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words from the mind of a lost soul .☾
— pןɹoʍ uʍop ǝpı̣sdn
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CW// coma, noyade

Il le regardent étrangement, tous les trois.
essoufflés de s'être préparés à la hâte pour transplaner au point de rendez-vous et dévorer la distance restante ; et sans doute sans voix de la folie qu'il leur a exposée à l'un puis à l'autre au téléphone, quelques minutes auparavant. gansey est suspicieux, la mâchoire serrée et l'œil assassin. les yeux de blue, qu'il n'a pas croisés depuis des années, le supplient de ne pas s'être foutu d'eux ; hurlent que cet appel n'a aucunement intérêt à être une mascarade. et ceux d'himari, grands ouverts et incertains, demandent silencieusement ce qui se passe. i… told you that i felt him, entame-t-il lentement, cherchant les bons mots. it wasn't… erm. figuratively speaking. la rage suinte de gansey comme un poison et il est sur lui à la vitesse d'un loup en quête de sang. premier à rompre la tétanie dans laquelle ils le fixaient tous les trois : et c'est d'une droite dans la mâchoire de neomä qu'il entame l'échange. le denki ne fait rien pour l'empêcher de le terrasser sur le sol enneigé ; comprend la peur de la déception, l'atroce étreinte des espoirs déçus ((subie à répétition des années durant)). la voix d'himari tente de freiner le carnage imminent, lui donnant la force de réagir finalement. i felt his mind ! clame-t-il pour s'expliquer. sa main saisit le poignet crispé de gansey qui lui tient fermement le col. listen to me- we don't have much time left. le poids sur lui s'efface lentement, lui offrant la possibilité de se redresser, assis, cherchant les mots pour confier l'inavouable. i wasn't lying, i found his mind. i- tout son être répugne à formuler ces mots ; à confier un secret qui ne devait jamais être dévoiler. mais si là est le prix de sa dette envers les odair, alors soit. i'm a hensoku. a dreamcatcher. i can access the realm of dreams, people's inner world. i can trap them inside of it… or get them out. et tout son être exècre la sensation de profonde vulnérabilité qui l'étreint à cet instant où il place sa sécurité entre leurs mains, gorge acidifiée par la bile. exècre le fait d'avouer qu'il est ce que dépeignent les média : une anomalie, une étrangeté. peut-être un danger.

dans le laps de temps que sa révélation offre pour délai, il se relève tout à fait. cette fois, c'est vers himari qu'il se tourne. weeks ago, odair told me their family was seriously talking about discontinuing life support. to let yori go. c'est une étrange façon d'exprimer la cruelle vérité qui lui avait été décochée en pleine face telle un missile, dans le but évident de le mettre à genoux. avec succès. la culpabilité dont il a fait sa compagne et son lit depuis des années le ronge avec plus d'acharnement que jamais, depuis. manteau assassin qui le guette en permanence et se drape autour de lui sitôt que les regards le quittent. sourire et rire et prétendre vivre comme avant le protégeait moins que jamais des démons qui rodent dans ses pensées. et neomä s'est senti s'étioler. i've been coming here since a month or so. to try and reach out to him, continue-t-il d'une voix basse, quoique audible. but he stayed lifeless and unresponsive- until today. i think he may be ready to listen. and i thought- that you should do the talking. i can't make any promise but we have to give it a go. we have to try to bring him back.

(…)

la porte de la chambre d'hôpital se ferme sans bruit derrière eux. quelques pas dans l'espace aseptisé, vide de chaleur et de vie ; tout est immaculé du sol au plafond, même le corps sans force qui git sous les draps. au plus près de la mort, à en perdre ses couleurs. tout, sauf les fleurs fraîches sur la table basse et les sortilège actifs qui maintiennent les fonctions vitales, drapant yori de leur halo protecteur. gansey bloque l'entrée et appose quelques sortilèges, pour s'assurer que personne ne les surprenne. que personne ne les arrête. neo laisse échapper un soupire tremblant et ferme les paupières un instant, rassemble la force d'une fois de plus tenter de déjouer le cours du temps. elles se rouvrent sur un regard certain — déterminé. il s'accroupit pour ouvrir au sol la mallette qu'il a emmenée avec lui.

i brought this. it can't hurt, leur souffle-t-il en élevant entre deux doigts une fiole emplie de chance liquide. une goutte lui humidifie les lèvres, potion d'or éveillant ses sens et ses espoirs, avant qu'il n'en confie le reste à himari, pour gansey, blue et elle. i'll reach out to him first and strengthen his dream so you can dive in it. les explications se précisent, neo les brief plus en détails. précise le temps que peut durer sa quête de l'âme de yori, la pénibilité de l'attente, les risques d'échec. la façon dont ses paupières s'ouvriront brutalement, signalant non pas un retour mais une intrusion : l'ingérence de neomä sur son inconscient, qui affolera ses prunelles au creux de leurs orbites d'une impressionnante façon. la nécessité de ne pas perdre un instant alors — de saisir cet instant où il sera le plus vulnérable. take a sip of felix felicis and an entire flask of the other potion. the red one- it will make you a part of the dream as long as i'm inside of it. grab me and him tightly so my power carries you inside. and once there, stick together. his mind is… il cherche les mots, mais ne peut atténuer une vérité qu'ils verront eux-mêmes : tortured. and damaged. don't get lost in limbo. ready ? la dernière question est pourtant plus destinée à lui-même qu'à eux. neomä n'a jamais ramené quelqu'un à la surface. n'a travaillé cette part de son don durant la dernière année que dans le plus grand des secrets, n'osant presque s'avouer à lui-même l'espoir fou qu'il nourrissait. condenser dans une ultime tentative tous ces espoirs et les essais sur lesquels il s'est épuisé ces dernières semaines lui broie les nerfs de la plus terrible façon. autant qu'user en la présence d'intrus de ses aptitudes de dreamcatcher le tend comme un arc.

