night flight — (( sonoe ))

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— Night flight
March 27th, 2021 // [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]

Tour à tour, les phares s’allument. Un premier rugissement de moteur donne le La, rapidement suivi par le ronflement d’un deuxième et d’un autre encore. Prêts à s’emparer de la nuit comme du plus vaste terrain de jeu ; l’illuminer de leurs atours, lucioles qui se pourchassent à la vitesse de l’éclair, s’emportent dans une valse mortelle qui défi les comètes et la gravité. Les sneakers de Karma foulent le bitume tandis qu’il passe à travers la rangée de bolides qui grondent, impatientes créatures de métal. Casquette vissée sur le sommet du crâne, il jette un œil à l’ensemble des pilotes ; repère le Corbeau qui s’engouffre dans l’ombre de son véhicule, la silhouette de Poison Ivy qui discute avec Arès près de sa précieuse Vision, fait un signe à Greed avant de rejoindre sa propre monture. Il réajuste son masque de Oni derrière lequel il cache un sourire diable, quand il remarque Chronos devant le capot relevé de sa BMW. « Yo. Very last check up ? », lance-t-il sur un ton léger. Quand les cœurs battent à l’unisson, tous rompu à l’adrénaline qui les anime, Karma a l’habitude de jeter un œil à son côté – c’est toujours la fusée à quatre roues de Chronos qu’il voit dans sa vitre. Et s’il n’y distingue que son reflet, il a pris l’habitude, avant chaque course, de lui adresser un salut militaire, de deux doigts ; sans jamais savoir si elle le voit, si elle lui répond. Mais ça le fait marrer. « Damn, it shines in here. » Entretien impeccable du moteur, bien loin de celui de son EVO légèrement plus noircie à force de l’usage. Le signal de la course retentit et Karma se retourne, attiré par l’annonce. « Buckle up tight girl, I’mma go rough from the start… See you ! » Sa casquette laisse à peine entrevoir un clin d’œil, que déjà il saute dans l’habitacle de sa voiture et claque la portière. Compte à rebours du départ. 3… 2… 1… Partez. Vrombissement général quand les bolides partent pleine balle conquérir les routes détournées. Aucune limite que celle à laquelle tient leur palpitant ; les pilotes se dispersent dans la nuit, empruntent des chemins douteux, esquivent les zones à risques où rôde la police, passe par la voie des airs ou de terre selon les signalisations changeantes des balises. Karma s’emporte dans un virage, effleure une Ferrari d’un peu trop près, passe son majeur par la fenêtre avant de dégager la voie sur un sale drift qui fait s’éloigner son poursuivant. Yeah fucker, scared to get a lil’dirty ? La vitesse grimpe sur son compteur, dans les balises annoncent un changement brutal d’itinéraire. The fuck ? C’est presque un demi-tour qu’on lui impose, et Karma n’a pas le temps de prendre en compte la nouvelle direction. I’ll take the next exit. Grille un feu rouge et déboule comme un fou sur un carrefour désert. Devant lui il distingue quatre feux qui se chevauchent dans l’obscurité, se doublant successivement. Hésite, puis accélère, yeux plissés derrière son masque. Les lucioles rougissent, petits incendies dans les ténèbres et soudain s’éteignent. Dans un immense fracas. Crissement de pneus, cœur qui dérape et coup de sang dans le volant. Karma dévie sa route au moment où les phares de sa voiture révèlent l’accident dans l’angle d’un virage. Fuckin’ hell ! Une silhouette s’extirpe des titans de ferrailles, encastrés l’un dans l’autre. Quelques mètres plus loin, à l’écart de tout risque, Karma s’arrête et veut se jeter hors de son siège – sa ceinture le retient, qu’il arrache avec empressement, et se précipite vers la mêlée. « Are you guys OK ? » C’est Sonic qui lui répond en se tenant les côtes, visiblement mal en point. « A-Am okay, I think… It’s Chronos man, I took the turn too close and – I-I didn’t see what happened, but… » Rapide état des lieux, alors qu’il n’écoute plus. « Send the signal, so Ojisan and Obasan know we have some trouble here. » La portière de la BMW est emboutie par le nez de la Toyota. En se frayant un chemin entre les voiture, Karma atteint la porte passager. « She’s still inside ! Oi, Chronos ? Chronos, can you hear me ? Yo, wake up you’re gonna loose your rank ! » Tentative d’éveiller son esprit par le goût de la victoire (ou ce sont des mots qui trahissent une inquiétude – que les flics rappliquent, que l’état de la pilote soit grave). L’instinct du guerrier et celui du guérisseur s’en mêlent, quand Karma prend la décision de basculer le siège et en détache la jeune femme. « Man you shouldn’t touch her, you could make it worse ! Let’s wait for some help… » - « Leave it, I know what I’m doing ! » Chien enragé qui aboit, n’écoute que ce que lui dicte son instinct. Lentement, il l’attire, la tire de son bolide qui se fait prison mécanique, et quand enfin il récupère ses pieds, Karma réussi à soulever Chronos et l’allonger de côté sur l’asphalte. Une faible bruine vient se mêler à sa sueur et au sang qui perle sur le front de la jeune femme. Gotta go fast. Un souffle soulève encore le corps mince de la pilote, et Karma se dépêche de palper ses jambes, cherche les fractures, le moindre signe d’urgence. « … Ok, I got this. I got this. » A la lumière des phares qui éblouissent la figure démoniaque, Karma laisse Akira prendre les choses en mains, tandis que du bout de sa baguette, il lui porte les premiers soins.

