turn my pain into pleasure ― kian

l'impertinence capitule enfin ― et il n'en faut pas plus au kaze pour se glisser sur le siège passager du véhicule. avant même qu'il n'ait le temps de parler, de pousser ses éternels complaintes de frustration, le mizu redémarre l'engin plongeant ainsi l'habitacle dans un profond silence. si ce petit jeu entre eux l'avait distrait un instant, jun ne perdait jamais de vue son objectif final et il n'était pas d'humeur très bavard ( il ne l'était jamais ) mais ce soir, tout particulièrement, le mizu n'avait aucune intention de perdre son temps à répondre aux questions futiles de son amant.

la route qu'il emprunte est trop longue pour supporter pleinement la tension de l'atmosphère qui règne entre eux ( ces non-dits qui tiraillent les nerfs ) mais lorsqu'il arrive à destination et qu'il coupe le contact, tous ces sentiments se font balayés par l'immortelle beauté qui s'étend sous leurs yeux.

d'ici, la vue est imprenable ― le vent caresse son visage, comme un frisson échoué sous son épiderme. soupir d'une terrible délicatesse qui s'échappe d'entre ses lippes cruelles ― il se sent bien jun. il embrasse la sérénité qui n'appartient qu'à cet horizon ( à ces sensations ) et lorsqu'il se tourne, revient sur ses pas, c'est uniquement pour cueillir les lèvres du kaze dans la tendresse d'un baiser. go take a look... see how beautiful it is... l'invitation qui tardait à tomber.

myocarde qui tambourine avec violence au creux de sa poitrine. l'impertinence du mizu qui est enfin mise de côté, qui le laisse entrer dans l'habitacle de sa voiture après l'avoir faire patienter à deux pas de la portière. à jouer avec lui comme un prédateur; un chat qui s'en prend à une souris sans défense. l'impression que le sol finira par se dérober sous ses pieds, que tout ceci n'est que le fruit de son imagination.

et pourtant, c'est le silence qui le frappe en premier. celui qui règne en maître dans la voiture, pour la durée de ce trajet qui lui semble interminable. et les questions fusent de toute part, assènent son esprit déjà bien embrumé. il s'efforce toutefois de les mettre de côté, de les garder pour un moment opportun. now was not the time. it has to wait.

brise qui lui mord les joues dès qu'il ouvre la portière, son élément qu'il accueille à bras ouverts, iris qui s'attardent un instant sur la vue, avant de plonger dans les yeux de son amant. do you come here often...? première question d'une série, mais tirée d'une simple curiosité. le baiser qu'il lui offre a un goût amer, et pourtant sa tendresse lui arracherait le plus alléchant des frissons. il se penche à son tour, cueille les lippes du mizu en douceur avant de le contourner, pour suivre son conseil et regarder la vue, tableau idyllique couché devant ses yeux. this is just amazing...

les lèvres avides tanguent dans une incroyable langueur ― à s'égarer un instant dans cette tendresse qui les emporte dans un imaginaire où tout serait possible ( même leurs histoire ) mirage dans lequel le mizu lui offrirait plus que ce qu'il lui prend égoïstement. mais jun n'est pas dupe ― ne sera jamais assez tendre pour s'abandonner aux idéaux de l'amour.

son regard s'échoue sur la silhouette de l'amant qui s'échappe vers la beauté du lieu, avant qu'il ne vienne s'appuyer avec nonchalance sur le capot de sa voiture. cigarette portée à ses lèvres, le mizu adopte cette même attitude d'indifférence ― impassible, face aux interrogations du kaze. not as much as i used to... i'm too busy. ce n'est pas un mensonge, jun passe son temps à bosser ― ça lui évite de trop penser ( à kian en particulier ) i knew you'd like it here... sourire à demi-amusé, distraction qui n'est que passagère, mais persiste la fierté d'avoir deviné ce qui lui plairait vraiment. kian... qu'il appelle sagement, le regard noyé dans ces constellations et l'invitation tendue au kaze de se joindre à lui dans l'océan astral.

il se rend compte qu'il ne prend pas trop le temps, kian. de regarder ce qui l'entoure, que ce soit les gens, ou le paysage. il a l'impression d'avancer avec des œillères, de suivre ce chemin qui lui a si longtemps été imposé, sans avoir la force d'en déroger. résigné, prisonnier de ce destin qu'il n'a jamais désiré.