repoussant les appréhensions à l'orée de son esprit, il prend place aux côtés du lit. sa paume flotte une seconde au-dessus du front de l'endormi avant de s'y apposer doucement ; il ferme les yeux.

basculer dans un esprit endormi est toujours semblable à une immersion en eaux troubles. les rêves sont un univers à eux seuls ; en être témoin est un incroyable spectacle, que les songes se fassent réalistes, psychédéliques, sombres et glauques ou palettes de couleurs. mais si neomä en a l'habitude, architecte dressé à la dure pour apprendre à leur donner une structure et les diriger, l'expérience des comas est bien différente.

c'est [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] [ spoiler // "soul" — pixar ] de plus en plus obscures, s'enfoncer dans les strates de l'inconscience comme on franchirait des paliers de profondeur en plongée. une sensation que le corps rejette de la même façon : et comme lors des précédentes expériences, neomä sent son être hurler de l'intérieur sous l'effet de la pression et de l'envie de se précipiter à la surface, il se sent étouffer comme écrasé de toute part et broyé de l'intérieur. le portail de l'esprit de yori est un trou noir qui le repousse mais l'aspire inexorablement pour, soudain, stopper la chute.

neomä flotte au-dessus d'un néant éternel, suspendu au dernier fil de sanité de son ami d'enfance.

et alors s'élèvent les voix.
les murmures d'abord. i'm not here i'm nowhere i'm no one, chuchote une voix désespérée, tandis qu'une autre la rejoint en canon : nothing, no purpose, not good enough. d'autres s'y superposent, encore et encore et encore, étreignant neomä de l'aura sombre et pesante qui règne en ces lieux. ses yeux s'habituent suffisamment à la noirceur pour percevoir qu'en vérité, il n'est pas cerné par le vide. les ténèbres se piquent de lumières flottant autour de lui comme des méduses fluorescentes : connexions neuronales rompues d'un esprit en perdition. entre elles s'égarent des données et messages éparpillés ; des bribes d'identité et des souvenirs en sons et images qui ont égaré leurs liens, leurs détails, leurs sens, dérivant à l'infini dans cet océan d'incertitude. un désert [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] [ spoiler ]. les murmures se font plus audibles, les voix s'intensifient, quoique trop nombreuses à présent pour être perceptibles. elles s'élèvent et elles sont toutes celle de yorrik ; prononcent chaque mot-marteau à la fois comme l'enfant et l'adolescent qu'il a été et comme l'adulte qu'il ne se voit pas devenir, pour fracasser tout ce qu'il est de leurs idées noires noires noires ! elles se contractent en tourbillon d'horreur et de souffrance et d'interminable agonie, cherchant à emporter neomä dans leur limbes.

le dreamcatcher ne perd pas pied. concentre toute son énergie pour lutter contre les idées noires-cauchemars qui se matérialisent en monstre pour l'attaquer ; il les brave l'une après l'autre, chacune d'elles sombrant dans un hurlement déchirant qui résonne jusqu'aux entrailles de neomä. it's too late ! there's nothing to save, gueulent-elles en disparaissant, aussitôt remplacées par de nouvelles, qui attaquent inlassablement. tout en les repoussant, neo s'efforce de former un passage pour ceux qu'il a amenés à le suivre. progressivement se dessine derrière lui un chemin, d'en haut jusqu'ici, sur lequel les monstres ne peuvent s'engager ; une fois certain d'avoir créé l'accès, il déploie sa magie sur les limbes pour forcer une ouverture : déchirer leur voile jusqu'à percevoir l'esprit qu'elles étouffent, dans leur volonté désespérée de le protéger du monde extérieur.

intrusion.

se forge autour de lui une demeure familière- ou du moins ses vestiges. la villa du père de neo, où ils ont passé des heures à refaire le monde et le rêver à leur guise à leur heure de gloire. mais l'endroit n'a plus rien de grandiose ou de lumineux. ici aussi, les connexions rompues saturent l'air, cette fois à la façon des cendres flottant dans un lieu tout juste calciné. racines et plantes grimpantes ont envahi les lieux en enchevêtrements torturés, strié sol et murs et plafond de profondes fissures là où elles ne les ont pas brisés. neo avance avec prudence, écarte une toile d'araignée immense pour fermer la main sur la poignée d'une porte menant au sous-sol. ce qui était autrefois leur planque et qui a, plus tard, été entièrement transformé en home cinema, en un vain espoir de faire mourir ses propres souvenirs.

la [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] [ spoiler ] est identique à ce qu'elle était avant. à cette époque perdue que neo a tant peiné à confronter. mais là aussi, tout est à l'abandon ; profondément abimé, à l'image de l'esprit de yori. neomä est toutefois certain de le percevoir ici. le sol grince au moindre de ses pas, comme au bord de l'effondrement. son avancée soulève des nuages de poussières, l'endroit encombré et désordonné rend sa progression difficile. mais il la trouve : la petite [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien], presque mourante. elle s'est logée dans un coin discret, presque invisible, d'une façon si typique de yori lui-même que neomä ne peut qu'en reconnaître l'identité. yori, it's me. neomä. i came back like i promised, offre-t-il dans un souffle fatigué, en guise de salutation, tandis qu'il s'assoit lentement face à la flamme. prudent, pour ne pas la brusquer. i came for you.

you don't care about me you don't care about me you don't (…) commence une voix-murmure en litanie obstinée.
you told me to leave you alone you told me to (…) la rejoint une autre.
a burden a burden a burden a (…) continue une troisième.