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— Night flight
March 27th, 2021 // [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]

l'ossature mécanique est déposée sur sa pommette gauche et les cristaux se déplient les uns après les autres, à la façon d'un feuillage argenté. dernier check up avec ojisan pour s'assurer que tout est sous contrôle et sa silhouette s'offre aux néons de nagao - alors enfin, elle se sent respirer.

la dernière course remonte à plusieurs mois (elle avait été un enchevêtrement alambiqué de passages sous-marins, de parkings aériens, et de beaucoup trop de feux rouges grillés), peu avant que tout ce qui faisait sa maison ne parte en fumée, et il lui semble qu'elle recouvre pour la première fois un maigre contrôle lorsqu'elle ouvre le capot de sa bagnole. l'entretenir a toujours relevé de la passion plus que de la corvée et cette fois-ci, quelques minutes seulement avant le coup de feu annonçant le début de la course, n'échappe pas à la règle - les composants brillent, le moteur ronronne, tout est en place. « yo. very last check up ? » ses pupilles, aussi grises que son semi-masque, se relèvent jusqu'à deviner celles de karma. elle lui sourit. « you're never too careful. you should take care of yours, thought. » au même instant, le signal de la course frappe la ligne de départ et ils se séparent. chronos rejoint sa place de pilote. le compte à rebours fait écho aux battements de son cœur qui accélère, accélère jusqu'à ce que sa pédale d'accélération touche le fond du bolide. puis tout s'envole ; ses doutes, ses peurs, son appréhension de reprendre cette place bien précise plutôt que de se cacher derrière son pseudonyme de maîtresse du jeu.

elle est dans son élément. un oiseau en plein ciel.

il suffit de quelques secondes supplémentaires pour que la première balise indiquant la route du parcours soit franchie - la suivante se trouve dans les airs et l'adrénaline pulse contre ses bras tendus quand la bmw décolle du sol pour virevolter entre deux gratte-ciels. la troisième est tordue, possède un emplacement railleur et provoque un embouteillage en plein carrefour. dee se voit obligée de freiner pour ne pas ajouter de rayures à sa carrosserie. La sûreté de la manœuvre lui fait perdre des places, l'enrage quand elle se dit qu'elle aurait tout aussi bien pu contourner le problème pour éviter d'observer les autres concurrents la dépasser, et elle se dégage du tas de bagnoles en quête de les récupérer. son sang bout, ses ongles s'enfoncent dans son volant lorsque son téléphone lui indique qu'elle a perdu sa 3ème place pour être propulsée 7ème et oh, que c'est désagréable. Peu importe l'assurance d'un classement aléatoire pour conserver sa couverture, ce n'est pas ce dont elle a besoin aujourd'hui.

