Peut-être ; qui résonnait en son esprit depuis des jours, des nuits. Lorsque la lune recouvrait son être de morphine, lorsque le soir s’étendait et lui offrait des rêves non désirés. Peut-être ; que tu lui avais dit sur le quai, lorsque le train sifflait, pressant ton départ. Et, durant des années, ces mots étaient restés gravés au plus profond de son inconscient, comme oubliés, prêt à ressortir lorsqu’il te reverrait. Mais ton regard n’était plus le même, ton corps était là, Rina, mais ton âme était ailleurs. Visitant un lieu que son cœur ne pouvait atteindre. Et Tenchi était là, à s’épuiser pour te ramener, en vain. Avais-tu seulement envie de revenir ? C’était d’un soupir que l’homme sortait du bar, marchait, accélérait, rien qu’un peu, pressé à l’idée de te retrouver. Mais malheureux à la pensée qu’il devrait une nouvelle fois mendier ton attention ; et n’en recevoir que quelques miettes. Pourquoi n’étais-je pas assez ? Pourquoi elle ? Pourquoi pas moi ? Pourquoi l’idée d’un nous lui paraissait si lointain, inatteignable ? De toutes les promesses qu’il t’avait faites, aucune n’avait suffit à empiéter son image. Dis, Rina, comment rivaliser avec quelqu’un qui n’était plus là ? Quelqu’un qui ne te décevrait pas ? Car lui ferait des erreurs, s’emporterait, gâcherait tout, s’excuserait, et promettrait de ne plus recommencer lorsqu’il obtiendrait ton pardon. Mais il y avait de ces fêlures qui ne pouvaient être oubliées, effacées. De ces fissures que, peut-être, tu guérirais. Et c’est d’un espoir gardé secret que Tenchi frappait à ta porte, le cœur préparé à se briser lorsqu’une nouvelle fois tu lui ouvrirais, et qu’il ne verrait que l’ombre de toi-même sur le palier.
@Yume Rina