TRIGGER WARNING : mentions de violence, de viol, de prostitution.
l'idéologie
Le nombril du monde, cinq lettres empruntées à des mythologies perdues, brutalités-sémaphores, des griffes et des soleils. Une mafia aux empreintes invisibles, aux horreurs tronquées, esclavagisme moderne à la noirceur pleine de soubresauts et de cris. Un monde dont on ne revient pas. Des hommes qui se prennent pour des dieux. Ils sont deux, dix ou cent, personne ne le sait, mais leurs esprits fous ont engendré des tissus de cauchemars, des gangrènes souterraines convergeant funestement vers un lieu : Tokyo. Dieux autoproclamés, ils possèdent : des corps, des vies, des identités, qu'ils manipulent, effacent, détruisent à loisir. Pions sur un échiquier de néons.
la structure
Réseau tentaculaire aux sonorités mafieuses, KUZCO est implanté en Asie comme un cancer. Un implacable fourmillement d'ordures et de noirceurs, à en faire vomir les âmes rationnelles. Des ramifications d'horreurs serpentant des Philippines au Japon, cœur de son sinistre marché, vipère des villes hallucinées et des nuits kafkaïennes. Trafic d'êtres humains d'une ampleur impensable, les fils de KUZCO s'emmêlent pour former un quadrillage d'atrocités se refermant comme une nasse. Ses principaux champs d'activité — la prostitution, le trafic d'organes et le trafic d'enfants — répondent à la sinistre demande d'un esclavagisme moderne dont jouissent les possédants et les puissants.
Comme la COSA NOSTRA en Sicile, KUZCO repose sur un système pyramidal dont les réseaux, parfaitement autonomes, convergent vers un cœur éclaté et insaisissable, hydre dont le seul nom k u z c o, n'écorche qu'un nombre limité de lèvres — condamnées à l'instant même où ces cinq petites lettres les ont éraflées. À la différence de son homologue italienne, KUZCO flirte avec l'invisible, repoussant le spectaculaire au profit d'une discrétion de l'ordre du mirage ; pistes avortées, disparitions irréelles, matrice hackée dans ses moindres tressaillements. Une mécanique évanescente dont les rouages, brillamment effacés, tapissent pourtant les nuits des capitales nippones comme des fantômes.
Comme un boa, KUZCO agit par étouffement. Ses victimes, longuement étudiées, sélectionnées pour leur docilité, leur faiblesse, leur détresse psychologique, glissent d'elles-mêmes dans le gosier cauchemardesque du réseau. Jouant des dépendances — quelques pions savamment disposés dans le trafic de drogues — l'hydre piège ses proies en misant sur l'isolement et le rachat de dettes, tissant des prisons de mirages et des entraves illusoires, jusqu'à ce que les victimes n'aient d'autre perspective de salut que ces cinq lettres vipérines aux consonances mythiques. Pourvoyeur d'obsessions et de manques, KUZCO renchérit sur la faiblesse de la psyché humaine, dont il tire d'incommensurables profits. L'emprise psychologique est comme la sinistre signature de l'hydre, et le gage de son invisibilité.
l'effacement
Le cœur du réseau, le point de non-retour. L’œil du cauchemar, d'où on ne revient pas. Les effacé·es sont des prostitué·es dépossédé·es par l'hydre de toute identité. Aliéné·es, objectivé·es, iels ont sombré si profondément dans l'infâme mécanique que KUZCO les a rayé·es de la réalité pour en faire ses propriétés, ses objets. Enfermé·es dans des maisons de passe maquillées en hôtels luxueux, en nightclub branchés ou en casino, les effacé·es n'existent plus nulle part, pour personne : registres administratifs tronqués, réseaux sociaux piratés, mémoires des proches oubliettées. Iels sont dépossédé·es de tout, jusque de leur prénom, remplacé par un pseudonyme de cabaret formulé sur les lèvres grasses de clients carnassiers aux salaces inspirations — à titre d'exemple, la peau blanche et la gueule d'ange d'Eluard lui ont valu le nom de White Rabbit.
