easier than lying (osamars #2)

Losing you is easier
than lying to myself that you love me

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look i don’t care what happened between you two, just fix it.

les mots de jones créèrent une série de picotements le long de son dos, projetant au-devant de sa rétine toutes les choses auxquelles il ne voulait pas penser maintenant.

leur dernière dispute remontait à plusieurs mois mais osamu en expérimentait encore les conséquences douloureuses, notait toujours davantage d’irrégularités dans le comportement de mars à mesure que le temps s’écoulait. les piques devenaient de plus en plus rares, portant le goût d’une amertume qui ne tendait pas à s’adoucir, et la constatation que leur relation changeait à nouveau ne lui plaisait pas - parce que la colère de mars a toujours été plus simple à encaisser que ses silences.

ce n’était pas si important, si urgent à affronter avant que les cœurs cicatrisent tout-à-fait, jusqu’à ce que la tempête formée par leurs ressentiments n’empiète sur la qualité de jeu des giants. la communication s’en retrouvait ébranlée, friable à la manière d’une roche fragilisée par l’humidité ; chaque action se déroulait sous ses yeux sans qu’il n’en comprenne véritablement le sens et plusieurs fois, il manqua de couper la course de cognards dont l’impact aurait à coup sûr provoqué des blessures inquiétantes. immédiatement, sam venait chercher son regard, venait chercher des explications, mais il ne trouvait jamais rien de plus qu’un néant indescriptible, une surprise similaire à la sienne.
la vérité était qu’ils ne se comprenaient plus, et cela le terrifiait.

(il avait merdé.)

il devait être 22h quand sa carcasse arriva au niveau du stand de nookie, en plein centre de hinai. les lumières artificielles dansaient sur ses vêtements à la façon de lucioles agitées, et sam se posa sur le muret d’un pont en hauteur, retirant son masque de dragon pour récupérer un peu d’oxygène. il possédait l’espoir de se mettre dans la trajectoire d’un courant d’air qui rafraichirait sa peau exterminée par la chaleur de fuji, où il avait passé la majorité de sa journée, avant de reprendre la découverte du quartier. cela faisait déjà plusieurs minutes qu’il avait perdu de vue yuan & beanie, au milieu d’une foule si dense qu’il y devenait difficile de discerner ses propres jambes ; ils l’avaient lâchement abandonné alors qu’il patientait pour son thé froid, au stand vivaldi, et les recherches pour les retrouver avaient été infructueuses. des messages avaient été envoyés, mais l’écran de son téléphone demeurait noir, dans l’attente d’une réponse. dammit.

c’est en abandonnant son altitude qu’il l’aperçut, et chacun de ses membres se figea. si sam avait promis à son capitaine de faire le premier pas, la chose lui paraissait à présent tout-à-fait insurmontable, et il se questionnait sur la façon de l’aborder comme l’on hésiterait à saisir un morceau de verre brisé. mais les choses étaient en suspens depuis bien trop longtemps, et les regrets semblaient plus aisés à gérer que les remords, alors il entama quelques pas dans sa direction, chassant l’attirance que possédait la fuite à mesure que sa silhouette se définissait sous ses yeux.

« hey. you’re alone ? » s'annonça-t-il ; il portait encore son masque, tourné de manière à ce que l’intérieur de ce dernier soit collé à sa tempe gauche, et ses mains étaient à moitié occupées par des sacs en plastique, remplis des achats effectués dans la journée. « can we talk ? it won’t be long. » sous ses cotes son cœur tambourinait mais sa voix était étrangement calme, presque résignée à abandonner un passé qui ne reviendrait pas.

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Elle était seule. Elle était souvent seule, Mars ; le poids du temps pesant sur ses clavicules et ses cauchemars laissant des arborescences violacées juste en-dessous de ses yeux. Elle préférait la compagnie, bien sûr, et ne pouvait pas rester trop longtemps seule avec ses démons sans qu’ils ne commencent à planter les crocs dans sa chair, injectant ses veines d’un venin dont elle n’avait pas encore tout à fait compris comment s’en débarasser ((mais peut-être que le monde se porterait mieux sans elle, sans ses interférences, sans son impertinence d’être toujours en vie)).