et encore et encore elles se décuplent et se déploient, venant de toutes parts de la pièce. i was wrong ! i was so wrong when i said that, i don't even know what possessed me. i acted stupid and i hurt you and i regret it so much, i'll never forgive myself…

you don't care about me you don't care (…)
you only want to stop hurting you only want to (…)
please trust me. i'm not here for myself, not this time. you're the only reason i'm here. ((est-ce vrai ?)) lui demande son propre subconscient ; comme les fois d'avant. sa conscience qui titille et travaille et l'oblige à douter de ses propres intentions. car dans les rêves le subconscient est roi. et lorsqu'il est chargé de non dits — ceux-ci se matérialisent sans crier gare, échappant aux rêveurs. neo ferme les yeux, se concentre de toutes ses forces pour calmer la tempête intérieure naissante que sa culpabilité menace de nourrir.
liar liar liar liar (…)
i'm telling the truth, il gorge ses mots de toute la sincérité, de toute la certitude qu'il possède. prêt à déployer toute la patience dont yori aura besoin, pour le convaincre. you're lying you're lying you're (…) i'm telling you the truth. son poing est venu heurter sa poitrine et ses phalanges s'accrochent désespérément à l'emplacement de son cœur. i pushed you away. i wasn't there for you when you needed me the most. i've been a shitty friend- but i'm still your friend nonetheless. and now i'm here to stay, if you'll have me. so please… liar liaR LIAR LIAR YOU SHOUTED AT ME TOLD ME TO GET LOST YOU TOLD ME TO GET ! LOST ! ((nouveaux murmures à travers les cris : i'm lost i'm lost i'm lost (…) // i'll never find myself back i'll never (…))) yes you will ! i'm here to help you and i'm not the only one, i swear. we didn't forget you. TOLD ME TO GET LOST (…) // i'm worthless i'm a burden i'm worthless (…) you mean so much for us, yori, so much- you're better off without me you're better (…) no, i'm not. we're not. we're broken and we miss you and i'm so, so sorry. you've always been there for me when i needed you then the table turned but i saw nothing. i had no idea how bad you felt… i should have listened to you, i should have been more careful, should have been there- it's TOO LATE, rugit une voix tandis que, sans crier gare, l'étincelle s'élève et se précipite vers les escaliers, frôlant sa joue au passage. la brûlure manque de l'arracher au rêve et neomä perd quelques précieuses secondes en s'efforçant de s'y raccrocher de toutes ses forces, pour stabiliser le rêve— avant de se précipiter à sa poursuite. yori ! TOO LATE TOO LATE TOO LATE (…) s'élève de partout, tandis que les murs se mettent à suinter un désespoir noir et poisseux, que les placards et portes s'ouvrent et claquent en le bombardant de leur contenu. TOO LATE (…) I'M NOT LEAVING YOU, I'M NOT LEAVING THIS TIME, jure neo, espérant qu'il l'écoute, espérant qu'il le croie. il le poursuit à travers le salon, évitant les racines tortueuses qui jaillissent pour le stopper, et c'est sur la terrasse attenante au grand salon qu'ils déboulent. là où se trouve-

no…
la piscine.
no no no no no- YORI ! il plonge.
il n'y a pas d'eau et pourtant le liquide lui gèle les os et lui envahit les poumons. ce sont des racines qui lui agrippent les membres, s'accrochent à son cou en une étreinte mortelle, tentent de se faufiler dans sa bouche pour l'étouffer. il mord, crache, frappe, arrache, se débat, se bat, HURLE, yori, please ! sanglote. le coma-rêve lui impose des sensations qu'il ne comprend pas immédiatement, jusqu'à ce qu'elles prennent toutes sens : ses poumons qui chauffent, chauffent, brûlent ((il étouffe !)), au bord de l'implosion, sa vue brouillon, brûlante ((le sel !)), sa gorge nouée, sa poitrine comprimée ((il se noie !)). jusqu'à parvenir à atteindre la flamme chétive et mourante, qu'il attire à lui et couve entre ses paumes — comme il a essayé de réchauffer son corps ce terrible jour ; son corps glacial et blême et trempé. stay with me, stay. i'm your friend… i won't let you down, never again. i'm so sorry, please, i beg you. let me help you. i know it's hard but you're not alone anymore, you'll never be alone anymore… il parle, encore et encore, tandis qu'il s'efforce de le ramener à la surface, de le sortir de la piscine. et il s'effondre au sol, neo, à l'endroit où les autres avaient d'abord fixé le corps en ricanant avant que la panique ne l'emporte, avant que la compréhension ne frappe — avant que la gravité de la situation ne les heurte en plein dans leur insouciance cruelle, pour les confronter à la mort. i tried to go back in time, to rewrite the story… but i couldn't save you. i'm sorry, i'm so very sorry… they want me dead they want me dead they (…) recroquevillé sur lui-même, l'étincelle couvée au creux de son ventre, à l'abris du vent et des éclats de rire atroces qui tournoient autour d'eux, neo s'efforce de supplanter les sons, de les couvrir de sa voix. listen to me, only me. they mean nothing, they don't know you- i do. you deserve to live, you deserve to be happy.

le temps, dans les rêves, n'est pas celui de la surface. et lorsque neo rejoint le portail qu'il a créé plus tôt, éreinté, blessé, hagard, il ne sait combien de minutes ou d'heures a duré son absence, pour ceux qui l'attendent à la lisière des limbes. cachée entre ses mains, l'étincelle murmure encore indistinctement, à moitié assoupie. quelque peu apaisée. he's ready to listen, il répète. sûr de lui, cette fois : car lorsqu'il rouvre la main, le décor de la villa en ruines s'effrite et, après elle, l'étincelle s'éteint pour laisser apparaître une silhouette émaciée derrière lui. la tête basse, les bras relâchés et les épaules légèrement tassées en posture d'abandon — mais debout.

