SIDEWALKS.

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   04.09.21 — 3am
JP vivait encore d’extasie de sa victoire au Wizard Bowl. Un goût d’aigre-douce qui caressait son palais, le capitaine n’était pas satisfait. Et maintenant quoi ? Il continuait son chemin comme il l’avait toujours fait avec un but en tête : le diplôme, l’équipe pro, et après ? La vie continuait au-delà des life goal. Une incertitude trainait toujours sur son dos, comme son gros sweat gris sur les épaules. Ce soir-là, il avait quitté la BU en plein milieu de la nuit après avoir avancé dans son mémoire. Gagner un championnat c’est beau, mais ça n’efface pas toutes ses responsabilités. Avant de retourner au dortoir, il s’était posé au premier konbini trouvé pour lire le Jump de la semaine et boire son café poudré en canette. Il restait quelques heures avant le lever du soleil et il se hâtait d’en admirer chaque seconde. Puis une vague silhouette blonde qu’il reconnaissait trop bien passa devant lui. “Oi, Spudmore! What ya doin’? I haven’t seen ya since... you got weak knees because I smiled at you too hard.” Un rire sec transperce sa gorge. Pure ironie pour Jojo qui se souvient du point mis à la gardienne en finale télévisée. Un sourire, un clin d’œil, et voilà qu’il apportait la gloire à son équipe. C’était devenu une running gag dans le vestiaire des GSP. Pauvre Evie qui n’avait rien demandé et qui rougissait trop facilement devant l’intimidant denki. “Don’t pout, I’m only teasing, babe.” Il penche la tête, son infâme sourire de séducteur sur les lèvres. Mais voilà ce que font les deux capitaines quand tout le monde a le dos tourné ; flirter, s’engueuler, se rabibocher et tout recommencer à nouveau.
 

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   04.09.21 — 3am
Evie avait passé la quasi-totalité de ses vacances à osciller entre tâcher d’oublier la défaite des THD par tous les moyens possibles et la frénésie de la préparation du programme d'entraînement de cette année. Le tout avait été entrecoupé par le Woodstick Festival et des vacances bien méritées au Pays de Galles… Qui faisait au final également partie des choses auxquelles elle évitait de trop repenser. Il y avait à peine quelques jours qu’elle était retournée au Japon et le jetlag était encore bien présent. N’en pouvant plus de tourner et retourner dans son lit et après s’être vu envoyer gentiment sur les roses par ses amis -qui, eux, souhaitaient apparemment dormir-, elle s’était décidée à prendre l’air. La fraîcheur des rues de Mahoutokoro lui faisait du bien, l’empêchant de trop réfléchir. Une soudaine envie de boisson chaude l’entraina vers un kombini. Elle se dirigeait vers le saint Graal quand une voix bien connue la fit sursauter. Elle reprit ses esprits juste à temps pour plisser dangereusement les yeux suite à la réflexion du Denki. “Nothing much. Wandering around and getting some hot chocolate.” Elle n’était pas ravie de l’entendre remettre sur le tapis sa prétendue faiblesse face à lui lors de la finale. Elle en avait beaucoup trop entendu parler à son goût.  “It takes more than a smile to get my knees weak you know? Don’t flatter yourself.” Sa répartie aurait sans doute eu plus de poids sans la chaleur traîtresse qui avait coloré ses joues. Bien sur que le clin d’oeil n’était pas la seule raison pour laquelle elle avait raté le but -elle ferait une bien piètre gardienne si tel était le cas- mais cela n’avait clairement pas aidé. Elle n’aimait pas particulièrement qu’on pense qu’il avait un quelconque ascendant sur elle et elle ne voulait surtout pas que l’on découvre leur petite routine. Imitant le poursuiveur, elle pencha la tête à son tour, mimant ses techniques de séduction. “Guess, you won’t score me this season… But I’ll definitely tackle you.” Tout en parlant, elle s’était rapprochée. Oubliant par là même la boisson qu’elle était venue chercher. L’anglaise ne savait pas s’il était au courant de son changement de position. C’était tout récent après tout. Il le découvrirait bien assez vite. Cette année, elle comptait bien ramener le trophée à sa juste place. Mais au milieu de ce petit jeu si familier, quelque chose la perturbait. “Do you even sleep sometimes?” Pas qu’elle s’inquiète pour le capitaine de l’équipe rivale. Pas du tout.
 