Vingt-deux heures et son esprit refusait de s’apaiser, de laisser la nuit l’engloutir afin d’enfin basculer dans le sommeil. Elle avait déjà souhaité une bonne nuit à Seiya, sachant pertinemment que ni l’un ni l’autre ne s’apprêtait à domir, et elle était partie – marcher, respirer, déverser des litres et des litres de supernova dans son sang, n’importe quoi. La possibilité de conduire, de foncer dans les rues de la ville et voir à quel point elle pourrait éviter un accident, avait été brièvement envisagée – mais elle s’était forcée à repartir à pieds, à marcher à travers Hinaï sans autre but que d’atteindre une zone de transplanage. Peut-être. Ou alors continuerait-elle à marcher, engloutie par l’effervescence du tournoi pendant la nuit entière.

Sans véritablement y réfléchir, Mars essuya son visage perlant de sueur avec son bras – son maquillage soigneusement appliqué le matin même, ou peut-être la veille au soir, acheva de se décomposer et laissa une traînée charbonneuse au niveau de ses yeux et ensanglantée au coin de sa bouche. Lorsqu’elle se rendit compte de son erreur, elle s’empara de son téléphone pour observer les dégâts – mais ce n’était pas grave, décida-t-elle. Au lieu de tenter de réparer le désastre, elle porta la bouteille de supernova qu’elle avait achetée dans un konbini à sa bouche tout en contemplant les lueurs du stand des mille et une facette ; elle n’était pas ivre. Pas encore, en tous cas. Peut-être devrait-elle tenter d’entrer dans la roulotte avant que ce ne soit le cas.

Tout ce qu’elle désirait, c’était un instant de silence.

« Hey. You’re alone ? »  Le son de la voix d’Osamu – car, évidemment, il s’agissait d’Osamu – brisa le fil de ses pensées et la força à se reconnecter avec qui l’entourait véritablement. « Hey. Yeah. » Elle se retint d’ajouter why, décidant que cela ouvrirait la possibilité à une conversation. « Can we talk ? it won’t be long. » Brièvement, elle hésita. Son regard s’accrocha au masque qu’il portait sur le côté de son visage et aux nombreux sacs qu'il portait, clairement des symboles de la fête qui agitait Kantô alors qu’elle était restée si elle-même qu’elle aurait pu prétendre que rien ne se produisait autour d’elle ; que la ville était tentaculaire, silencieuse, l’enveloppant dans son étreinte jusqu’à ce qu’elle n’entende plus que les bruits des moteurs et des crissements de pneus sur l’asphalte. Mais ce n’était pas la vérité. « Yeah, okay. What’s up ? » Comme une ponctuation, elle porta à nouveau la bouteille de supernova à ses lèvres, laissant une empreinte carmin sur son goulot. « I’m hungry, though, so you can talk while I’m getting some food. » Et, sans vérifier qu’il la suivait, elle s’avança vers l’un des stands de street food qui jonchaient les rues.  

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un instant, osamu jaugea sa carrure, ses épaules frêles et le mascara qui s'était répandu le long de ses pommettes comme une traînée de poudre noire, recouvrant par endroit ses taches de rousseur d’une texture si opaque qu’elles n’étaient presque plus discernables au travers de la nuit.

« yeah okay. what’s up ? » il n’avait pas entendu sa voix depuis des jours, et ses consonances sonnèrent toutes autant étrangères que réconfortantes à ses oreilles. son regard glissa le long de la bouteille tandis que ses lèvres restèrent collées, plongées dans le silence. en temps normal, l’inquiétude aurait primé sur le reste ; les colères auraient été effacées, englouties par l’urgence de la savoir apaisée et en sécurité, mais ce n’était plus une chose pour laquelle il avait le droit d’être préoccupé, à présent.

