on and on — libre

Ven 30 Oct 2020, 13:59

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C'était un Geonu nostalgique qui traversait les quartiers de Nagao, le souvenir de ses amis à présent partis lui collant à la peau. La rentrée de septembre avait été brutale. Il avait enclenché un processus avec l'école pour basculer en double cursus sans avoir à recommencer du début, et l'école n'avait pas encore cédé. Il espérait se voir autoriser son transfert avant la fin du mois : ne voulait prendre aucun retard.

Il savait enfin vers où il allait et pourtant se sentait plus perdu que jamais. Le départ précipité d'Ingrid lui avait laissé un gout amer en bouche : plus encore que lorsqu'il avait appris pour elle et Goro. Il ne pourrait plus la voir, renonçait non pas à une affection naissante mais également à sa meilleure amie.

Il perdait ses repères et comme d'ordinaire, s'enfonçait dans les études et ses responsabilités de capitaine pour ne plus penser à rien. Recruter les nouveaux joueurs pour la saison à venir, les former : réfléchir aux stratégies, organiser des matchs d'entrainement avec les autres équipes. Il ne se sentait même pas épuisé. Continuait à pratiquer son godai, plus déterminé que jamais, et finissait par se perdre dans des soirées qu'il n'était même pas certain d'apprécier. Il se savait entouré et pourtant se sentait seul. Il avait mal de voir ses amis partir loin de lui, trouver leur voie en dehors du Japon.

Aussi s'était-il arrêté aux machines à pince moldues installées non loin des dortoirs. Il se souvenait y avoir joué avec Ingrid durant l'été, des fou rires et des cris de frustration. Ils avaient combattu férocement pour obtenir des peluches à l'effigie de leur maison : encore plus pour récupérer le serpent de la maison d'origine de l'australienne. Sortant une pièce de sa poche, il l'avait insérée dans une des machines, cherchant à récupérer le lion des braves et vaillants.

Sam 07 Nov 2020, 17:25

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« Gryffondor, rien que ça. » Le bruit de l'engrenage mécanique, du rouage d’une machine obsolète avait attiré son attention, et elle n’avait résisté à la tentation de voir l’objet fonctionner. Le son un peu accrocheur au démarrage traîna un temps à son esprit, comme ces machines produisaient toujours un vacarme bon marché, racoleur, dans l'esprit de ces fêtes foraines couleur de saumon, odorantes de sucre et de friture. Sensations vertigineuses qui semblaient s'étouffer dans sa mémoire, de ces trop rares instants de bonheur oubliés.

Sans sa canne, elle marchait presque normalement, en se concentrant bien, dérangée seulement par le poids de ses courses. Car celui-ci provoquait une sorte d'asymétrie qui la gênait dans la répartition de sa masse, de sorte que sa canne l'encombrait plus qu'autre chose, lorsqu'elle devait à la fois s'appuyer dessus et porter ses paquets. C'est ainsi qu'elle claudiqua jusqu'au tableau aperçu de loin, de quelques pas à peine. Bientôt sa silhouette longiligne rejoignit celle dont la hauteur d'épaule rattrapait presque la sienne.

Annoncée par un bruit de plastique froissé, de quelques canettes en aluminium jetées en vrac les unes contre les autres, et le poids basculait au bout de son bras sous tension. L’instant d’après, le sac en plastique de la supérette du quartier touchait le sol. Essentiellement des cochonneries, bien sûr, aux emballages flashy, au chiffre de glucides si faramineux qu’il en aurait fait pâlir le bilan sanguin d’un diabétique.

Ils n'étaient pas si proches. Mais leurs études, leur âge similaires avaient peut-être fait en sorte d'imprimer sa figure dans sa mémoire. Non. Elle avait toujours eu une bonne mémoire, une seule fois avait suffi.

Geonu avait son petit palmares. Quidditch, duels, sortilèges, cursus. Un véritable phare pour qui savait poser ses yeux dessus.