Malgré un processus long et extrêmement coûteux, l'effacement représente une écrasante part des profits de KUZCO, de par la clientèle à qui l'atroce mécanique s'adresse. The top one percent of the top one percent, les puissant·es, les maîtres·ses. Femmes et hommes politiques à la tête de conspirations mondiales, CAO de multinationales sinueuses, chef·fes de pays, incommensurables fortunes, parvenu·es, familles ancestrales aux influences labyrinthiques. Les dirigeant·es de l'ombre comme les richesses établies, celles et ceux qu'un dérapage, qu'une image échappée, qu'une rumeur pourraient faire choir de leur piédestal. Usant et abusant de ces êtres qui n'existent plus pour garantir l'anonymat de leurs pulsions. Les sommes gargantuesques qu'iels dépensent pour profiter des effacé·es n'est pas le seul profit dont l'hydre se repaît. Leurs secrets et leurs vices sont les principales richesses que KUZCO marchande.
Prostitué·es de luxe, les effacé·es n'existent pas seulement pour satisfaire une clientèle huppée. Dépossédé·es de toute humanité, iels se font le défouloir des pires horreurs, objets à détruire, corps à fracasser — exutoire des violences les plus noires. Pour les client·es, il ne s'agit plus d'êtres, tout au plus de pions dans un vaste jeu-vidéo dont ils sont les joueurs. Si KUZCO impose d'ironiques limites pour ne pas perdre trop rapidement les colossaux investissements que représentent les effacé·es, quelques chèques alignés en appoint suffisent à absoudre la violence. Corps que la magie répare un temps, jusqu'à ce que les traumatismes éteignent toutes les lumières. Une vie d'une abominable brièveté — quelques années tout au plus — conclue sur un ultime massacre avant que le cadavre ne soit frauduleusement réduit en poussières dans l'un des crématoriums du réseau, effaçant les dernières traces d'un être qui n'existait déjà plus.
NOTA-BENE : pour des raisons évidentes, il n'est pas possible de jouer des effacé·es.
l'hydreManco libre (scénario) ⬖Le père. Sa plus grande réussite n'est pas la start-up qu'il a muée en empire ; car son ambition n'était pas que la gloire. Kajin est plus subtile, plus tordu : il s'est juré de ne plus être pantin, de se hisser au rang des manipulateurs qui distordent le système, qui refont les règles dans l'ombre et qui annihilent progressivement la volonté qu'ont ses victimes de se débattre. C'est ce que lui a offert KUZCO. Il a gravi les échelons au fil des années pour atteindre le sommet de la pyramide, œuvrant dans la prostitution : sous le pseudo MANCO, signifiant le père, il orchestre le recrutement — use de ses réseaux de contacts, établit les stratégies visant à ferrer les proies ainsi désignées, resserre l'étau jusqu'à les attirer jusqu'au trafic. Qu'il s'agisse d'addiction à la drogue, de dettes, d'acharnement, l'univers de l'individu s'étiole progressivement, jusqu'à ce qu'il ne lui reste rien, rien d'autre que des cendres. Kajin n'intervient pas personnellement sur chaque cas : il est le cerveau machiavélique à l'origine des procédures et des rouages que d'autres se chargent de mettre en œuvre. Pour beaucoup il n'est qu'un mythe, une rumeur, une ombre, un pseudonyme. il faut s'enfoncer loin dans l'enfer de KUZCO pour se heurter à lui : à l'orée du cercle des effacé·es. Manco, qui réécrit à sa façon un mythe d'hommes sans nom. parfois, il sélectionne lui-même un humain lambda en lequel il décèle quelque chose de spécifique. Mais en général, ce sont des pions disséminés partout au sein de la communauté sorcière qui lui font remonter l'identité de cibles correspondant à des critères précis (des prostitués ayant du succès auprès des meilleurs clients, des esprits fragiles et manipulables, des âmes vulnérables) ; il observe chacune d'elle, la soupèse, la jauge (tant au quotidien qu'avec les clients), scrute la moindre de ses actions, avant de l'approcher de façon calculée. À ce stade, son sort est déjà scellé : MANCO instaure son emprise (manipulation, coercition allant de la persuasion doucereuse à la menace) pour la conditionner, distillant dans son cœur des espoirs vains (tel que celui de leur rendre leur liberté s'ils le rendent fier), du désespoir (il n'existe aucune porte de sortie, aucune), de la dépendance (ses gestes