dès lors ses coups de volant sont imprécis, moins fluides, plus brusques - elle manque de se faire allumer par un bombarba de baku mais absolument tout l'empêche de reprendre son calme. 140km/h. 150km/h. 170km/h. virage serré, la peinture en pâtit ; sa lèvre inférieure aussi. 202km/h et c'est à un croisement juste sous ses yeux que la chute se profile - de nouveau, ses pneus se détachent de l'asphalte en un crissement aigu. au même instant des feux se dessinent au travers de sa vitre, rebondissent contre son tableau de bord brillant ; ses yeux s'écarquillent de frayeur. « ARRES- » elle possède à peine le temps de se tourner vers la scène que l'impact est là. bruyant (élan dévié en plein vol, les voitures s'encastrent l'une dans l'autre, et le tas de ferraille brise le verre de l'immeuble adjacent, où un mur arrête enfin leur glissement) et écrasant (elle sent sa portière se gonfler, à l'intérieur, enserrant son bras droit dans une poigne douloureuse, et son crâne heurter son volant).

puis ; plus rien. extrait de calme après la tempête.

le néant ne se fait partiel que lorsque quelque chose effleure la peau de son cou. de ses bras. de ses jambes. chronos ! sa conscience s'éveille mais son corps ne suit pas ; au picotement de magie, pourtant, ses yeux s'ouvrent et tout s'aligne à nouveau. la première chose qu'elle distingue est une baguette (ses sens s'agitent : danger danger danger), et sans attendre elle empoigne avec une force bénigne le bras de l'intrus. elle met un temps à comprendre où elle se trouve, et dans quelle position est son corps. sa langue lui paraît incroyablement lourde, alors elle n'essaie pas de parler directement. agitée, ses pupilles se décident à scanner l'endroit, et elles tombent sur un démon bien trop connu de sa mémoire. sans qu'elle ne s'en rende compte, la tension de ses muscles s'affaisse un peu. « what happened ? » tente-t-elle. à une dizaine de mètres se trouve sa voiture, explosée ; elle se souvient. « shit. » medea essaie de se redresser seule mais sa tête tourne trop, beaucoup trop pour s'assurer ne serait-ce que des prémices d'équilibre. « help me to get up, please. » il y a un temps d'hésitation avant qu'il ne lui offre sa main, mais elle finit par la saisir quand il la lui propose et enfin, elle se tient sur ses deux jambes. son squelette est faible, elle le sent crier à cause d'un réveil bien prématuré, et elle possède des difficultés à réfléchir, voire à rester éveillée. un peu plus loin, un autre pilote (sonic). probablement le responsable de l'accident, moins amoché qu'elle. fierté mise sous silence, elle ne chasse pas karma quand il passe son bras autour de sa taille pour la soutenir. ils ne possèdent pas énormément de temps, la nouvelle a déjà du circuler entre les patrouilles aux alentours. « we can't stay there. no magic or they'll find us. » dans tous les cas, elle n'est pas certaine de pouvoir encaisser un transplanage. « burn my car and- and we're leaving. now. »

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— Night flight
March 27th, 2021 // [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]

Le sortilège des premiers soins diffuse une lueur argentée, retraçant les contours d’un corps inconscient. Doucement, l’éclat se teinte en une couleur rouge, lorsque l’extrémité de l’instrument passe au-dessus du front de la pilote, d’où s’échappe un filé couleur rubis. Les nuages assombrissent un peu plus la nuit, tandis que la pluie se mêle au sang de Chronos. L’éclat d’argent poursuit son chemin, mais à une fois encore sa couleur change, cette fois pour de l’orange. Le bras est cassé. Akira hésite à lancer immédiatement un sortilège pour le réparer. Le temps presse, le lieu est trop à découvert et loin d’être idéal pour effectuer des soins.

La décision tarde à être prise, alors qu’il sent son bras être saisit. Chronos le tient, de cette main libre et visiblement sauve avec laquelle elle l’agrippe, pourtant elle ne regarde pas immédiatement dans sa direction, encore trop secouée par un réveil bousculé. « I got you. Relax. » Akira parle doucement, jusqu’à ce que leurs regards se croisent. Elle relâche finalement sa prise. « What happened ? » Le démon masqué lève la tête, comme pour évoquer sa réponse, et sans doute l’imite-t-elle lorsque ses yeux trouvent sa voiture, fracturée. « Shit. » Ce qui est rassurant, c’est la rapidité avec laquelle elle reprend connaissance. Peut-être un peu trop vite, trop soudaine, qu’elle essaie déjà de se redresser. Dans l’urgence d’un danger qui les guette, Akira le sait. « Don’t move so fast, geez. » Presque agacé de cette initiative trop téméraire, l’instinct du médic qui prend le pas sur sa conscience. « Help me to get up, please. » L’audace de cette fille – l’inconscience. Grimace en considérant sa demande, à deux doigts de lui dire que c’est trop tôt. L’évidence pourtant qu’il leur faut décarrer au plus vite l’empêche de faire la moindre remarque. Quelques secondes il l’observe, tente de mesurer les possibles, d’entrevoir les solutions envisageables.