you should make time to.. really... après toutes ces années à parcourir l'île, jamais il n'avait pu la voir sous cet angle. c'était différent, étonnant. de se rendre compte qu'une telle beauté se trouvait ainsi cachée, directement sous son nez. mh..? la voix du mizu le tire de ses pensées. et les nuages s'éclipsent, laissent place aux étoiles qui volent la vedette. clair de lune qui baigne la scène de sa splendeur, long soupir qu'il laisse aller, après avoir retenu son souffle si longtemps. et lentement, délicatement, il se retourne pour faire quelques pas dans la direction de son aîné, prunelles qui cherchent les siennes. qui s'attendent à des réponses qui ne viendront probablement pas. why did you pick me up..?

tell this to my business partners... qu'il marmonne de façon quasi inaudible. jun ne recherche pas la compassion dans cette confession, ce n'est pas plus une plainte qu'un fait qu'il aime énoncé pour rappeler au garçon qu'il lui accorde de son temps ― aussi précieux soit-il, il daigne l'accordé au kaze et ça, il devrait comprendre que ce n'est pas si anodin.

le môme est conscient de sa réalité. de la vie qu'il a choisi. des chaines qu'il a passé à ses poignets, pourtant dès lors qu'il l'interroge, jun a la sensation que ses fardeaux s'alourdissent. sentiment qui l'agace quand le kaze n'est censé lui apporter qu'un vent de liberté. justement, le voilà qui revient à la charge avec ses interrogations. why not...  le soupir de lassitude se voile sous la fumée qui s'échappe de ses lippes. but why il se le demande bien, au même titre que l'amant qui partage ses nuits.

not sure i wanna meet them.. le murmure est faible, poussé pour la forme. et pourtant il détourne son attention de la vue imprenable pour capter la sienne, inlassablement. pour lentement marcher en direction de sa bagnole, comme si cette nouvelle proximité lui permettrait d'avoir réponse à toutes ses interrogations. il savait pourtant que rien n'était gagné avec le mizu. qu'il aurait beau lui tirer les vers du nez, il resterait muet comme une tombe s'il le voulait. because you ignored me for almost a month.. les mots qui glissent d'entre ses lippes n'ont aucune dureté. il n'a pas sa hargne habituelle. il est même plutôt las. épuisé, de tant courir. la fatigue se lit sur ses traits tirés, vides de leur candeur habituelle. il est mal, kian. et pourtant, jamais il ne se l'avouera, ni à quiconque. you're so chic… le commentaire glisse, tout comme ses prunelles qui s'attardent un peu plus longtemps sur l'habillement de son aîné. sur ces traits qui lui auront manqué, même après ces semaines écoulées. il a déjà les mains liées.

l'attention se couche sur cette silhouette qui se rapproche doucement, mais surement. à deviner la crainte que le mizu lui échappe encore, à se demander si tout ceci n'est pas qu'illusion ― troubles songes torturent son esprit. i wasn’t around… business trip... kinda, les dernières paroles sont muettes ; il ne pouvait pas se résoudre à lui dire la vérité. i was sent away to kill people incapable de confesser ses péchés car il redoute les pensées que le kaze pourrait alors lui accorder. égoïstes sont ses désirs.

thank you... i've met up with someone earlier... le compliment est accepté entre ces paroles singulières où le mizu ose lui tendre son paquet de cigarette avant d'agripper son regard funeste how long since the last time you got a proper sleep…? il est éreinté. les braises dans ses prunelles se sont essouflées.

skate vibe, mk.

you still could've answered some of my texts, at least.. des semaines sans aucune réponse. sans la moindre idée d'où il pouvait être, de ce qu'il avait bien pu faire pour mériter ce traitement. il avait le don kian. de retourner ces situations dans tous les sens pour trouver ce qui clochait. sur qui mettre la faute sur cette distance, quand elle reposait bien plus souvent qu'autrement sur leurs modes de vie beaucoup trop différents. i see.. a date? ses doigts glissent sur le paquet, et sur les siens par la même occasion, tirant une cigarette pour la glisser entre ses lippes. le bout s'embrase, la fumée est lentement repoussée tandis qu'il pèse la question du mizu. il aurait pu l'éviter, mais il devait se faire à l'évidence: la fatigue faisait partie de sa vie. i kinda stopped counting, not gonna lie.. the dark circles are part of my style now. qu'il entonne, pour mieux se concentrer sur la cigarette entre ses lèvres. pour oublier que l'homme à portée de ses mains est souvent la cause ses nuits sans fins.