« Tu sais que tu ne vas pas l’attraper ? Il a une grosse tête en plus. » Et son doigt tapota avec agacement la vitre. Que voilà une pièce mal dépensée pour une machine programmée pour échouer. Mais ce n’était pas tout. S’attardant sur l’allure des lots, grossiers, le serpent de la maison éponyme britannique lui tirait une langue fourchue : « C'est trop moche. C'est pour mettre où ? Sur ton lit ? Quelle horreur. »

Soojin avait l’art et la manière d’aborder quelqu’un. Gâcher l’instant de sa petite voix acariâtre en était un. Elle détailla le jeune homme, d'une vue discrète, donna certainement un œil approbateur qu’elle écarta presque tout de suite. « Le serpent est plus proche, non ? »

Spoiler:

Sam 07 Nov 2020, 18:11

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Il ne savait plus depuis quand les remarques cinglantes se contentaient de glisser sur lui sans l’impacter. Peut-être y avait-il toujours été hermétique. Aussi l’arrivée de Soojin avait fait sourire Geonu, qui concentré sur sa partie n’avait lâché qu’un bref regard à la nouvelle arrivée. « Denki tout au plus. » Il ne saurait probablement jamais quelle aurait pu être sa maison s'il avait exécuté une partie de sa scolarité à Poudlard. Et si Ingrid aurait aimé qu'il soit serpentard comme elle, le choixpeau miniature ramené par un ami des années auparavant avait crié gryffondor. Et si à l’époque on avait ri d’un tel résultat, les années avaient su révéler en Geonu une force digne des enfants de Godric.

Il ne connaissait pas vraiment Soojin. Elle était de ces personnes qu’il s’était contenté de croiser pendant des années sans jamais s’en rapprocher. Quatre ans pourtant qu’ils étaient dans le même cursus, qu’ils se retrouvaient parfois à la bibliothèque ou dans un café pour des projets en commun. Il savait qu’elle avait chuté de son Abraxan et qu’elle avait refusé de se faire soigner, savait qu’elle boitait et que nombre étaient les étudiants qui ne comprenaient pas son raisonnement.

Elle était un reflet biaisé de sa propre personne : semblait ne rien avoir à foutre de tout, et des autres surtout. No fucks given. Aussi Geonu s’était-il contenté de rire à ses commentaires, sincèrement amusé par ce sarcasme qui, il le savait, ne le visait pas directement. She was just speaking her mind. « Tu serais probablement surprise d’apprendre que j’ai déjà le kitsune chez moi. » Désabusé, il lui avait lâché un regard faussement défiant, un sourire carrément coquin sur le bout des lèvres. Il ne se foutait pas d’elle, rentrait juste dans son jeu : étant bien trop familier avec ce genre d’humour. Lui aussi était un grand amateur du cynisme.

Cette présence soudaine ne le déplaisait pas, aussi Geonu s'était-il contenté de traiter Soojin comme il aurait traité Reiko ou JP : comme un ami de toujours. « Et c’est le moment ou je te dis que j’ai déjà toute une panoplie sur mon lit ? Ça va, tu penses que tu vas t’en remettre ? » Grimace volontaire alors qu’un rire décomplexé avait percé entre eux. Aurait-il eu conscience de ses atouts qu’il aurait probablement continué à la charrier, parlant d’une probable image cassée. Le capitaine des komodo dragons collectionnait les peluches miteuses et pire : il dormait à côté.

Lorsqu’elle avait évoqué le serpent, il s’était figé. Un voile était passé sur son visage, bref mais suffisant pour lui rappeler à quel point sa vie allait être différente à présent qu’Ingrid était partie. « Well… Go for it ? » Il ne l’avait évidemment pas écoutée et avait manqué le lion de peu : sa grosse tête avait partiellement été attrapée par la pince qui l’avait relâché avant même qu’il ne finisse de se soulever entièrement. Fouillant dans sa poche droite, il avait ressorti toute une ribambelle de pièces qu'il avait posé sur le rebord de la machine.