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  04.09.21 — 3am
JP vient de se rappeler qu’il est beaucoup trop tard. Le soleil s’apprête à se lever et les gens normaux ne vagabondent pas dans les rues à cette heure-ci. Le denki est une énergumène à ce sujet. Insomniaque, troublé, dubitatif. Les pensées l’assènent et les problèmes le tient éveillé constamment, comme le constatent les cernes qui entourent ses yeux de poisson mort. Les seules expressions qui passent sur son visage sont celles de la séduction d’un goujat bien ennuyé. “Yeah, yeah, I remember. I know well what it takes to make your knees go swoosh.” Il retient un sourire qui a trop de signification pour être mentionné. Il s’autocongratulera pour tous les sons et les rougeurs qu’il a réussi à tamponner sur cet angélique visage autant de fois qu’il le faut. Trop fier pour admettre qu’il est mauvais pour ce genre de chose. Ça serait mentir et ce n’est pas son forte. Un autre rire le traverse. “Oh, you’ll tackle me? Really? How so? Miss Spudmore, you’re really violent tonight.” Elle se rapproche et ses lèvres s’étendent tel le dangereux prédateur qu’il est. Le goût du café persiste sur sa langue et pourtant, ça ne l’empêche pas de caresser ses canines, affamé. “Oh baby, I think I can score you anytime I want. But I’d really really like to see you try tackling me sometime.” Lui aussi il s’avance et joue le jeu, tend sa main pour s'amuser avec ses mèches blondes, la voix trop aiguë et moqueuse pour être prise au sérieux. Ça pourrait dévier très rapidement entre eux. Il suffisait d’une allée sombre, un placard ou une salle vide et ils se retrouvaient à faire n’importe quoi. Quoi de mieux qu’un soleil caché et un konbini désert pour poursuivre leurs mésaventures ?

Evie brise leur comédie en première avec l’inquiétude qu’il perçoit sous sa voix. A force de regarder trop longtemps ses noisettes, elle a repéré l’insomnie. JP esquisse un autre sourire mécanique – comme le bon robot automatisé qu’il est. Ses propres fangirls ne remarquent jamais les nuits hantées sur son visage. Elles se contentent de s’écrier car le poursuiveur gambade devant elles. “I do.” Réponse simple pour une question complexe. Aucun être humain ne peut vivre sans sommeil, et même s’il existait un alcool qui bannissait Morphée, les conséquences frappaient toujours le lendemain. “Not most night though. Why, you care about me now?” ajoute-il en bon insomniaque. Les devoirs sont trop longs et les journées trop courtes pour se permettre le repos. Tu dormiras quand tu seras mort, Jojo.

Puis il pense à une répartie grivoise sur comment son lit est froid et qu’une jolie fille pourrait réchauffer sa couette, tout en sachant pertinemment qu’il n’est pas ce genre de mec pour autant. Mais c’est drôle d’en rire, de faire semblant. Il l’observe quelques secondes et ça le frappe. “You gotta tell me something tho.” dit-il de manière plus sérieuse. “Aren’t you tired of being a mop? You know, since, everyone’s wiping themselves on you.”

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   04.09.21 — 3am
A croire qu’il se délectait de la faire rougir. De la chercher. En fait, Evie était persuadée que c’était le cas. Elle le lisait à ce sourire retenu qu’elle devinait pourtant au pli de sa bouche. C’était un goujat -un connard même parfois- mais elle savait depuis bien longtemps maintenant qu’elle était attirée par ce genre de personnalité comme un papillon de nuit par les lumières vives. C’était tragique. JP pouvait se montrer aussi délicieux qu’éreintant, aussi charmeur qu’insupportable et au fond… leurs joutes verbales amusaient beaucoup la kasai.