il lui fallut un instant pour comprendre que mars avait répondu par l’affirmative, qu’elle n’avait pas choisi de mettre fin à la discussion avant même qu’elle n’ait commencé. ses traits étaient tirés par la fatigue alors que les hématomes sous ses yeux se mélangeaient au reste de son maquillage, et il se demanda brièvement s’il était la cause de son épuisement. « i’m hungry thought, so you can talk while I’m getting some food. – yep, okay. » répondit-il ; ses mots furent prononcés avec un peu d’impatience, trop d’empressement, de peur qu’elle ne change d’avis et ne lui retire l’occasion d’asphyxier les maux. de remettre les choses en ordre, les mêmes qu’il a choisies d’entacher.

leurs silhouettes s’avancèrent jusqu’à atteindre la file d’attente d’un stand, dont les arômes sucrés s’élevaient jusqu’à eux. ils le convaincraient presque d’acheter de quoi manger, aussi. « look hm- » le début était hésitant, peut-être parce qu’il ne savait pas par où commencer avec exactitude, doutant de la manière d'aborder ce qui les consumait. chaque inspiration prise était un calvaire mais l’aidait à réfléchir convenablement aux paroles qu’il choisirait de prononcer, tandis que son attention jonglait entre la foule agitée, mars, et les étoiles, scintillantes au-dessus de leur tête. « i screwed up. » la bulle fut crevée comme un abcès ; il n’existait aucune nouveauté, aucune annonce surprenante, seulement une vérité sur laquelle ils pourraient assurément s’accorder. « my reaction was stupid and selfish and you were right, your private life is none of my business. » autrefois, il y appartenait. les instants partagés ont toujours été chéris, si distinctement cristallisés dans sa mémoire qu’il ne pouvait se résoudre à totalement devoir les faire disparaître. il n’était même pas certain de le pouvoir, indépendamment de toute la volonté qu’il y mettrait. « so i just want you to know that i’m sorry. about everything i said that day. » pour la jalousie et la rancœur, le venin qui l'avait aidé à avancer, pensé à demi-mot mais dont elle n’avait jamais été responsable. « and the others, too. i was angry, and i acted like a dick with you since we broke up. you didn’t deserve it. » il était conscient que ça ne réparerait pas les torts causés, que ça n’apaisera pas les cœurs si longtemps brûlés. mais il espérait pouvoir éteindre le feu et leur épargner le désastre, éclatera les cendres autant de fois qu’il le faudra si cela signifiait la garder un peu plus longtemps à ses côtés.

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 La file d’attente n’avançait pas assez vite. Elle n’avait pas réussi à anesthésier tout à fait ses sens, alors le monde lui paraissait atrocement lent ; elle sentait les secondes défiles, le temps s’enrouler délicatement autour de son cœur alors que chacun vivait dans l’instant, ignorant les possibilités qui auraient pu s’offrir à eux s’ils n’étaient pas entravés par le temps.

Brièvement, elle ressentit le besoin irrépressible d’abandonner Osamu et se mettre à courir ; de le laisser face à ce stand qu’il n’avait pas choisi, au milieu d’Hinaï, et de s’évader dans une des rues parallèles – de s’enfoncer dans la foule sans qu’il ne puisse jamais la retrouver, de compter sur le poids de ses sacs pour qu’il ne puisse la rattraper. Peut-être ne tenterait-il même pas, d’ailleurs. Peut-être la laisserait-il s’échapper sans rien tenter.

Elle porta la bouteille de supernova à sa bouche, et l’alcool brûla sa langue.

Mars inspira l’air moite de la nuit, forçant ses alvéoles à se gonfler et  son sang à s’infuser d’oxygène. Ses yeux se braquèrent sur la nourriture qui était en train d’être grillée dans le stand – elle pouvait voir la viande luisante de graisse et les légumes briller d’humidité des brochettes, poignardés par le bâtonnet de bois. La file avança, libérée des clients qui venaient de recevoir leur commande, et l’odeur devenait pratiquement insupportable tant la friture commençait à s’infiltrer dans l’air, dans son corps.