Et pour aller où ?

« You sure ? » Après hésitation, il abdique finalement, car de choix il n’y en a pas d’autres ; alors il lui tend la main, renonce au protocole sans vraiment s’en vouloir (ça n’a jamais été son truc de suivre les règles, de toutes façons). Malgré tout il garde un œil sur la tenue de son corps, ses jambes encore fragilisées par la collision. Des airs de faon qui patine sur le bitume mouillé, le regard qui papillonne sous l’effet assommant de la projection. « Wait- » Joignant le geste à la parole, Akira vient enserrer sa taille d’un tour de bras, afin de rendre ses pas plus légers. Mouvement de précision, sachant au préalable que son bassin a été épargné par l’impact. Désormais d’un pas plus souple – veillant à la tenir, presque la porter pour leur faciliter la marche.

« We can't stay there. No magic or they'll find us. » - « What should we do with your car ? » Tous les trois contemplent la structure déformée des bolides, sculpture de métal laissée à l’abandon. Akira n’intervient pas, préfère laisser Chronos formuler l’inévitable sentence, celle que chacun d’eux devine d’avance. « Burn my car and- and we're leaving. Now. » Impératif dans la voix. Aucune trace, aucune piste ne doit subsister de ce dérapage. Sans ajouter un mot, les deux hommes acquiescent, conviennent en silence du rôle dont chacun écope. Et Sonic disparaît dans leur dos, pendant que Akira maintient l’effort d’atteindre sa voiture. Lorsqu’ils sont assez proche de la porte passager, une lumière incandescente jaillit derrière eux, illumine l’asphalte et crée des ombres mystiques dansant sur les immeubles alentour. « ‘K get in, I’ll drive somewhere safe. » A ses mots, le moteur de Sonic vrombit et se fond dans les ténèbres. A leur tour désormais de disparaître avant d’entendre le chant des sirènes.

Une fois à l’intérieur, Akira ne peut s’empêcher de jeter un œil à la ceinture de Chronos, pourtant conscient que ça n’a pas suffi à l’épargner de l’accident. Allume le moteur, vérifie dans ses rétroviseurs. L’avance est à eux. Soudain ça le frappe, quand il la voit à sa gauche, le bras ballant. « Shit. » L’adrénaline la maintient dans un état d’éveil précaire, mais ce ne sera pas assez face à l’état de choc qui rattrape déjà la mécanique de son corps. Akira s’agite en retirant précipitamment sa veste, qu’il vient caler jusque sous le menton de la pilote. « We have to keep you warm », il explique sans se justifier davantage. Pas le temps.

Pied plaqué contre la pédale, la voiture démarre au quart de tour, ne ménageant pas ses passagers au passage du premier virage. Pressé par le temps et le danger, Akira adapte tant bien que mal sa conduite à la condition douloureuse de Chronos, tente de lui épargner ses raccourcis sinueux et freinages in-extremis. Impensable toutefois de conduire comme n’importe quel civil quand on est au volant d’une voiture qui n’a rien de celle de monsieur tout le monde ; ni sous le moteur, ni sur la peinture. « You’okay ? » D’une main il délaisse le levier de vitesse, allume la radio et pianote sur les fréquences une suite de chiffre. A travers la neige audio et les brouilles chuintant du récepteur, la voix de Yamada-Keishi bourdonne. « […] Transmit patrol to command post. » - « Call the FW - There is an automobile APR on the corner of Nishi Dori - 1 vehicle burning involved - risk of technical and magical explosion - No driver present - Send a reinforcement team to regulate the traffic and search the area - Notify the center for the accident report - Done. » - « Well received patrol priority message completed. On our way. » Un sourire crâne nait derrière le masque d’Oni à l’écoute des messages de la Brigade. « Asshole. » Et accélère. La voix du commissaire lui fout des ulcères, pour l’avoir de trop nombreuses fois eu en travers de sa route – ou de ses soirées arrosées. Toutefois l’annonce faite sur la station le tranquillise, une garantie du temps supplémentaire dont ils bénéficient pour s’éloigner des lieux. (radio trafiquée signée de Blue, qui en a équipé d’ailleurs plusieurs voitures de pilotes, en cas de problème avec les balises.) « It won't be long. »