Était-elle seulement compétitive.
Elle lui rappelait vaguement tout ce qu'il aimait.

Dim 08 Nov 2020, 00:07

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Geonu, Geonu, Geonu.

Des années de Geonu.

A l’observer sans jamais s’en rapprocher.

Le talent, le charme discret.

Et l’une des premières fois où ils parlaient seul à seul. Il fallait croire qu’elle ne l’avait pas beaucoup inspiré. La vérité voulait qu’elle l’avait toujours trouvé inaccessible. Elle ignorait ce qui avait changé entre temps. Une occasion peut-être. Une machine moldue qui faisait des bruits insupportables, une peluche avec une grosse tête et deux yeux globuleux. Il n’était pas sérieux. Cela contrastait bien trop avec le souvenir de l’adolescent qui s’était illustré durant leurs vieux cours de sortilèges, sur des sorts aujourd’hui basiques, mais si essentiels à l’époque, puis du capitaine redécouvert lors des matchs de Quidditch. Tss. Tss. Décevant.

Bien sûr le kitsune toujours trop bien entouré, tandis que le tanuki s’était contenté de se terrer et de cultiver son mépris pour les autres.

Elle lui répondit sur le même petit ton : « Tu ne seras probablement pas surpris d’apprendre que je n’ai pas de tanuki chez moi. » En fait, son lit avait longtemps débordé, à ras bord, de peluches. Jusqu’au jour où elle s’était déclarée trop âgée et avait tout jeté dans le couloir de sa chambre en hurlant je les déteste ! La tête de ses deux parents avait brièvement surgi à l’autre bout du couloir ta fille a ses rougnougnoux et elle frappant du pied contre la moquette de sa chambre trop rose je n’ai pas mes rougnougnoux et de claquer la porte. Un elfe de maison était venu ramasser ses peluches et, une Soojin honteuse et fâchée s’était finalement empressée de les lui arracher pour les entasser dans une penderie déjà bien remplie.

Alors. Nam Geonu n’était personne pour lui demander si elle allait s’en remettre. Pas avec ce sourire et ce rire qui, s’ils l’étonnaient, la laissaient aussi démunie. Un Denki tout au plus. Aucun souci, elle pouvait gérer ça.

Soojin ne savait pas rire. Ou tout du moins, pas d’une manière aussi libérée. Mais elle avait une arme qui, pour une fois, semblait ne pas déplaire. « Ca dépend. Tu comptes les brûler ? » Et un sourire finalement satisfait et moqueur avait su trouver une place sur son visage.

« Go for what ? Ce n’est pas moi qui ai une collection de peluches creepy sur mon lit. » Un mouvement de recul souleva sa poitrine, tandis qu’elle prenait la mesure du défi ridicule qu’il lui jetait. Lorsque les pinces s’étaient mollement écartées, dans une dynamique prévisible et décevante, Soojin était restée maussade devant le caractère inévitable et fatidique de la chose. Naturellement, elle ne put s’empêcher de renchérir sur cette maxime agaçante qui savait toujours rebondir au bon moment ; le plus irritant. « Je te l’avais bien dis. » Et le son bien connu qui jouait pour annoncer la partie perdue jeta à ses oreilles une désagréable complainte.

La main de Soojin disparut bientôt dans sa chevelure dans un je-m’en-foutisme évident, car sa nature propre de rabat-joie ne se laissait pas si facilement emporter par ces jeux de compétition absurdes. « Tu crois que ta petite monnaie va suffire ? Tu aurais plus vite fait d’aller en acheter une au konbini du coin. » Et sa main de revenir en extirpant d’une coiffure dégringolante le long manche de sa baguette magique, finement ouvragée dans un bois biscornu. Bientôt une canette inopportune lévita entre eux, le signe même qu’elle n’escomptait pas sortir du cadre de suite. D’ailleurs, Soojin s’installa : sa petite paire de fesses jouxtant la manette, pour une vue imprenable sur le visage de son camarade de promo. « Je préfère te regarder perdre, et gaspiller bêtement ton argent. » L’opercule sauta d’un coup sec, comme le point d’orgue de son mordant. Elle avala une gorgée d’aloe vera, gâchant par ce geste même l’idée qu’elle ait pu lui offrir de quoi se désaltérer. Ou presque. Ses derby vernis poussèrent d’un coup vif le sac en plastique, faisant ainsi carillonner les objets à l’intérieur. « Sers-toi. Mais tu rembourses ce que tu prends. »

