DANS LA CITY BOURRÉE D'VICES / marlon.

   Sur le front, verre de champ'
essuie larme de sel
   13.03.21 — sad boi hours

J’étouffe, j’étouffe. Ce sont les mots qui sortent des poumons de JP. Je m’enfume, j’étouffe. Les nuages gris prennent d’autres couleurs et l’asphyxient. Qu’est-ce qu’il fout là déjà ? Il a une cigarette à la main mais il ne fume pas. L’odeur est âcre, loin du tabac ou de la weed habituel qu’il s’amuse à crapoter. Il jette le poison sur le côté ; il a besoin d’esprit clair. Alors il se fraie un chemin dans la foule à la transpiration enivrante. Il pousse les corps, appelé par l’appel d’air. Le fêtard bouscule, mèches humides et flottantes, idées noires et retournées. Dans un coin de son regard, l’autre kasaï n’est pas loin. Croisés par hasard dans cette soirée douteuse au cœur des richou de Kanto, JP a partagé sa taffe avec lui. Ce truc louche qui alourdit ses pensées. Le monde perd sa lucidité et rien ne semble réel. Il se tient dans une nébuleuse de sensation ; il est là mais pas là, en compagnie de fantômes le martelant de ses péchés. Jojo. Il entend. Cette même voix, encore. Toujours cette voix. Celle qui l’empêche de dormir, celle qui prend le ton de la culpabilité et éteint ses nuits. Enfin dehors, il inhale l’oxygène, les yeux montés vers le ciel étoilé. Jojo. Et elle chuchote à nouveau. Et il soupire à nouveau. S’il ferme les yeux suffisamment longtemps, elle disparaitra. Ça avait marché la dernière fois qu’il s’était noyé sous Koïde. Jojo. Elle se prononce une troisième fois et le denki ne parvient plus à maintenir sa paix intérieure. Trop d’indifférence, trop de refoulement. "Shut the fuck up." crie-t-il en se retournant. Derrière lui, le grand gaillard des Komodo sort du lieu de débauche. Mais ce n’est pas Marlon que perçoit Joao, c’est elle. Toujours et encore elle. "Yo, what’s up, man?" Sourire faux et cristallin aux lèvres, prêt à s’effondrer à tout moment. Les poings sont serrés, les pupilles sont rougies par la drogue et la nostalgie. Plus qu’une minute. Une minute où tout va bien et elle l’abandonnera. Elle s’effacera comme elle est partie – sans dire au revoir.