it's time to leave and turn to dust,,

when the gusts came around to blow me down
i held on as tightly as you held onto me
n'importe qui,
mais pas lui.

merlin avait une cruelle façon de vouloir lui arracher son bonheur. au fil des mois, mazra white n'était devenue que désolation, créature dépendante du chaos qui lui collait à la peau. elle hait, elle cogne, elle hurle. ses forces restantes étaient néanmoins employées à aimer. désespérée, elle se raccroche aux individus soleils qui parsèment ça et là son existence. dedans, il y a geonu. geonu, égoïstement adoré car il était la dernière chose qui la raccrochait à cet idiot de raffaele. puis geonu, il est devenu ce type aimé tout entier. les points communs sont nombreux entre les deux mômes qui se côtoieront sans doute tout le restant de leur vie. le tireur d'élite et l'auror se sont promis des années se comptant en dizaines, alors pourquoi les cieux s'évertuent à leur donner tort ? ils n'ont pas le droit de briser leur promesse. ils n'ont pas le droit de la priver d'un autre de ses amis.

à l'hôpital, l'américaine use de tous les stratagèmes pour rejoindre le héros tombé. des billets verts sont crachés, des menaces sont exécutées, des cris trouvent audience. la colère gronde, et les poings menacent de voler. mazra va tout casser, elle le sait. alors elle se retient, et des larmes de rage laissent un chemin brûlant de honte sur ses joues. elle n'arrivera pas à le voir. mais voilà... une vieille infirmière la prend en pitié et lui accorde sa victoire. « come with me darling, i'll let you see your boyfriend. » bercée par ses illusions, sa douce sauveuse lui prend la main et la dirige dans le labyrinthe de couloirs de l'hôpital. la kasai retient un vilain sourire, et s'enfonce dans son mensonge, éplorée, s'inventant une vie de couple avec son ami pour la distraire. elle aussi se distrait, essaye de ne pas penser à ce sentiment d'impuissance qui l'étouffe, à l'appréhension qu'elle a de voir geonu blessé.

et enfin, il est là.
pâle, allongé dans son lit. le myocarde de la gamine s'écrase à ses pieds, comme quand son professeur lui a annoncé la tragédie. geonu, presque mort. il n'a pas l'air plus vivant maintenant, silhouette floue, inanimée dans son horizon perlé de tristesse. maz, elle se précipite vers son camarade, les jambes menaçant de s'écrouler à chaque nouveau pas en direction du cadavre. elle n'a rien dit encore que des gouttes viennent s'écraser sur la main du bel qu'elle prend dans la sienne. « don't you dare abandon me, prick. » et en un murmure assassin, mazra prend merlin pour témoin : elle le vengera.

when the gusts came around to blow me down
i held on as tightly as you held onto me
Il avait mal.
Si mal, putain.

Geonu dont les moniteurs continuaient de s’affoler, privant les infirmiers de garde d’un repos pourtant nécessaire. S’il avait repris connaissance depuis l’incident, il n’était pas entièrement revenu parmi les vivants : restait malgré les efforts du corps médical coincé dans un entre deux qui l’empêchait d’être transféré en dehors du service des soins intensifs.

D’après les plus optimistes, il serait stabilisé d'ici la toute fin de la semaine et pourrait être rapatrié dans l’aile principale de l’hôpital dans le courant du weekend. Geonu qui avait senti la présence de ses parents à ses côtés, des mains pressant les siennes : qui avait cru entendre des sanglots sans être certain de pouvoir en identifier la source. Il n’avait aucune notion du temps, alternait entre de nombreuses phases de délire et un repos peu réparateur. Son corps avait rejeté par deux reprises les antibiotiques, compromettant son bon rétablissement.

Ses souvenirs étaient flous, mais il commençait -dans ses rares moments de lucidité- à les relier les uns aux autres. Associait son corps trempé de sueur et les élans de douleur à la réaction allergique, les pleurs à sa soeur : la présence indéfectible par-delà sa chambre de certains de ses collègues.

Minato Minato Minato.

Le nom le hantait et c’était bien là la seule chose qu’il avait pu prononcer lorsqu’il avait repris pour la première fois (entièrement) connaissance. Se séparant du masque respiratoire, il avait attrapé avec difficulté le bras de l’infirmière, inconscient de l’état dans lequel il était. Geonu drogué aux anti-douleurs qui avait fait basculer le plateau en métal qu’elle tenait, arrachant dans le mouvement sa perfusion et affolant les bipeurs : lui n’avait que son partenaire en tête.

Tout était flou et il était incapable d'aligner la moindre pensée cohérente, mais l'image de Minato incrustée dans son esprit avait réussi à lui arracher des grognements se transformant peu à peu en mots. Geonu qui n'avait pu former une phrase mais avait demandé à répétition Minato. Minato Minato Minato. Where is he ? What about him ?

Puis le noir.

Une main.
Une main encore sur la sienne, une chaleur diffuse -quoiqu'humide- qui peu à peu le ramenait à la surface. Sa tête était comme bourrée de coton, Geonu désorienté qui avait du mal à penser. Ouvrant avec difficulté les yeux, désorienté et incapable de se situer dans l'espace temps, il s'était accroché à elle.  

Mazra.
Il aurait reconnu sa voix entre mille, ce ton mordant et caractériel qui faisait d'elle cette prédatrice toute aussi admirée que crainte. Un jour ne passait pas sans qu'il se demande pourquoi son patronus n'était pas un nundu (ou peut-être un oiseau-tonnerre).

I'm okay Maz, it's okay. Sa voix rauque s'était brisée dans une quinte de toux, Geonu inconscient du fait qu'il avait arraché son tube respiratoire à la suite de son opération, enflammant l'ensemble de sa trachée. Jamais parler n'avait été si douloureux, putain. Restant vaillant, il avait luté pour maintenir un sourire se voulant rassurant.

Quel idiot.
Quel idiot il était, à presser ainsi ses doigts contre ceux de Mazra. Il savait pourtant qu'il ne ferait qu'attiser les flammes et rajouter à sa colère. Mais il ne pouvait s'en empêcher, n'était qu'un bête garçon à moitié dans les vapes. Il en aurait presque ri, envoyant une pensée à leur cher Raffaele qui n'aurait probablement pas mieux géré la situation que lui. I won't budge, I promise. Et s'il était ironique de dire ça alors qu'il était littéralement cloué au lit et très probablement incapable de mouvoir autre chose que ses avant-bras, il le pensait plus que jamais. Fancy telling me what time and day it is ? Prononcé faiblement après un long silence, devant puiser dans ses forces pour enchainer plus de trois mots sans grimacer de douleur et céder à une énième quinte de toux.

N'était pas prêt à renoncer à eux et leur brillant avenir, pas encore.
Pas après un simple accident.
(Ne voulait pas encore penser à Minato : aux conséquences de ce dit simple accident.)