paint my heart. (olympe)

Elle avait l’impression d’être ailleurs, d’avoir été déplacée dans un monde alternatif sans qu’elle n’ait eu le temps de donner son accord. Et la visiteuse, sa génitrice, ne semblait rien remarquer dans cet univers qui l’accueillait désormais comme antagoniste. Calista Belacqua s’était transformée en vilain d’un roman duquel on échappe à travers moult défis, mais Olympe n’en voulait pas de ses défis, voulait simplement un arrêt sur image avant que sa tête n’implose sous les souvenirs l’assaillant de toute part. Elle avait du mal à garder son sérieux de galeriste, à ne pas stopper la supercherie dès maintenant et à s’enfuir du lieu avant de regretter un geste ou un mot. Où était la femme qui, il y a encore quelques minutes, voulait jouer et s’amuser un peu avec la Belacqua ? Disparue la confiance en elle, disparue l’envie de faire mal. Colère et ressentiment s’effritaient, et ne restait d’Olympe qu’un noyau en mal d’amour. My daughter. Nouveau coup au cœur, nouvelle envie de fuite. Gaia existait toujours, Gaia n’avait pas été exilée, sa sœur était quelque part ici. I'll need to wrap it up before I can deliver it to you. Please leave your address at the reception desk and I will contact you as soon as the painting is ready. For payment, you can also see that at the gallery reception. Le sérieux s’effaçait au profit de la peine, et Olympe peinait à garder les idées claires. Elle aurait pourtant dû se réjouir, aurait dû être ravie qu’un de ses tableaux plaise. Dans un autre monde oui. Plus dans celui-là. If you would excuse me... Et elle prit ses jambes à son cou, elle, la chasseuse. C’était elle qui fuyait, face à une génitrice qui ne l’avait pas reconnu, face à un visage si familier sur lequel flottaient des fantômes de souvenirs. Elle fuyait, traversa la galerie sans se retourner, avant d’atteindre sa salle secrète, entourée de ses tableaux et de l’odeur apaisante de la peinture.