il pouvait sentir picoter sous sa peau la sensation désagréable d’une information qu’il refusait d’écouter.
Il pressa le pas vers la boutique, remontant les marches du sous-sol deux par deux. Il ne s’attendait à rien ni personnage, mais la présence familièrement lointaine dans sa réalité présente le pris par surprise. « Oh, Somi. » Dans sa bouche, son prénom prenait toujours la forme d’un regret. Inconsciemment, il réajusta son pull malmené par ses mouvements précédents, plus pour se donner un peu de contenance que par réel gène. « Salut.. », prononcé à demi-voix en réponse à la salutation.
Elle est belle Somi. Elle l’a toujours été.
« Non du tout ! Désolé, j’étais dans mes pensées je ne t’ai pas entendu entrer. » Il afficha son plus beau sourire, celui de l’artiste face à son client, un peu forcé, tout en restant chaleureux. Il se demanda si elle souhaitant des tatouages (les éphémères, comme ceux qu’il lui encrait autre fois), mais l’absence d’Ingrid lui laissa deviner que ce n’était pas ça. Un vrai alors ? L’hypothèse lui paraissait étrange du fait de son métier, mais ce n’était de toute façon pas [strick]plus[/strick] de la questionner en détail. « Qu’est-ce que je peux faire quelque chose pour toi ? » Il ne se risqua pas à deviner de lui-même, trop peureux à l’idée de réveiller des pensées lointaines qu’il n’avait jamais songé à réveiller.