Le contour des côtes se dessine à hauteur des vitres, et au loin l’horizon se noie dans une mer obscurcie par la nuit. Les panneaux en contre sens indiquent de plus en plus de distance avec Nagao, dont la lumière de la ville s’est effacée derrière eux. La route jusqu’aux abords de la plage est calme, droite, peu empruntée à cette heure tardive. Stratégie tissée sur le fil de l’urgence, où Akira entrevoit dans la quiétude des rivages la possibilité d’un second souffle. Moins de dix minutes de route auront suffi à creuser l’écart. Dix minutes qu’Akira sait déjà être trop longues pour quelqu’un à peine extirpé d’un accident. « There’s some hidden area, near the Death Pool. We’re almost there. How you feelin’ ? » S’assure de la tenir éveillée à minima, chauffage en marche et coups d’œil régulier sur sa posture. Le masque aux multiples reflets l’empêche de distinguer ses yeux. Réalise qu’il porte le sien également, et que l’anonymat de chacun est préservé. Il préfère ça.

« Ok, don’t move, I’m coming by your side. » En effet, le lieu est désert. Parking de terre surplombant la fameuse Piscine de la Mort, logé sur les hauteurs de la côte. Akira coupe le moteur et se presse jusqu’à la portière passagère, qu’il ouvre aussitôt. Allume la lampe intérieure avant de se pencher. Entre un masque démoniaque et la visière d’une casquette Nike, ses yeux bruns scrute le visage égratigné de la pilote. « Look at the light for two sec'. » Evalue les réflexes photomoteur, positifs malgré un regard hagard, fatigué. Mais son attention se porte rapidement sur cette plaie qui continue de s’épandre à la lisière de son front. « You need fast care for this one. And your arm, too. » Pas de chants de sirène. Pas encore de signe de Ojisan ni d’Obasan. Seulement le bruit des vagues qui viennent frapper la roche un peu plus basse. « I can do it. » En réalité, il ne fait que la prévenir. Ce n’est pas une proposition. L’espace d’un instant, l’adrénaline se tarie et il réalise cette situation inattendue. Cette pilote assise dans sa voiture. Blessée. Les flics quelques kilomètres seulement. Une voiture qui brûle. Mais surtout Chronos, qu’il s’obstine à vouloir aider, lié par le secret du Midnight Club, dans une solidarité mystérieuse.

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Mar 14 Sep 2021, 19:08

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— Night flight
March 27th, 2021 // [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]

le brasier que produit la carcasse de sa voiture vient danser dans le reflet de ses prunelles ; l’aveugle momentanément.

« ‘k get in, i’ll drive somewhere safe. » un instant, l’effroi de confier ainsi sa vie à un inconnu la saisit. il n’y a rien, au-delà de simples gestes et de quelques paroles échangées avant le départ des courses, qu’elle sait de lui – n’a aucune certitude qu’il soit entièrement clean alors qu’il ferme la portière côté passager. mais les lancements doucereux envoyés par son bras et la lourdeur du reste de son corps la rattrapent, enveloppent ses doutes dans une urgence qu’elle ne peut désamorcer seule : elle va devoir lui faire confiance, à défaut de posséder l'opportunité de faire un choix.