vacillant, neo attrape la main du suivant pour lui permettre de franchir le portail menant des limbes au rêve. ganbarimashō, encourage-t-il avant de l'attirer à l'intérieur, s'extirpant du même coup pour s'atteler entièrement, à présent, à maintenir le rêve, afin qu'il ne s'étiole pas à mesure ((il l'espère)) que yori remontera à la surface.
15 décembre 2021,, [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
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Yokoi Himari
Yokoi Himari
words from the mind of a lost soul,, himari & gansey BWuIvRImelody — she/herIRL : saito asuka (斎藤飛鳥)Avatar, Crédits : 2281Messages : 22RPs : 14 911Gallions :
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Multicomptes : 07.07.98 (23)Naissance & Âge : elle/she/herPronom(s) du personnage : goldenrodCouleur de dialogue :
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professeur de piano à temps partiel chez wada ongakuya
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— STAFF ❝ Baby Shark Doo Doo Doo
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december 15th 2021
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Elle les reconnaît, ces murs. Ces couloirs blancs, aseptisés, déserts à cette heure tardive. Mille questions s’entrechoquent dans son esprit quand elle raccroche pour enfiler un pull, un blouson et quitte son appartement. You have to come to the hospital now. I’ll explain later. La voix de Neomä qui résonne dans sa tête alors qu’elle passe en pilote automatique, et bien qu’elle n’ait pas mis les pieds dans cette chambre depuis plusieurs années, ses muscles trouvent le chemin d’eux-mêmes, marqués à blanc.

Comme une impression d’interrompre quelque chose quand elle passe la porte, seule idiote à venir à pied, en courant même. La dernière arrivée, comme elle en a tant l’habitude. C’est les regards fermés de Neomä et des Odair qu’elle croise en entrant, essoufflée. « I’m here… » elle annonce dans un soupir, comme si ça avait besoin du moindre sous-titre. Des années qu’elle n’a pas réellement croisé le regard des Odair non plus - c’est probablement à peine s’ils doivent la reconnaître, tant l’eau a coulé sous les ponts. Elle n’a plus grand chose à voir avec la minuscule gamine maigre aux gros yeux et aux couettes et son air rêveur, même si elle ne s’en rend probablement pas totalement compte. « Good evening, I’m Himari, » elle glisse tout de même par souci de politesse en s’inclinant face à Gansey et Blue. Le regard fuyant, terrifiée par un quelconque jugement qu’elle pourrait recevoir. Lui rappelant pourquoi elle avait opté pour l’esquive la dernière fois qu’elle les avait croisés entre ces murs. Si elle s’efforce de répéter à Neomä qu’il n’y est pour rien, pour elle, c’est le regard des Odair qu’elle craint le plus, comme s’ils allaient lui jeter sa culpabilité refoulée au visage à tout moment.

Neomä ne tarde pas à expliquer la raison de cet appel d’urgence. Himari s’est repassé tous les scénarios possibles dans sa tête en venant, mais celui que son ami s’apprête à exposer n’était clairement pas dans sa liste. « I told you that I felt him. » Froncement de sourcils confus, quand sa précision semble enrager Gansey Odair, fendant l’air d’un coup sur la mâchoire de Neo. Spectatrice silencieuse, elle sursaute, les deux mains sur le visage et les yeux écarquillés dans un couinement de surprise. Accès de colère qui s’estompe vite lorsque Neo, accusant le coup, poursuit ses explications d’une voix forte. « I felt his mind. » He what? L’urgence de la situation les rattrape une nouvelle fois. Et il expulse son secret, à contre-coeur, avec une expression de douleur et de dégoût que Himari n’avait encore jamais vue auparavant. « I found his mind. » Elle ferme les yeux, retenant son souffle inconsciemment. He’s going to say what I think he is, isn’t he…

Hensoku.

Soupir qu’elle lâche, comme si son instinct avait prédit les mots qui allaient tomber quelques secondes avant qu’il ne les prononce, sixième sens activé quand il dévoile le cœur de ses talents dissimulés. Ce sont de ces choses que Himari avait longtemps reléguées au rang de légendes urbaines - parce que ça n’arrive qu’aux autres, n’est-ce pas ? - jusqu’à il y a peu. Ayant pu recoller quelques morceaux d’un puzzle dont elle n’a pas encore eu droit à toutes les pièces avec Akira exactement un mois auparavant, elle s’est déjà heurtée au mur de la réalité.

Alors face à Neomä et sa révélation, elle se contente de hocher la tête, les paupières closes. Intégrant l’information. Confirmant qu’elle ne peut plus fuir et fermer les yeux sur ce qu’il se passe quand les personnes les plus proches d’elle sont directement affectées, sans qu’elle n’ait rien remarqué depuis si longtemps. Aucun mot ne traverse ses lèvres à la révélation, parce qu’il n’y a probablement rien à en faire de plus à cet instant autre qu’accepter. Continuer.

L’un de ses scénarios mentaux se voit confirmé - ils veulent le débrancher. Le laisser partir, après si longtemps. To let Yori go. Pensée qu’elle avait effleurée de nombreuses fois ces dernières années, tiraillée entre la peur de passer à autre chose et que leurs erreurs soient irréparables, et l’égoïsme que cela lui inspirait. Puisque s’il ne veut pas revenir, pourquoi le priver de son départ en l'enchaînant à leur monde de la sorte ? Elle n’a jamais réussi à savoir quel camp primait dans son cœur, Himari. Celui de sa famille, probablement, dans un élan de réalisme sous les couches de glaçage d’idéalisme.