sont rassurants, sa douceur contraste drastiquement avec la brutalité des clients : il soulage, il réconforte), de la résignation (on attend encore quelque chose d'eux, mais c'est le dernier pas avant la liberté). Tel un créateur au dessein cruel, il les réforme, les formate pour les rendre dociles ; il voit en eux ses œuvres et son attitude s'en ressent, bien que la tendresse qu'il éprouve à leur égard ne soit en rien protectrice : c'est sans remord qu'il les condamne. KUZCO efface alors la proie de la mémoire du monde et des registres de la société, livrant l'effacé à sa plus sordide clientèle. Et MANCO ne réapparaît plus que sporadiquement dans le cauchemar éveillé auquel il a livré la victime : c'est lui que l'on appelle lorsqu'un effacé ne répond plus à aucune stimulation, vidé de toute envie de vivre, de toute peur, n'aspirant plus qu'à mourir. L'horreur et la hâte étreignent le moribond lorsqu'on lui annonce que MANCO est là pour le voir — parce qu'il le ranime, le relève pour le renvoyer dans l'arène, le renvoyer à l'agonie. Il y a bien une libération à la clé : la mort.Pizarro @Eluard Pizarro ⬖Le pion. Le seul effacé à s'être évadé de la matrice infernale. Sa gueule d'ange aux traits européens, sa docilité navrante et sa douloureuse addiction à la drogue SANDMAN ont fait de lui la proie idéale pour les recruteurs de KUZCO. Après deux années de captivité, White Rabbit a été secouru par le stratagème autant désespéré que brillant du Mad Hatter, son éternel rival de whacking. Le nom qu'il s'est donné lorsque Absolem lui a reconstruit de toutes pièces une identité, Pizarro, ne souffre d'aucune équivoque. Étranglé de traumas, son existence ne se résume qu'à la traque de KUZCO pour détruire chaque tête, chaque griffe, chaque écaille de l'hydre, quel que soit le prix à payer. Quatre ans après sa miraculeuse évasion, Eluard — ou Côme, de son véritable prénom — est toujours recherché par ses bourreaux, qui remontent lentement sa trace au gré des risques que le grey whacker encourt pour anéantir KUZCO.Almagro @Absolem Ong ⬖La faille. Le seul à être parvenu à ébranler l'hydre, Mad Hatter, le chapelier fou. Car il fallait l'être, absolument insensé, pour s'en prendre à KUZCO et lui dérober son bien. Après plusieurs mois de recherches labyrinthiques et d'un incommensurable vertige dans les méandres de l'horreur, le whacker ayant usurpé le pseudonyme de Tweedle est parvenu à remonter la piste de son rival de toujours et à prendre contact avec lui par le téléphone de l'un de ses clients. 662607004. Un plan qui lui a coûté plus qu'Absolem ne le reconnaîtra jamais — d'argent, de marchés abscons avec les pires criminels, de santé mentale. Il est depuis l'homme à abattre, le bug dans la matrice, la ligne de code infectée. KUZCO ne cessera la traque qu'une fois ce parasite rayé du cours des choses.Felipillo @Mao Tenma ⬖L'appât. Il aurait pu être un effacé parmi tant d'autres, esclave déchiqueté sur la même lame viciée que ses tristes prédécesseurs. Poche à sang servant de garde-manger aux vampires de KUZCO, il aurait pu n'être rien d'autre qu'un cadavre en sursis, lui aussi. Si une douloureuse tendresse n'avait pas enchaîné le lapin blanc à celui qui aurait eu l'âge d'être son petit frère, un enfant encore, si semblable à lui dans sa fragilité. Si Eluard ne lui avait pas promis qu'ils s'évaderaient ensemble, quand lui-même n'y croyait plus, pourvoyeur de contes pour le maintenir en vie. Lorsque le White Rabbit a été secouru par Absolem, KUZCO n'a plus éprouvé qu'une seule obsession : les retrouver et les détruire, eux la faille, eux le bug dans la matrice, eux l'affront. Et c'est alors que le jeune vampire est apparu aux yeux de l'hydre comme le plus évident et cruel des stratagèmes : un appât qui, suffisamment bien éduqué, saurait attirer à lui, sans le moindre effort, le lapin blanc. Brainwashed trois années durant, dressé comme un parfait petit soldat, entraîné à le haïr, lui, le faux grand frère, le traître l'ayant abandonné, il n'est plus animé que d'une flamme : causer sa perte.Supay réservé ⬖ (M)Le prodige. Il n'était qu'un gamin d'une vingtaine d'années lorsque KUZCO a avisé son potentiel. Un véritable petit génie, as du whacking, surdoué. Tout n'était qu'un jeu pour