à peine est-elle installée à l’intérieur du véhicule que l’arrière de son crâne vient prendre appui contre son siège. son squelette est las, avachi alors que l’adrénaline pulse contre ses poignets. elle est éveillée mais sent la fatigue qui court sur sa peau, la fraicheur de la nuit venir la draper d’un sommeil qui serait si facile à saisir. « we have to keep you warm. » elle n’ajoute rien, n’en trouve pas la force – se réfugie dans les effluves d’essence qui s’échappent de la couverture improvisée qu'elle serre par-dessous entre ses doigts.

et ça démarre, d’un coup sec, si sec que son bras valide attrape le premier rebord venu pour se maintenir à peu près droite. tout tourne déjà beaucoup trop autour d’elle ; l’altitude amplifie les vertiges malgré l’accroche superficielle, et chaque virage est un petit enfer à encaisser. dee fait le choix de fermer les yeux. « merlin. » est à peine murmuré entre ses dents, alors qu’elle se force à se concentrer sur sa respiration pour ne pas vomir sur le tableau de bord. « you’okay ? » - « hm. » non. je veux sortir d’ici. mais sait pertinemment que s’arrêter sur un gratte-ciel de nagao foutrait en l’air leurs chances de s’en sortir alors elle se contente de prendre son mal en patience.

les transmissions et le reste des sons alentours sont bientôt étouffés par l’adrénaline qui se dissipe en frissons désagréables. au loin, elle entend karma prononcer quelques mots (« it won't be long. ») mais se retrouve incapable de les écouter, d’y porter la moindre attention. le choc de l’accident et ses conséquences arrivent en décalé – sa voiture a été cramée il y a déjà 30 minutes – ou bien 20 ? – et ce n’est qu’à cet instant qu’elle en ressent les crépitements sinueux (son crâne, son torse, sa nuque, son bras). le malaise se mue en douleur et elle est atroce, lui fait serrer les dents derrière son masque argenté qu’elle rêve de retirer pour enfin pouvoir respirer à nouveau. elle étouffe, a trop chaud - sue à en fondre mais tremble à la façon d’un botruc effeuillé.

(au milieu du bazar, elle se demande - s'inquiète - si ojisan a pu contrôler le chaos qu'elle a causé.)

soudain, ça cesse de remuer. la conduite devient plus fluide, moins pressée. son supplice ne s’interrompt pas mais l’envie de dégueuler s’estompe peu à peu, sans tout-à-fait disparaître. medea est trop fatiguée pour rouvrir les yeux, craint que constater la hauteur à laquelle ils se trouvent ne la fasse replonger alors elle décide d’attendre. « there’s some hidden area, near the death pool. we’re almost there. how you feelin’ ? » - « tired. » sa voix est plus incertaine qu’elle ne l’aurait pensé. mais elle n’a pas la force de chercher à faire bonne figure, écrase à moitié sa tête contre la buée de la vitre. son état est déplorable, de toute façon – et peut-être karma le sait-il mieux qu’elle encore.

enfin, le moteur cesse de vrombir, et l'ataraxie la berce. il ne subsiste que le bruit de leurs respirations qui se font échos avant que karma prenne les choses en main. « ok, don’t move, i’m coming by your side. » le hochement de tête est subtil, quasi imperceptible. claquement sourd lorsqu’il s’extirpe de leur cachette. d'une oreille elle discerne ses pas, à l’extérieur, avant que sa portière ne s’ouvre à son tour. au travers de ses paupières closes, une lumière atteint sa vision. « look at the light for two sec'. » l’effort lui coûte mais elle obéit ; papillonne un instant avant de s’habituer au flash contre sa rétine. « you need fast care for this one. and your arm, too. » ses muscles se tendent, anticipent sa peur. « i can do it- wait. just- i need some air. give me a sec. » il fait incroyablement chaud – même avec le vent marin qui frappe contre la moitié de son visage. c’est comme des montagnes russes d’émotions qui démolissent ses repères, mais maintenant que plus rien ne bouge autour d’elle c’est plus simple de les réunir, un à un, et d’éloigner les remontées qui saisissent sa gorge à chaque mot soupiré.

inspire. expire. garde la veste offerte auprès d’elle pour s’assurer qu’elle appartient encore au réel. qu’elle s’est pas évanouie en cours de route.

