Please don't stp the music Ft - club de musique and guest

L’archet de bois tourne entre ses mains. Appuyée contre le mur, Sasha a un demi-sourire quand elle regarde les musiciens, et notamment Chang’e, qui avait repris la tête du club après elle. Si la russe l’a beaucoup guidée les premiers temps, elle doit maintenant avouer que la Kasai a définitivement trouvé sa place en tant que présidente. Il n’y avait qu’à voir la prestant qu’elle avait pendant son petit laïus d’introduction, n’en déplaise aux quelques énergumènes qui gonflaient les rangs des musiciens. Sasha, elle ne les écoute qu’à moitié. « Je passerai vers la fin. » Elle ne laisse pas le choix, de toute façon elle sait qu’ici personne ne s’opposera à elle. Ici, peu importent les pouvoirs magiques, il n’y a que le talent et la perfection du son qui comptent. Ici, elle est reconnue à sa juste valeur.  

Du coin de l’œil, elle surveille les personnes qui entrent dans la salle sur demande. Une soirée clandestine, ça peut amener son lot de problèmes. Des professeurs, des élèves ayant abusé de l’alcool ou d’autres substances, des disputes dramatiques entre adolescents… Mais pour l’instant, rien à signaler. La salle se remplit doucement, des petits groupes se forment, les gens discutent en attendant le début du spectacle. La période de Noël semble propice aux nouvelles amourettes, également. D’ailleurs… Sasha croit reconnaître Hayato, au loin. Et ce n’est pas Lucette qui l’accompagne. Сука, dire que la brune va certainement arriver d’une minute à l’autre. Non, vraiment, il est primordial d’empêcher ce drama d’arriver. Pour le bien de Lucette autant que pour le mal que s’est donné Chang’e à organiser cette soirée. Alors Sasha s’approche de la présidente, en train de discuter avec le harpiste du groupe. « Bonsoir Ino. » Pas besoin de saluer Chang’e, elle a passé la journée avec elle à installer toutes les décorations et à accorder les instruments dont ils vont avoir besoin. « Il faut que j’aille voir quelqu’un avant le début du concert. Ne t’inquiète pas, je serai de retour à l’heure pour notre duo, ma pianiste. » Clin d’œil à la Kasai, avant de remarquer que Nash vient dans leur direction. « Bon courage… » ajoute-t-elle avec un sourire, parce qu’elle a déjà suffisamment donné dans la gestion de groupe et des caractères un peu plus… espiègles.

Quelques instants plus tard, Sasha a rejoint l’entrée. Timing parfait, Lucette entre dans la salle sur demande, aussi sublime que d’habitude. « Hello ma belle, ravie de te voir parmi nous ce soir. J’espère que tu as pris de quoi te boucher les oreilles, malgré les répétitions certains sont toujours incapables de différencier un fa dièse d’un mi bémol… » Avec agilité, elle entraîne sa meilleure amie à l’opposé de Hayato, ne souhaitant pas réveiller la lionne qui sommeillait chez Lucette. Elle attrape deux coupes de champagne et en tend une à l’autre Daichi. « Tiens, pour supporter la soirée. Oh, tu m’accompagnes dans les coulisses ? Je pense que j’ai besoin d’une petite retouche maquillage. » Il faut au moins l’occuper jusqu’à ce que les lumières s’éteignent, jusqu’à ce que le concert commence. Pour une fois, le drama attendra ♪

Tout est prêt. Peau parsemée de dorures, corps moulé dans un drapé de dentelles dorées, pieds enfilés dans des talons aiguisés comme des couperets. Il ne lui manque qu’une couronne sertie de diamants pour cercler le blanc de ses cheveux décolorés pour renforcer son allure altière. Mine boudeuse de princesse agacée de ne pas avoir été invitée par celui qui l’accompagne généralement à ce genre d’évènement. Mais elle ne peut tout de même pas rater le passage de Sasha, même si cela signifie de devoir supporter les affreuses prestations des autres qui seront forcément moins bons qu’elle et de faire semblant d'apprécier le champagne de mauvaise qualité sans s’étouffer. Mais elle ne va tout de même pas laisser ce genre de détails ruiner sa soirée. Au diable les Hayato et les autres losers du club de musique. Bien déterminée à effectuer une entrée fracassante, mademoiselle Lucette abandonne sa mine sombre et enfile son sourire éclatant en franchissant la porte. Que les têtes tournent, que les conversations s’arrêtent, que ces messieurs défaillent en contemplant sa beauté radieuse qui ferait paraître fade toutes les apprenties Aphrodite qui pensent pouvoir rivaliser avec elle, que le temps s’arrête et que des pétales de cerisiers se mettent à tomber du plafond comme dans un mauvais k-drama, oui, voilà le genre d’arrivée que voudrait faire son altesse. Non pas se faire sauter dessus par une Sasha bien trop pressée à l’entraîner vers les coulisses à son goût. Et la séance de pavanage traditionnelle alors? Elle n’y avait pas pensé certainement, la belle russe n’étant pas aussi obsédée par les apparences que Lucette. A tout bien y réfléchir, personne n’était aussi obsédé par les apparences que Lucette. Avec un soupir, la métisse la suit vers l’arrière de la scène.

« Bonsoir Darling. C’est vrai que quelques retouches ne seraient pas de trop… Mais est-ce qu’on ne devrait pas faire ça là où il y a de la lumière au lieu d’aller s’enterrer dans ce trou à rats ? »

Elle tente désespérément de gesticuler en direction de la foule mais Sasha semble déterminée à l’entraîner dans les coulisses. La lionne abandonne. Ses fans devront attendre et cela lui brise le cœur. Mais elle retrouve bien vite son sourire en installant Sasha et en farfouillant dans sa pochette à la recherche de maquillage. Elle interrompt son amie avant même qu’elle n’ait eu le temps d’ouvrir la bouche.

« Oui, oui, rien de trop excentrique ne t’en fais pas. Juste une petite touche de couleur ici et là. »

Pendant quelques instants, Lucette se concentre et fait virevolter ses pinceaux pour effectuer quelques petites retouches. Puis elle se recule, l’air hautement satisfait d’elle-même.

« Parfaite. »

On ne saura sans doute jamais si la coréenne parlait de Sasha ou de son habilité naturelle à embellir le monde d’un coup de pinceau.

« Je parle de moi évidemment. » Ah, mystère résolu, la troisième option qui était d’elle-même était la bonne. Comme d'habitude. Avec un éclat de rire, elle relève le menton de son amie pour vérifier si tout est en ordre. « Je plaisante, tu es magnifique. Et je suis sûre que tu vas tous les écraser parce que tu joues comme une pro. Ce qui n’est pas le cas de tout le monde, ajoute-t-elle en murmurant. »

Comment ça, tout n’est pas une question de compétition? Pas dans le monde de Lucette en tout cas.