Spoiler:

Dim 08 Nov 2020, 12:49

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Geonu qui avait souri en silence face aux remarques de Soojin. Touché. Il s’était alors demandé si elle vivait dans les dortoirs ou en appartement : peut-être encore chez ses parents. Sa chambre était-elle aussi austère qu’elle le laissait entendre ? Était-elle née avec un sarcasme naturel, ou était-ce la vie qui l’avait rendue ainsi ?

Peut-être qu’elle était plus en phase avec elle-même depuis sa chute.
Elle semblait ne plus s’attendre à rien.

Lui avait ri, presque incrédule, face à sa répartie. Ça dépend, tu comptes les brûler ? Il l’avait regardée en biais, découvrant après toutes ces années une Soojin d’une brutale honnêteté. Elle était impertinente et cynique : lui la trouvait géniale.

Géniale mais pas joueuse. Elle lui évoquait un chat, qui venant poser ses fesses près des commandes le toisait à présent sans rien trop dire. « Oh come on ! » Amusé plus qu’autre chose par cet être contradictoire à la fois austère et moqueur, il l’avait dévisagée avec défiance.

Il aurait pu débattre avec elle, tenter de lui expliquer qu’il ne s’agissait pas là que d’une question d’argent. Cette machine était un souvenir qui lui arrachait des sourires et lui faisait sortir son téléphone. Les peluches sur son lit lui évoquaient des rires en soirée et un long été passé avec ses deux meilleurs amis à l’appartement à faire toutes les conneries du monde. Il se souvenait, bourré, avoir tenté les acrobaties des cheerleaders avec Ingrid. Il ne savait même pas comment ils avaient fait pour ne pas finir aux urgences, les sorts d’arrondissement d’angles de mobilier ayant probablement aidé.

Mais il savait, alors, que Soojin était comme lui : elle se foutait de son avis tout autant qu’il se foutait du sien.

Il n’avait donc pas débattu.

Au troisième essai, la peluche s’était retrouvée contre le mur en plastique la séparant du trou salvateur. S’il réussissait la prochaine étape, il n’aurait dépensé que quatre mornilles, frôlant le record de juin dernier. Quoiqu'il était loin des dix-sept mornilles cramées dans la peluche popcorn. Lançant un regard à Soojin, mimant la concentration de l’extrême, il s’était étiré les doigts face au combat final qu’il s’apprêtait à livrer contre l’affreuse machine à pinces.

Quelques instants plus tard, le lion était entre ses mains. « Alors, tanuki ou serpent ? » Il lui restait six mornilles à dépenser et une chambre à redécorer.

Lui aussi savait-être impertinent.
Son sourire en disait long.

Spoiler:

Dim 08 Nov 2020, 18:11

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Sa boisson était descendue au tiers. Et son attention s’était portée ailleurs, sa position ne lui permettant pas vraiment de suivre le jeu des pinces. Soojin s'était alors contentée de fixer l'instant à travers le regard, l'application silencieuse du jeune homme pour une peluche, c’était vrai, dont elle ne comprenait pas les enjeux. Tant d’efforts enfin, jusqu’à cette œillade qui ne lui avait pas échappé, et ses doigts qu’il étirait comme s'apprêtant à se livrer à une compétition imaginaire. « Le grand match de ta vie, hein ? » Alors, les félicitations s’imposaient sans doute à présent qu’il avait abattu les cartes de son défaitisme… Ils seraient made in soojin. « Je vais pas retirer ce que j’ai dis, juste parce que tu tiens cette peluche dans tes mains. » Confortablement calée contre la machine, sa longue jambe pendait dans le vide. Soojin était intraitable avec une fierté mal placée et une mauvaise foi sans pareil. Mais cela, Geonu pouvait certainement le comprendre. Soojin n’avait pas toujours les traits doux, et son caractère transpirait parfois dans la condescendance de son regard. Mais Geonu voulait jouer. Aussi l’étoffe d’un sourire ou tout au plus d’un rictus illumina la figure de Soojin, comme rarement, à cette proposition tentante mais vaine. D’une petite pression, ses derbies vernies touchèrent sol et elle se retrouva bientôt de nouveau sur ses deux pieds. Elle glissa derrière lui, intrusive, et fit mine de regarder une fois de plus ces horreurs qu’il souhaitait lui offrir. « Tu as mauvais goût. » Chiée, la Soojin. Mais ce n’était pas fini, si elle devait répondre à son impertinence… La jeune femme avait une petite idée. Elle fit semblant de réfléchir encore, offrant au garçon qui valait six mornilles un suspens feint. Elle lâcha la bombe comme un juge jette simplement sa sentence. « Je veux un dragon. » Après tout, n’avait-elle pas affaire au capitaine des Komodos ? « Je n’accepterai rien d’autre. »

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Dim 08 Nov 2020, 22:05

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« Si tu savais. » Répliquant au sarcasme de Soojin d’un demi-sourire et d’un regard qui en disait long, Geonu avait réaffirmé son côté désabusé. Quoique. La phrase avait eu le don de le propulser trois mois plus tôt sur le terrain de quidditch, en pleine qualification pour la Wizard Bowl. Il s’était souvenu du temps atroce, des batteurs hors jeu. Il s’était souvenu avoir joué sa vie contre les Giant Storm Petrels et avoir gagné. Il s’était souvenu la fierté d’avoir réussi à emmener son équipe en finale. Mais qui pouvait bien battre Davis ? Andrea au talent indéniable, qui n’avait pas raté un seul vif en quatre confrontations.

Le match de sa vie.

Voilà qui sonnait bien étrange aux oreilles du capitaine des Komodo Dragons. Il n'avait aucune idée de s'il l'avait déjà joué, mais savait pour sur que cette année, nombreux avaient été les défis à relever.

Elle tournait autour de lui et lui n’avait rien dit, impassible. Geonu avait cette capacité à mettre ses mains dans ses poches et se détacher de tout, des autres surtout. Il était décontracté au contact de Soojin qui, silencieuse, semblait réfléchir à sa prochaine réplique. Comment allait-elle le cuisiner ? Avec finesse, apparemment.

Un dragon.

Aussi aurait-il pu lui demander qui d’eux deux était la princesse à sauver. Elle ne semblait pas avoir besoin d’aide : lui non plus. « Les varans n’ont pas d’ailes. » Et dans son regard quelque chose s'était allumé, une flamme particulière alors qu'il lui avait fait face, son bomber denki rayonnant sous les reflets rétros de la machine. Il était amusé. Amusé qu'elle ait choisi d'entre toutes les créatures possibles celles qui le représentait officiellement à Mahoutokoro après le Kitsune. « Je savais pas que tu faisais dans les gros lézards. » Et un sourire gentil quoique moqueur sur les lèvres, il s'était retourné vers les peluches colorées, glissant une pièce sans rien plus ajouter.

Geonu invisible mais qui d'un coup réalisait que peut-être pas tant.
Voilà qui changeait.