et la douleur est toujours là, bombarde quand elle relève les yeux vers karma. « okay – just do what you need to do. i trust you on this. » ce n’est pas tout-à-fait vrai (pourrait vérifier en scrutant l’esprit, si elle n’était pas si faible physiquement) mais elle ne possède pas d’autres choix. toujours affalée sur son siège, elle tapote sa tempe gauche de deux doigts frileux et son masque se replie juste assez pour laisser apparaître son front. ses yeux et leur contour restent dissimulés, conservant l’anonymat en maître du jeu. medea n’a aucune idée sur la façon de procéder pour réparer un os (ou peu importe la gravité de sa blessure) ni combien de temps ça prendra. ses pensées sont toujours à moitié tournées sur le risque que la brigade retrouve leur trace, et ses yeux scrutent l’horizon à la recherche du moindre signe pouvant leur indiquer que leur fuite n’est pas terminée.

ce n’est que quand karma remonte la manche le long de son bras endoloris que son attention pivote jusqu’à lui, avant de revenir vers la blessure. les gestes, bien que hâtés, sont précautionneux ; ses mains se fondent en supports adroits, manipulent son membre avec le plus de douceur possible. medea relève ses yeux vers son visage. « you’re a mediwizard. » le ton emprunté n’a rien d’une question. elle devine que son attitude n’est pas de l’improvisation et, bientôt, son front subit la même inspection méticuleuse. « i don’t think you were involved in the crash. why would you stopped if you were not ? » leurs regards se croisent. le sien insiste. « thank you. »

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Lun 18 Oct 2021, 16:54

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March 27th, 2021 // [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]

La voix écorchée par l’émotion et le souffle qui trébuche sur les mots – Chronos impose une halte dans la hâte des soins. Mouvement de recul du pilote démoniaque, qui laisse passer un peu plus d’air entre eux. La douleur fait perler la peau de celle qui tente de rattraper son souffle à travers les débris d’une fatigue menaçante. Akira s’impose un temps d’arrêt, pour ne pas la brusquer davantage, mais se mord la langue de lui dire que le temps presse. Derrière son masque il entend les secondes s’écouler, comme s’écoule le sang le long de la tempe de la jeune femme. Le vent des côtes s’engouffre dans la voiture, pousse Akira dans le dos, mais il reste inflexible, ancré dans une réalité dont il a bien trop conscience. Les faits se déroule dans son esprit dans une boucle permanente, comme un gyrophare qui ne s’éteint jamais sur les priorités à combler. La soigner et décamper. Ses yeux bruns à l’abri de sa visière détaillent la suite des opération, prêt à bondir dès qu’elle sera stabilisée.

Les bruits des vagues comme métronomes dans leur silence, dans l’attente. Le pilote a revêtu sa blouse de médicomage, ajustement invisible ; le maintien façonné par la concentration, son bras qui repose sur le bord de la portière n’est que l’illusion d’une attitude décontractée qui n’existe que pour rassurer la patiente improvisée. L’esprit verrouillé sur des questions bien plus pointues en réalité. okay – just do what you need to do. i trust you on this. Ce sont les yeux de Chronos qui ont obtempérés les premiers, en venant chercher les siens, d’un accord tacite qu’elle a tardé à prononcer. Akira acquiesce en silence, tandis que le masque miroitant se rétracte jusqu’aux contours des yeux cristallins.

Les gestes sont à la fois lents et prestes, lorsque de ses mains sûres, il écarte les cheveux venus se mêler à la plaie, dévoile sous ses doigts habiles la blessure creusée dans la chaire. Ce n’est pas profond. Il tire sa baguette de sa poche et vient nettoyer la plaie d’un sort aérien ; danse dans l’air le liquide venu éclaircir la peau, emporte dans ses volutes les vestiges carminés. Geste sec et l’antiseptique est envoyé au sol, absorbé dans la terre. How’s your neck. Do you feel anything unusual ? Burning or tingling. Akira cherche la commotion cérébrale, son ombre plane sur le regard de la pilote. Rigidité dans les mots, pourtant c’est davantage par formalité que conviction qu’il demande – l’expérience lui intime qu’elle a échappé au plus grave. En écoutant sa réponse, Sawano s’applique à refermer la plaie, baguette à l’appui pour encercler d’une incantation l’entaille. It’s gonna get cold for a minute.