Neomä explique son processus. Des mots qui résonnent sans vraiment prendre de sens dans sa tête, trop abstraits. Tentatives de l’atteindre via son subconscient sans succès. Jusqu’à aujourd’hui. « I think he’s ready to listen. » Himari se mord la lèvre, soucieuse, le cœur battant. « And I thought you should do the talking, » ajoute Neomä en la regardant elle, puis les Odair. Eux. Elle ? Est-elle même légitime de cette position ? Elle n’a rien pu empêcher, des années plus tôt. Pourquoi aurait-elle ce privilège ?

Mais voilà, le temps presse.

Himari hoche la tête en silence, les mots noués dans sa gorge. Un silence tombe sur la pièce, les Odair se regardent, et finalement, Gansey se met en mouvement pour refermer la porte derrière elle. Verrou fermé. Elle se laisse porter, Himari. Elle ne sait pas quoi faire de son existence à ce moment-même, observant simplement la famille de Yori accuser le coup de ce dernier espoir, reposant ensuite ses yeux sur Neomä, sortant une mallette contenant quelques fioles. Il a l’air sûr de ce qu’il fait, plus déterminé qu’il ne l'a été depuis longtemps. Les enjeux n’ont plus rien à voir. Le succès n’est pas garanti non plus.  

Himari hoche la tête et saisit les flacons que Neomä lui tend. Écoutant ses instructions avec attention. Elle n’a aucune fichtre idée de à quoi s’attendre ni comment tout va se passer, mais elle sait qu’elle a confiance en lui. C’est la seule chose dont elle est persuadée à ce moment précis. Elle débouche le flacon de Felix Felicis pour laisser couler une gorgée du liquide doré, doux et sucré, puis enchaîne avec l’autre décoction. Plus acide, presque brûlante, lui arrachant une grimace - mais elle ne s’arrête pas tant que la fiole n’est pas vide. Les avertissements de Neomä sont clairs, et la peur gronde dans son ventre, rongeant lentement son corps de l’intérieur, les mains tremblantes. Tortured. Of course he would be. Ça n’arrange pas son angoisse, mais elle respire. « Ready? » No, I’m not, but I don’t think I will ever be. Elle hoche la tête en silence, et suit Neomä par réflexe lorsqu’il s’agenouille près du lit. Posant une main sur son épaule avant qu’il ne se lance. « I trust you. You can do this, » glisse Himari à son ami. Elle n’a aucune idée de ce que son don implique, de l’effort engagé pour en arriver là, mais c’est Neomä. Merlin, he won the Tournament this year, he can do anything. Hensoku, sorcier, cracmol, demi-géant, qu’est-ce que ça peut bien leur faire, à tous.

et soudain, la chute


(...)


Ça frappe sans prévenir, alors que la chambre d’hôpital s’efface pour sombrer dans le noir total. Ils perdent pied, dans une chute libre interminable. Elle veut hurler, mais aucun son ne sort de sa bouche, sans molécule d’air à mettre en mouvement. Le cœur de plus en plus lourd de l’obscurité qui se referme sur elle, écho douloureux à ses cauchemars. But this time, it’s real. Comme vide et en effervescence à la fois, les voix résonnent, mais à la différence du songe qui avait hanté sa nuit, aucun appel à l’aide. Du néant de désespoir. Chaque mot semble briller dans l’obscurité d’une couleur indescriptible autrement que par des qualificatifs inadaptés - tristesse, noirceur, angoisse, désarroi.

Leur chute semble guidée par Neomä devant eux, sa trajectoire traçant comme un chemin lumineux à travers les fantômes du coma. Larmes qui s’envolent alors qu’elle n’avait même pas remarqué qu’elle s’était mise à pleurer, accusant le coup et le poids de l’obscurité. Ses mains viennent dissimuler son visage - elle ne veut plus regarder. Attendant juste que ça se termine, se laissant porter par le sillage du dreamcatcher.

Chute qui semble ralentir pour les laisser tomber sur un chemin sinueux. Traversant les limbes comme un passage à travers une forêt dense, abritant monstres et démons. Neomä est leur guide. Don’t get lost, he said. Himari s’efforce de se rapprocher pour se rapprocher de son ami, hésitant un instant à saisir son bras, avant d’interrompre son mouvement. Elle ne doit surtout pas le déconcentrer.

Leur voyage s’arrête alors un instant alors que Neomä ouvre une brèche. Comme un portail, s’érigeant face à eux, infranchissable. Frontière entre le désespoir et ce qu’il protège, invisible alors, comme perdu dans un brouillard de guerre qu’ils ne peuvent discerner entre les grilles. Et là, Neomä disparaît.

« Neo-san? » lâche Himari dans un couinement terrifié. Que leur arrive-t-il s’il ne revient jamais ? La panique l’envahit, mais elle est incapable de bouger. Le portail des limbes semble être le point le plus proche d’une quelconque notion de sécurité dans ce bas monde, et Himari y reste accrochée. « He will come back, » elle souffle comme pour se convaincre elle-même. You said you trust him. Calm down. Les minutes s’écoulent, et finalement, une silhouette. Se rapprochant des trois invités alors que les contours d’une villa qui ne leur est que trop familière apparaissent en filigrane dans le brouillard, de l’autre côté.

Neomä revient à eux, quelque chose entre les mains. « He’s ready to listen. » Pétrifiée, ses yeux suivent la petite étincelle libérée par Neomä, s’envolant pour prendre forme derrière lui.

Yori.