« Look – » La voix de Sam – Osamu – la força à détourner son attention du stand et à le regarder ; presque immédiatement, comme si sa vision était aussi aveuglante que le soleil, elle eut l’impression de s’être brûlée en posant son regard sur lui. « I screwed up. » Ses yeux s’écarquillèrent, un peu contre son gré, alors qu’elle s’efforçait de garder le contrôle, de ne pas arrêter le temps ((oh, cette chose délicate et capriceuse qui s’agitait entre ses doigts, qui personne – et surtout pas elle – ne devrait avoir à sa merci)). Et elle l’écouta, pour une fois, sans tenter de l’interrompre ou de trouver un moyen de repousser sa verve et d’entretenir cette colère qui était née sans trop qu’elle sache pourquoi – qui était juste plus facile à contrôle que tout le reste, ces choses qu’elle gardait dissimulées hors de vue, piégés dans sa cage thoracique, comme des monstres s’agitant dans les profondeurs d’un lac. Avançant au rythme de la file sans jamais véritablement s’arrêter de l’écouter, elle ne lui répondit pas pendant un long moment. Elle prit le temps de commander puis, de sa main libre, réceptionner une poignée de brochettes dont des gouttelettes d’huiles s’échappèrent, glissant sur son poignet sans qu’elle ne s’en préoccupe.

Lorsqu’enfin ils se furent écartés du stand et de la foule et de l’odeur de friture, Mars se rendit compte qu’elle ne savait pas comment réagir – maintenant que la colère n’était plus une option, elle se retrouvait sans rien. Il n’y avait plus que le vide et les choses qui s’agitaient là où elle ne regardait jamais.

« You want one? » demanda-t-elle en lui tendant une des brochettes, le ton neutre, plus poli qu’elle ne lui avait jamais offert ces dernières années. Férocement, elle mordit dans l’une des siennes, se demandant si cela allait lui permettre de faire s’embraser quelque chose en elle ; qu’elle possédait encore un début d’incendie qui pouvait repartir, peut-être, si elle craquait toutes les allumettes qu’elle avait à disposition. Avant qu’elle ne puisse véritablement considérer l’idée, son regard croisa celui d’Osamu et elle n’eut d’autre choix que de le voir.

Et elle laissa les mots s’échapper, car ils étaient ceux qu’elle devait prononcer. « Thanks. For what you said. I’m sorry if I hurt you too. » Le vide était un meilleur choix.

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comme le calme qui précédait la tempête, le silence que mars lui offrit le déstabilisa, ébranlant un peu sa certitude d’avoir fait le meilleur choix. parce que mars était de celles qui trouvaient toujours de quoi répondre, impitoyable et fière, de quoi renchérir, et ce peu importe si elle détenait la vérité ou non. mais cette fois-ci elle opta pour le silence, et sam céda presque à la tentation de le rompre d’une plaisanterie un peu grotesque, de quelques mots sans importance, de façon à ne pas pouvoir la laisser trop longtemps en tête à tête avec ses pensées.

il savait que rien de bon n’en résultait, généralement.

discret, il l'observa se saisir de sa commande puis entamer quelques pas pour s’éloigner de l’effervescence de la queue, sans comprendre s’il était supposé la suivre ou non - mais il le fit quand même.
le stand ne devint bientôt qu’une maigre agitation de fond, et ses lèvres ne s’étaient toujours pas ouvertes pour lui offrir le moindre son ; la moindre réaction. et peut-être que la discussion s’était achevée, ici et maintenant, sans qu’elle n’y prenne véritablement part, et que son mutisme était une réponse qui se suffisait à elle-même.

« you want one ? » l’apostrophe le surprit. sa voix était étonnamment douce, et ses yeux ne rencontraient pas les siens dans l’espoir de les voir disparaître - il hocha la tête. « sure, thanks » il s’empressa de transvaser l’ensemble de ses paquets sur un bras pour se saisir de l’offrande à l’aide de sa main libre ; attaqua sa première bouchée peu après mars, gémissant presque de joie au contact des épices et de la viande braisée contre ses papilles.