Le vent frais de la nuit est le meilleur assistant dont il puisse rêver. La lumière est pourtant faible, mais la quiétude des lieux rend l’application presque agréable à ficeler. La pluie a cessé dès qu’ils ont quitté la ville, l’empreinte humide de l’embrun la remplace. Abrité par l’obscurité de la route, soutenu par l’air marin qui rafraichit ses pensées, le bruit des vagues en bruit blanc pour couvrir l’agitation de son esprit. Calmement, Akira reporte son attention au bras de Chronos, une opération plus complexe s’offre à sa vue. Avec précaution, il retrousse la manche de la pilote pour en dégager la fracture et délicatement, dépose son membre abîmé dans sa propre main qui se fait appui solide et stable. you’re a mediwizard. La voix de la jeune femme vient rompre le silence des soins, mais Akira n’en dit rien. L’évidence de son propos suffit à sa propre réponse.

Tête penchée de côté pour laisser la lumière tomber sur le bras, l’inspecter avec une attention précieuse. Bien sûr, ses gestes son mesurés. Bien sûr, ils trahissent son métier – son essence. Akira connaît les corps, leur mécanique, leurs rouages. S’il ne cherche pas à s’en cacher particulièrement, il préfère garder pour lui les détails de son identité – au fond, c’est assez qu’elle s’en soit aperçu, peut-être pour lui offrir une confiance suffisante à le laisser s’occuper de ses blessures. Akira s’en contente et reste concentré dans un silence appliqué. don’t think you were involved in the crash. why would you stopped if you were not ? – You were in the way, il se contente de répondre, impassible. Comme si l’évidence de sa main tendue ne relevait que d’un obstacle sur sa route. Il avait voulu éviter la brigade aussi, évidemment, emportant les preuves avec lui. Et sans l’admettre, protéger le secret qui les unie – le midnight club.

Les yeux du pilote à casquette se relèvent vers le visage de Chronos et leurs regards s’accrochent. thank you. C’est une question de secondes, pendant lesquelles il scrute dans ses yeux clairs, l’un après l’autre, recueille dans leurs reflet une sincérité troublante. Peu commune. La tête se bascule lentement de l’autre côté, sourcille derrière le masque avant de rompre l’œillade qui lui pèse – trop bleue, trop longue, trop perçante, trop insistante, trop touchante. Et d’instinct farouche se dérobe. It’s nothin. Raclement de gorge pour détourner l’attention. You’ll regret your words in a sec, il ajoute avec un sourire diable derrière son masque. Hang in there, it’s gonna be rough. Et d’un geste preste, il pointe sa baguette sur le bras de la jeune femme. L’extrémité s’éclaire d’une lueur orangée, indiquant toujours la fracture. Coup d’œil par-dessous la visière, avant de lancer un brackium emendo informulé.

CRACK.

Aussitôt que la lumière se propage sous la peau de la pilote, Akira range sa baguette et vient appliquer ses deux mains sur le bras de Chronos pour exercer dessus une pression maintenue, chaude. Emprisonné dans la chaleur de ses paumes, le sort se diffuse lentement dans une caresse froide sous le derme. Don’t move while it lasts, explique Akira en regardant le bras enfermé sous ses doigts, l’ayant retenu de bouger. Les vaguent continuent de résonner sur la roche. Le vent continue de frapper leurs visages. La nuit continue de les garder à l’abri. You’ve been lucky, fait Akira en la lâchant finalement. D’un soupir il se relève et range sa baguette. I mean, the accident was big. Et sans prévenir, il se penche par-dessus Chronos pour attraper une bouteille d’eau roulant sous le siège conducteur. Here. You need to drink. En réalité, il faudrait même qu’elle mange, mais Akira n’a rien sous la main. Alors il se contente de lui tendre la bouteille, avec insistance. Sans lui laisser de choix.

Le chant des sirènes est absent et il espère que la brigade est trop occupée en ville pour venir jusqu’ici. What’s next ? You gotta get some rest. I’d take you home, but we’ve got no news from Ojiisan or Obasan. Adossé à la portière arrière, Akira remplit ses poumons de cet air frais qu’il chérit tant – l’air de la Nuit. Pas bon à la conversation, il tarde un peu dans le silence avant de reprendre. What you gonna do about your car ? Must've been hard as fuck to let it burn. Difficile d’imaginer la sienne à sa place dans les flammes. Les accidents ne sont pas rares aux Midnight Club. Mais les mesures prises pour protéger le secret sont toujours très stricts.

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