“Oh really? Cause I’m not sure I remember that much?” Mensonge éhonté mais elle n’allait quand même pas lui faire le plaisir d'acquiescer. Elle préféra enchainer sur son changement de poste au Quidditch et sa volonté de tacler à la première occasion le Capitaine des GSP. “Should I show you how? Who knows, maybe one day you’ll really see my violent side.” Evie s’était approchée et le jeu continuait. Elle retint un frisson alors que la langue du denki caressait ses canines. Il n’avait pas besoin de savoir qu’elle trouvait ça plutôt sexy. Encore moins que ça lui faisait de l’effet. Son ego était déjà bien assez enflé comme ça. Car oui, s’il avait voulu il aurait sans doute pu l’avoir mais elle préférait ne pas s’attarder sur cette question. Ses yeux, traîtres parmi les traîtres, le dévoraient suffisamment comme ça, pas la peine d’en rajouter.

“Guess you’ll have to only dream of it until our next game. Don’t wanna ruin all the fun.” Un petit clin d’oeil plus tard, elle avait repris une certaine constance. Il était évident qu’un rien aurait suffit à la faire céder. Leurs accrochages en était bien trop souvent le prélude. Elle était à deux doigts de rompre leur jeu, de combler l’espace les séparant et de s’avouer vaincue. Mais, maintenant si proche, elle vit les ravages du manque de sommeil dans son regard et l’inquiétude prit le dessus. Le jeu était bien fini et son sourire se fit plus froid, comme chaque fois qu’il était question de gratter sa façade savamment étudiée de prodige sportif de ses dames. Sa réplique la blesse un petit peu. “Of course I care. You look exhausted. I’m worried.” Ses yeux se fixèrent sur les cernes qu’elle aurait dû remarquer bien avant. La culpabilité l’assaillit d’un seul coup mais elle n’eut pas le temps de s’auto-flageller que déjà, la répartie suivante de JP la frappa comme un coup de poignard. Les yeux écarquillés, elle espérait avoir mal compris ce qu’il essayait de lui dire. Come on girl, you know him. It’s exactly what it is. Elle ne voulait pas le croire pourtant. Clairement sur la défensive à présent, l’anglaise demanda des précisions, les dents serrées, le visage tendu. “What do you mean ‘whiping themselves on me’?” Elle sentait déjà l’exaspération la gagner. Le genre que seule une remarque que l’on sait fondée sans vouloir l’accepter pouvait provoquer.

 

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 04.09.21 — 3am
“Ouch, you’re hurting my feelings. I remember you sayin things like yes, please don’t stop (qu’il imite avec un ton bien plus aigu que son octave habituel) Doesn’t ring a bell to you?” Ce jeu lui plait. Ça permet de décontracter, de s’assurer qu’il a toujours son mojo. Cible facile qu’est Evie. Trop malléable, facile à mettre à genoux et à pousser contre un mur. Elle revient sans cesse, sachant pertinemment qu’il n’y aura rien d’autre qu’une décharge divine entre eux. Arrangement parfait, il s’éloigne de toute forme de romance et peut s’adonner à ses bas instincts. Sans pour autant tomber au sol, car elle comprend qu’il a des limites également. “Oh yeah, violent me. I’m adaptable.”

Outre la proximité des deux capitaines, il en est venu à considérer la kasai comme une amie. Le flirt, les cachotteries, les rires derrière le voile sont captivants, mais les longues conversations et débats stupides qu’ils ont toute la nuit durant lui plaisent encore plus. C’est pour ça que JP se permet de lui rappeler sa condition ; arrête d’être une serpillère, Evangeline. Et qu’en retour, elle semble être réellement inquiète de son état. De plus en plus de gens lui demandent s’il va bien, ça lui fait des choses. Habitué à être dans son coin sans jamais s’attacher, l’idée qu’une personne s’intéresse à lui (et pas la star de Quidditch ou le mec populaire) le chamboule. Il n’en montre rien.