Décor qui s’estompe, derrière le portail. Lumière qui semble poindre au loin, presque imperceptible. La main tendue du dreamcatcher tombe sous ses yeux, l’invitant à s’approcher à son tour. Himari la scrute un instant, clignant de ses yeux encore humides, le cœur battant de terreur et d’angoisses, d’anticipation, d’inconnu. Trop longtemps empêtrée dans une routine faite de mensonges et de déni, les émotions s’entrechoquent avec violence.  « Ganbarimashou. » La voix rassurante de Neo la réveille, et elle finit par hocher la tête. « Hmm, » acquiesce Himari, saisissant sa main.

et franchit le pas


(...)


Bain de lumière aveuglante lorsque les limbes s’effacent pour dévoiler un nouveau décor. Elle est assise à son bureau. Celui de leur salle de classe, leur promotion 2016. Exactement comme tout était ordonné à l’époque, lorsqu’ils n’étaient que deux enfants singuliers. Le petit génie et la née-moldue rêveuse.

Salle de classe plongée dans une pénombre nocturne, alors que les fenêtres donnent sur un extérieur d’un noir complet. Ça n’a pas de sens. Seule, elle détourne la tête des fenêtres, et comme apparu hors de son champ de vision, c’est Yori qu’elle voit. Assis au bureau devant elle, son bureau à lui. Assez proche pour que Himari puisse lui piquer le dos d’un coup de plume lorsqu’elle avait besoin de son aide. Le dos courbé, comme s’il se concentrait sur un devoir important, comme autrefois. Mais il ne bouge pas. Ne parle pas.

« Yori? »

Aucune réponse. He’s ready to listen. La voix de Neomä résonne dans sa tête, la poussant à insister.

« Yori, do you hear me? »

Toujours rien. Mais après tout, qu’aurait-il à lui dire ? C’est elle, qui lui doit des explications. S'immisçant dans son esprit sans invitation, après des années d’absence. Himari ravale ses sanglots menaçant à tout moment d’inonder ses joues pour reprendre son souffle. Come on, Yokoi. Don’t be such a scaredy cat. S’il y a bien un moment pour suivre un conseil résonnant dans sa tête avec la voix d’Akira, c’est probablement maintenant. Ses mains se resserrent sur l’ourlet de son pull, replaçant ses lunettes de repos sur son nez.

« It hasn’t changed, really. Even out there. It’s just not ours anymore, » elle commence, son regard analysant la salle. Ne sachant que dire, improvisant au fur et à mesure. Parler. Établir une connexion. Peu importe comment. « Feels like that time during that metamorphosis class. When Kobayashi Sakuma tried to jinx my cherry blossom that we had to turn into a maple leaf. Do you remember? » elle poursuit. Retrouvant des souvenirs idiots d’enfants innocents. « You casted a spell on his wand and he ended up turning his own hair into fall leaves… everyone laughed so hard when he went bald, » soupire Himari avec un léger sourire.

Tressautement d’épaules devant elle. He’s… laughing?

« That was pretty good, right? »

Et comme ça, Yori Odair se redresse, pour se tourner vers elle. Comme autrefois. Juste plus âgés, même si l’étincelle dans ses yeux n’est qu’un témoin du fossé qui s’est creusé entre eux. Himari reste silencieuse, croisant son regard derrière ses cheveux trop longs. « You’ve changed, » commente Yori. « Your hair is shorter. And you wear glasses now? » Le ton est étonnamment léger, et Himari met un instant à retrouver ses esprits. Balbutiant un instant, avant de répondre. « I- just at home after work, » elle souffle. Toujours quelque peu époustouflée par la scène qui se déroule devant elle. It’s him. It is really him. Ses traits fatigués et plus âgés que dans ses souvenirs, mais toujours la même voix. Le ton assuré de celui qui a si longtemps été idéalisé à ses yeux. « It’s been a while. » Elle se contente d’acquiescer, laissant échapper un léger sourire. « You’re so grown up. »

Silence qui retombe, comme pour pointer du doigt l’évidence. Le gouffre entre eux, celui qui sépare Himari, devenue adulte par la force des choses, et Yori, adolescent coincé dans un corps trop âgé. La même lueur que celle qui pointe peu à peu dans les yeux de Hibiki, alors que les années passent. Yori autrefois son héros, désormais prenant la place de l’enfant perdu.

« I wouldn’t be so grown up if it wasn’t for you. » Tant de choses à dire, de passé à rattraper, de secrets à remettre sur la table. Parce qu’ils ne sont pas certains de l’issue de cette tentative de contact, et que cette conversation est peut-être leur dernière. « You’re giving me too much credit, » rétorque Yori avec un de ses sourires fiers. « No, I mean it. And when you- » When you went away? When you drowned? Aucun mot ne semble sortir, mais le silence suffit à ce qu’il comprenne. « -I thought I would never be able to live on my own. » Se forgeant son petit monde, sa bulle de déni, pour ne jamais faire face, comme une vie mise sur pause. « It’s been tough. I… stopped using magic. I stopped playing music. »

« But why? »

La question semble si simple, maintenant que Yori lui-même la pose. Sincèrement confus d’apprendre la nouvelle sans comprendre pourquoi les choses ont tourné de cette manière. « I… I’m not sure. » Elle n’a jamais parlé de ça à voix haute à personne. Refusant de mettre des mots dessus pour ne pas s’y heurter. « I think I didn’t want to allow myself to live if you couldn’t too. » Hantée par la culpabilité. Par ces visages et ces souvenirs douloureux qui ont changé ses notes à jamais, chaotiques, terrifiantes. « That’s bollocks. » Say what? Le regard de Himari quitte ses mains, pour se planter à nouveau dans les iris de Yori, qui a l’air plus médusé qu’autre chose. « Nobody got me there. You had nothing to punish yourself over. It was an accident. » « But- the drugs- » « Not saying I was fine. But I never meant to end up here. It just… happened. » Silence lourd. Himari reste suspendue à ces mots. Intégrant les informations lentement, alors qu’ils n’avaient jamais eu aucune certitude sur les circonstances exactes de l’accident.

