— midas touch

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] & [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]

On se dit que c’est plus facile, parfois- souvent, de vivre caché derrière les traits d’un autre. De se forger un nous, dont on se fout mais qui convient à ceux qui regardent, jugent et analysent. On s’y fait à force, on y croit, même si c’est à moitié. Ils se retrouvent dans leur manque d’objectivité, se ressemblent sûrement plus qu’ils ne pourraient le penser. C’est ce qui passe dans la tête de Noé en regardant Yujin, capte le regard sur sa peau, la gêne dans le rouge sur les joues et le corps qui se retourne. Lui expire, doucement, un inconfort qu’il ne contrôle pas. Remet, rapidement, son haut, pour cacher ce qui dérange et hausse les épaules face à la possible attaque de paillettes. I don’t mind, I like them. Ferme les yeux et se laisse faire, môme docile se fait aussi immobile qu’il le peut. A juste les doigts qui tapotent contre le bois du tabouret, une musique qu’il est le seul à l’entendre et qui vient se répercuter dans l’esquisse de sourire posée sur ses lèvres. Toujours là. Sûrement un peu plus triste que les autres, les vrais, les solaires. Entrecoupé d’une petite moue boudeuse, un petit orage dans un ciel bleu.

« - Tu ne vois que la surface Yujin, c’est pas aussi simple quand on commence à gratter pour voir ce qu’il y a en-dessous… Vraiment, je suis juste moi, rien d’extraordinaire, il y a mieux ailleurs, plus beau aussi, c’est sûr. » Il pourrait en citer tellement, des autres qui eux sont réellement extraordinaire. Attirants, fascinants. Pas lui. Yujin si, maintenant qu’il le regarde de si près. Se perd dans ses traits, les détails de son visage. Ce petit quelque chose dans les yeux sombres qu’il ne sait pas interpréter. Il se passe tellement de chose dans les yeux des autres, des météores et des étoiles filantes. Des constellations et trous noirs. Un cosmos entier, reflet de l’âme, du cœur. De tout ce qui fait une personne.
Il attrape la serviette et s’essuie le visage. Se froisse un peu lorsqu’il en ressort et s’aperçoit qu’on le scrute. Yujin entre ses guiboles, mains ses épaules, si proche qu’il en retient presque son souffle. N’ose pas respirer trop fort, par peur de le voir s’envoler, le froisser. Le déranger. Un peu nerveux il pose ses mains sur ses cuisses, là, bien à plat pour s’ancrer dans la réalité, s’y raccrocher et éviter les vagues qui entraînent au loin dans des délires un peu fous.

« - J’y travaille… » Qu’il souffle à demi-mot tout en baissant les yeux vers cette main venue se poser contre son cœur. Shut up, please. Parce qu’il le sent qui accélère déjà. Le coucou s’agite, les aiguilles aussi, tournent folles et ne savent plus comment faire pour s’arrêter. « - De nous voir alors ? » Il penche un peu la tête, une seconde pour mieux se glisser dans les yeux de Yujin et la redresse. Juste à temps pour cueillir les lèvres venues se poser sur les siennes. Le corps se fige, le souffle se retient pour de vrai. Et il ne sait pas quoi faire Noé. Un peu coincé sur son tabouret, un peu gauche peut-être. Il ne bouge simplement pas. Bat des cils, bêtement. Une inspiration quand tout se sépare pour replonger à nouveau.
Ses mains bougent, hésitent puis viennent chercher la taille. Les hanches auxquelles elles s’accrochent pour éviter de se casser la figure. Il pousse un peu, contre les lèvres. S’invite dans un baiser qui se fait multicolore. Plein de nuances, de choses à démêler, comprendre. Qui plaisent et qui dérangent.
« - Yujin… » Qu’il souffle tout contre cette bouche. Oscille entre un non et un oui, pas foutu de savoir sur lequel s’arrêter. C’est tentant, d’y revenir. De s’y reposer. S’aventurer un peu plus loin, devenir l’aventurier d’une arche perdue à laquelle il ne pensait même pas. Pas lui, tous les autres mais pas lui.

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] & [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]

Rien n’est prévu. Il ne pensait pas que ça se passerait comme ça, leur séance photo. Ne pouvait pas prévoir qu’ils se tiendraient si proche et qu’il aurait le goût d’un autre sur ses lèvres où reste posé cet éternel sourire qui n’a pas envie de s’effacer. Il secoue la tête. Oui, ça l’a gêné. Le gêne encore sans qu’il ne puisse vraiment savoir pourquoi. L’impression de faire quelque chose de mal, une bêtise. Un peu comme avec Seiren, des papillons partout dans le ventre aux ailes de feu. Des envies pas très mômes dans la tête et dans la poitrine, les aiguilles tournent folles. Des étoiles plein les yeux aussi malgré les nuages de doutes qui y traînent. Beuglent trop fort au milieu du silence venu se poser entre eux. Il a presque peur que Yujin puisse entendre son cœur et le coucou qui siffle dans des aigus trop haut qui font mal aux oreilles. Peut-être qu’il en avait envie lui aussi – c’est sûr. De se laisser porter par un jeu de séduction un peu truqué auquel il a sûrement lui-même commencé à jouer, faussement innocent. De voir où ça pourrait les mener, ce jeu de gamins capricieux.
De ses doigts posés contre l’autre, qui glissent enrobés d’une fausse innocence le long du dos jusqu’à la nuque où ils se posent finalement.

Tu veux bien rester un peu ? Il se mâchouille la lèvre, les yeux posés vers le bas à leurs pieds. Oui ? Mais il sait que ce ne serait pas raisonnable. Et ce qu’il fait encore le mieux Noé, quand il aurait pourtant envie de faire des bêtises sans se montrer réfléchit, c’est fuir. C’est moche comme façon de faire, encore plus quand ils se séparent et que Yujin range, l’air de presque rien. « -Je devrais y aller, j’ai déjà abusé… » Ca le gêne de dire ça, dans un petit murmure un peu perdu au milieu du champ de ruines éclatées dans sa tête. Presque penaud de devoir s’en aller comme ça, comme un voleur. Lui qui fond sous les contacts, les frôlements des nez que l’on accueille dans un soupir en éclat de rire léger.
« - On devrait, on le fera. C’est sûrement facile à deux que seul, je pense. » Il effleure doucement, juste du bout des doigts, la joue du mizu, le regard vacillant une seconde sur sa bouche pour se reposer dans le sien. « - Un film et des ramens sinon, hm ? » Juste ça. Rien de plus. Faire durer l’instant, l’étendre jusqu’au soir. Oublier, une seconde ou deux, qu’il ne peut pas vraiment manger et que le repas partagé n’aura pas de saveur sinon celle de leur conversation. Des regards que l’on échange par-dessus les mots et qui sont les seuls à vraiment parler. Il lève un index entre eux, juste un, que le doigt semble dire en parlant d’un film.
Pour se dire que le bizarre n’était que passager, une envie spontanée d’une seconde.
Un simple baiser, juste pour voir.