Il reprend un ton plus sérieux. L’heure des plaisanteries s’est éteinte. “You know I respect you, right? You’re a good captain and a nice player.” Il se dit que commencer par de belles paroles sera plus facile pour expliquer sa théorie. Mais elle n’est pas bête, elle sait qu’une tempête d’injures l’attend. “But you should wake the hell up.” La métaphore de la nuit lui file sous les doigts, car il est trop tôt (tard ?) pour emmêler les esprits avec ses philosophies. Il fronce les sourcils, frustré de ne pas avoir les bons mots pour dire les choses. “Why are you so easy, Evie?” finit-il par pousser, plus désolé pour elle qu’énervé. “I’m not husband material, you know that. You shouldn’t get riled up like that for nothing. It’s not my place to tell you who to sleep with, but aren’t you tired of being used by guys like me?”

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   04.09.21 — 3am
Evie ne doutait pas que les sentiments de JP allaient très bien. Même sa petite imitation -assez peu fidèle il faut le dire- eut le don de la faire sourire. Elle était plutôt bon public des petits jeux du denki. Il le savait et ne manquait jamais d’en user et abuser. L’Anglaise en avait eu besoin, de l’attention qu’il lui témoignait. De ces moments volés qu’ils avaient partagés. Sans condition, sans engagement. Il n’y avait pas d'attente ou de faux semblants entre eux. Juste une sorte de jeu qui, elle le savait, finirait par prendre fin aussi vite qu’il avait commencé. “Mmmh… No, sorry. Not a single bell.” Elle mentait bien sûr mais l’occasion était trop belle. L’éclat de rire finit enfin par quitter ses lèvres tandis qu’il l’encourageait à le violenter. Plus qu’un rival et un compagnon de jeu, au fond, elle avait fini par le considérer comme un ami. Le genre à qui on ne posait pas de question sans être prêt à encaisser la réponse. “So you’re the masochist type? Who knew !”

Elle aimait le chercher et trouvait un charme particulier à leurs joutes verbales. C’était cette partie là de leur relation qu’elle espérait vraiment voir perdurer dans le temps. Elle s’inquiétait réellement des cernes qu’elle devinait sous ses yeux. La conversation prit alors un tour plus sérieux. Dans ces moments-là, le denki ne parlait jamais à la légère et l’Anglaise se demanda alors si elle était prête à encaisser ce qui allait suivre. La curiosité fut néanmoins plus forte que ses réserves. Les précautions oratoires prises par le préfet avant d’entrer dans le vif du sujet ne la rassurait pas vraiment. Il n’était délicat que pour mieux appuyer la suite de ses propos, elle le savait. Elle se prépara donc à encaisser le coup. Le sourire quitta ses lèvres. Effectivement, cela faisait mal. Surtout que ses paroles faisaient douloureusement écho avec celles prononcées quelques mois plus tôt par Andrea. Était-elle vraiment si facile? Était-ce vraiment l’image qu’elle renvoyait? “I’m not… I’m not used by guys.” Ou en tout cas pas plus qu'elle-même ne les utilisait non? Alors pourquoi même à ses propres oreilles, sa voix semblait moins assurée qu’elle n’aurait dû? Elle n’aimait pas les doutes que cette simple phrase insinuait en elle. Elle n’aimait pas être mise en face de ses démons. Redevenir l’enfant cherchant à retenir des parents trop pris par leurs carrière ou l’adolescente qui cherchait plus que tout à obtenir l’approbation et l’affection de ses pairs. Faire face à la jeune adulte qui, dernièrement, se perdait à la recherche d’un peu de cette attention dont elle avait appris à n’avoir que des miettes. Evidemment qu’elle aurait voulu plus que des moments volés. Plus que d’être considérée comme une distraction ou une erreur. Mais le reconnaître aurait été accepter que personne n’était prêt à le lui offrir. “Until now, you weren’t complaining for what I recall.” Tel le serpent vert et argent qu’elle avait été, elle choisit donc le sarcasme comme meilleure défense. Aussi extravertie et sociable qu’elle pouvait paraître, ceux qui la connaissait vraiment savaient que parler de son ressenti et de ses faiblesses n’était pas naturel pour elle. Il fallait pour cela la pousser bien loin dans ses retranchements.
 