Lun 09 Nov 2020, 16:27

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Il s’était retourné pour lui faire face, et Soojin n’avait pas bougé. Ses petites chaussures pointues maintenaient solidement la position. Cependant comme sa silhouette lui faisait totalement face, un léger mouvement, presque imperceptible, l’avait invitée à redresser son buste. Soojin pourtant si droite qu’elle en aurait semblé rigide à bien des égards avait toujours l’impression gênante de pencher toujours plus d’un côté que de l’autre. Et quoique fine, elle n’avait pas cette posture délicate et aérienne. Ses gambettes ne se complaisaient pas de grâce. Cela s’était accentué avec l’accident, car il y avait bien des positions vicieuses qu’elle ne prenait plus ; ne serait-ce que croiser ses jambes, ou juste poser une main sur sa hanche. Des habitudes s’étaient perdues ainsi, comme il lui arrivait de penser que cela n’était ni assez jolie ni assez confortable. Une pensée pour l’esthétique quelque peu étonnante lorsqu’on savait qu’elle ne prêtait pas autant d’attention à sa façon de s’habiller, de se maquiller, de se coiffer. Soojin était trop grande pour passer inaperçue, et sa canne raisonnait bien trop sur les pavés comme dans les couloirs de l’académie. Mais du reste, elle opérait de détails ordinaires lorsqu’elle ne voulait pas se donner la peine. Et si elle devait perdre de son classique, c’était uniquement à cause de sa carrure imposante malgré la finesse qui rendait plus remarquable chez elle ce qui tenait du commun chez les autres. Soojin avait de la visibilité, de l’aura. Le style aurait fait d’elle un phénomène de foire.

Elle suivit le détail des lumières qui tamisaient la veste de Geonu. Soojin paraissait si grise devant ces reflets. Peut-être était-ce la raison pour laquelle elle n’avait jamais perçu le garçon comme un figurant de deuxième plan. D’une certaine façon, et ce depuis les premières classes, elle n’avait fait qu’absorber ces lumières, ces couleurs. Et puis, il s’était dérobé, retournant sur cette machine qui ne méritait pas tant d’attention. « Pourtant le varan que j’ai vu avait des ailes. » Mais ce n’était pas une discussion sur l’anatomie d’une espèce. « Ou au moins un balai. » Geonu était si hermétique qu’il lui donnait envie de se glisser dans sa carapace.

Sa dernière réplique ne l’avait pas laissé de marbre, et un agréable frisson avait parcouru son échine. L’espace d’une seconde, Soojin n’avait plus senti la faiblesse de sa jambe. Toujours fixe dans son dos, son buste avait décrit une légère courbure, à peine notable, et un murmure amusé avait surgi. « Si tu savais. »

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Lun 09 Nov 2020, 18:19

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Geonu n’avait rien d’un personnage principal. Effacé, il lui avait fallu du temps pour se trouver. Il n’était pas comme certains de ces garçons dont les rires bruyants et communicatifs attiraient tous les regards. Il n’avait jamais été celui au centre, mais toujours celui à côté. Il était l’observateur, l’ami moqueur qui encourageait sans trop se mouiller. Il était derrière la caméra. Même au sein de sa maison, qui savait qui il était ? Le quatrième membre de l'infernale chambre 2, Geonu chillax max, Geonu le calme et responsable. Mais responsable de quoi ? Qui se disait en voyant les nouveaux bombers arriver que c’était Nam Geonu qui avait participé à leur création, avait co-géré les photoshoots ? Il était là et pourtant ne l’était pas.

Même au quidditch, c’était Seeley qui faisait crier les groupies. Geonu capitaine discret qui avait pourtant réussi à unir son équipe et à la mener jusqu’en finale. Geonu sorcier à abattre, illustre dueliste qui s’était éclipsé peu de temps après avoir obtenu sa position.

Il ne vivait pas pour la gloire.

Aussi les remarques de Soojin l’avaient fait sourire. D’un de ces sourires particuliers car il sentait dans l’air que le sarcasme laissait place à autre chose. Elle savait. Elle savait qui il était et lui renvoyait avec finesse la balle. Si tu savais.