« I- liked you. So much, » elle finit par expirer, nouveau poids s’envolant de ses épaules. Yori laisse échapper un léger rire amusé. « I know. » What? « You knew?! » s’exclame Himari, d’une voix un peu plus vive, de surprise. Ça le fait encore plus rire, alors que la nuit semble un peu moins profonde, dehors. « Yeah. Not sure who told me. Some girl at one of Neo’s parties. It was pretty obvious, though. You’re not very good at hiding it, » il rétorque l’air goguenard. « And you never said anything?! » Peu sûre de ce qui aurait pu être dit ou fait à ce sujet, avec le recul. Après réalisation de ce qu’était exactement ce béguin adolescent. « I didn’t really know what to say. Gotta admit it got me confused for a little while. But I didn’t want to hurt you either. » Il ne se serait probablement jamais rien passé de plus que leur amitié entre eux, même si les choses avaient tourné autrement, et à ce moment-là, ça a quelque chose de rassurant. Comme pour confirmer qu’ils n’ont rien manqué, rien loupé à cause de leur égoïsme respectif d’adolescents immatures, chacun à leur façon. « It’s okay. You didn’t have to say anything. I never even had the courage to say it myself, » admet Himari dans un soupir, passant une main dans sa frange. « Well, thanks for telling me now, I guess? » Le doute est suspendu sur la nature de la remarque - pique ou plaisanterie ? - mais le sourire doux de Yori suffit à apaiser son souci. « I never even realized you were hurting, » souffle Himari, dans un élan de vérité lourde. Pensées qu’elle a souvent ressassées, ces derniers temps. Temps passé à s’interroger sur la nature de ses émotions et de ses relations, à mille lieues de l’image du héros en armure brillante qu’elle avait longtemps adorée, incarnée par son meilleur ami. En dépit de ses propres défauts et ses propres angoisses. « I didn’t know what love was. » « And now you do? » « That’s not what I’m saying! » « I know, I’m just messing with you. You have five years more than I do, I’m trying to catch up with the latest news. » Quel drôle de spectacle. Conversation presque anodine de vieux amis qui se retrouvent, sans vraiment mettre le doigt sur le coeur du problème. Comme un passage obligatoire pour retrouver la sécurité de leur relation avant d’aborder les sujets les plus délicats de leur existence, coincés dans ce subconscient à drôle de forme. « What I mean is- it wasn’t love. Or at least, not as I thought it was. I was so in love with the image I had painted of you in my mind that I… got blinded, » poursuit Himari, s’efforçant de garder le fil de son sérieux malgré l’humeur légère de Yori. « I couldn’t see your pain. Your struggles. All the things you should go through with the one you love to support them. You were my friend, and I let you down by living in my own fantasy… » expire finalement Himari, lâchant du lest sur ce qui la hante depuis si longtemps. Les mots restent en suspens, avant que la main de Yori ne se pose sur sa tête. « It’s okay. You were a kid. » « I know. But it doesn’t make it right. » « We all make mistakes. »


(...)


Comme promptée par ce dernier échange, la salle de classe s’estompe alors peu à peu. Murs qui s’effritent, se recomposent pour former un décor encore une fois familier. Himari se retrouve assise au piano, dans le salon de la villa du père de Neomä. Vue sur la piscine, tant redoutée. Yori, appuyé sur la queue de l’instrument, d’un air détaché. Il fait toujours sombre, mais lentement, la lumière semble revenir, lentement, trop lentement.

« You playing? »

Absorbée par la vision du clavier, Himari relève la tête, pour croiser les yeux rieurs de Yori. « I- don’t know. I’m not sure if I can. » Le poids des remords, encore présent. Encore trop de choses à dire pour réellement se sentir libre d’embrasser à nouveau sa passion du bout des doigts.

« I’m so sorry. » « What for? » « For letting you down. For… not seeing anything. For being so selfish and running away… » Ces visites écourtées à l’hôpital quand les choses sont devenues trop réelles, ce besoin de se retirer dans son petit univers pour ne pas crouler sous la culpabilité et la tristesse, la peur de devoir continuer de vivre sans cet ami qui la guidait depuis des années. « It’s all good. I don’t blame you. It wasn't anybody's fault. And you did what you had to do to protect yourself. » « I’m not sure if I know how to live if you go. » Parce que jusque là, il était là. Inconscient, cloîtré dans cette chambre, mais vivant, présent. Faisant encore partie du monde réel. S’ils le laissent partir, tout est terminé. « I don't know, I think you’ve been doing pretty good so far, from what I see, » commente Yori avec un sourire chaleureux.

Drôle de sentiment qui envahit Himari quand la réalisation s’enclenche. He’s… right. Elle ne s’était jamais autorisée à prendre le recul nécessaire pour le remarquer, mais là, assise à ce piano, et juste avant, dans cette salle de classe, tout est de plus en plus évident. Parce qu’en dépit de son incapacité à produire de la magie, en dépit de ses angoisses à l’idée de toucher à un piano, elle a avancé. S’est créé un quotidien et un nouveau cercle, alors que Neomä préférait l’ignorer, alors que Naeun se consacrait à ses propres amis. Devenue une adulte fonctionnelle avec ses habitudes et son microcosme, en dépit de ce qu’elle pensait. Sans le voir, l’absence de Yori l’a poussée à faire le grand saut, coupant ce cordon qui la rattachait à lui comme un boulet depuis leur enfance.