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04.09.21 — 3am
Qu’est-ce que le désir sans un petit peu de douleur ? JP est un joueur invétéré, et il sait manipuler autre chose que des souafles. Un rictus s’encoche sur son expression de marbre, car leurs malices ont toujours eu don d’égayer ses journées. Il lui en faut très peu au Dom Juan. Une jolie fille prête à rentrer dans ses rouages, à surenchérir dans son sarcasme et sa mauvaise foi, et le voilà sous le charme de sa rivale. “I’m actually more vanilla than people think.” avoue-t-il avec un clin d’œil, goûtant au métal poussiéreux de sa cannette. Personne ne se douterait que cette grosse brute est plus romantique qu’elle en a l’air. Qu’il préfère les longues séances sensuelles aux ébats d’un quart d’heure dans les toilettes. Qu’il a besoin d’avoir un cœur qui vibre pour pleinement ressentir cette luxure.

C’est peut-être parce qu’il fait nuit et que le soleil menace d’éteindre cet horizon d’étoiles qu’il se sent l’âme chaleureuse. Ou peut-être que le café en poudre lui est enfin monté à la tête et qu’il devrait essayer de dormir – il n’y arriverait pas de toute façon. Ce sont dans ces moments questionnant la réalité et le rêve que JP a l’esprit le plus affuté ; il a fait une fine observation d’Evie en un regard et il travaille le sujet depuis quelques moments maintenant. Il lisse le terrain avec de beaux compliments (qu’il pense réellement) et prépare au mieux la brutale vérité qui va sortir. Frustré pour sa consœur qui semble enchaîner les relations qu’il adore : vide, faible et sans lendemain. Elle vaut mieux que d’être à genoux toute la nuit pour un pauvre type comme lui. “It’s not a reproach, you didn’t do anythin’ wrong. I’m just curious.” And inconsiderate. Il hausse les épaules et repose sa canette sur la table. Le fracas du métal sur le plastique tremblerait presque cette douce nuit d’automne. Elle se braque sur le champ tandis que ses noisettes l’observent intensément. Alors il laisse un silence, un coup de vent et quelques passants défiler avant de reprendre son propos. Le temps de digérer cette bombe qui (il espère) lui ouvrira les yeux. “You can get more than little quickies in the locker room. You deserve to be with someone who will care for you. Not spending your sunday afternoons with assholes like me.” Au lieu de demander, elle devrait exiger. Si attendre que la bonne personne se pointe était inutile, alors elle devrait elle-même faire le premier pas. “But I will certainly miss our appointments.” ponctue-t-il avec un léger gloussement, porteur de toute sa moquerie. Ca ne lui va pas d’être trop sérieux, trop idéaliste, trop bon, d’un coup. JP doit toujours garder une distance entre lui et les autres. Pour le bien de tous.

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   04.09.21 — 3am
I’m actually more vanilla than people think. Elle ne l’aurait sans doute pas cru il y a un an de cela. Seulement, Evie avait appris à mieux connaître le Denki et à l’apprécier. Il était loin d’être aussi lisse que l’image qu’il offrait au monde. En vérité, elle le préférait lors des rares moments où, de façon fugitive, il laissait tomber son masque. L’un comme l’autre maîtrisaient pourtant à merveille l’art de la mauvaise foi. C’est peut être aussi pour ça qu’ils se comprenaient mieux qu’ils ne le voudraient. JP était dangereux parce qu’il était perspicace. Dangereux parce qu’il assénait la brutale vérité avec calme, sans trace d’énervement à laquelle elle pourrait s’accrocher pour clôre le débat par une dispute. C’est ce qu’elle faisait habituellement plutôt que d’affronter ses démons. L’attaque, la fuite et l’oubli, le sacro saint trio qui régissait sa vie depuis quelques mois maintenant. Trio qui venait masquer ses errements alors qu’elle tentait vainement de combler le vide qu’elle ressentait. Ça fonctionnait bien. Mais alors pourquoi se sentait-elle de plus en plus mal?