Il ne savait pas.
Était de ces garçons vivant au jour le jour sans réellement penser à leurs émotions. Il laissait passer les opportunités en étant ce bon ami : s’était fait prendre son ex petite amie sous ses yeux puis sa meilleure amie. « Je ne savais pas. » Regard en biais par dessus son épaule et demi-sourire coquin. « Mais maintenant je sais. » Marmonné juste assez fort pour qu’elle l’entende, alors que refaisant face à la machine il avait tenté d’attraper ce dragon aux ailes grandes ouvertes, prêt à cracher des flammes.

Clang.
Elle était tombée. Là, dans le bac, à portée de main.

Ça ne lui avait pris que deux mornilles. Il avait battu son record. Et l'attrapant avec lenteur, il s'était retourné, presque solennel vers Soojin : « Lequel de nous deux est la princesse à sauver ? Tu m'as plus l'air d'un chevalier. » Son sourire, grand, montait jusqu'à dans ses yeux. On pouvait alors y lire tout son amusement.

Lun 09 Nov 2020, 18:19

Le membre 'Geonu Nam' a effectué l'action suivante : Coup du sort

'succès / échec' :
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Lun 09 Nov 2020, 22:06

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Elle n’avait rien eu à répondre, car c’était déjà parfait. Ca n’avait l’air de rien sûrement pour ceux qui ne comprendraient jamais, pour ceux qui s’arrêteraient avant de pouvoir mettre le doigt sur ce qui comptait vraiment. Ils s’étaient compris. En moins de mots qu’il n’en faut pour le dire, juste, avec une absurdité du langage, une bêtise. Alors Soojin s’était laissé entraîner, sans résistance. La ligne de son cou, puis son profil, puis cette moitié de sourire.

Les mots l’avaient calmée. Et elle était restée abasourdie. Il s’était retourné pour jouer, presque comme si de rien était. Mais elle était restée plantée derrière lui, le regard lentement figé dans sa contemplation. De son cuir chevelu à leur base, et sur sa ligne d’épaules.

Et la machine avait sonné, et clignoté follement. Ce que c’était désagréable, et à la fois si éminent. Comme un couronnement bon marché, presque trop tape-à-l’œil.

Il ne savait pas. Et maintenant, il savait.

Geonu était brillant.

Soojin ne le pensait pas parce que la machine l’avait annoncé vainqueur. Mais tout de même, elle ne verrait plus jamais ces machines de la même façon. Car elle venait d’y découvrir que l’on pouvait y apprendre beaucoup de choses. Parfois il ne suffisait pas de grands moments. Parfois, les petits instants avaient le meilleur tempo.

Elle avait eu envie de rire, mais n’en avait rien fait.

Et puis, elle n’était pas sûre pour cette histoire de princesse et de chevalier. Ils vivaient après tout dans un monde avec des avada kedavra et des abraxans qu’on abattait parce que leurs cavaliers se montraient trop imprudents. Un chevalier tombé de sa monture, et qui se retrouvait à vivre son épopée avec trois pieds : c’était un peu bateau. Et bancale aussi. Comme elle.

« Pourtant, c’est toi qui vole. »

Car si Soojin pouvait monter sur un balai, elle en détestait la sensation ; pâle copie de l’équitation céleste. Mais elle avait fait le deuil depuis, un peu. Alors, elle ne l’enviait pas une seule seconde. Un balai pouvait aisément se remplacer. Alors, même si Soojin avait perdu, voler de la manière qui ne l’intéressait pas ne la rendait pas jalouse.

Non, Geonu avait juste l’air efficace.

Un sourire un peu étrange l’avait doucement saisi. Puis il avait fondu, aussi sûrement qu’une glace en plein soleil. Gentiment. Et Soojin était passée à autre chose.

Elle n’avait pas besoin de faire beaucoup d’efforts de toute façon, pour imiter un air très solennel. Assez sérieusement, elle avait levé une main. « Donne-moi mon dragon, Geonu. »

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