lui, réalisant sans difficulté les piratages que de petits truands lui commandaient en échange de gallions dont il n'avait que faire. S'ennuyant de franchir toutes les barrières d'une simple chiquenaude. Tout était supposé n'être qu'un jeu, jusqu'au piratage de trop. Faire disparaître une personne de la réalité, rayer son existence jusque dans les plus insondables lignes de code. Côme. D'aucun dirait que c'est impossible. Le défi ultime — c'est presque comme si l'argent à la clé n'avait aucune valeur face à l'appétit de réaliser ce dont personne d'autre ne serait capable. À peine la commande lancée que l'étau s'est refermé sur lui pour l'étrangler. Le père lui-même assistait à cette victoire aussitôt transformée en chute libre. Nous avons toutes les preuves pour t'incriminer. Une vie entière en prison ou une obéissance aveugle aux ordres de KUZCO. Depuis ce jour, il y a six ans, le prodige est contraint d'effacer les identités que l'hydre lui soumet — cherchant en secret à retrouver celui qui est parvenu à resurgir d'entre les ombres, Eluard.Valverde réservé ⬖ (M/F)Le fou. Gérant·e du Void. Dealer·euse de secrets. Valverde est un personnage brisé que beaucoup qualifieraient d'illuminé. Rendu folle·ou par son don de dreamcatcher et les expériences du gouvernement pour en comprendre les rouages — avant d'être laissé·e pour mort·e, trop fucked up pour être d'une quelconque utilité — iel a longtemps erré comme un fantôme dans les dédales les plus noirs de Kantō, allumant sourires et inquiétudes par ses divagations et abusant de potions de sommeil sans rêves. Repéré·e par KUZCO, son don a immédiatement été envisagé comme une arme. L'abreuvant de discours mégalomaniaques, l'hydre lui a fait miroiter monts et merveilles, faisant de sa malédiction un pouvoir quasi divin en mesure de renverser ceux l'ayant si impunément fait souffrir. Chapeautant les réseaux de KUZCO sur l'île de Minami Iwo Jima, crocodile des abysses, Valverde parcourt les rêves des clients du Void pour collectionner leurs angoisses, leurs traumatismes, leurs désirs, leurs souvenirs, leurs pulsions... et les marchander ensuite. À la tête d'un réseau de colporteur·euses de rumeurs, iel deale les secrets des client·es les plus fortuné·es comme un·e marionnettiste, s'assurant que personne n'entrave les plans de l'hydre. Au Void, en s'invitant dans leurs songes, iel est aussi chargé·e de déterminer quel·les prostitué·es feraient de bon·nes candidat·es à l'effacement, faisant remonter leurs dossiers jusqu'au père. (possible revirement du personnage en pénétrant les cauchemars d'Eluard et en découvrant ce qu'il advient vraiment des effacé·es)Kuntur @Oona Odegaard ⬖Le condor. Elle est la première personne a avoir poussé un cri. À avoir remonté des pistes, amassé des indices, soulevé des soupçons, interrogé des témoins. Jeune avocate en pleine heure de gloire, elle s'en est pris à l'une des têtes de l'hydre, cherchant à ouvrir les yeux de la société nippone sur des réseaux de prostitution tentaculaires convergeant sinistrement vers un seul et même corps, celui de l'hydre sur lequel le condor ne parvenait pas encore à apposer le nom de k u z c o. Mais son réquisitoire gagnant de l'épaisseur, une rumeur s'est mise à enfler, jusqu'à menacer l'invisibilité du réseau. La vengeance de KUZCO ne s'est pas fait attendre, plus pernicieuse et cruelle qu'une simple mort prématurée. L'hydre s'est emparée de son fils pour le réduire en esclavage, effacé aux yeux de tous — excepté de sa mère. Être la dernière personne au monde à se souvenir d'avoir eu un enfant, à se souvenir qu'il existe, qu'il souffre, quelque part dans les infinies noirceurs d'une mafia insaisissable. Le condor a tout abandonné, son enquête, son emploi, Tokyo, tout — pour venir se réfugier sur l'île de Minami Iwo Jima et recommencer une nouvelle vie en tant qu'enseignante de droit sorcier à Mahoutokoro. C'est Eluard qui a remonté sa trace et tenté de la convaincre de se joindre à lui dans sa lutte contre KUZCO, prétendant avoir connu son enfant, et que ce dernier est toujours en vie — alors qu'il sait pertinemment que cela est faux. Mais sans ce maigre, infime, absurde espoir, le condor n'accepterait sans doute pas de l'épauler.Amaru libre ⬖Le serpent. uc