Agacée - plus par elle-même que par le Denki - les ongles de l’Anglaise pianotaient (trop) énergiquement sur la table. Bien sûr qu’elle n’avait rien fait de mal. Rien du tout. Alors pourquoi se sentait-elle coupable ? La Kasai avait donc fait ce qu'elle faisait de mieux : se braquer. Mordre presque. Mais le poursuiveur n’était pas rentré dans son jeu. Il avait gardé son calme. L’empêchant de se soustraire à une conversation qu’elle n’était pas sûre de vouloir avoir. Il ne se laissait pas avoir par ses subterfuges - dont elle n’avait pas vraiment conscience -. C’était sans doute pour ça qu’elle l’adorait tout autant qu’il l’insupportait. Un drôle de mélange qui pourtant fonctionnait à merveille. Elle accueillit ses paroles suivantes comme des balles. Les larmes lui montant aux yeux qu’elle détourna aussitôt. Parce qu’au fond, il avait touché pile là où ça faisait mal et elle était persuadée qu’il l’avait fait exprès ce salop. En vérité, elle en crevait de trouver quelqu’un qui resterait. Qui voudrait réellement d’elle. Elle doutait de le mériter, alors entendre le contraire dans la bouche de JP… Elle avait presque envie d’y croire. Ebranlée, elle aurait voulu lui demander s'il le pensait vraiment. Parfois, le langage corporel valait mieux qu’un long discours et les éclairs affolés de son regard humide se passaient de mots.

L’instant passa néanmoins avec la dernière remarque du Denki, chassant la tension pour laisser place au rire. Parce que le sérieux ne leur allait pas. Ou peut-être, qui sait, avait-il compris qu’elle n’était pas prête à en entendre plus. Pas aujourd’hui. Il avait planté une graine qui prendrait son temps pour fleurir mais qui restait bien là, guettant son heure. Insufflant le doute. “Well, I’ll miss them too. You were definitely a good partner in crime.” Se moquant à son tour, elle poursuivit ce petit jeu qui leur était coutumier. “But even without that, you’ll stay my favorite asshole.” Et le pire, c’était sans doute que c’était on ne peut plus vrai.
 

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04.09.21 — 3am
Il perçoit une lumière dans ses yeux, ce petit truc qui chope la lumière du soleil levant. La nuit étant parsemé de clarté, il parvient de mieux en mieux à lire son visage. Quelles émotions encore métamorphosent une telle beauté ? Il fronce les sourcils car il ne comprend pas ce qu’il a dit de mal. Encore. Décidément, la communication avec les filles n’est pas son fort. Fouillant la poche de son hoodie, le seul truc qu’il a à lui offrir est la serviette jetable qu’il a eu avec son achat au konbini. Mais elle a l’air de récupérer le sourire très rapidement. Evie, la vaillante, elle se ressaisis après sa dernière blague. Et c’est peut-être ces moments là où JP est au naturel. Authentique. Il esquisse à son tour un sourire, car l’atmosphère pesait trop lourd sur leurs épaules. Ça faisait longtemps qu’on n’avait pas tourné l’insulte en term of endearment – quel apaisement pour le garçon. “Oh, I’m flattered. I do try to live up to my reputation.” Le charme aux lèvres, ses moqueries ne sont pas bien loin. “You’ll never find better than me, right.” Clin d’œil secret, car ils savent tous deux la vérité. Il porte la cannette à ses lèvres une dernière fois, vidant tout son contenu dans son gosier et se lève, sentant l’aube caresser sa joue. “How about we sleep now? Not together. Unless...” Il lui jette un regard graveleux, sous-entendant ce qu’elle entend bien. Puis se rétracte en ricanant. “Kiddin.” Difficile de perdre les mauvaises habitudes lorsqu’elles sont si délicieuses.

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