Il sait qu’il a raison, il sait qu’elle sait qu’il a raison.

« Will you come back, though? »

Le silence qu’elle accuse semble lourd de sens. Pas de réponse.

« I mean… » Comment mettre des mots là-dessus ? Elle se sent bien idiote, Himari, assise face à ce piano sans y toucher, dans la pénombre d’un soleil qui se lève beaucoup trop lentement. Comme bloqué dans son parcours. « Us moving on does not mean you don’t deserve to have a life either. » C’est autre chose que son traumatisme à elle, que sa culpabilité, que son rôle dans cet accident. Il s’agit de lui, avant tout. Et de personne d’autre. « We might be your past. Neo-san, Naasan, all the others. We learnt how to live and try to move on in our own way, whether we like it or not. But… we’ll always care for you. That’s why we’re here, » poursuit-elle. Ses mots sont bancals. Elle n’a jamais été douée avec les longs discours, plus à l’aise par lettre interposée que de vive voix. « Because you deserve a present. And a future. It’s the last thing we have to do for you… making sure you have the opportunity to make a choice. Your own choice. »

Il ne dit rien, Yori. Le regard lointain, perdu à l’horizon, sur la surface de la piscine à peine éclairée par cette aube suspendue, bloquée.

« ...will you play something? »

L’idée ne lui semble plus aussi terrifiante qu’avant, dans ce subconscient façonné pour leur permettre ce qui pourrait être une ultime conversation. Un ultime morceau de piano, comme autrefois, ados, rassemblés dans cette pièce alors bruyante de vie. Himari ne dit rien, mais ses mains se posent sur le clavier, pour poser les premières notes.



« Right, that was my favorite. I love how you can never tell if it’s comforting or sad. »
Just like you, Yori.

Les notes lentes de la première Gymnopédie résonnent dans la pièce factice, alors que le soleil semble peu à peu reprendre son chemin, toujours beaucoup trop lent. Et Himari joue sans fantôme, sans terreur. Le piano, ses mains, Yori, à l’origine de cette relation conflictuelle entre elle et l’instrument, comme bouclant un chemin aux portes du réel. Le silence laisse place à la musique. Les yeux fermés, elle continue de jouer de mémoire, comme tous ces morceaux qu’elle a répétés tant de fois que ses doigts se faufilent d’eux-mêmes.

Qu’il revienne ou non, un arrière-goût d’adieux.
Adieux à son ami s’il décide de partir, à leur passé qui s’étiole et qu’ils laissent derrière eux quoi qu’il arrive. À son adolescence définitivement terminée, dans un constat abrupt face à la lueur enfantine dans les yeux de Yori. We’ve been going on separate pathways for longer that I wanted to admit.
La mélodie se termine dans un écho, laissé en suspens un instant, avant que Himari ne brise le silence.

« I might not be there if you decide to wake up.
- I know.
- I’m sorry.
- It’s okay. It’s what’s best for you.
- Just know that I will always care for you, okay?
- I know this too. You’ve always watched over us. It’s who you are. »

Conclusion si évidente. Himari, Neomä, rôles secondaires d’un chapitre dont la page doit être tournée pour laisser à tous la liberté d’écrire la suite. Il n’y a que quelques personnes nécessaires aux prochaines lignes de l’histoire de Yori, et elles attendent aux portes de son subconscient, maintenant, tout de suite. Crevant d’envie d’enfin lui parler, après tout ce temps à se ronger les sangs pour lui.

« Thank you. For the music. » Himari laisse échapper un sourire tranquille en secouant la tête avec modestie. Ça n’a jamais été un honneur à leur faire, un simple plaisir partagé.

« No, really. Keep playing. It brings joy to so many. »


(...)


Soleil encore figé dans sa course, peinant à se lever. La pièce disparaît avec le sourire de Yori, pour se retrouver dans la brume, plus légère qu’avant, près du portail. Il reste immobile derrière elle, sans rien dire.

Adieu ? Au revoir ? À bientôt ? Sa décision n’est pas prise. Aucune certitude de quelle attitude adopter, quels mots choisir. Himari préfère s’approcher pour le serrer dans ses bras, trop grand, toujours, scellant la fin d’un chapitre qu’elle a toujours vue venir, quelle qu’en soit la forme, et trop redoutée. « Thank you. » Après ses excuses maladroites à Neomä des mois plus tôt, elle réalise maintenant que plus que de s’excuser sans cesse, c’est des remerciements qu’elle devrait plutôt formuler la plupart du temps. Thank you for listening. Thank you for your time. Thank you for being my friend. Thank you for letting me go.

Et les deux silhouettes au loin, soudain, semblent comme une évidence. Bien sûr qu’ils devraient être les derniers à clore cet échange dans les limbes de son coma. Bien sûr qu’ils devraient avoir le dernier mot. Neomä jouant le rôle du berger pour les guider, Himari pour éclairer. Gansey et Blue, pour réellement ouvrir le passage.

Himari s’écarte pour indiquer les deux silhouettes d’un geste, avec un sourire. « They have been waiting to talk to you for way too long… » elle souffle, avant de s’éloigner et de faire signe à Neomä de les laisser entrer à leur tour. Jetant un dernier regard à son ami, dans un mélange de tristesse, de nostalgie, d’inquiétude et de légèreté à la fois. Croisant Gansey et Blue sur son chemin, désignant la lumière perçant peu à peu à l’horizon du subconscient malgré le décor invisible. Sa famille. Son passé, son présent, son futur.

« You are the only ones who can truly get his sun to rise again. »

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