« thanks. for what you said. i’m sorry if i hurt you too. » il la fixa, brièvement, avant de répondre, « thank you. » répondit-il ; étrangement, la paix l’avait toujours effrayé, avait des apparences d’abandon qu’il ne parvenait pas encore à tout-à-fait faire disparaître, malgré toute la volonté qu’il y mettait. mais il choisit de s’en contenter, pour le moment.

le silence reprit sa place, un temps. ses yeux étaient toujours aussi charbonneux, et son regard était aussi vitreux que les nuages transpercés par la lumière de la lune ; alors sam le brisa en premier.

« you alright, mars ? » craqua-t-il finalement, en indiquant d’un mouvement de tête la bouteille de supernova trônant encore ses doigts fins, prête à en glisser au moindre courant d’air.

d’aussi loin qu’il s’en souvienne, il lui avait toujours laissé la possibilité de s’échapper de ce qui lui semblait être le plus difficile à supporter - l’inquiétude qui marquait ses traits d’un air attentif, lorsque ses cauchemars la saisissait au milieu de la nuit avant de la relâcher, ou bien ses propres démons, le temps d’un court instant. d’acquiescer sans faire de casse, ou de délaisser un peu de ses secrets à une oreille attentive.

et il lui laissera toujours le choix.

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  Le silence était rarement une chose confortable, pours Mars. Il laissait trop d’espace pour que les émotions s’y développent, pour qu’elle plantent leurs dents aiguisées dans sa chair, en brise la peau et fasse jaillir le sang ; trop de possibilités pour qu’elle referme son poing et étrangle les pulsation du temps tout autour d’elle, juste à temps pour empêcher la réalité de devenir trop incontrôlable.

Mais l’alcool venait de la heurter, plus durement qu’un accident de voiture. Froissée et déformée comme si elle était faite de tôle, la réalité se transformait étrangement tout autour d’elle – les lueurs des lampes étaient devenues des kaléidoscopes, leurs couleurs se séparant les unes des autres pour qu’elle puisse tout percevoir. Et il y avait Osamu, dans tout cela. Il se tenait dans l’œil de la tempête qui venait de se former dans son sang et dans ses sens, immobile, une expression soucieuse et attentive déformant les traits de son visage alors que les mots étaient prononcés, devant impossible à ignorer.  « you alright, mars ? »

S’il n’avait rien dit, ils auraient peut-être pu continuer à parler. Ils auraient pu traverser la ville ensemble, peut-être, commenté les diverses attractions du festival et se moquer de ceux qui perdaient lamentablement aux stands; ils auraient pu acheter plus de nourriture encore et prétendre qu’ils pouvaient à nouveau lier une camaraderie sincère, au moins pour le bien de l’équipe – et peut-être un peu pour son propre bien, aussi. « Of course I am. I’m even the greatest » offrit-elle donc, car ce n’était pas ce qu’il avait fait ; les paroles avaient été prononcées et elles nécessitaient une réponse. Comme pour illustrer son propos, elle prit une pose outrageante, main sur la hanche, agitant ses cheveux légèrement. Rien ne pouvait la faire flancher, ni le temps ni le futur ; ce ne serait pas les mots d’Osamu qui le feraient. « Alright dude, gotta go now – don’t talk to strangers and look both ways before crossing a street. See you at practice! »

Et, juste comme ça, elle s’évapora avant qu’il ne puisse envisager de la retenir, avant qu’il ne puisse l’empêcher de fuir cette situation qui ne pouvait pas bien terminer pour elle. Mars laissa la ville la dévorer alors qu’elle se glissait dans la foule et terminait la bouteille de Supernova, espérant que ses sens seraient enfin lénifiés, plongés dans la torpeur qu'elle avait recherchée toute la soirée sans parvenir à véritablement l'effleurer. Le cadavre de la bouteille fut abandonné dans une poubelle, son corps heurtant ceux de ses consœurs dans un vacarme à peine perceptible par-dessus les battements frénétiques de son cœur et la ferveur de la ville, encore éveillée en dépit de l’heure tardive et de la nuit qui continuait à s’enrouler tout autour de la gorge de Mars, prête à l’étrangler si elle ne prenait pas garde à là où elle posait les pieds.
Bien sûr qu’elle allait bien.